samedi 25 mai 2013

Bernadette & Nicolas

Bernadette et Nicolas, quel est leur secret ?

 

"La politique est l'art de se servir des hommes en leur faisant croire qu'on les sert."
Voltaire
Nicolas Sarkozy et Bernadette Chirac soutiennent NKM pour la primaire des municipales à Paris et le vibrionnesque et surestimé Guillaume Peltier a été désavoué par l'UMP. Rien que de très normal même si Jacques Chirac, paraît-il, n'appréciait pas du tout celle qui deviendra maire de Paris, je l'espère, pour répondre à l'attente de beaucoup de Parisiens.
Mais entre Bernadette Chirac et Nicolas Sarkozy, se déroule, depuis des années, un jeu plus subtil, plus étrange. Alors que le second a fait subir des avanies sentimentales et politiques à la famille Chirac et à certains de ses membres, la première, qui n'a jamais péché par naïveté ni par excès d'enthousiasme, à chacune de ses déclarations manie l'hyperbole et encense Nicolas Sarkozy. Lors de sa campagne calamiteuse contre François Hollande où il a fait perdre la droite et depuis qu'il nous joue l'effacement alors que tout son comportement montre qu'il piaffe, a oublié sa défaite et se croit désiré.
Il faut reconnaître que Bernadette Chirac est étonnante dans la démesure et on est bien obligé de se demander pourquoi. Elle, si pincée et sèche, avec une chaleur humaine parfois remarquablement fabriquée - à l'égard des citoyens encore presque perçus comme des manants - se laisse aller tout à coup à des élans pour ce perdant qu'elle veut voir revenir. Elle le qualifie "d'exceptionnel" (20 minutes). Que n'aurait-elle pas dit s'il avait vaincu !
Il y a forcément de la politique ou du mystère sous roche.
Pas seulement, à l'évidence, le désir naturel pour elle de voir la droite reprendre le pouvoir à la gauche.
Cette obsession constante et à la longue ridicule de se faire passer pour une groupie de Sarkozy a des touches délirantes. Ainsi elle nous demande de "le laisser tranquille" alors que c'est lui qui ne nous laisse pas tranquilles en n'attendant pas sagement et dans la discrétion la primaire UMP de 2016 mais, à rebours, en s'agitant entre des conférences somptueusement payées et des entretiens avec des chefs d'Etat et des Premiers ministres étrangers sans qu'il puisse invoquer, à cet effet, mandat et légitimité (Le Monde). Que je sache, être ou avoir été au pouvoir représente plus qu'une nuance !
Je suis sans doute vieux jeu mais je continue à être surpris par l'entêtement qu'elle met à porter aux nues un homme qui n'a cessé subtilement ou ostensiblement de s'en prendre à son époux, de l'humilier ou de le contester. Dans sa démarche renouvelée de soutien à Sarkozy, il est clair qu'il y a autant de vengeance à l'égard de Jacques Chirac que de bienveillance pour son successeur en 2007. J'analyse les dithyrambes de Bernadette Chirac comme autant de provocations gratuites destinées à rendre, à un homme âgé qui ne peut plus les relever, la monnaie de sa pièce.
Au fond, de la part de Bernadette Chirac qui, il est vrai, n'a jamais paru indignée par le somptuaire, les accommodements financiers et les privilèges, nous aurions tout de même attendu réserve et retenue. Epouse d'un ancien chef de l'Etat élu puis réélu, elle aurait dû au moins intégrer le fait que cet homme, dont elle réclamait le retour, était au centre de quelques procédures qui permettaient de douter de sa parfaite éthique. J'avoue que Bernadette Chirac m'a choqué en faisant l'impasse sur la part d'ombre de cet être "exceptionnel".
Quel est donc le secret qui lie Bernadette Chirac et Nicolas Sarkozy ? Quelles tractations et quels silences troubles, quels engagements et quelle récompense ?
Les pièces jaunes, du spectacle, des jeux, du bruit et du vent pour le menu peuple.

Affaire Tapie-Lagarde: remboursez!

