mardi 5 août 2014

Israël-Palestine : "Le massacre perpétré à Gaza"



Palestine :
Monsieur le Président, vous égarez la France
23 JUILLET 2014 |  PAR EDWY PLENEL
De l’alignement préalable sur la droite extrême israélienne à l’interdiction de manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, sans compter l’assimilation de    cette solidarité à de l’antisémitisme maquillé en antisionisme,                        François Hollande s’est engagé dans une impasse.                                                Politiquement, il n’y gagnera rien, sauf le déshonneur.                                             Mais, à coup sûr, il y perd la France.

Israël-Palestine :
Villepin dénonce un massacre. Ce conflit indigne doit s'arrêter et vite
Ce vendredi 1er août, Dominique de Villepin a publié une tribune dans "Le Figaro" où il s'inquiète du silence de la France face au conflit Israël-Palestine.
 Pour Daniel Salvatore Schiffer *, cette déclaration est un formidable signal envoyé par l'ancien premier ministre. Il appelle à un sursaut de la communauté internationale pour sauver Gaza.

Mieux vaut tard que jamais !

Un homme politique français d'envergure, Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires Étrangères et Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac, vient donc de "lever la voix" dans un grand quotidien national, "Le Figaro", afin d'y dénoncer publiquement "Le massacre perpétré à Gaza" par Israël.

Ainsi s'est-il finalement rangé, lui aussi, aux côtés de ceux (dont ma modeste personne) qui se sont insurgés ouvertement depuis le début, le 8 juillet dernier, de cette offensive menée, avec une rare violence, par l'armée israélienne dans la bande martyre de Gaza.

Comment Israël peut se comporter comme un assassin ?


La nécessité, telle est la raison

que l'on invoque pour toute atteinte à la liberté humaine.
 C'est l'argument des tyrans ; c'est le credo des esclaves.
William Pitt

Un massacre sans nom, sinon - je le déplore amèrement en tant qu'intellectuel juif - celui de "crime contre l'humanité" : 1.800 hommes et femmes palestiniens, dont des centaines d'enfants, y ont déjà été tués, et près de 10.000 grièvement blessés, sous les bombes. Un déluge de fer et de feu, où mêmes les infrastructures civiles - écoles, hôpitaux, magasins, marchés, parcs publics, centrales électriques, pompes à eau, entrepôts de nourriture, champs agricoles, etc - ne sont guère épargnées.
 Ce peuple, le peuple palestinien, est aujourd'hui à genoux, terrorisé jour et nuit, épuisé, comme vidé de son sang ainsi que le hurlait une mère agenouillée devant le cadavre de son bambin.
 Ce crime organisé, méticuleusement préparé, le monde entier y assiste quotidiennement avec effroi, médusé, révolté et scandalisé à la fois, à travers les images que lui diffusent sans arrêt, sur ses écrans de télévision, les divers journaux télévisés. Notre Occident, impuissant à calmer cette folie meurtrière, se demande chaque jour, incrédule et consterné, comment Israël, cette nation qui vit le jour au lendemain (1948) de ce crime unique dans les annales de l'(in)humanité que fut l'Holocauste, peut aujourd'hui se comporter à son tour, à l'encontre des Palestiniens, comme un assassin.
 L'inhumaine souffrance n'a pas de nationalité, de frontière, de culture ou de religion ; elle est universelle, comme la honte qui nous envahit à entendre ces cris lacérer, parallèlement à l'éclair des obus, le ciel plombé, tel un immense linceul, de Gaza.

Quand la barbarie répond à la barbarie

Certes, pourront toujours répliquer les plus farouches partisans d'Israël (dont je suis) : ce pays ne fait là que se défendre contre les terroristes du Hamas, lequel, pour lancer ses immondes roquettes sur Tel Aviv, Jérusalem ou Haïfa, se cache derrière sa propre population, la prenant lâchement en otage, tel un vaste bouclier humain.
 J'en conviens, à cette différence près : détruire les tunnels bellicistes du Hamas, oui ; éradiquer de Gaza ces fanatiques qui mettent la sécurité d'Israël en péril, oui ; mais non, pour autant, tuer des centaines d'innocents, qui n'ont rien demandé, sinon, pour la plupart d'entre eux, à vivre en paix avec leur voisin.
 D'aucuns, tels Pedro Almodovar, Penelope Cruz et Javier Bardem, ont même osé là conférer un nom, non sans raison, à ce meurtre collectif : un génocide ! 

