dimanche 22 mai 2016

La haine anti-flics, c’est la haine de la République

Assez ! Il est temps de faire taire la "haine anti-flics" qui se déploie impudemment dans les rues de Paris. Il est temps de condamner sans aucune indulgence les auteurs de violences à l’endroit des forces de l’ordre. Il est temps pour tous les républicains, de droite comme de gauche, de manifester leur solidarité envers ce corps de fonctionnaires qui assume une mission périlleuse indispensable pour rendre possible la vie en société.
Les policiers sont aujourd'hui victimes d’agressions d’une extrême gravité et de tentatives de lynchage aussi lâches qu’insoutenables. Certains, le plus souvent issus de la gauche la plus radicale, ont la tentation de renvoyer dos à dos les agissements des "casseurs" et les "violences policières". Ce parallèle est indigne. Il a été illustré, notamment, par la scandaleuse affiche ensanglantée éditée par la CGT qui versait là dans une déplorable dérive anarcho-syndicaliste.
Bien sûr, il ne s’agit pas de nier l’existence des bavures policières. Il y en a eu dans le passé, et il y a en aura hélas encore à l’avenir, tout homme étant faillible, le policier comme le chirurgien ou le journaliste. Mais il ne s’agit là que de fautes individuelles qui doivent être réprimées et condamnées sévèrement comme telles. Pour conforter la confiance de la population en sa police, l’Etat doit veiller à l’application de procédures d’enquête et de punition fiables et efficaces des fautes commises par ses agents. Mais aussi détestables soient-elles, ces bavures n’ont rien à voir avec la stratégie de déstabilisation dont la police, et à travers elle la République, est aujourd’hui la cible. Car la haine anti-flics, c’est bien la haine de la République ! Les forces de l’ordre subissent de plein fouet une attaque contre la démocratie et contre les principes qui la garantissent. Ce sort est d’autant plus insupportable qu’il y a quelques mois encore, en première ligne pour défendre ces principes, ces mêmes képis étaient acclamés en héros par la population. Raison pour laquelle le dégoût nous submerge un peu plus à la vision de ces hordes de voyous qui incendient une voiture ou tabassent les policiers et ceux qui leur viennent en aide. Car heureusement, sondage après sondage, les Français continuent d’accorder une confiance massive aux forces de l’ordre. Ce n’est que justice et le vieil anar Renaud l’a bien compris, lui qui chante aujourd'hui joliment avoir "embrassé un flic" lors du grand rassemblement républicain du 11 janvier 2015.

Alerte !

Rappelons que la police est un des piliers de notre République. C’est une institution garante de nos libertés et de nos droits, parmi lesquels la sécurité. La sûreté ne fait-elle pas partie des "droits naturels et imprescriptibles de l'Homme" exposés dès l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen ? Défini par les révolutionnaires de 1789 comme la protection de l'individu contre l'arbitraire, décliné dans la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 sous la forme de la "sûreté de la personne", ce concept s'est peu à peu transformé au fil du XX è siècle en obligation pour l'Etat d'assurer, dans le respect du droit, la sécurité de ses citoyens et de leurs biens. De Georges Clemenceau à Manuel Valls, en passant par Pierre Joxe, Jean-Pierre Chevènement et bien d’autres, il est toute une filiation de "premiers flics de France" qui ont su perpétuer place Beauvau cette tradition éminemment républicaine. Il y a urgence à restaurer cette histoire, et ce discours, pour arrimer la police à ce cortège de valeurs. Car, et c’est le deuxième effet désastreux des agressions dont les forces de l’ordre sont victimes, la démagogie du Front national progresse dangereusement dans leurs rangs.             Comment s’étonner que Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard soient accueillis avec sympathie par un syndicat de policiers mercredi si les républicains ne font pas corps autour du sort subi par les képis ?
Il ne faut plus céder à l’intimidation des irresponsables et extrémistes de tout poil qui font le lit du Front national. Et ne pas avoir peur de se faire traiter, à tort, de "réac" pour clamer que l’on aime la police républicaine !   

Au fond de chaque homme civilisé se tapit un petit homme de l’âge de pierre, prêt au vol et au viol, et qui réclame à grands cris un œil pour un œil. Mais il vaudrait mieux que ce ne fût pas ce petit personnage habillé de peaux de bêtes qui inspirât la loi de notre pays.

