samedi 28 décembre 2013

Oui à l'Europe, ... Mais qu'elle Europe ?



Sortons le délinquant luxembourgeois de l'Europe !


L’argent, l’argent roi, l’argent Dieu, au-dessus du sang, 
au-dessus des larmes,
adoré plus haut que les vains scrupules humains, 
dans l’infini de sa puissance ! »
Zola

 

 

La dimension de la fraude fiscale couverte par le Luxembourg fait froid dans le dos.

Cette fois, il n'y a plus aucun doute :

l'Union européenne abrite bien un des plus importants paradis fiscaux de la planète.



Cette fois, il n'y a plus aucun doute : l'Union européenne abrite bien un des plus importants paradis fiscaux de la planète : le grand-duché du Luxembourg. Ce n'est pas une ONG écolo-gauchiste qui le prétend, mais les membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), c'est-à-dire les gouvernements des pays les plus avancés. 

Après des années de tests, le Luxembourg apparaît comme refusant de fait la coopération fiscale en s'abritant derrière son sacro-saint secret bancaire.
De plus, dès lors qu'elles s'installent sur place, les grandes entreprises peuvent carrément y négocier leurs impôts. 

La dimension de la fraude fiscale couverte par le Luxembourg fait froid dans le dos.
Selon l'excellent livre de Gabriel Zucman la Richesse cachée des nations, les deux tiers des 1 800 milliards d'euros déposés en Suisse passent dans les fonds luxembourgeois sans jamais acquitter d'impôts. La prédation fiscale de ce monstrueux duopole helvético-luxembourgeois au détriment des autres Etats membres de l'Union européenne est énorme.

Gabriel Zucman estime ainsi que le secret fiscal a coûté 480 milliards d'euros pour la seule France en vingt ans. Le Luxembourg a pu mener son entreprise de pique-assiette grâce à la complicité des gouvernements qui ont maintenu pendant huit ans le Premier ministre Jean-Claude Juncker à la présidence de l'Euro-groupe. Dans cette instance qui règle les questions budgétaires et fiscales de la zone euro, il opposait son veto à toute levée du secret - qui n'arrivera pas, au mieux, avant 2015. 

Selon les traités européens, il n'existerait aucune sanction contre un tel comportement. Cela n'a pas empêché Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de menacer la Grèce en 2011 d'une exclusion de la zone euro. Il aurait été bien plus légitime et urgent de virer ce passager clandestin et délinquant patenté que constitue le Luxembourg au beau milieu de l'Europ
e.

jeudi 19 décembre 2013

Le droit de dire et d’imprimer ce que nous pensons est le droit de tout homme libre,



