L'ancien
ministre de l'Enseignement supérieur puis de l'Education nationale, et
finalement Premier ministre aime à se présenter comme un homme de
''principes'', l'homme de la ''rigueur''.
Cependant
si ''rigueur'' il y a,
elle est
destinée aux autres.
Et souvent
Fillon varie, fol qui s'y fie.
Un Fillon ''thatchérien'' et conservateur.
Réécrire les programmes
d'histoire du primaire pour en faire un « récit
national » exaltant la « singularité française ».
« Demander aux conseils d'administration de se prononcer sur l'obligation d'une tenue unique
pour les élèves ». « Donner
aux directeurs d'école de réels pouvoirs de promotion des professeurs ».
« Donner aux chefs d'établissement du second degré le droit de recruter
les enseignants ». « Mobiliser tout le pays en faveur
de l'apprentissage à 15 ans ». Favoriser le développement du
secteur privé. Sans compter la « suppression
de 500000 fonctionnaires » : « infaisable ! »
lui a lancé son concurrent Alain Juppé
La
victoire de Fillon aux primaires de la droite est comme un coup de tonnerre non
pas dans un ciel serein mais dans un climat lourd de menaces pour l’éducation.
Si son programme éducatif – finalement très proche de celui de Le Pen – prévoit
de ramener l’école très loin en arrière, Fillon traîne également derrière lui
un passé - de chef de gouvernement et de ministre de l’Education – très
caractéristique de la pensée réactionnaire.
De
son passé de Premier ministre de Sarkozy, le bilan est lourd : il faut
rappeler par exemple la suppression
d’une demi-journée hebdomadaire de classe pour les écoliers, ou encore
celle de la formation des enseignants mais également la suppression de dizaines de milliers d’emplois à l’Education nationale,
des mesures imposées brutalement, sans aucune concertation – car c’est ça,
aussi, la méthode Fillon – et dont, un quinquennat plus tard, l’école n’a
toujours pas fini de payer la note. Comme ministre de l’EN (2004-2005), il se
signalera par quelques mesures hautement symboliques qui sentent bon la blouse
grise, comme le rétablissement des
punitions collectives pour les élèves ou celui de la Marseillaise (Maréchal, nous voilà… est joué dans
l'ensemble des territoires de la France et de l'Empire ; c'est le cas
en particulier dans la plupart des écoles mais aussi dans les chantiers de jeunesse15,
les casernes et les meetings de la Milice française) obligatoire. Tout un programme…
Les
années ont passé et la droite fillonesque, toujours plus décomplexée, aligne
son projet éducatif sur les représentations les plus rétrogrades. Au
cours du dernier débat télévisé entre les candidats de droite, c’est avec une
hargne peu commune qu’il a repris les poncifs les plus éculés sur la pédagogie
- « l’échec de l'école, c'est
la faute d'une caste de pédagogues prétentieux qui ont imposé des programmes
jargonnants » - une conception qui l’avait conduit, donc, à
supprimer la formation des profs et qui en dit long sur la pensée sous-jacente
de l’individu. Ce n’est quand même pas un hasard s’il bénéficie de l’appui
remarqué du lobby ultra- réactionnaire
SOS-éducation, vantant « le programme de rupture » du
candidat Fillon. De fait, son projet pour l’avenir a tout d’une lourde croisade
réactionnaire :
- examens d’entrée au
collège comme en lycée, multiplication des redoublements, avec, comme
corollaire
- une généralisation de l’apprentissage pour
les enfants des milieux défavorisés ;- pleins pouvoirs donnés aux chefs d’établissement sur le recrutement des enseignants mais aussi des élèves ;
- suppression de plusieurs dizaines de milliers de postes.