Arthur Koestler et Albert Camus


               Dans les rues de Paris et de quelques grandes villes, une poignée d’énergumènes fantasment contre la prorogation d’un "état d’urgence" qu’ils assimilent à l’avènement du "fascisme". Les mêmes préparent pourtant consciencieusement l’accession de l’extrême droite au pouvoir. Alerte !

Au secours, la droite (ultralibérale) revient !



Ce n'est plus un programme économique, 
c'est une frénésie sacrée.
La perspective hautement probable d'un retour au pouvoir conduit la droite à une surenchère sémantique et libérale avivée par la primaire. 
La droite serait « enfin » libérée et disposerait d'un programme jamais vu.
 Erreur, elle fait du Balladur.

Officiellement, c'est un programme de mesure et de sagesse. Une analyse lucide et pragmatique de la société française. La sagesse des visionnaires. Dans les faits, les fauves sont lâchés, et leur fureur peut se lire dans le vocabulaire ambiant.
Dernier exemple en date, l'édito de Franz-Olivier Giesbert, cette semaine dans Le Point. Le titre : « Pour un coup de pied libéral dans la fourmilière. » Pourquoi pas… Mais écoutez les mots : « Exaspération » (4 fois, dont 3 en gras), « loi débile sur les 35 heures »« Mme Aubry fée Carabosse »« gauche formol et naphtaline », « Nuit debout = ravis de la crèche, infantilité, merguezisation (sic), imposture »… Pire encore, la France serait « un pays adepte d'une sorte de communisme mou » ! 
Giesbert n'est pas le pire, ni le plus antipathique des chroniqueurs. Mais qu'il en arrive à ce niveau de déchaînement est un symptôme, un de plus, dans la longue liste inaugurée par les Zemmour, Ménard, Brunet, et amplifiée sur le plan intellectuel par Finkielkraut et “ses fils”, ou par les adeptes du grand déclin…
Convaincue de se venger bientôt de ce qu'elle ressent toujours comme une expropriation, la droite politique prend sa frustration pour la réalité de la France. 
Emportés, ses responsables paraissent ne pas avoir remarqué que depuis bientôt cinq ans l'exécutif a mis en place une politique conforme aux exigences de Bruxelles, et que ces exigences-là ne sont pas communistes ! Ils s'apprêtent donc à démanteler une forteresse mythique qui n'existe plus depuis longtemps. Les 35 heures ont été tellement assouplies que les Français travaillent en moyenne 39 heures. Le déficit sera quasiment ramené aux fameux 3 %. La croissance est voisine de celle de l'Allemagne. 
Au nom de la lutte contre le chômage, qui reste écrasant, les candidats à la primaire à droite s'apprêtent, si on les prend au mot, à nous faire passer des ténèbres à la lumière !  
Comment ? En imposant à la France un remède de cheval. 100 milliards d'économie en plus des 40 milliards du pacte de responsabilité, une baisse générale d'impôts, la fin de l'ISF, la réduction des indemnités pour les chômeurs, etc. L'une de ces potions que même les durs de la Commission européenne n'osent plus mettre en avant, à propos de la Grèce, à la veille du référendum sur le Brexit . Cette potion rejetée partout, sous toutes les formes, dès qu'une élection le permet.
L'Irlande avait appliqué le programme, elle était la magnifique élève, son gouvernement a été viré. Le Portugal était l'exemple à suivre. Même sort pour ses dirigeants. L'Espagne “se relevait” : elle a voté contre le “releveur” et devra revoter.
Partout le programme libéral européen est repoussé par les peuples, et voilà que la droite française, à la veille de revenir au pouvoir, n'a qu'une idée dans sa besace : appliquer avec un zèle de converti les préceptes de la dérégulation, de la privatisation des entreprises et des contrats, de la réduction au sabre des dépenses publiques…
Au moment où l'Allemagne a instauré un Smic, où la Grande-Bretagne envisage de le faire, où le FMI s'interroge à voix haute sur les limites des politiques d'austérité, la droite française, à contretemps, s'apprête à appliquer aux Français ce que la Troïka a imposé aux Grecs.
Elle le fait au nom d'une sorte de révolution idéologique. Elle aurait enfin compris. Elle aurait décidé de s'engager hardiment dans le vingt-et-unième siècle. Or elle replonge dans le vingtième.
Déjà, dans les années 80, elle a été victime d'un même accès de fièvre libérale. Elle n'avait d'yeux que pour Reagan et Thatcher, elle supprimait l'ISF, et Valéry Giscard d'Estaing qui voulait doubler Chirac sur sa droite s'était érigé en observatoire de la réforme libérale. Et voilà que la droite de 2016 innove avec le programme économique de Balladur en 1986 et 1993.
Le modèle Balladur, on ne fait pas plus avant-gardiste ! 
                                                                                                                               HUBERT HUERTAS