C'est donc la méthode employée par Israël, sa stratégie militaire et sa tactique guerrière, que je mets ici, par leur disproportion, sévèrement en cause : ce pays a une armée (Tsahal) assez sophistiquée et des services secrets (le Mossad) suffisamment performants, pour parvenir à ses fins, sans qu'il doive, pour cela, se livrer à pareille boucherie !
 Rien ne peut justifier un tel carnage : c'est là, de la part d'Israël qui se devrait d'être un exemple pour l'humanité au vu de son douloureux passé, intolérable sur le plan moral et criminel au niveau humain.
 Répondre à la barbarie par la barbarie n'est guère, en outre, une solution ; cet engrenage ne fait qu'attiser la haine et exacerber ce conflit 

Israël n'est pas digne de son Histoire

Je le clame donc, porté ici par ma seule conscience d'homme libre, haut et fort : Israël n'est pas digne, en cette effroyable circonstance, de son Histoire. Pis : il la trahit, au gré de ses seuls intérêts géostratégiques, et la déshonore !

La politique menée aujourd'hui par le gouvernement israélien s'avère aussi désastreuse, par son radicalisme idéologique et son intransigeance politique, que celle des extrémistes palestiniens et autres djihadistes de tous poils : une impasse ne conduisant qu'au pire des scénarios catastrophes.

Ainsi Dominique de Villepin a-t-il parfaitement raison lorsqu'il affirme, dans sa toute récente tribune du "Figaro", que l'on ne peut punir de la sorte tout un peuple (les Palestiniens) à cause des forfaitures de ses responsables politiques (le Hamas). La culpabilité collective est, en effet, une notion issue de l'idéologie fasciste, ainsi que l'a très bien démontré Zeev Sternhell, notamment, dans un livre resté célèbre : "Naissance de l'idéologie fasciste" .
 Mais Dominique de Villepin va plus loin, dans cette même tribune. Il y propose aussi, parallèlement à cette courageuse dénonciation, un certain nombre de solutions, toutes frappées au coin du bon sens politico-diplomatique le plus élémentaire, afin de mettre enfin un terme à ce trop long et sanguinaire conflit israélo-palestinien.

Pour une force d'interposition de l'Onu

Le premier pas, essentiel, vers un apaisement de cet interminable conflit, et donc vers la paix elle-même, est la mise en place, relativement facilement par ailleurs, d'une force d'interposition de l'Onu à Gaza.

Quant à la Cisjordanie et à Jérusalem Est, territoires occupés depuis 1967 et la "guerre des six jours", Villepin y préconise, à juste titre toujours, une administration, sous mandat international, de cette même Onu.
 Bref : Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem Est sous protection des fameux "casques bleus" comme naguère, à l'époque de la guerre en ex-Yougoslavie, entre les années 1994-1995 plus précisément, les enclaves musulmanes (Srebrenica, Gorazde, Zepa, Bihac) en Bosnie, alors mise à feu et à sang là aussi, jusqu'à ce que les fameux "accords de Dayton" y imposèrent la paix, par les Serbes.

Là où, en revanche, je serai beaucoup plus sceptique, quant aux remèdes que prône Dominique de Villepin en sa tribune, c'est dans l'appel à des sanctions économiques, sinon à un véritable boycott, à l'encontre d'Israël.
 Je suis, pour ma part, résolument contre ! Car s'il est exact que l'on ne peut décemment châtier tout un peuple pour les seules fautes, fussent-elles gravissimes, de ses dirigeants politiques (l'actuelle droite israélienne, en l'occurrence), ce principe, s'il est authentiquement universel, doit forcément valoir, également, pour les Juifs : asphyxier une population entière, quelle qu'elle soit, sous la contrainte économico-financière s'avère un acte inacceptable humainement, même si, en l'absence de bombes et de sang, de cris et de larmes, d'enfants déchiquetés et de mères pleureuses, il n'est guère spectaculaire médiatiquement !