Fillon
n’a en outre jamais fait mystère de ses penchants identitaires : avec
lui, c’est la vieille morale national-chrétienne qui se voit ouvertes toutes
grandes les portes de l’école : dans le très traditionnaliste
hebdomadaire Famille Chrétienne, il dénonce les programmes actuels « rédigés par des idéologues qui
dégradent en permanence notre héritage historique (…) Il y a une perte de
repères qui se traduit chez une certaine jeunesse par une attitude très
agressive vis-à-vis de la France et de son histoire (…) Nous avons le devoir de
redonner à l'ensemble de nos concitoyens des raisons d'être fiers d'être
français». C’est
dans cette optique qu’il a d’ailleurs évoqué plusieurs fois sa volonté de faire réécrire les programmes d’histoire,
à peine entrés en application, par trois académiciens de ses amis. Très
révélateur, l’appui
remarqué de la cathosphère – en particulier des milieux
intégristes proches de la Manif pour tous.
Avec Fillon, on voit
avec une certaine frayeur se concrétiser le risque du grand bond en arrière,
rêvé depuis de longues années par les pires idéologues – et Fillon est
incontestablement un idéologue beaucoup plus retors que Sarkozy : un
projet éducatif clairement assumé de régression sociale et d’ordre moral.
Un Fillon étrange ;
un Fillon filou ; un Fillon variable. A coup sûr un Fillon aux positions
conservatrices
et ''thatchériennes''.
Mais est-il du bois dont
on fait les ''dames de fer'' ?
François Fillon vient
d'une France douce, tempérée, modérée, mais où
flottent des vapeurs réactionnaires, jamais totalement dissipées. Il n’est
pas d’homme qui exprime mieux ce que deviennent les droites: libérales ultra et
réactionnaires d’évidence, en mal de restaurations et de provinces.
On
a vécu ces derniers jours ce qui est peut-être une illusion, mais sans doute
une logique: François Fillon existerait encore, et franchement, quelle
justice pour cet homme et quelle vérité pour nos droites! Depuis des années,
Fillon s’astreint à être au rendez-vous des siens. Comment l’a-t-on raté? Il
est le produit authentique d’une famille politique en mal de réaction, et qu’on
affole dans des excès ou des compromis. Il n’est, lui, ni le compromis, ni
l’excès. Il est. Il répond naturellement
au double désir des droites; le grand coup de balai libéral et le grand bond
en arrière identitaire, dans un monde d’entrepreneurs, de paysans et de chants
grégoriens. Il le fait sans crier. Pourquoi crierait-il? Il a surmonté tant
d’agacements…
Quand
il était Premier ministre de Nicolas Sarkozy, il s’agaçait souvent, pas seulement
du mépris élyséen. Mais il trouvait que ce président en disait beaucoup pour en
faire moins. Il s’était impatienté dans la réforme des retraites, qu’il aurait
bien achevé en quelques jours, de voir le chef chercher la lumière. Il trouvait
Sarkozy moins fort et moins déterminé, toujours tenté de distractions et de
fioritures. L’écologie, l’ouverture, la pavane démocratique face à Poutine… Ce
n’était pas son truc. Quand la crise les prit à la gorge, après les dépenses de
survie, il imposa une ligne de rigueur budgétaire à ce président tenté par la
démagogie; il lui fit sentir qui aurait la main, quand il fut confirmé à
Matignon…
Ce qui est
amusant? Ce n’est pas ainsi qu’on nous a dit l’histoire. Fillon fut victime
d’une gentille réputation. Il avait été l’ami de Philippe Séguin, ce gaulliste
social issu d’outre-Méditerranée. On le confondait avec ce quasi-homme de
gauche. C’était une erreur. Il avait
aimé Séguin; il n’était pas Séguin. Fillon était de droite, avec appétit, quand
Séguin n’était que rigoureux.
Henri Guaino :
- "Ce n'est pas parce que l'on va se prosterner à Colombey ou qu'on se
revendique du gaullisme social que l'on exprime des choix politiques qui ont
quelque chose à voir avec le Général de Gaulle ou Philippe Seguin"
- « Parler de modernité en invoquant Margaret Thatcher ou Gerhard Schröder
est assez paradoxal. Il est un peu court de penser que l'on va emmener la
France sur la voie de la prospérité et de la cohésion uniquement en diminuant
le nombre de fonctionnaires, en sabrant aveuglément dans les dépenses
publiques, ou supprimant les heures supplémentaires.