Les politiques grecs ne reconnaissent d'autre force que celle de la vertu.
Ceux d'aujourd'hui ne vous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses et de luxe même.
Montesquieu



Trop occupée à ferrailler contre le PS et la loi El Khomri, une partie de la gauche en oublie de fourbir ses armes contre Juppé, Sarkozy, Fillon et Le Maire, qui ne reculent devant aucune promesse pour reprendre le pouvoir.
Quelqu’un prend-il la peine de lire ce que proposent les candidats à la primaire de droite ? On y pensait en voyant les cortèges défiler dans la rue le week-end dernier à l’occasion de la Fête du Travail. Vent debout contre la loi El Khomri, les manifestants ont multiplié les slogans hostiles au gouvernement. "Non au retour à 'Germinal'", a-t-on pu lire sur certaines banderoles. Curieux anachronisme… Et drôle d’aveuglement surtout ! Car tant qu’à se hasarder dans les raccourcis historiques, c’est bien plutôt du côté de la droite qu’il faut redouter le retour des maîtres des forges.

Qui dit mieux ?

Engagés dans un concours Lépine ultralibéral, les concurrents de la primaire rivalisent de propositions chocs. Sans dire toujours pourquoi ni comment chacun y va de sa surenchère. 100 milliards d’euros d’économie pour Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, 110 milliards pour François Fillon, 130 milliards pour Hervé Mariton… Qui dit mieux ?Bruno Le Maire peut-être ? L’outsider des Républicains paraît en effet bien parti pour décrocher la palme avec son million de fonctionnaires supprimés – rien que ça ! – ou encore sa volonté de contrôler les comptes bancaires des bénéficiaires du RSA au cas où des pauvres seraient tentés de faire fortune en touchant indûment leurs 524 euros par mois…          On remarquera au passage que ce dernier, comme ses rivaux, se montre beaucoup plus discret sur la lutte contre la fraude fiscale pourtant quarante fois plus élevée que celle aux minima sociaux. Le même Le Maire, décidément très en forme, a déclaré récemment qu’il ne négocierait pas avec les syndicats, tandis que Nicolas Sarkozy assure, lui, vouloir remettre en cause leur monopole de représentativité et même en finir avec le paritarisme…

« Pour avoir le droit de parler, il faut avoir les mains propres.

Il faut avoir eu le courage de reconnaître, de réagir si on s’est trompé. »

Abbé Pierre


Indifférence quasi-générale

Mais de tout cela, nulle trace dans les défilés du 1er-Mai ! Trop occupée à ferrailler avec un Parti socialiste auquel tous les sondages promettent une défaite en rase campagne à la prochaine présidentielle, une partie de la gauche en oublie de fourbir ses armes contre une droite qui ne reculera devant aucune promesse, fût-elle démagogique et inapplicable, pour prendre le pouvoir.
Ne nous y trompons pas : c’est en effet une droite de rupture, revancharde plus que réformiste, qui prépare son retour aux affaires. Austérité, contournement du dialogue social, dérégulation, réduction des services publics, révision des acquis sociaux et du temps de travail… Son projet se construit à ciel ouvert et sans ambiguïté dans une indifférence quasi générale.
Dans un an pourtant, personne ne pourra dire qu’il n’a pas vu les coups venir. "Au secours, la droite revient", pronostiquait un slogan pendant la campagne des législatives il y a trente ans. A l’époque tout le monde en avait ri. Et la gauche avait perdu le pouvoir !

Matthieu Croissandeau