Ces indignes prix Nobel de la paix

Mais ce qui, en cette dramatique histoire, m'interpelle le plus, ainsi que je l'ai écrit récemment en ma "Lettre ouverte d'un intellectuel juif à ses pairs", c'est l'assourdissant silence dont font preuve, en ces jours mortifères, la plupart des intellectuels juifs, eux qui sont pourtant toujours prompts à s'insurger contre le crime partout dans le monde, face à cette abominable tuerie.
 Un incompréhensible et irrationnel "deux poids, deux mesures" ! Une indigne et très mal venue indignation sélective, à géométrie variable !
 Ainsi, qu'attend donc, par exemple, un Élie Wiesel, à qui l'académie d'Oslo décerna le prix Nobel de la paix en 1986, pour condamner, au nom de cette même paix, sa patrie d'élection qu'est Israël lorsqu'elle massacre sans trêve ni répit, humilie et terrorise un peuple tout entier, comme elle le fait aujourd'hui ?

Non : ce prix Nobel de la paix, belliciste patenté quand il s'agit de la cause d'Israël, à choisi de se taire face à l'horreur, dont il se révèle ainsi, fût-ce malgré lui, l'indirect complice !
 Il y en a par ailleurs un autre au sein de ces prix Nobel de la paix, peut-être plus symbolique encore de par sa fonction même, à ne pas broncher, tout aussi veule, devant cette avalanche d'atrocités, sinon - le comble ! - pour la justifier, encore et toujours, du haut d'une bonne conscience plus qu'usurpée : Shimon Peres, qui fut, jusqu'à il y a quelques jours à peine, président d'Israël !

Et puis, last but not least, il reste, parmi ces trop silencieux prix Nobel de la paix, censés pourtant incarnés d'incontestables et prestigieuses autorités morales, l'inénarrable Barack Obama, président du pays le plus puissant du monde et commandant en chef de son armée, mais qui, allié inconditionnel d'Israël, préfère gesticuler lamentablement, prétextant la crise ukrainienne, en direction de son homologue russe, Vladimir Poutine, afin de l'affaiblir politiquement, plutôt que de dénoncer ouvertement Benyamin Netanyahou pour les crimes dont il se rend actuellement responsable à Gaza.

Pis : cette Amérique qu'il dirige vient d'autoriser une nouvelle livraison d'armes et de munitions à Israël : histoire de tuer un peu plus, de manière indistincte !

Pitié pour les innocents

Ainsi donc, Messieurs les Nobel, j'ose vous le dire, moi qui ne suis qu'un humble philosophe épris des seuls mais inaliénables principes universels de l'humanisme : avez-vous le cœur à ce point endurci, et la raison à ce point offusquée que vous en demeuriez invariablement muets ? Êtes-vous à ce point sourds et aveugles pour ne point entendre ni ne voir le martyre des enfants, des pères et des mères de Palestine ?

Ressaisissez-vous, de grâce et par pitié pour ces milliers d'innocents !

Il ne faudrait pas que vous finissiez par ressembler, par votre passivité, sinon votre indifférence, au tristement célèbre, d'antique mémoire, Ponce Pilate, qui, plutôt que de prendre ses responsabilités en tant que dirigeant politique, préférait s'en laver les mains, fût-ce, comme aujourd'hui à Gaza, dans une mare de sang !

Pour la coexistence des États d'Israël et de Palestine

Davantage : un peu de courage moral et d'honnêteté intellectuelle, de sagesse et de lucidité ; exprimez-vous donc plus fermement, nantis de la légitimité politique qui est la vôtre, pour la coexistence, pacifique et démocratique, des États israélien et palestinien, le tout assorti d'une reconnaissance mutuelle de la part de leurs institutions respectives !
 Ce n'est qu'à ce juste prix, et dotée de semblable préalable, que la paix reviendra en cette turbulente région du monde qu'est le Proche et Moyen-Orient.

Quant à cet antisémitisme qui est en train de déferler dangereusement aux quatre coins de la planète, il n'aura plus, ainsi, d'odieux alibi pour gangrener l'humanité.