Ce que je discerne derrière tout cela, c'est peut-être le pire programme de
casse sociale qui a été imaginé depuis 1944. Et ce n'est pas un homme de gauche
qui vous dit cela. Est-ce bien le moment de jeter par-dessus bord notre pacte
social, car c'est bien de cela dont il s'agit en fin de compte ?
Quand on explique que le programme du conseil national de la résistance est
dépassé, et qu'il faut lui tourner le dos parce que nous sommes au XXIe siècle,
il s'agit bien de détruire le pacte social français, la sécurité sociale, qui a
été forgée au moment de la seconde guerre mondiale.
Penser que c'est de la faute de la sécurité sociale, de la protection
sociale si le pays est dans cet état, est ravageur pour notre ordre et notre
cohésion sociale et ne tient pas debout : ce sont les politiques économiques
absurdes qui minent la protection sociale et non la protection sociale qui
détruit l’économie ».
On considérait
que François Fillon modérait Nicolas Sarkozy, singulièrement dans ses
échappées buissonnières, quand il alla chercher des recettes de survie dans la
droite extrême -il a persisté depuis. Fillon n’avait pas tant de souci sur le
fond que dans la forme. Que de bruit! Que de bruit vulgaire!
Fillon n'était pas hystérique. Il n'avait pas besoin d'en rajouter. Il
était, tout simplement, bien plus à droite que Nicolas Sarkozy Si être de
droite est considérer que l'économie doit être administrée sans pitié; que
l’ordre prime; que la tradition nous garde; que nous ne venons pas de nulle
part…
On pouvait le
deviner.
Il y eut,
dans la campagne de 2012, un étrange pas de deux, quand, à l'initiative de
Marine Le Pen, le débat s’empara du Halal –cette viande
musulmane qui allait nous subvertir. Francois Fillon eut ce mot curieux:
«On est dans un
pays moderne, il y a des traditions qui sont des traditions ancestrales, qui ne
correspondent plus à grand-chose.»
Les israélites
et les mahométans étaient donc invités par le Premier ministre en exercice à
réviser leurs conceptions archaïques de l’abattage rituel. Ainsi donc Fillon était ainsi? Se mêlant de
réformer des religions insuffisamment modernes, moins d’ici que d’autres? On oublia.
Quelques mois,
plus tard, en campagne pour la présidence de l’UMP, qui fut on le sait volée
par la bande à Copé, il eut une remarque sur les «origines» de son rival –juives
si tant est qu'on a oublié– censées le prémunir de toute tentation frontiste.
Cela avait valeur de compliment ? Ce pouvait aussi être pris comme un rappel.
Un outing, pour que la droite traditionnelle ne fasse pas avoir par un
produit artificiel, dont la stance identitaire sentait le rattrapage? Copé
était tellement antipathique, on laissa le doute de côté.
La douce France de Fillon
Simplifions.
François Fillon
vient de loin.
Il vient d'une France douce, tempérée, modérée, mais où flottent des
vapeurs réactionnaires, jamais totalement dissipées.
On n’est pas
impunément dans l'orbite, large bien sûr, des chouans ou des vendéens.
On n’est pas en
vain soutenu par Bruno Retailleau, héritier (en trahison, certes) de Philippe
de Villiers.
On n'est pas
par hasard cet homme qui rentre en
campagne pour la primaire de la droite en rappelant qu'il est allé à
l'Assomption, à l'abbaye de Solesmes, son village, twittant
cette piété pour que nul ne la rate, affichant le message:
«Retrouver nos racines chrétiennes et l’esprit des Béatitudes»…
Puis opposant,
dans son premier
discours de candidat, cette piété authentique à l’artificialité des
postures sarkozystes:
«Ce n’est pas en se précipitant à la messe du 15 août après avoir convoqué
les photographes ou en courant au Vatican pour tenter de regagner quelques voix
chez les catholiques après les avoir provoqués, maltraités et même parfois
réprimés que l’on se montre à la hauteur de ce rendez vous de l’Histoire.»
Qui
est vrai, devant l’Eglise?