«Le mépris dans lequel les gouvernements successifs ont tenu les contribuables par un gaspillage éhonté, un refus de rendre des comptes aux citoyens, un dédain pour les reproches de la Cour des comptes, n’est plus acceptable ni accepté»

Corinne Lepage

Le scandaleux arbitrage Tapie, que j’avais dénoncé dès l’origine, pose deux séries de questions : qui est personnellement responsable de ce scandale d’Etat et qui va rembourser le contribuable français floué ? Le sujet est du reste à tiroir, dans la mesure où s’est ajouté un « cadeau fiscal » au cadeau arbitral.
La première question est soumise à la Cour de justice de la République, pour le volet ministériel, et devra être soumise, pour les autres responsables potentiels, à une juridiction de droit commun. Quel est, ou quels sont, les ministres éventuellement responsables de cette affaire d’Etat, au-delà de Christiane Lagarde ? Quels sont les hauts fonctionnaires qui ont agi et engagé leur propre responsabilité ? Les arbitres eux-mêmes ne risquent-ils pas de voir leur responsabilité pénale mise en cause ?
Quant à Nicolas Sarkozy, à supposer qu’il soit mis en cause, au-delà d’une implication probablement couverte par la prescription en tant que ministre des finances, il est de toute façon couvert par l’immunité générale que lui confère la Constitution. En effet, aux termes de l’article 67, « le Président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité, sous réserve des dispositions des articles 53-2 et 68 ». L’article 68 couvre la destitution sans effet ici et l’article 53-2 la Cour pénale internationale. Enfin, Bernard Tapie lui-même pourrait-il voir sa responsabilité pénale recherchée comme complice d’un stratagème dont il serait le principal bénéficiaire et l’instigateur ? Il revient aux magistrats de trancher ces points qui soulèvent de redoutables difficultés juridiques, une fois les faits établis.
La seconde question est celle du remboursement. Il serait logique, dans une hypothèse de reconnaissance de fraude, que Bernard Tapie rembourse ce qu’il a indûment perçu. Sauf qu'il a visiblement organisé la quasi impossibilité de recouvrer les fonds via des montages hors territoire français, et que la sentence arbitrale couvre son droit tant qu’elle n’est pas annulée.  Certes, « la fraude corrompt tout », ce qui signifie que la nullité de la sentence peut être invoquée même après qu’elle soit devenue définitive. Mais qui peut invoquer cette nullité ? Le ministre des finances y réfléchirait. Sauf que l’Etat, en tant que personne morale, est responsable de cette situation qui est à l’origine de la mise en cause de l’ancienne ministre. Certes, la responsabilité pénale de l’Etat n’existe pas, mais sa responsabilité « civile » (sous forme de responsabilité administrative) existe. Or, personne ne peut invoquer sa propre turpitude pour réclamer une réparation ou remettre en cause une situation. Dès lors, la position de l’Etat, sur le plan de la recevabilité de son action, est à tout le moins délicate.
Reste donc la procédure de la Cour des comptes qui comporte deux volets. Le premier est un volet non ministériel, devant la cour de discipline budgétaire. Ce volet est ouvert et pourrait concerner aujourd’hui Stéphane Richard, en qualité de directeur de cabinet successif de Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde et les responsables du CDR. Mais, il pourrait y avoir aussi un volet ministériel pour comptabilité de fait liée à l’extraction illicite de deniers publics pour payer Bernard Tapie. Car, si un ministre ne peut en principe être poursuivi devant la cour de discipline budgétaire, il en va différemment quand il est comptable de fait. Ainsi, à terme, des personnes physiques pourraient se voir condamner à rembourser à l’Etat tout ou partie des sommes indûment payées à Bernard Tapie. Cela peut paraître injuste mais à charge pour ces dernières d’exercer une action contre Bernard Tapie pour obtenir remboursement ou essayer de plaider la complicité de ce dernier.
En des temps déjà difficiles, le paiement des 450 millions d’euros à Bernard Tapie, réglés dans des délais ultra courts, était une insulte aux contribuables. Il faut espérer que cette affaire ira à son terme sous ses deux volets. Car le mépris dans lequel les gouvernements successifs ont tenu les contribuables par un gaspillage éhonté, un refus de rendre des comptes aux citoyens, un dédain pour les reproches de la Cour des comptes, n’est plus acceptable ni accepté.
Et puisque l’Etat en est à des revirements déchirants, il pourrait s’intéresser à récupérer d’autres folies comme les 700 millions versés à Taïwan pour les rétro commissions couvertes par le secret bancaire, à l’heure où un certain bon sens semble à cet égard devoir l’emporter !
 

vendredi 24 mai 2013

Dominique Venner: Viva la muerte!