<< Soutenons la liberté de la presse, c’est la base de toutes les autres libertés,
c’est par là qu’on s’éclaire mutuellement.
Chaque citoyen peut parler par écrit à la nation, et chaque lecteur examine à
loisir, et sans passion, ce que ce compatriote lui dit par la voie de la presse.
Nos cercles peuvent quelquefois être tumultueux :
ce n’est que dans le recueillement du cabinet qu’on peut bien juger.
C’est par là que la nation anglaise est devenue une nation véritablement libre.
Elle ne le serait pas si elle n’était pas éclairée ; et elle ne serait point éclairée,
si chaque citoyen n’avait pas chez elle le droit d’imprimer ce qu’il veut. >>
Voltaire
La haute administration du ministère des finances a décidé d’appliquer à la presse en ligne un taux de TVA de 19,6 %, alors que la presse imprimée bénéficie d’un taux de 2,1 %. Cette mesure viole le principe d’égalité et de neutralité des supports affirmé par les pouvoirs publics depuis 2009. Visant des journaux numériques, notamment Mediapart, qui refusent toute dépendance de la publicité, des subventions publiques et des industriels privés, elle met en péril l’indépendance de la seule presse qui ne vit que du soutien de ses lecteurs.
Un an après le déclenchement de l’affaire Cahuzac, qui a conduit à la démission d’un ministre du budget fraudeur que soutenait sa haute administration, Bercy voudrait-il se venger à froid d’une presse trop indépendante ? Mediapart a reçu, ce mardi 17 décembre, par huissier un avis de contrôle fiscal portant explicitement sur la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) appliquée à notre recette unique, les abonnements de nos lecteurs. Avalisé, selon nos informations, au plus haut sommet de l’administration du ministère des finances, ce contrôle est déclenché en urgence sur ordre de la hiérarchie des inspecteurs concernés, avec un premier rendez-vous fixé vendredi 20 décembre, au plus près des fêtes de fin d’année.
La veille, lundi 16 décembre, nos confrères d’Indigo Publications avaient reçu le même « avis de vérification de comptabilité », selon la même procédure exceptionnelle d’une signification par huissier – d’ordinaire, une simple lettre recommandée suffit. Au-delà des deux entreprises concernées, c’est la nouvelle presse indépendante en ligne qui est visée, Indigo et Mediapart ayant été à l’initiative de la création, il y a cinq ans, du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL), interlocuteur reconnu des pouvoirs publics dont le président est le PDG d’Indigo, Maurice Botbol, et dont je suis le secrétaire général au titre de Mediapart. Deux autres membres fondateurs du SPIIL, Terra Eco, dirigé par Walter Bouvais, et Arrêt sur images, créé part Daniel Schneidermann, font l’objet de contrôles fiscaux, signifié tout récemment pour le premier et persistant depuis trois ans pour le second qui est toujours en contentieux avec l’administration.
Le SPIIL est issu de la première bataille, novatrice et victorieuse, menée en 2008 par la nouvelle presse en ligne, celle des « pure players » : la reconnaissance en droit, à la fois juridique et administrative, que la presse n’était pas réductible à un support unique, le papier, mais lié à un contenu éditorial, dont le numérique était un support légitime. Ce statut de la presse en ligne, entré en vigueur en 2009 et traduit par un siège dédié au sein de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), signifiait que, désormais, l’État reconnaissait une égalité de droit entre presse imprimée et presse numérique, égalité qu’il s’engageait à défendre et à promouvoir. C'est ce qui fut affirmé au nom de la République par son président d’alors, en clôture des États généraux de la presse écrite, le 23 janvier 2009. « Le statut d’éditeur de presse en ligne ouvrira droit au régime fiscal des entreprises de presse », déclarait alors Nicolas Sarkozy.