On n’est pas en vain soutenu par les jeunes
ultra conservateurs, ultra catholiques, modernes et antiques à la fois, de Sens
commun, ces enfants doux de la branche piétiste des adversaires du mariage gay
On
est ce que l’on montre. François Fillon en a montré, singulièrement dans cette
campagne.
Cela marche? Au
bruit sarkozyen, rapiécé de frites à la cantine, Fillon oppose une paisible
évidence. On
fera bien la différence: d’un côté, un frisotté outrancier, qui ressemble au
Dalio de la Règle du Jeu,
lequel semblait «plus juif que
jamais» (ainsi
écrivaient les critiques fascistes Bardèche et Brasillach) dans
les chasses de Sologne, pauvre Marquis de la Chesnaye…
En
face, et un homme qui ne force rien pour se montrer comme il est.
Sarkozy
croit maîtriser le feu identitaire ? Allons donc. Qu’y connait-il ? La France
est chez Fillon. Il dit. Il exprime, même sans dire. Une France éternelle, de
toujours, catholique et romaine avant toute chose et décente, comme des grands bourgeois chez
Martin du Gard, d’avant nos débâcles?
L'Histoire, les racines, les valeurs
C’est Fillon qui met en avant sa culture
d'Eglise.
C'est
Fillon qui le premier a introduit le bon Clovis et son baptême comme acte
créateur de notre pays et, dans la même envolée, oppose notre
présent « salingue » aux magnificences du passé:
«Les héros de la France, ce ne sont pas les gens de la
télé-réalité, ce ne sont pas non plus les footballeurs, malgré leurs talents,
les Nabila et que sais-je encore. Non, les vrais héros français sont les
paysans qui ont fait notre histoire, les scientifiques et les inventeurs qui
ont fait notre renommée, l’Église catholique, les philosophes, les soldats de
l’an II, les poilus…»
C’est Fillon qui veut,
sans cri, mettre l’Islam sous tutelle, puisque cette foi n’est pas nôtre et
devra se soumettre,
puisque les musulmans, avant la soumission, ne sauraient être de France: «C’est une condition non négociable.
C’est la condition de leur acceptation au sein de la communauté nationale.»
C’est Fillon qui, face
aux étrangetés du monde, considère comme encombrantes les mollesses des
lumières, et ne voit pourquoi on offrirait l’égalité à l’Islam ou l’on
opposerait les droits de l’homme à Poutine.
C’est Fillon qui ne veut
plus de moeurs dissolues que l’époque nous impose, et rompra
avec l’Europe si elle nous force aux mères porteuses.
C’est Fillon enfin, qui
s’affirme en homme des honnêtetés d’avant les parvenus, qui aurait bien poussé
Sarkozy, cet affairiste de circonstance douteuses, dans les geôles socialistes,
et en appelle aux mânes du
Général pour le disqualifier.
C’est Fillon qui, pour
justifier ses duretés économiques, va chercher l’exemple du paysan de la
Sarthe, qui sait ce qu’un sou vaut et ce que travailler veut dire, et oppose cette
sagesse à l’errance des villes.
Est-on plus à droite que
Fillon?
Est-on
plus à droite que lui?
La
droite naturelle
Il
n'est pas besoin de crier pour être de droite. Francois Fillon est souriant,
urbain, poli, vengeur, et vrai. Il rencontre la droite dans ses aspirations. La
purge libérale en économie, la restauration identitaire en société. Il le dit
en élégance. Pourquoi préférer l’autre, enfin! Pourquoi se priver de ce que
l’on est? Seul Fillon est adéquat, si l’idéologie rencontre la société.
entré dans la Constitution en 2005, qui permet de prendre des mesures préventives même quand la preuve scientifique du danger pour la santé ou l’environnement n’est pas établie. Il souhaite toutefois autoriser les recherches agronomiques, comme les OGM, dans un cadre précis et contrôlé, ou les recherches en robotique. François Fillon souhaite de son côté supprimer tout bonnement le principe de précaution de la Constitution, le qualifiant de « dévoyé et arbitraire ».