Dominique Venner: Viva la muerte! 

Nihilisme et Droite hystérique

Le suicide de Dominique Venner dans l’enceinte de la cathédrale de Notre Dame de Paris est l’acte paroxystique du discours hystérique contre le pouvoir actuel. Insulte à la foi catholique, insulte aux innocents qui déambulaient dans la cathédrale, insulte au peuple, et insulte à la République, ce pseudo-sacrifice fait honte à la droite, qui ne sait comment réagir, se cachant derrière « l’acte intime. »
Quand Mme Boutin prétend que « la responsabilité incombe en partie à François Hollande » elle oublie les milliers d’homosexuels qui se sont donnés la mort suite au mal de vivre dans une société qui les a longtemps vilipendés, rejetés, même pourchassés. Qui est responsable de leurs morts ? Les discours hystériques, qui voient la fin de la civilisation, la fin du monde, la perte totale des repères, à chaque avancée sociétale, fomentent le désespoir chez les croyants et les faibles d’esprit. Que feront-ils quand ils apprendront la mort de Dieu !

Haine de l’autre, haine de la vie

La haine de la vie, la haine de ce qui n’est pas figé pour l’éternité, la haine de ce qui évolue, de ce qui tolère puis qui traite ensuite avec indifférence les orientations des uns et des autres, ne peut conduire à des actions constructives. Cette haine qui se drape de paroles faussement lyriques pour s’approprier « des millénaires d’histoire », oubliant au passage l’obscurantisme qui a régné pendant ces millénaires dits chrétiens. Ils veulent que nous nous soumettions à une structure familiale soi-disant intemporelle, figée durant les siècles d’ignorance et d’aveuglement, quand chaque pensée innovante menait au bucher. La haine de l’autre qui s’exprime dans le refus de lui voir octroyés les mêmes droits et le même respect qu’un citoyen lambda ne pouvait que s’exprimer par l’acte le plus violent et égoïste qui soit : le suicide. Le meurtre n’est pas loin.
Pourquoi cet acte encapsule-t-il toute la bêtise de ce mouvement sectaire et réactionnaire ? La posture christique du don de soi ; l’imposture d’une offrande sacrificielle, appelant à témoin les badauds malgré eux. Cet acte qui mélange symbolisme païen et chrétien, est un raccourci pour toutes les manipulations et contorsions intellectuelles pour rationaliser leur haine. Leur malheur est dans leurs contradictions. L’offrande est ternie par l’orgueil.