« La France, ajoutait-il, ne peut se résoudre à cette situation, doublement stupide, où la presse numérique est défavorisée par rapport à la presse papier, et la presse numérique payante défavorisée par rapport à la presse numérique gratuite. Cela n’a pas de sens. »Depuis, cette position est celle, constante, de tous les acteurs directement concernés par l’avenir de la presse, de sa transition numérique et de son écosystème économique. Qu’il s’agisse des pouvoirs publics – sous la gauche comme sous la droite –, des parlementaires – à l’Assemblée nationale comme au Sénat –, de la Cour des comptes, de tous les syndicats professionnels du secteur et de tous les rapports rendus par des missions d’études sollicitées par le ministère de la culture et de la communication, la neutralité des supports et, par conséquent, l’égalité de droit entre presse imprimée et presse numérique font l’unanimité. On en trouvera un rappel exhaustif sous l’onglet « Prolonger » de cet article.
C’est cette égalité que viole, de façon aussi flagrante que choquante, l’attaque illégitime et discriminatoire de Bercy. La haute administration du ministère des financeshttp://cdncache1-a.akamaihd.net/items/it/img/arrow-10x10.png, qui a avalisé cette démarche à notre encontre, entend nous reprocher d’appliquer depuis 2011 le même taux de TVA (2,1 %) que la presse imprimée. Ce taux, dit « super réduit », est une aide indirecte à la presse, autrement vertueuse que les aides directes dont la gabegie et l’opacité sont désormais largement documentées. C’est une aide aux lecteurs, et non pas aux entreprises : au nom de l’enjeu démocratique de l’information et de son pluralisme, l’État signifie ainsi qu’un journal n’est pas une marchandise comme les autres, qu’elle doit être protégée de façon à ne pas être trop coûteuse et que son accessibilité au public le plus large doit être défendue. C’est ainsi qu’au Royaume-Uni, pays qui fut à l’avant-poste de l’invention de la presse d’information, la TVA sur la presse est tout simplement à taux zéro, l’État se refusant à imposer indirectement ses lecteurs.
En 2011, le SPIIL a décidé, en toute transparence vis-à-vis des pouvoirs publics (lire ici ses prises de position publiques), d’inviter la presse en ligne indépendante, qui vit du seul soutien de ses lecteurs, à appliquer la même TVA que la presse imprimée, refusant ainsi que des entreprises aussi novatrices que fragiles continuent d’être entravées dans leur développement et leur croissance par une TVA discriminatoire. Cette décision s’est accompagnée d’une critique sans ambiguïté des aides publiques à la presse, accompagnée d’une bataille sans relâche pour qu’on connaisse, en toute transparence, leurs montants et leurs bénéficiaires. De fait, ni Indigo ni Mediapart n’ont recours aux aides publiques, pas plus qu’à la publicité ou au mécénat. C’est donc cette nouvelle presse, plus vertueuse, refusant les conflits d’intérêts et ne vivant que de ses lecteurs, seule garantie de son indépendance, que l’attaque décidée par la haute administration des finances met aujourd’hui en péril.
Notre décision d’appliquer la TVA à 2,1 % s’appuyait sur un consensus général, tant professionnel que politique : en 2011, le Sénat, à majorité de gauche, avait voté un amendement au projet de loi de finances 2012 étendant le taux réduit de la presse papier à la presse en ligne, tandis que les huit syndicats professionnels de la presse, sans aucune exception, demandaient solennellement l’application de cette mesure (lireici leur texte conjoint et là leur lettre ouverte). Cette unanimité légitimait un moratoire de fait, du côté de l’administration fiscale, protégeant le développement de la nouvelle presse numérique. Or, pour des raisons aussi mystérieuses qu’incompréhensibles, où se mêlent irresponsabilité, inconséquence et imprévoyance, l’État n’a cessé de tergiverser et de se défausser, notamment sous l’actuelle majorité de gauche, qui s’était pourtant engagée à faire rapidement respecter cette égalité entre toutes les presses, numérique et imprimée.

