Après
l'épisode de la Sécurité sociale, deux autres mesures de François Fillon font
tiquer : le temps de travail et la suppression de 500.000 postes de
fonctionnaires.
"Les finances publiques doivent être saines,
le budget doit être équilibré,
la dette publique doit être réduite,
l'arrogance de l'administration doit être combattue et contrôlée,
et l'aide aux pays étrangers doit être diminuée
de peur que Rome ne tombe en faillite.
La population doit encore apprendre à travailler
au
lieu de vivre de l'aide publique"
Cicéron 55 av Jésus Christ
François Fillon a été élu à la primaire de la droite sur un programme ultra-libéral, radical et conservateur.
Aujourd'hui, le champion de la droite dure découvre que ce n'est pas la même
campagne, ni le même électorat qui ira aux urnes au premier tour de l'élection
présidentielle.
Mais il
reste droit dans ses bottes, comme il l'a prouvé lors de son passage sur TF1
mardi 3 janvier :
"Je vais mettre en œuvre le programme pour lequel je me suis engagé, le seul qui peut permettre le redressement national", "le plein emploi" et "la sécurité de notre pays". "Je vais remettre de l'ordre", mais "je suis gaulliste et chrétien, je ne prendrai jamais de décisions contraires au respect de la dignité humaine, de la personne et de la solidarité."
François
Fillon, qui avait gagné neuf points d'opinions positives fin novembre dans
l'euphorie de sa victoire à la primaire, en perd huit et retrouve son niveau du
mois d'août à 31%, selon un sondage Harris interactive publié le 30 décembre.
Dans cette enquête, c'est Emmanuel Macron qui caracole en tête, avec 41%.
Après l'épisode,
calamiteux pour François Fillon, de
la Sécurité sociale, l'équipe du candidat a bien conscience que
d'autres mesures vont fâcher.
Travailler "jusqu'à
48h par semaine"
Ce sont quelques mots qui font taches. Dans le projet "Objectif plein emploi", François
Fillon explique que les entreprises françaises "sont pénalisées par les multiples impôts,
taxes ou réglementations qui freinent leur développement, et donc l’embauche.
Il faut agir avec vigueur dans les toutes premières semaines du quinquennat en
2017".
Une des
premières mesures du candidat s'il s'installe à l'Elysée est de "supprimer
la contrainte des 35 heures et laisser les salariés et chefs
d’entreprise négocier librement la durée de travail hebdomadaire dans la limite
des 48 heures posée par le droit européen".
Au sein des
Républicains, plusieurs voix se font fait entendre dès le lendemain de
l'élection du vrai candidat de la droite décomplexée. "Je ne soutiendrai
jamais un programme que je trouve profondément injuste", déclare
Henri Guaino, qui est entré en
fronde. "Supprimer
la durée légale, oui, ça me choque. Faire travailler 39 heures [dans la
fonction publique, NDLR] pour les payer 37,
oui ça me choque."
Même son de cloche chez l'eurodéputée Nadine Morano, mieux connue pour ses
sorties sur la "race blanche". "Avec un programme comme ça, Philippe
Séguin doit se retourner dans sa tombe", a-t-elle déclaré devant
plusieurs collègues eurodéputés. "J’ai fait la campagne de 2007 quand on
proposait de travailler plus pour gagner plus. Je ne ferai pas celle de
2017 en proposant de travailler plus pour gagner moins."
"Fixer, par la loi, à 48 heures le temps de travail maximum, c’est indéfendable "
Dans son document de cadrage financier,
François Fillon explique vouloir diminuer la dépense publique de 100 milliards
d'euros en cinq ans. Et d'ajouter, pour la fonction publique :
"De façon transverse à l’ensemble des administrations publiques, le passage du temps de travail à 39 heures des trois fonctions publiques proposé dans mon projet permettra à terme de réduire le nombre de postes de fonctionnaires jusqu’à 500.000, contribuant de façon importante aux économies, avec un potentiel de l’ordre de 15 milliards d'euros."
Ce n'est pas "faisable en 5 ans",
rétorque Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, qui a pourtant
intégré l'organigramme de campagne du candidat. "Je peux concevoir que ça se
fasse en dix ans. Ça fait partie de discussions ou de clarification",
ajoute-t-il en lançant une mise en garde : il n'y aura "pas de victoire"
sans prise en compte des valeurs portées par le centre.
Certains députés ont d’ailleurs fait remonter l’hostilité de leurs
administrés lors d’une réunion des parlementaires Les Républicains à
l’Assemblée nationale début décembre. Témoignage du président du conseil général de l'Ain, Damien
Abad :