Souvenirs fascistes, miroir djihadiste
 Et tradition en devenir

« Viva la muerte, » fut le cri de ralliement de la Phalange espagnole. La mort dans la foi du Christ Sauveur, du Saint Esprit, contre la gauche et son idéologie humaniste. Les djihadistes, que la France combat en Afrique et en Afghanistan, se réclament de Mohammed et d’Allah, contre l’humanisme occidental ; cherchez la différence. Eux aussi combattent pour une loi supérieure, eux aussi nient la valeur humaine pour affirmer l’empire de Dieux sur les hommes. N’est-il pas ironique de voir le mimétisme réactionnaire que démontre cette haine de la vie que partagent ces frères ennemis.
Marine Le Pen affirme son respect de « l’acte politique » de Dominique Venner, tout en le regrettant du bout des lèvres. Respecte-t-elle donc « l’acte politique » des djihadistes à Londres, aux Etats Unis, aux quatre coins du monde ? Le sang des martyrs a la même couleur ; leur haine de la démocratie aussi. Méfions-nous des apologues et des rationalisations – d’où qu’elles viennent.
Quant à l’invocation presque mystique de Jeanne d’Arc par Guillaume Peltier, de La Droite Forte, elle n’en est que plus maladive et malodorante. D’autres ont cherché à utiliser les personnages mythiques ou légendaires pour rameuter le peuple, et cela ne mène qu’à un abyme idéologique.
Il est malheureux de noter que l’église a souvent été derrière ces mouvements liberticides. Que ce soit dans l’expression de l’antisémitisme européen, la lutte contre la laïcité, la reconnaissance des découvertes scientifiques, les progrès sociétaux. L’église a fait beaucoup de progrès sur ces questions ; pourquoi la droite française veut-elle revenir en arrière ?
La haine, qu’elle soit individuelle ou collective abroge tout recours à la raison. Le mépris qui sous-tend les mots d’ordre contre la nouvelle loi, fait aucun usage de la logique. Est répandue une légende d’une « tradition millénaire » qui serait immunisée contre les méfaits de ce même millénaire : millénaire d’exclusions multiples, exclusions des savants, des chercheurs, des libres penseurs, des musulmans, des juifs, des hérétiques, des sorcières, des sodomites.
Parle-t-on de cette tradition millénaire de la servitude et du droit de cuissage, des divorcés excommuniés, du roi de droit divin ? Ils en appellent à la sauvegarde d’une vision hémiplégique de la tradition occidentale. Ils oublient que les grandes avancées ont été faites contre la tradition figée, contre les absolus et les impératifs préconçus. Les « traditions » sont en perpétuel devenir, heureusement.

Division des Français :
Mauvaise foi et mensonge

La mauvaise foi qui veut que l’égalité des droits pour les homosexuels serait l’équivalent des lois anti-juives démontre l’acrobatie intellectuelle de la droite. Dire n’importe quoi n’importe comment et l’affirmer d’une manière à rameuter leurs électeurs ne pose pas de problème pour les Pelletier et Boutin, le transfuge et la voisine de l’extrême droite. Ils s’agitent et vocifèrent comme les petits fascistes qu’ils cachent en eux, capables de renverser tout raisonnement logique avec impudeur. Ils démontrent par-là leur haine de la raison et de la démocratie.
De là il n’y a qu’un pas pour passer au mensonge politique – celui qui veut que François Hollande divise les Français avec cette réforme. C’est oublier qu’il a hérité d’une France largement divisé par son prédécesseur. Le révélateur qu’a été le Mariage Pour Tous n’est qu’un constat d’une situation enclenché et entretenue depuis cinq ans. La libération de la parole contre les immigrés, les musulmans, les fonctionnaires, les enseignants, les syndicats, les magistrats, les intérêts particuliers, commence avec l’adhésion et l’affirmation de la ligne Patrick Buisson. Cette ligne, qui relègue les Africains hors de l’histoire, et qui parlait de « 600 mosquées pro-Hollande » avant le second tour de la présidentielle, s’est montrée d’un cynisme dangereux quand elle était au pouvoir. Elle l’est toujours dans l’opposition.
Que ceux qui ont usé de ces discours pour animer le pouvoir, s’accrochent aux branches d’un sujet plus complexe, démontre davantage leur propre faiblesse qu’un souffle nouveau. C’est le désespoir et l’impatience du perdant qui ne reconnait toujours pas sa défaite, jusque dans la manipulation de l’histoire et la haine de la raison.

Premier cadavre d’une droite maladive

La droite est victime de son manque de clarté sur plusieurs sujets. Cela fait suite au fiasco de la ligne Buisson pendant la campagne présidentielle. Il n’y a eue ni inventaire du mandat, ni analyse sérieuse de la défaite. Ce refus l’a laissé susceptible à la multitude de carnassiers qui rampent à travers les ruines à la recherche d’un os à ronger (Droite Forte, FN, Droite Populaire, CIVITAS, F. Barjot). Les sorties contradictoires de plusieurs représentants de l’UMP à l’égard de ces mouvements démontrent la confusion qui continue de prévaloir au sein du parti.
Cette droite, dite « Républicaine » se doit de clarifier sa position sur la République, la laïcité, la légitimité démocratique, et l’égalité des citoyens devant la loi ou l’impôt. Non pas se fourvoyer dans une posture cynique et réactionnaire qui ne sied pas à sa prétention de modernité républicaine.
Le cadavre pestilentiel de Dominique Venner risque de nourrir quelques-uns des carnassiers de droite et d’extrême droite. C’est à l’UMP et l’UDI de se démarquer d’un discours de plus en plus nauséabond ou de se faire dévorer par des chiens enragés qu’ils ne contrôlent plus.