Juppé insiste sur la nécessité de réformer l’Union européenne (UE) pour
la rendre « moins
bureaucratique » et il estime qu’il faut avancer sur la question de
l’Europe de la défense
; François Fillon privilégie, lui, la création d’un gouvernement de la zone
euro.
François Fillon veut supprimer au moins 500 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, contre 200 000 pour Alain Juppé. Le premier veut aussi repasser à la semaine de 39 heures dans la fonction publique, quand le second se contente d’annoncer une « augmentation du temps de travail »
Les deux candidats souhaitent que les entreprises puissent négocier le temps de travail en fonction de leurs besoins. Mais quand Alain Juppé est favorable à une durée de référence de 39 heures, François Fillon fixe la seule limite à 48 heures (le maximum autorisé par le droit européen).
François Fillon veut supprimer au moins 500 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, contre 200 000 pour Alain Juppé. Le premier veut aussi repasser à la semaine de 39 heures dans la fonction publique, quand le second se contente d’annoncer une « augmentation du temps de travail »
Les deux candidats souhaitent que les entreprises puissent négocier le temps de travail en fonction de leurs besoins. Mais quand Alain Juppé est favorable à une durée de référence de 39 heures, François Fillon fixe la seule limite à 48 heures (le maximum autorisé par le droit européen).
Alain Juppé et
François Fillon sont tous les deux d’accord pour augmenter la TVA (la taxe sur la valeur ajoutée),
mais pas dans les mêmes proportions. Alain Juppé souhaite l’établir
à 21 %, François Fillon à 22 %.
Alain Juppé
souhaite en outre alléger l’impôt sur le revenu de 2 milliards
d’euros. François Fillon veut réduire
l’impôt
sur le revenu des particuliers investissant dans des PME, à hauteur
de 30 % de leur investissement, suprimer l’ISF et créer une « flat
tax » – une taxe à taux unique – sur les revenus du capital.
Alain
Juppé souhaite préserver ce principe entré dans la Constitution en 2005, qui permet de prendre des mesures préventives même quand la preuve scientifique du danger pour la santé ou l’environnement n’est pas établie. Il souhaite toutefois autoriser les recherches agronomiques, comme les OGM, dans un cadre précis et contrôlé, ou les recherches en robotique. François Fillon souhaite de son côté supprimer tout bonnement le principe de précaution de la Constitution, le qualifiant de « dévoyé et arbitraire ».
Si
cela prend, ce ne sera que naturel. Fillon
n’est pas l’alternative à Juppé pour battre Sarkozy. Quelle idée vaine et
inculte! Il est l’alternative à Sarkozy
contre Juppé, ce « radsoc » chiraquien, si vieux mais
surtout prévisible, qui cherche à faire oublier en jouant les pères nobles et
les burgraves de droite, tout ce qu’il a d’humain et de faible, en somme,
envers la part métissée de notre monde…
Voyez-vous
un Tareq Oubrou chez Fillon? Enfin…
L’équation de cette fin de campagne est limpide. Le véritable affrontement des
droites se joue entre Fillon et Juppé, un affrontement de pure idéologie.
Fillon veut détruire Sarkozy, parce qu’il occupe indûment l’espace qui est le
sien, en usurpateur. Ensuite, il battra Juppé, parce que la droite est ainsi?
Parions? En version alternative, Juppé sera battu au premier tour, rattrapé par
l’obsolescence, et Fillon règlera les comptes des droites authentiques ensuite,
en battant Sarkozy. Laissons la course de petits chevaux. Mais regardons
l’implacable logique des moeurs et des idées.
Regardez
qui l’adoube, compatriotes, et sentez le vent?
J'ignore
absolument si les plus nostalgiques de mes compatriotes ont compris son
message. Si une vérité rencontre le bruit des sondages, le désir malsain des
médias de pimenter de suspense une sale élection? Francois Fillon est
exactement là où se trouve son camp. Le rejoindra-t-il? Il se prépare des Te Deum à Solesmes, où il
fait bon prier dans la chaleur de l'été. Je n'en plaisante pas. Il est peut-être
rassurant, finalement, quoi que je puisse en penser, qu’un pays se retrouve
dans sa part d’éternité.