Il est des interviews, au sein du paysage médiatique français, qui laissent pantois par leur évident manque de déontologie professionnelle, carence dont on ne sait si elle est due à une encore plus flagrante malhonnêteté intellectuelle ou à un étrange, pour ne pas dire pathologique, déni de la réalité.
 C'est le cas aujourd'hui, malheureusement pour ce journal, dans "Le Figaro", lequel vient de réaliser un "grand entretien" avec Alain Finkielkraut, en lui posant un certain nombre de questions, dans le seul but de le dédouaner de tout reproche, manifestement inspirées par la tribune que j'ai publiée tout récemment sur Le Plus.

Une mauvaise foi patente

La première question, notamment, fait textuellement référence, mot à mot, à une idée fondamentale dans ma tribune :

- le fait que j'aie "reproché" à bon nombre d'intellectuels juifs (dont je suis) "de ne pas dénoncer les bombardements israéliens à l'encontre des civils palestiniens comme (ils) s'insurgeaient naguère contre le siège de Sarajevo par les Serbes"

- la deuxième question fait clairement référence, jusque dans le détail de ma formulation, à ma comparaison, tout aussi essentielle, entre "Gaza, long d'un peu plus de quarante kilomètres et large de moins de dix kilomètres, au ghetto de Varsovie, de sinistre mémoire". 

Et les interlocuteurs (car ils s'y sont mis, là, à trois !) de Finkielkraut de lui demander, dans la foulée, s'il ne trouve pas cette comparaison (bien que, ayant certes anticiper le reproche, j'aie toutefois pris la peine de spécifier que je ne souhaitais en rien comparer l'incomparable et que je me sois même bien gardé d'employer la problématique expression de "nazis" au regard des actuels dirigeants israéliens) "déplacée", voire "scandaleuse".

Ainsi, en ne m'y citant jamais nommément (ce qui n'est pas bien grave en soi) et feignant donc d'ignorer les vérités que j'assène là, ces hypocrites ont en fait décidé de nier, aveugles et sourds, le calvaire des palestiniens à Gaza : chose bien plus condamnable tant sur le plan moral qu'humain !

Ce genre de méthode, typique de la mauvaise foi la plus patente, a un nom, aussi choquant soit-il à entendre – le négationnisme – Israël niant le droit à l'existence des Palestiniens en tant que peuple libre, détenteur d'un État indépendant et souverain.

Des arguments d'une effroyable bêtise

Comment, du reste, s'en étonner lorsque l'on sait qu'il y a maintenant plus de 65 ans qu'Israël nie aux Palestiniens, privés de leur État, tout droit d'exister en tant que peuple libre ?

Je renchérirais même : Israël se conduit aujourd'hui avec les Palestiniens, notamment avec son infranchissable mur de séparation, comme l'Afrique du sud colonialiste se comportait jadis, lorsque ce pays pratiquait son ignoble politique d'apartheid, avec les Zoulous et autres populations indigènes ! C'est exactement là, par ailleurs, ce que soutenait également ce grand homme, parmi les grands hommes, que fut Nelson Mandela.

Ce que je faisais en cette tribune n'était pourtant que chose sensée pour tout homme comme pour toute femme de bonne volonté : dénoncer l'assourdissant silence dont se rendent actuellement coupables les intellectuels juifs, à de trop rares exceptions près, face à l'innommable massacre dont Israël, pays auquel je suis particulièrement attaché par mon héritage familial, est en train de perpétrer en toute impunité, dans la Bande de Gaza, à l'encontre de centaines, sinon des milliers, de civils innocents.

Je ne m'attarderai certes pas ici sur cette misérable manipulation journalistique, doublée d'une invraisemblable lâcheté, dont font preuve ici tant "Le Figaro" que Finkielkraut. Qu'il me soit permis, en revanche, d'y analyser plus attentivement la réponse de Finkielkraut. Sidérante pour un philosophe digne de ce nom :

"Ce retournement du devoir de mémoire me paraît être une preuve très convaincante de l'existence du diable."

Diantre, je savais que j'allais me faire taxer, par cet agité qui ne sait débattre sans avoir la bave à la bouche, de "traître" à ma propre cause, mais de là à me faire traiter de "diable" pour avoir osé exprimer, en tant que juif, ma compassion envers les Palestiniens lorsque Israël les massacre sans pitié, les assassine du haut d'une bonne conscience plus qu'usurpée, voilà qui me laisse, par l'effroyable bêtise de pareil argument, pour le moins perplexe. 