Le prétexte fallacieux de l'Europe

Le prétexte invoqué est l’Europe, et ce prétexte n’est qu’un faux fuyant. L’actuelle ministre de la communication affirme ainsi, depuis qu’elle est en place, défendre auprès de l’Union européenne la TVA à 2,1 % pour la presse numérique mais attendre une harmonisation des TVA européennes pour l’officialiser. Elle l’a encore répété, en défendant les mêmes principes que ceux appliqués par Mediapart et Indigo, dans un entretien la semaine passée à France Inter (vidéo ci-dessous, à 5 mn 25 sec). Au passage, elle rappelle que, pour le livre numérique, les autorités françaises n’ont aucunement attendu un feu vert européen pour lui appliquer, cette année, la même TVA (de 5,5 %) qu’au livre imprimé. Ce qui rend d’autant plus incohérente l’attaque fiscale dont nous sommes aujourd’hui victimes, puisqu’on nous reproche ce que l’État français prétend lui-même défendre.
En vérité, c’est la France qui, aujourd’hui, est déjà en faute par rapport au droit européen. La même année 2011 où nous décidions d’appliquer la TVA réduite, un arrêt du 10 novembre de la Cour de justice de l’Union européenne, dit arrêt Rank (le lire ici), a en effet condamné le Royaume-Uni pour avoir mis en œuvre des TVA différentes pour des produits semblables, quel que soit leur support. « Selon une jurisprudence bien établie, y lit-on, le principe de neutralité fiscale s’oppose en particulier à ce que des marchandises ou des prestations de services semblables, qui se trouvent donc en concurrence les unes avec les autres, soient traitées de manière différente du point de vue de la TVA. » Suivent les références, nombreuses, notamment des arrêts de la Cour de justice européenne du 3 mai 2001, du 26 mai 2005, du 10 avril 2008 et du 3 mars 2011.
De plus, en 2013, la Commission européenne a publié la synthèse de ses consultations sur le « réexamen de la législation existante sur les taux réduits de TVA », menées en 2012. « Les contributeurs, conclut-elle, sont unanimes à demander une TVA identique pour le traitement des journaux et périodiques traditionnellement imprimés, d’une part, et les versions on-line d’autre part. » Ces recommandations ont été reprises et développées, avec insistance, voire impatience, courant 2013, dans plusieurs rapports officiels : le rapport Pierre Lescure sur l’exception culturelle ; le rapport Roch-Olivier Maistre sur les aides à la presse ; l’avis sur la fiscalité du Conseil national du numérique ; enfin, le rapport de la Cour des comptes sur les aides de l’État à la presse écrite. Sans compter le tout dernier rapport, celui du Sénat, en date du 26 novembre, qui s’alarmait de l’immobilisme des pouvoirs publics sur le sujet.
Pour tous nos interlocuteurs officiels, administratifs, parlementaires ou politiques, de ces dernières années, l’application de la même TVA pour toute la presse était donc une évidence. Et Mediapart était donc d’autant plus légitime à la mettre en œuvre qu’il continuait ainsi à se comporter en novateur, dans la cohérence avec son modèle économique pionnier qui, aujourd’hui, fait école parmi toute la presse. Car appliquer à Mediapart une TVA à 19,6 % aujourd’hui, et à 20 % demain, c’est tout simplement ruiner son développement où se construit son indépendance. L’application discriminatoire du taux commun, le même que pour n’importe quel objet de consommation, reviendrait à nous dépouiller de tous les résultats que nous avons réussi à dégager et, par conséquent, à mettre en grave difficulté le seul exemple de réussite économique, innovatrice et profitable, dans notre secteur. À l’inverse des discours officiels sur la France qui innove, risque et gagne, ce serait asséner une démonstration profondément démobilisatrice et conservatrice.
Avec cette lettre de cachet fiscale, aussi injuste qu’arbitraire, l’État se révèle incompétent, aveugle et partisan. Incompétent, car il ne tient compte d’aucune des nombreuses recommandations qui l’ont invité à innover dans notre secteur en donnant à la presse en ligne tous les moyens pour se développer. Aveugle, car il sanctionne ceux qui, dans une crise historique de nos industries et métiers, ont réussi à créer de la valeur par la seule vertu de leur travail, de leur inventivité et de leur liberté. Partisan, car, dans le même temps, il persiste à recourir aux vieilles méthodes qui ne font qu’aggraver la dépendance de la presse vis-à-vis du pouvoir politique, à fragiliser son indépendance et à ruiner son dynamisme (télécharger ici en fichier PDF le détail des aides publiques en 2012 et lire là leur décryptage en graphiques).
Comment expliquer cette attaque discriminatoire contre la presse en ligne quand, il y a seulement deux semaines au Parlement, un simple amendement du gouvernement a effacé quatre millions de dettes d’un quotidien, L’Humanité, envers les caisses de l’État (toutes les précisions ici) ? Comment justifier qu’on nous applique un taux de 19,6 % à Mediapart, journal de qualité et de référence, alors que sa concurrence, dont les recettes sont essentiellement imprimées (Le Monde, Le Figaro, Libération, Le Nouvel Observateur, L’Express, Le Point, Le Canard enchaîné, etc.), bénéficie, non seulement d’une TVA à 2,1 % mais de plus d’aides publiques massives, alors que nous les refusons par principe ? En 2012, ces aides ont atteint des montants de plus de 18 millions pour Le Monde (pour le seul quotidien, mais 32,2 millions pour tout le Groupe Le Monde) comme pour Le Figaro, de plus de 10 millions pour Libération, sans compter près de 7 millions pour… Télé 7 Jours, près de 5 millions pour… Télé Star, près de 4 millions pour… Télé Z, trois journaux de programmes télévisés qui, eux aussi, bénéficient de la TVA super réduite à 2,1 % !
Depuis le premier jour, Mediapart entend tracer une route d’indépendance et d’innovation qui prouve que le journalisme peut de nouveau rencontrer la confiance des lecteurs et, ainsi, créer de la valeur – celle d’une entreprise, de ses informations et du travail de son équipe. Notre bataille pour l’égalité de toutes les presses, quel que soit leur support, est celle du droit et de la justice, contre l’injustice et la discrimination. Elle est aussi celle de la liberté, c’est-à-dire d’un journal qui n’a de comptes à rendre qu’à ses lecteurs. Or ce sont bien nos lecteurs que cette attaque vise en premier, puisque la TVA est une taxe sur leur acte d’achat. À tel point que, selon nos informations, la haute administration fiscale nous invite à augmenter notre abonnement pour faire face à l’injustice qu’elle nous impose, ayant même calculé qu’il devrait dès lors passer à 10,57 euros contre 9 euros actuellement.
Au moment où nous pensions avoir gagné notre bataille, nous préparant à construire en 2014 le cadre juridique et actionnarial d’un Mediapart pérenne, contrôlé par ceux qui le font et vivant de ceux qui le lisent, nous découvrons qu’il nous faut encore la mener, encore et toujours. Nous avons besoin de vous, plus que jamais. Pour qu’un moratoire fiscal leur impose de faire demi-tour. Pour que notre indépendance, dont vous êtes les seuls garants par vos abonnements qui nous font vivre, soit plus que jamais défendue.