Le drame de notre temps, c'est que la bêtise se soit mise à penser.
Cocteau

Christine Lagarde, au mépris de la démocratie

Le fait que la patronne du FMI se trouve, aujourd’hui, seule en première ligne, 

ne doit pas nous tromper : ce qui se joue ici est bien « un scandale d’Etat ». 

Tapie est riche…

de l’argent des contribuables !

 

 

L'année 2009 sera peut-être l'année de naissance d'un nouveau capitalisme,
d'un nouvel ordre mondial [...]
On ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial,
et personne, je dis bien personne, ne pourra s'y opposer.
N. Sarkozy



 Comme l'avait révélé Mediapart, la patronne du FMI, Christine Lagarde, est convoquée jeudi par la Cour de justice de la République. Elle pourrait être mise en examen pour « complicité de faux » et « complicité de détournement de fonds publics », dans le cadre du scandale Tapie. C'est l'épilogue prévisible d'une longue histoire au cours de laquelle la loi mais aussi la démocratie ont été constamment mises en échec.

« Un scandale d’Etat ».  François Bayrou en avait eu l’intuition dès les premières heures, et chaque jour qui passe semble lui donner un peu plus raison : le processus d’arbitrage ayant permis, le 7 juillet 2008, d’accorder à Bernard Tapie la somme faramineuse de 403 millions d’euros dans le cadre de son litige avec le Crédit Lyonnais, ressemble effectivement de plus en plus à un « scandale d’Etat ».
Un de plus, serait-on tenté de dire. Plus de 400 millions d’euros d’argent public ! Que cela plaise ou non, Bernard Tapie est redevenu riche avec l’argent des contribuables. Dès lors, la question, juridique, politique, morale, est simple : comment a-t-on pu en arriver là ?
Pour en avoir une idée, il faut lire le réquisitoire de la cour de discipline budgétaire : il est terrible, accablant même. Sans rentrer dans les détails techniques de cette affaire, on croit bel et bien comprendre que la décision d’un tel arbitrage a été prise à l’Elysée et que Christine Lagarde n’a fait en réalité qu’exécuter des ordres venus d’en haut. En tous cas, tous ceux qui étaient contre une telle procédure d’arbitrage ont été systématiquement écartés. 

La direction générale du Crédit Lyonnais était contre : écartée.

La Caisse des dépôts et Consignations était contre : écartée.

L’Agence des participations de l’Etat (APE) était contre : écartée.

Les fonctionnaires de Bercy étaient contre : écartés. 

En 2006, la cour de cassation elle-même avait rendu un arrêt favorable à l’Etat contre les demandes de Bernard Tapie : l’Elysée n’a pas non plus voulu en tenir compte.
Le 2 octobre 2007, un conseil d’administration du CDR, l’organisme chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais, se réunit. Trois administrateurs émettent alors des réserves circonstanciées sur la procédure d’arbitrage : même chose, on ne les écoute pas. En réalité, la décision est déjà prise.
Pire : parmi les trois arbitres désignés, l’entre d’entre eux, Pierre Estoup, omet de signaler qu’il a déjà travaillé à quatre reprises avec l’avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne.
On sait, en outre, que Bernard Tapie a été reçu à plusieurs reprises et dans la plus grande discrétion à l’Elysée entre 2007 et 2010. Exactement comme le procureur de Nanterre Philippe Courroye, alors chargé de la délicate affaire Bettencourt, avait été reçu en secret à huit reprises par le chef de l’Etat.
Tapie, lui, jure – « les yeux dans les yeux » ? – que Nicolas Sarkozy ne lui a « jamais parlé de l’arbitrage ».

