Nicolas Sarkozy un homme honorable ?
Durant cinq ans, Nicolas Sarkozy, président de la République,
a détesté l'état de droit et la magistrature.
Depuis le mois de mai 2012, battu, il ne fait que continuer
d'une autre manière.
Son pouvoir a gangrené certains magistrats hier et son entregent,
aujourd'hui, en a fait dériver un vers le trouble,
pour ne pas dire plus, par l'entremise de son avocat.
Les extraits des écoutes entre Nicolas Sarkozy et son conseil règlent
définitivement la question.
Si le secret professionnel sert à cela, à dissimuler des turpitudes,
que les grandes consciences du barreau cessent de
le revendiquer comme absolu ! (Mediapart).
Vous avez vraiment envie de voir revenir, à la tête de notre République,
Nicolas Sarkozy, cet homme honorable ?
Philippe Bilger magistrat honoraire
….
Depuis quelques jours,
Nicolas Sarkozy a involontairement capturé notre actualité. Le feuilleton
rebondit, à souhait.
Nicolas Sarkozy persiste et signe. Non, il ne "savait
rien" et ne "sait rien" du dépassement de 22 millions d'euros de
ses frais de campagne pour la présidentielle de 2012.
L"'Express" révèle le contenu du
face-à-face entre l'ancien chef d'Etat et le juge d'instruction Serge Tournaire
intervenu mardi et à l'issue duquel Nicolas Sarkozy a été mis en examen
pour "financement illégal de campagne électorale" et placé sous le statut de témoin assisté dans
le volet usage de faux, escroquerie et abus de confiance.
Le chef des "Républicains" a réaffirmé tout ignorer du
système frauduleux mis en place par la société Bygmalion.
Nicolas Sarkozy signe des factures qu'il ne lit
pas
Tout au long des onze heures de face-à-face avec le juge,
Nicolas Sarkozy insiste : "Je n'en savais rien. Je n'en sais
rien". Comment alors expliquer la présence de sa signature au bas des
comptes de campagne ? L'ancien candidat invoque sa "responsabilité
administrative" :
J'ai signé le compte de campagne, ce qui implique
ma responsabilité administrative, mais pas ma responsabilité pénale. La
signature d'un compte de campagne, c'est une obligation à laquelle je ne
pouvais en aucun cas me soustraire", Cela ne signifie en aucun cas que signer le
compte de campagne, c'est valider des fausses conventions à l'UMP ou des
fausses factures entre l'UMP et Event [la filiale événementielle de Bygmalion,
NDLR],
ou l'absence de factures dans mon compte de campagne."
explique-t-il au juge.
Alors
pourquoi avoir signé des comptes frauduleux ?
Là
encore, Nicolas Sarkozy prétend ne pas connaître le détail de ces
documents :
J'ai
fait confiance au trésorier, aux experts comptables, à l'avocat. Ils m'amènent
le compte en me disant que tout va bien et je signe [...]
Mais
la vérité c'est que je n'ai rien lu."
Un trou - béant - de près de 30 millions
d'euros
Cette
version des faits ne manque pas de surprendre au regard des dépenses
faramineuses occasionnées par la campagne présidentielle de 2012.
Comme le
révélait l'"Obs",
c'est un trou béant de 18 millions d'euros qui plombe l'addition de la course
de Nicolas Sarkozy à sa propre réélection. 18 millions d'euros, auxquels
viennent s'ajouter 10 millions d'euros de factures
électorales payées
par l'UMP à la place du candidat.
Au
total, la note atteindrait les 50 millions d'euros,
soit environ 615.000 euros par jour, alors que le plafond autorisé
par la loi n'est que de 22,5 millions d'euros.
Buffet aux odeurs de truffe, arrosé de champagne Ruinart proposé
aux cadres de l’UMP à l’issue du meeting de Nice, près de 100.000 euros
dépensés à Bordeaux pour la retransmission télé, affrètement d’un jet
privé pour permettre à un
ponte de l’UMP d’assister
au meeting, la liste est longue.
Et pourtant, face au juge, Nicolas Sarkozy est formel : rien ne lui aurait permis
de déceler le moindre dépassement de frais. Il assure même que sa campagne en
2012 était similaire - ou presque - à celle menée en 2007 :
J'ai été deux fois candidat à la présidentielle [...]
les salles, les meetings, les déplacements que j'ai fait en 2012 sont les mêmes
que ceux que j'ai fait en 2007 [...] Cela
ne change pas, la sono, la lumière, ce sont les mêmes. Il n'y a aucun élément
matériel qui puisse différencier les lieux et le contenu, les réunions et les déplacements
de 2007 et ceux de 2012."
L.B.
La plupart des mépris ne valent que des mépris.
Montesquieu