<< Le droit de dire et d’imprimer ce que nous pensons 
est le droit de tout homme libre,
dont on ne saurait le priver sans exercer la tyrannie la plus odieuse".
Voltaire


vendredi 13 décembre 2013

Sarkozy : notre mauvais génie


Nicolas Sarkozy a changé : la défaite l'a rendu pire.
On peut s’attendre à tout, absolument tout,
d’un homme ambitieux et déformé par la vie politique,
dès l’instant où cet homme se sent le pouvoir absolu entre les pattes.
Roger Martin du Gard


Je ne peux pas ne pas revenir, c'est une fatalité, a menacé le "sage" de la rue de Miromesnil (Le Point, JDD).
Qui ne serait pas prêt à le délier de cette ennuyeuse obligation, de ce sacrifice si éprouvant ? Il ne penserait qu'à la France mais je ne suis pas sûr que la France ne pense qu'à lui.
Percevant ce que sa forfanterie sur sa réapparition prétendument programmée par le destin avait de ridicule, au Nigeria il a préféré déclarer : "Les Français décideront" (L'Express).
Ce n'est pas ma faute s'il contraint tous ceux qui craignent son retour à s'engager, à s'impliquer, à ressasser puisqu'il ne cesse, et de plus en plus, en dépit de sa déconfiture de 2012 - et probablement à cause d'elle - de se croire indispensable parce qu'il serait irremplaçable et que la droite devrait lui être reconnaissante pour l'avoir fait battre. Il est évident qu'on ne va plus entendre parler que du futur compétiteur à partir de maintenanthttp://cdncache1-a.akamaihd.net/items/it/img/arrow-10x10.png et qu'on passera d'un effacement ostensible à une imitation ridicule du destin d'un Charles de Gaulle écrasant pour la comparaison. Il faudra bien ne pas se lasser de répéter que beaucoup de Français désirent seulement complaire à Nicolas Sarkozy en l'invitant à rester dans le cercle enchanté et lucratif de ses conférences.
Comment ne pas s'étonner de cette volonté assénée de revenir au faîte présidentiel quand tant de signes éclatants manifestent que, décevant dans son premier parcours, il serait catastrophique au second ?
Comment ne pas juger dangereuse moralement et politiquement une personnalité qui, au plus haut niveau de l'Etat, a laissé au fil du temps, sous sa seule influence, des serviteurs, des collaborateurs, des auxiliaires se déliter alors qu'auparavant, sur des registres divers, ils n'avaient pas démérité et au contraire, pour certains, s'étaient illustrés ?
Durant cinq ans, avec un cynisme imprégné d'une redoutable perspicacité et convaincu qu'on pouvait faire peser son emprise sur quiconque, il a été le mauvais génie de personnalités qui, à son contact et parce qu'il leur faisait miroiter ambitions, espérances, privilèges et impunité, ont perdu leur valeur originelle et se sont retrouvées, pour quelques-unes, après l'élection de François Hollande, dans des processus judiciaires ou disciplinaires préoccupants. La liste pourrait comporter, sans être exhaustive, Philippe Courroye, Georges-Marc Benamou, François Pérol, Stéphane Richard, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Rachida Dati et Christine Lagarde. J'ai toujours considéré que la singularité de Nicolas Sarkozy avait été de donner une large autonomie à ses collaborateurs parce qu'ainsi ils s'abandonnaient davantage aux vertiges du pouvoir et de la sorte étaient mieux tenus. Il exploitait des fidélités qui auraient appelé une autre éthique.
Le seul qui, dans la sphère étroite liée au chef de l'Etat, a su échapper au pire, malgré son inconditionnalité, est Henri Guaino parce qu'il y a des honnêtetés qu'une mère, qu'une grand-mère enseigne et qui sont plus fortes et plus durables que les sollicitations vulgaires qu'offre une position dominante.
Alors que les nuées judiciaires s'accumulent sur le couple Balkany en suite de certaines avanies déjà connues, je ne parviens pas à occulter qu'il s'agit des meilleurs amis de l'ex-président - chacun ses goûts - mais que Patrick Balkany a parfois été envoyé en Afrique comme conseiller par Nicolas Sarkozy. Je n'ose imaginer la rencontre d'un tel homme avec un tel continent. Quand l'amitié tourne à cette erreur de programmation, ce n'est plus de la maladresse mais de la provocation démocratique.