Mais est-ce le cas des deux officiers traitants de ce dossier explosif, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, et son adjoint, François Pérol, aujourd’hui patron de Banques Populaires-Caisses d’Epargne ?
Toujours est-il qu’aujourd’hui, seule Christine Lagarde se retrouve devant la Cour de Justice de la République. Et l’on verra d’ailleurs, dans quelques heures, si les juges, qui s’apprêtent à l’entendre demain et vendredi, décident de la mettre en examen pour « complicité de faux et détournement de fonds publics » ou s’ils la ménagent en lui accordant un statut de témoin assisté.


L'administration a renoncé en 2009 à saisir la cour d’appel de Paris pour réclamer à Bernard Tapie le paiement de près de 15 millions d’euros d’arriérés d’impôt, dont 12 millions au titre de ses impôts sur le revenu 1992 et 1993. La justice risque de s'intéresser à cette nouvelle affaire, pour déterminer notamment qui a pu donner des instructions.
Car deux autres personnages au moins sont dans le viseur : Jean-François Rocchi, président du CDR de 2006 à 2013, un proche de Claude Guéant, et Bertrand Scemama, président de l’EPFR, la structure publique qui chapeaute le CDR.
Pour autant, Christine Lagarde, droite dans ses escarpins, maintient sa position officielle : personne ne lui a imposé les décisions qu’elle a prises dans ce dossier, dit-elle. Ni Sarkozy, ni personne. Elle veut assumer, seule. Une noble attitude qui arrange sans doute Nicolas Sarkozy, mais qui gêne singulièrement François Hollande. Et pour cause…

En accord avec l’Elysée, Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, vient en effet d’annoncer au journal Le Monde que « si une atteinte aux intérêts de l’Etat est avérée, alors Bercy se constituera partie civile ». Que l’Etat envisageait même un recours en révision contre cet arbitrage qui, répétons-le, a enrichi Tapie de 403 millions d’euros.
Sauf que, dans le même temps, explique Pierre Moscovici, toujours en accord avec l’Elysée, « Mme Lagarde garde toute la confiance des autorités françaises dans ses fonctions à la tête du FMI ». Cherchez l’erreur… 



mardi 21 mai 2013

Vers une République irreprochable ...

Dans les mois qui viennent, l’UMP risque d’aggraver sérieusement l’engorgement des tribunaux français ou, en tout cas, de remplir à elle seule les pages de faits divers des journaux. 

En à peine quelques jours, on a appris en effet que  Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI (le renseignement français), un tout proche de Nicolas Sarkozy, serait bien renvoyé devant un tribunal dans l’affaire dite des « fadettes ». 

On a surtout découvert que Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée et ex-ministre de l’Intérieur, avait indûment perçu de l’argent en liquide sous forme de primes quand il était place Beauveau, qu’il a aussi reçu sur son compte 500.000 euros en provenance d’un avocat malaisien et 25.000 euros en provenance de Jordanie. 

Le voilà même soupçonné d’avoir imposé à Mme Christine Boutin, alors ministre du Logement, un emploi fictif à 5500 euros par mois pour M. Philippe Pemezec, maire UMP du Plessis-Robinson, déclaré inéligible après l’invalidation de son élection comme député en novembre 2007. 

Et ce n’est pas tout : aux termes de l’enquête confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire dans l’affaire dite « Karachi », on vient d’apprendre, grâce aux révélations de France-Info, que l’associé de Ziad Takieddine, M.Adbul Rahman El-Assir, intermédiaire en ventes d’armes, aurait payé des sondages à Edouard Balladur lors de sa campagne présidentielle de 1995. El-Assir était intervenu aux côtés de Takieddine dans la signature des contrats Agosta (vente de trois sous-marins au Pakistan) et Sawari II (vente de frégates à l’Arabie Saoudite). 

Or, les deux magistrats ont reçu copie d’un chèque de 52.000 dollars, émis du compte suisse d’El-Assir et rédigé à l’ordre de Paul Manafort, un des spin doctors de Reagan et de Bush père, pour deux enquêtes d’opinion sur les chances d’Edouard Balladur à l’élection présidentielle de 1995. 

