Le mépris et la haine sont
sans doute les écueils
dont il importe le plus aux princes de se
préserver.
Machiavel
"Le prince"
Christian
Estrosi, soutien de François Fillon,
s'est appuyé mardi matin 27 novembre, lors de la réunion des parlementaires fillonistes, sur un
article du "Nouvel Observateur" pour dénoncer les conditions de l'élection à la
présidence de l'UMP. Selon son
entourage, le maire de Nice a déclaré, en brandissant le magazine (en kiosque ce
mardi 27 novembre) : "Pour comprendre ce qu'il s'est passé lors de l'élection,
le mode d'emploi est dans 'le Nouvel Obs', dans l'article de Carole Barjon cette
semaine". L'enquête révèle en effet comment Jean-François
Copé, qui tenait l'appareil, a fixé les règles et les modalités du vote avec
pour seul objectif de servir ses propres intérêts. Extraits.
[…]
François Fillon a mesuré, un peu tard, le poids du parti et les moyens dont
disposait son adversaire, Jean-François Copé. Il a compris qu'il avait eu tort
d'accepter que ce dernier demeurât le secrétaire général du parti. Il a
reconstitué le film et s'aperçoit aujourd'hui qu'au-delà des fraudes proprement
dites, Copé a organisé la désorganisation, créé sciemment les interminables
files d'attente dans les trop rares bureaux de vote et placé partout des hommes
à lui. "Il a soigneusement pensé et patiemment construit depuis des mois les
conditions de cette élection et le ralentissement du vote", observe un élu. Il a
sans doute aussi orienté par avance les soupçons de triche dans les
Alpes-Maritimes. En mettant en garde contre les fraudes et en citant - trois
jours avant le vote - ses "amis niçois", Copé n'a-t-il pas tout simplement
préparé, pour ne pas dire manipulé, l'opinion ?
Copé est hors mandat depuis le 16 mai
Tout
a commencé le 16 mai, au lendemain de la passation de pouvoirs, à l'Elysée,
entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. D'après les statuts, Copé, à partir
de ce jour, est hors mandat. La Cocoe (commission de contrôle des opérations
électorales) aurait donc dû se réunir immédiatement. Les services compétents ont
déjà préparé une note dans ce sens. Mais Copé argue qu'il est plus urgent de
s'occuper d'abord des élections législatives. La note attendra. Copé n'est pas
pressé. Pendant que François Fillon était encore à Matignon, il a eu le temps,
lui, de s'organiser. La première réunion de la Cocoe n'aura finalement lieu que
le 25 juin, soit plus d'un mois après le délai statutaire.
Qu'a
fait Copé pendant tout ce temps ? Les proches de Fillon pensent aujourd'hui
qu'il a mis ces semaines à profit pour faire entrer de nouveaux adhérents
[…]
Faire diversion
Mercredi
18 juillet, la Cocoe présente au bureau politique de l'UMP, l'instance politique
où siègent les dirigeants et les parlementaires, un projet de guide électoral.
En clair, les règles à suivre pour cette élection interne […] Au cours de cette
même réunion du 18 juillet, Copé a mis sur la table un autre dossier. Il propose
que, le jour de l'élection pour la présidence de l'UMP, une charte des valeurs
soit également soumise au vote des militants. Cela suppose un troisième bulletin
qui s'ajoute à celui qui porte le nom des candidats à la présidence et à celui
pour les différentes motions.
Ce
projet a pour but de faire diversion. Ce jour-là, on aura donc moins de temps
pour discuter de la mise à disposition des fichiers. A chaud, personne ne
comprend très bien l'intérêt de ce troisième vote qui complique tout et risque
d'introduire la confusion chez les votants. C'était manifestement l'objectif
recherché et finalement obtenu le jour de l'élection avec des militants,
fatigués d'attendre, qui oublient de signer le troisième formulaire et à qui,
dans certains bureaux de vote, on se garde bien de rappeler cette obligation...
Aujourd'hui, l'équipe Fillon a compris la manoeuvre. Trop tard […]