Ce voyagehttp://cdncache1-a.akamaihd.net/items/it/img/arrow-10x10.png avec deux avions en Afrique du Sud, avec un président Hollande ayant fait preuve d'une élémentaire courtoisie républicaine, est la conséquence - secret de polichinelle que de feindre de s'interroger sur le responsable de ce vaudeville aérien racheté par une dignité commune sur place - de la vanité de Nicolas Sarkozy qui n'aurait pas accepté de se retrouver invité dans son ancien avion présidentiel et qui se serait senti mal à l'aise, dans un unique avion, aux côtés d'un homme ayant pris sa place et qualifié par lui de "nul" en permanence.
Par ailleurs, les citoyens ont pu prendre connaissance de ce que Nicolas Sarkozy, entendu comme partie civile, avait déclaré le 10 octobre 2013 à la suite de sa plainte pour faux, usage de faux et recel contre Mediapart. Ce site, qui décortique clairement le 11 décembre, sous les signatures de Karl Laske et Fabrice Arfi, les erreurs et les approximations de cette audition du 10 octobre, avait publié, au mois d'avril 2012, entre les deux tours de la présidentielle, un document évoquant un éventuel financement de la précédente campagne présidentielle de M.Sarkozy, en 2007, par Kadhafi.
Sans entrer dans le détail des explications de Nicolas Sarkozy, il est intéressant de relever qu'il objecte principalement à cette accusation le fait qu'il était le maître d'oeuvre de l'intervention internationale en Libye et qu'un tel financement serait incompatible avec son rôle à l'encontre de Kadhafi. On peut cependant rappeler les conditions étranges et troubles de l'exécution de ce dernier et la scandaleuse réception à laquelle il avait eu droit à Paris, avec un président se voyant traité par "le Guide" comme un petit garçon. Quoi de mieux, pour venger cette humiliation et faire oublier les obscures connivences, complicités et transactions, qu'une expédition au nom des droits de l'Homme contre un dictateur aussi honni qu'il avait été adulé (Le Monde) ?
"Le Tonton flingueur de la rue de Miromesnil", en plus de François Hollande "inélégant et médiocre", "se paie" violemment, vulgairement tous ceux qui ont travaillé avec lui et qui l'ont servi, le comble, avec une obséquiosité politique durant cinq ans absolument pas récompensée par la suite. Fillon est qualifié de "traître" et "d'homme pris de panique", NKM a été semoncée pour avoir approuvé Manuel Valls sur les Roms, Bruno Le Maire n'est "qu'un énarque qui parle allemand", Xavier Bertrand "un boudeur ingrat", Laurent Wauquiez est noté comme "ne travaillant pas et puisqu'il a souffert au gouvernement, il ne souffrira plus", Jean-François Copé est comparé à Harlem Désir : "Alors lui, c'est chirurgical, il détruit tout ce que je fais".
Rien sur Juppé dont il a peur apparemment et il continue à recevoir Jean-Pierre Raffarin qui est lucide, qui ne sert plus à rien et ne lui a jamais fait peur.
Nicolas Sarkozy a fait démentir par ses proches les propos qu'on lui prête mais leur tonalité est si révélatrice de ses humeurs actuelles, de son tempérament susceptible et de son peu de considération pour son environnement politique qu'on ne peut douter de leur authenticité. J'ajoute que le problème de l'ancien président de la République, sur le plan de la justice comme sur les autres, est que précisément personne ne doute de la plausibilité de ce qui lui est imputé ou reproché. On ne se récrie pas, au mieux on attend de voir !
Dans ces acidités, que de petits chantages, de misérables ingratitudes ! Nicolas Sarkozy n'est pas plus haut que ceux qu'il méprise.
Ce n'est pas la formidable justesse d'un Mitterrand dans les dernières années de sa vie, sur le monde politique de gauche ou de droite, avec des appréciations à la fois fines et caustiques, profondes et décapantes, bien au-delà de tout esprit partisan. Pour Nicolas Sarkozy, c'est étriqué : la moquerie vengeresse et amère d'un homme que son comportement depuis sa défaite a dégradé et banalisé. Encore moins homme d'Etat depuis le mois de mai 2012 qu'avant. L'intolérable est qu'en dehors d'un noyau obtus à l'UMP - il y en a qui ont la bêtise chevaleresque -, aujourd'hui, enfin, on se dise : on n'en veut plus, il y en a d'autres!
Sarkozy : notre mauvais génie.
Le mien. Celui de l'UMP. Celui de la droite honorable. Celui de la reconstruction, de l'invention d'une autre droite. Celui des quatre années à venir. Celui de la France d'aujourd'hui.
Vous avez vraiment envie de voir revenir cet homme-là ?
Philippe Bilger
Quiconque ne sait pas se taire est indigne de gouverner.
Fénelon