Au même moment, on découvre grâce, cette fois, aux révélations de nos confrères du Parisien, comment la célèbre famille de marchands d’art Wildenstein, une des plus grosse donatrice de l’UMP, a truandé le fisc français pendant des années – au point de lui devoir aujourd’hui plus de 600 millions d’euros.
Pour couronner le tout, dans quelques jours, Mme Christine Lagarde, ex-ministre de l’Economie et aujourd’hui directrice générale du FMI, doit être entendue par la cour de justice de la République dans le cadre de l’affaire… Tapie. 

Rappelons, comme il est d’usage, que tout ce beau monde bénéficie bien sûr de la présomption d’innocence. Avouons néanmoins que ça commence à faire beaucoup pour un ancien président de la République qui, en 2007, promettait une « république irréprochable ». 
« Bon appétit, messieurs !
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez
ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
.../...
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Victor Hugo "Ruy Blass"


Etonnez-vous, après cela, que les Français perdent confiance dans la politique, que les abstentionnistes soient devenus le premier parti de France et que les bataillons d’électeurs de Marine Le Pen, grande théoricienne du « tous pourris », soient légions. Mais laissons faire la justice avant de commenter plus avant l’accumulation de toutes ces affaires… 



VIe République : l’exemple de la démocratie athénienne

Philippe Murer
 est professeur de finance vacataire à la Sorbonne et membre du www.forumdemocratique.Fr 


AVIème siècle avant JC, la Cité d’Athènes se dota progressivement de la Démocratie la plus pure qui n’ait jamais vu le jour. Solon mit fin en 595 au régime aristocratique afin de résoudre une très grave crise économique due à une terrible croissance des inégalités, conduisant parfois jusqu’à l’esclavage du petit peuple surendetté.
Ses réformes approfondies par Clisthène, transformèrent la société aristocratique athénienne en une société démocratique.

La Démocratie, l’économie, la puissance et le rayonnement d’Athènes atteignirent simultanément leur apogée au « siècle de Périclès ». Athènes, Démocratie exemplaire, domine alors toute la Grèce et voit naitre des générations de philosophes, artistes et scientifiques qui resteront dans le cœur de l’humanité. 
  
Le système démocratique repose sur trois assemblées :
 les participants de « la Boulée » sont tirés au sort,
 l’Ecclésia et l’Héliée accueillant l’ensemble des citoyens males d’Athènes
 désireux d’y participer.
Les « magistrats » formant l’exécutif sont tirés au sort chaque année, doivent subir un examen préalable de moralité et de probité et sont contrôlés au sens propre par les Assemblées populaires.
Un habile mécanisme de pouvoir et contrepouvoir entre les différentes
 Assemblées équilibre la Démocratie athénienne qui durera 200 ans. 


A partir de 410, le peuple s’enivrera de sa propre puissance jusqu’à prendre des décisions injustes et tragiques pour sa destinée : il fera ainsi exécuter après un jugement sommaire les stratèges pourtant vainqueur d’une bataille navale sur Sparte  car ils n’auront pu sauver les marins grecs naufragés suite à une tempête !

Athènes finit par sombrer dans la démagogie et la corruption morale avec la République des Avocats. L’ivresse du pouvoir aura peu à peu corrompu
 la Démocratie et empêché l’éclosion d’hommes
 capables de gouverner le pays, dans le sens du bien commun.

La Cité s’affaiblit et après avoir dans ses belles années,
 résisté à la Perse et à Sparte, se laissera submerger par Philippe de Macédoine.
  
La fin de la République d’Athènes s’explique au moins partiellement
par le déséquilibre d’une Démocratie ou le pouvoir du peuple était absolu,
aucun contrepouvoir ne le contrebalançant.
 Ce système fonctionnera quand même correctement pendant plus de 200 ans.
  
Notre Démocratie représentative souffre d’un mal différent
 mais finalement similaire.
  
Les élus du peuple nous représentent et nous gouvernent
 en théorie pour le bien de tous. Comme nous le voyons tous, dans la réalité,
ce mode de gouvernement ne favorise qu’une minorité de citoyens
 malgré les promesses renouvelées mais jamais tenues ;
 le creusement des inégalités et du chômage depuis 40 ans sont des faits,
 les discours tenus depuis 40 ans ne sont que des mots.
 Notre système de gouvernement profite à un cercle de plus en plus étroit,
 pour le bien de quelques-uns et non le bien commun :
 il tend vers un mode oligarchique.
  