Il flirte avec des thèses nauséabondes

Aussi grotesque qu'inique, cette réflexion de Finkielkraut, lequel flirte par ailleurs dangereusement, depuis un certain temps, avec les nauséabondes thèses du Front national. J'ai même du mal à imaginer comment une institution aussi prestigieuse que l'Académie Française a pu élire, sous sa célèbre coupole, pareille caricature de philosophe.

Davantage : Les juifs auraient-ils donc, par on ne sait quel absurde et négatif privilège, le monopole des ghettos et, parallèlement, l'exclusivité, sur cette Terre, du génocide ? Peuple à ce point "élu", fût-ce, en cette tragique et historique circonstance, pour le pire ? Il m'est avis que ce soit là, paradoxalement, un antisémitisme à l'envers, comme à rebours !

Car voici ce que j'écrivais, à propos du martyre de Gaza, dans la tribune ici incriminée :

"J'ai mal à mon sens de l'humanité lorsque je vois des mères palestiniennes hurler à la mort sur le cadavre ensanglanté de leur enfant déchiqueté par un missile israélien. A  ces pères et ces mères en larmes, toute ma compassion ! Je suis là, n'en déplaise à ma patrie d'élection qu'est Israël, tout aussi palestinien que juif : l'inhumaine souffrance n'a pas de nationalité, de culture ou de religion ; elle est universelle, et, parfois, je me sens, à entendre ces cris déchirants, couvert de honte."

D'où, cette conclusion : être le preuve vivante de l'existence du diable, pour avoir simplement brandi l'universalité de mon humanisme, me confère une importance métaphysico-théologique que, franchement, je ne soupçonnais pas ; j'en suis même plutôt fier ; elle me range de plein droit, en outre, aux côtés de ces autres écrivains sulfureux, poètes maudits et illustres pestiférés de la bien-pensance, que furent autrefois mes chers Lord Byron et Oscar Wilde, sur lesquels j'ai tant écrit ; ce n'est pas la moindre des consolations !

Dieu, un odieux alibi pour terroriser

Mais, surtout, à voir l'extrême violence avec laquelle juifs et musulmans s'entre-tuent aujourd'hui pour un lopin de prétendue "terre promise", fût-ce au nom de Yahvé ou d'Allah, du judaïsme ou de l'islam, j'aurais plutôt tendance à croire, pour ma part, que Dieu n'existe pas.

Davantage : à considérer la sauvagerie de ces meurtres, l'intellectuel juif mais laïc et agnostique qui me définit intrinsèquement n'est pas loin de préconiser ici, à l'instar de cette autre grande figure du romantisme dandy que fut Shelley, la nécessité de l'athéisme. 

Mieux, je dirais, comme Nietzsche dans la paragraphe 125 de son "Gai Savoir", là où il annonce la "mort de Dieu" : que sont les églises, sinon les monuments funéraires et les tombeaux de Dieu ? À cette importance différence près, en ce qui me concerne, que j'ajouterais, au sein de ces infernales machines à tuer, les synagogues et les mosquées. À bas Dieu lorsqu'il sert d'odieux alibi pour terroriser les hommes.

Oui, cher Finkielkraut : en ces ignominieuses conditions-là, je préfère encore, à tout prendre, le diable et son odeur de soufre ; au moins, avec lui, on sait dans quel enfer on est, et sur quel cruel bûcher des vanités brûle le monde.

Non, cher Sartre : l'enfer, ce n'est pas les autres, pour reprendre l'une de vous plus fameuses formules ; l'enfer, c'est Dieu, historique matrice des pires fanatismes religieux et, donc, des terribles guerres de religion. Jérusalem, carrefour géographique des trois grands monothéismes, en sait précisément, du temps des croisades à nos jours, quelque chose, hélas pour l'humanité tout entière.

Israël n'est pas digne de son histoire

Ainsi, face à pareille monstruosité à l'égard non seulement de ma modeste personne, mais surtout des milliers de Palestiniens aujourd'hui massacrés à Gaza, ne me vient-il à l'esprit que cette réplique à l'égard de l'indigne Finkielkraut : votre mémoire est bien vaine, en effet, pour paraphraser le titre de l'un de vos livres.

