samedi 20 février 2016

Nicolas Sarkozy un homme honorable ?

Nicolas Sarkozy un homme honorable ?

Durant cinq ans, Nicolas Sarkozy, président de la République,
a détesté l'état de droit et la magistrature.
Depuis le mois de mai 2012, battu, il ne fait que continuer
 d'une autre manière.
Son pouvoir a gangrené certains magistrats hier et son entregent, aujourd'hui, en a fait dériver un vers le trouble,
pour ne pas dire plus, par l'entremise de son avocat.
Les extraits des écoutes entre Nicolas Sarkozy et son conseil règlent définitivement la question.
Si le secret professionnel sert à cela, à dissimuler des turpitudes,
que les grandes consciences du barreau cessent de
le revendiquer comme absolu ! (Mediapart).
Vous avez vraiment envie de voir revenir, à la tête de notre République,
Nicolas Sarkozy, cet homme honorable ?

Philippe Bilger  magistrat honoraire


….
Depuis quelques jours, Nicolas Sarkozy a involontairement capturé notre actualité. Le feuilleton rebondit, à souhait.
Nicolas Sarkozy persiste et signe. Non, il ne "savait rien" et ne "sait rien" du dépassement de 22 millions d'euros de ses frais de campagne pour la présidentielle de 2012.
L"'Express" révèle le contenu du face-à-face entre l'ancien chef d'Etat et le juge d'instruction Serge Tournaire intervenu mardi et à l'issue duquel Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "financement illégal de campagne électorale" et placé sous le statut de témoin assisté dans le volet usage de faux, escroquerie et abus de confiance.
Le chef des "Républicains" a réaffirmé tout ignorer du système frauduleux mis en place par la société Bygmalion

 

Nicolas Sarkozy signe des factures qu'il ne lit pas


Tout au long des onze heures de face-à-face avec le juge, Nicolas Sarkozy insiste : "Je n'en savais rien. Je n'en sais rien". Comment alors expliquer la présence de sa signature au bas des comptes de campagne ? L'ancien candidat invoque sa "responsabilité administrative" :

J'ai signé le compte de campagne, ce qui implique ma responsabilité administrative, mais pas ma responsabilité pénale. La signature d'un compte de campagne, c'est une obligation à laquelle je ne pouvais en aucun cas me soustraire", Cela ne signifie en aucun cas que signer le compte de campagne, c'est valider des fausses conventions à l'UMP ou des fausses factures entre l'UMP et Event [la filiale événementielle de Bygmalion, NDLR], ou l'absence de factures dans mon compte de campagne."
 
explique-t-il au juge. 
Alors pourquoi avoir signé des comptes frauduleux ?
Là encore, Nicolas Sarkozy prétend ne pas connaître le détail de ces documents :
 
J'ai fait confiance au trésorier, aux experts comptables, à l'avocat. Ils m'amènent le compte en me disant que tout va bien et je signe [...]
Mais la vérité c'est que je n'ai rien lu."

Un trou - béant - de près de 30 millions d'euros

Cette version des faits ne manque pas de surprendre au regard des dépenses faramineuses occasionnées par la campagne présidentielle de 2012.
Comme le révélait l'"Obs", c'est un trou béant de 18 millions d'euros qui plombe l'addition de la course de Nicolas Sarkozy à sa propre réélection. 18 millions d'euros, auxquels viennent s'ajouter 10 millions d'euros de factures électorales payées par l'UMP à la place du candidat.
Au total, la note atteindrait les 50 millions d'euros,
soit environ 615.000 euros par jour, alors que le plafond autorisé par la loi n'est que de 22,5 millions d'euros.
Buffet aux odeurs de truffe, arrosé de champagne Ruinart proposé aux cadres de l’UMP à l’issue du meeting de Nice, près de 100.000 euros dépensés à Bordeaux pour la retransmission télé, affrètement d’un jet privé pour permettre à un ponte de l’UMP d’assister au meeting, la liste est longue.
Et pourtant, face au juge, Nicolas Sarkozy est formel : rien ne lui aurait permis de déceler le moindre dépassement de frais. Il assure même que sa campagne en 2012 était similaire - ou presque - à celle menée en 2007 :

J'ai été deux fois candidat à la présidentielle [...] les salles, les meetings, les déplacements que j'ai fait en 2012 sont les mêmes que ceux que j'ai fait en 2007 [...] Cela ne change pas, la sono, la lumière, ce sont les mêmes. Il n'y a aucun élément matériel qui puisse différencier les lieux et le contenu, les réunions et les déplacements de 2007 et ceux de 2012."
L.B.

La plupart des mépris ne valent que des mépris.

Montesquieu