La moralité et le sens de l’Etat disparaissent à tire d’ailes ;
 les affaires Cahuzac, Karachi, Tapie, Guéant sont le symptôme
 d’une classe dirigeante en perdition. La récession qui n’en finit plus,
le creusement sans fin des inégalités en sont un autre.
De nombreuses anecdotes, concordantes,
m’ont été raconté par d’anciens agents de l’Etat,
attaché et fiers de servir l’Etat :
 incapable de le servir dans les faits tant la situation de l’Etat
 est devenue parfois anachronique, ils m’ont expliqué
 avoir préféré démissionner pour travailler
 dans le privé plutôt que de vivre dans cette situation schizophrénique.
On pressent que ce système pousse vers la sortie
 nombre de serviteurs zélés de l’Etat et attire à lui, dans les hautes sphères,
des serviteurs moins zélés, préoccupés par leur destinée.
Les hommes étant ce qu’ils sont, ils résistent rarement à la corrosion du pouvoir.
 Ce système centrifuge s’autodétruit, court à sa perte et entraine le pays sur une pente descendante. La clé de cet échec est un défaut évident des Institutions : l’absence de contrepouvoir des citoyens
 sur les élites politiques pendant leur mandat.
  
Aristote pensait que le meilleur système politique n’était ni la Démocratie absolue comme celle d’Athènes, ni la monarchie, ni l’Aristocratie mais la Politeia  :
 un système d’élus par la peuple, en situation de gouverner
mais contrôlés au sens propre par le peuple.
L’avenir de notre pays nécessite la création d’une Démocratie différente
 de celle que nous a léguée la Révolution Française.
Un mélange de Démocratie représentative et de Démocratie directe
 permettrait d’équilibrer le pouvoir des élites
 et le pouvoir du peuple, créant une situation vertueuse.
  
On peut imaginer ainsi une VIème République très proche de la Vème
 avec une différence clé : un Sénat constitué de citoyens tirés au sort parmi les Français âgés de 25 à 65 ans n’ayant eu aucun problème avec la justice,  désignés pour une durée de 3 ans. Ce système fait sourire certains mais la République d’Athènes a duré 200 ans soit plus que notre République !
Et le niveau d’éducation y était moins bien partagée que de nos jours.

 Le Sénat aurait la charge : 

De définir les augmentations de salaires et les avantages des élus de la République,
  De nommer les juges du Parquet ce qui mettrait fin au problème de l’indépendance de la justice,
  De nommer ou de procéder au tirage au sort des experts aptes à diriger les agences du médicament (ce qui évitera de nouvelles affaires Médiator …),
 de l’alimentation, de la CNIL, et d’autres comités … 
  De faire les lois avec le Parlement comme le Sénat actuel. 

                                                     Des Referendum d’initiative populaire, comme la Suisse                                                 les pratique intelligemment, sortiront aussi le citoyen de l’ombre
et lui donneront les moyens de peser sur la vie de la Cité.
  Ce système de contrepouvoir a deux avantages majeurs :
 il évite la « corruption » de l’Etat et permet
à chaque citoyen de s’intéresser au sort de la Communauté,
 à la vie de la cité, de réinventer les liens dans
 cette période d’individualisme marqué.
  
Enfin, pour en finir avec les vecteurs de corruption,
on peut imaginer que les régies d’eau deviennent publiques
et que les terrains soient vendus après confrontation
 et vote sur trois projets par les administrés de la commune concernée.
  
L’Assemblée Constituante n’est pas une bonne solution
si aucun changement en profondeur de notre Démocratie,
 aucune réflexion d’envergure sur ce sujet n’est mené.
  
Quoi de plus exaltant pour notre jeunesse que d’inventer la Démocratie du futur, avec toute la prudence qui s’impose cependant.
La France a d’une certaine manière inventé la Démocratie moderne en 1789,
 notre pays saura-t-il réinventer la Démocratie ?

  
 
NB : pour ceux qui sont intéressés par les problèmes de la démocratie,
je vous signale l’excellent livre de Michel Humbert 
« Institutions politiques et sociales de l’antiquité »