Le mouvement social s'enlise et les ordonnances
réformant le Code du travail passent... Comment le leader de la France
Insoumise a-t-il pu contribuer à un tel fiasco ?
Trublion
de la gauche, Mélenchon a prétendu ignorer une répartition des rôles héritée
des grandes luttes sociales de la fin du XIXe siècle : les syndicats ont
toujours mené le combat pour l’amélioration du sort des salariés. Tandis que
les partis de la gauche s’alignaient aux élections, défilaient sous la bannière
des cortèges unitaires et relayaient les revendications des travailleurs dans
la sphère politique…Monologuant, il a incarné, avec l’outrance
rhétorique qu’on lui connaît, une résistance de Tartarin. Mais il n’a fait que
s’agiter sur les tréteaux d’un théâtre médiatique qui s’est joué de lui. Au
lieu de représenter au Palais-Bourbon les millions d’électeurs qui lui avaient
accordé leurs suffrages, Mélenchon a dépensé sa belle énergie à souffler sur
les braises d’un hypothétique "mouvement social" déjà en échec face à
la loi El Khomri, dix-huit mois plus tôt. Mélenchon n’a jamais digéré
son élimination au premier tour de la présidentielle "à 600.000 voix
près". A ses yeux, les manifs représentaient un troisième tour social
contre un président désigné comme par effraction. Désormais la charge de la preuve
s'inverse. Loin d’affaiblir l’Elysée et la majorité, sa lecture bien peu
républicaine du rapport de force politique a fini par miner sa propre
légitimité. En six mois, l'anticapitaliste a dilapidé son capital.
La
résistance française face au libéralisme mondialisateur… C’est ainsi que
Mélenchon voudrait résumer l’histoire et expliquer le présent. Mais cette
lecture sommaire et manichéenne ne résiste pas à l’examen des faits. Le
libéralisme est au cœur de l’idéologie nationale depuis le début des temps
modernes, c’est-à-dire depuis la révolution de 1789. La République française
que nous connaissons ne saurait se concevoir sans référence à la liberté.
Mélenchon qui s'inspire plus volontiers de la période de la Convention de 1792,
voire dans la Terreur de 1793, porte au pinacle la valeur d’égalité, qui
complète et met sous tension le projet républicain.
La
résistance française face au libéralisme mondialisateur… C’est ainsi que
Mélenchon voudrait résumer l’histoire et expliquer le présent. Mais cette
lecture sommaire et manichéenne ne résiste pas à l’examen des faits. Le
libéralisme est au cœur de l’idéologie nationale depuis le début des temps
modernes, c’est-à-dire depuis la révolution de 1789. La République française
que nous connaissons ne saurait se concevoir sans référence à la liberté.
Mélenchon qui s'inspire plus volontiers de la période de la Convention de 1792,
voire dans la Terreur de 1793, porte au pinacle la valeur d’égalité, qui
complète et met sous tension le projet républicain. Déjà les premières
dissensions apparaissent : l'occupation de logements sociaux par le couple
Garrido-Corbière et l'élu parisienne Danielle Simonnet ou les prises
de position "islamo-gauchiste" de la parlementaire Danièle Obono font polémique et irritent plus d'un insoumis... Mélenchon,
lui, vole au secours de ses proches et garde le silence sur les dérives communautaristes.
Les
sympathisants sont en droit d’attendre de leur leader un nouveau "discours
de la méthode". Comment s’opposer et proposer une alternative au
macronisme ?
Pour l’heure Jean-Luc Mélenchon digère
son échec de l’automne. On le sait enclin au spleen. Rêve-t-il seulement d’un
nouveau printemps ?
Sylvain Courage