jeudi 22 septembre 2016

Les Gaulois Ses ancètres ...

L’inénarrable barde

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Pour la prochaine cueillette du gui, notre inénarrable barde vient encore de frapper fort. Il a pris la serpe d’or pour tailler des croupières à l’Histoire, à la raison et à ses pauvres ancêtres. Voilà bien les principales victimes de la dernière saillie de « l’homme des marais putrides » (traduction de son patronyme dans sa langue d’origine).
Selon les uns, il aurait consommé une substance prohibée, fabriquée par un druide facétieux, pour les autres, ils serait tombé dans le tonneau quand il était petit, ce qui l’a empêché depuis de grandir et surtout de raisonner. Pour tous, il dépasse les Romains dans leur principale caractéristique : celle que ne cesse de répéter le brave Obélix.
Il nous avait déjà fait le coup de célébrer l’acte de naissance de Jeanne, la joyeuse pucelle qu’il convient de ressusciter à chaque crise nationale. Mais la donzelle a le défaut d’être frontalière, de sentir un peu trop le mouton, animal qu'il ne fait pas bon évoquer en ce moment. Alors, pour ne pas rejouer deux fois la même carte, notre champion des anachronismes, sort de sa manche Vercingétorix, l’autre atout majeur de gloire fictive.
Cette fois, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Son régime sans celte lui a tourné le peu d’esprit qui lui restait. Le voilà qui s’invente un nouvel arbre généalogique, lui le champion de la souche sans racine. Le voilà flanqué d’une tribu imaginaire, lui qui se rêve à nouveau chef, perché sur le bouclier de son immense gloire.

mardi 20 septembre 2016

"ancêtres Gaulois" : "Ce ne sont pas les ancêtres qui font une nation"


                              "Nos ancêtres les Gaulois", le mythe remonte à la IIIe République 
mais il n'a "aucun sens sur le plan historique",

L’histoire de France peut-elle être réduite aux Gaulois ?
Si ce n’était pas un ancien président de la République, ma réaction première serait de sourire. Mais c’est à la fois une manipulation et une méconnaissance de l’histoire.
La population française actuelle est le résultat d’un métissage permanent. Les plus anciens "français" sont les Homo erectus qui vivaient il y a 1,2 million d'années dans le sud de la France. Puis il y a eu les hommes de Neandertal auxquels se sont mélangés les hommes modernes arrivés en France il y a 40.000 ans. Nous avons tous en moyenne 4% de gênes néandertaliens. Après, les immigrants du Proche-Orient ont apporté l’agriculture et l’élevage il y a 8.000 ans. Et ça continue : les Grecs ont fondé Marseille en 600 avant notre ère, etc.
Puis, les Romains ont envahi la Gaule. Ils la décrivent d’ailleurs comme un territoire divisé en trois parties habitées de peuples qui n’avaient rien à voir les uns avec les autres avec des langues, des institutions, des cultures différentes. Ces trois régions étaient elles-mêmes divisées en une soixantaine de petits Etats qui se faisaient la guerre. Il n’y avait pas de sentiment national. Parler des "Gaulois" est donc une généralité.
Viennent ensuite les Francs, les Wisigoth, les Lombards, les Bretons, les Vikings, les Arabes, les Juifs expulsés d’Espagne…
Ce mélange permanent n’a jamais cessé. Réduire la France à "nos ancêtres les Gaulois" n’a aucun sens sur le plan historique.
La IIIe République fonde l’école gratuite laïque et obligatoire, mais elle veut aussi fonder un sentiment national. Il faut souligner que la IIIe République nait de la défaite de Sedan face aux Allemands, en 1870. Et, auparavant, la royauté et l’aristocratie s’étaient revendiqué des Francs. Donc par opposition, la IIIe République va se revendiquer des Gaulois qui ont comme elle été vaincus.
Aux 18e et 19e siècles, les élites françaises considéraient au contraire les Gaulois comme des sauvages et des barbares. Quand le musée du Louvre est construit, on y met des objets grecs et romains parce que ce sont les racines culturelles des élites françaises. On n'y met aucun objet gaulois.

"Nous sommes français, nos ancêtres les Gaulois, un peu romains, un peu germains, un peu juifs, un peu italiens, un peu espagnols, de plus en plus portugais, peut-être qui sait polonais, et je me demande si déjà nous ne sommes pas un peu arabes ...
Je reconnais que voici une phrase imprudente, c'est celle-là qui sera épinglée; qui incitera à dire, 'vous voyez bien, c'est le président de la République qui l'a dit'. Ils (les journalistes) me répéteront peut-être sans mettre exactement le même sens aux propos que je tiens." François Mitterrand


N'en déplaise aux chantres des droits du sang ou des droits du sol, l'adhésion aux principes républicains et la pratique de la langue nationale devraient être des critères suffisants pour appartenir à une même communauté politique.
La victoire des sans-culottes sous le moulin de Valmy, qui crient à pleins poumons
"Vive la nation !", marque bien la naissance de la nation française et va générer la république.
Cette idée de nation est chargée d'un sens suffisamment positif pour que le philosophe Kant et le poète Goethe voient dans ce cri fondateur l'annonce d'une ère nouvelle. Depuis lors, le mot nation est étroitement associé à l'idée de liberté et à celle d'indépendance ; c'est en référence à ces principes que furent constituées après les deux guerres mondiales, "la Société des nations", puis "l'Organisation des nations unies".
En 1871, les Communeux, héritiers des sans-culottes, fouettés dans leur patriotisme face à l'invasion prussienne, ont fait leur révolution communaliste qui s'est mutée en désir de fraternité pour l'avènement d'une république universelle.  
Autrement dit au "Vive la nation  !" de 1792 correspond le "Vive la Commune !" de 1871.
Aujourd'hui, la nation est-elle encore une entité pertinente à l'heure de la construction européenne et face aux défis de l'immigration ?