Je vous le répète donc ici aussi, porté par ma seule conscience morale et d'homme libre, ce que j'ai écrit, il y a quelques jours, dans ma tribune : rien ne peut justifier pareil carnage. C'est là, de la part d'Israël, qui se devrait d'être un exemple pour l'humanité, inadmissible sur le plan humain.

Ce crime, hautement répréhensible au niveau moral, s'apparente, quelle que soit votre difficulté à l'admettre objectivement, à un "crime de guerre", sinon un "crime contre l'humanité". Israël n'est pas digne, en cette mortifère circonstance, de son histoire. Pis : il la dénature, au gré de ses seuls intérêts géostratégiques, et la trahit.

Israël, État qui vit le jour au lendemain de ce crime unique dans les annales de l'(in)humanité que fut laShoah, n'a-t-il donc rien appris, ou si peu, des immortelles leçons de son douloureux passé ? Répondre à la barbarie par la barbarie n'est guère une solution ; cet engrenage ne fait qu'attiser la haine et exacerber ce conflit. 

Un homme aux indignations sélectives

Ainsi donc, Alain Finkielkraut, je vous le redis, à vous qui êtes toujours prompt à fustiger les crimes partout dans le monde à la notoire et irrationnelle exception de ceux perpétrés par Israël, avec une même conviction :

- faites donc preuve ici d'honnêteté intellectuelle, de courage moral, de noblesse d'âme et de lucidité ;
- élevez-vous au-dessus des partis, prenez de la hauteur et condamnez le crime, même lorsqu'il provient de votre famille ;

Vous en sortirez grandis, et le monde vous en saura gré. Car votre mutisme, plus encore que vos indignations sélectives et à géométrie variable, vous déshonore. 

C'est un intellectuel juif épris des inaliénables valeurs de l'humanisme, prônant les principes universels de fraternité et de tolérance, qui vous le dit : votre position, dogmatique et manichéenne, s'avère effectivement une "défaite de la pensée" pour reprendre, ici encore, le titre de l'un de vos propres livres.


*Daniel Salvatore Schiffer a écrit "La Philosophie d'Emmanuel Levinas" (PUF), "Critique de la déraison pure" (François Bourin), signataire du JCall (Appel des Juifs à la Raison).








Ces images, représentant les personnages sous forme d’enfants palestiniens attaqués par des leaders israéliens me paraissaient un moyen plus efficace d’exprimer douleur et indignation, plutôt que les atroces photos d’enfants morts que nous voyons circuler sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Mes intentions étaient, je pense, proches à celles de Mme Christiane Taubira, lorsqu’elle a elle-même tweeté un message, par ailleurs contesté, sur les rêves perdus des enfants de Gaza.
J’ai été accusée, ici même, d’antisémitisme. On m’a reproché d’employer l’image du juif tueur d’enfant. C’est à peine si je n’ai pas été traitée de nazie. Outre le manque traditionnel de distinction entre antisémitisme et critique de la politique d’Israël, ces insinuations me sont particulièrement intolérables compte tenu de mon histoire familiale,
La famille de mon père, raflée le 16 juillet 1942, a été intégralement exterminée dans les camps de la mort.
Ma position n’a pas varié : je ne soutiens pas le Hamas. Les tirs de roquettes depuis Gaza doivent cesser. Les violations des droits de l’Homme perpétuées par Israël à Gaza, particulièrement contre les civils, particulièrement contre les enfants, doivent cesser. Je l’exprimais déjà le 20 juillet dernier sur mon blog, en pleine commémoration de la rafle du Vel d’Hiv
Ce conflit au cœur de l’été, importé en France, crée un climat communautariste et d'intolérance. Le gouvernement français, en prenant ouvertement parti pour l’Etat d’Israël dans le premier communiqué du Président de la République, a attisé le feu. Je regrette que ce tweet ait pu provoquer un tel déchainement et je persiste à dire que tant d’indignation aurait dû être tournée en faveur de la paix et du dialogue entre les communautés.
 |  PAR SÉNATEUR Nathalie GOULET