Je savais que vous seriez là !
J.L. Mélanchon
le 18 mars 2017 à la République
Superbe discours qui montre la grandeur de notre France
Je
savais qu’elle est inépuisable, la vague qui nous porte, génération après
génération, de la Bastille à la République.
Écoutez !
Écoutez, vous tous, cette clameur qui monte de nos rangs. Ce son n’a pas de
nom, comme le bruit du vent dans les feuilles, comme celui de la pluie sur le
pavé.
Ce
son n’a pas de nom mais il est un signal : celui de la force du peuple
quand il surgit dans son Histoire !
Ce
rugissement qui passe sur nos fils, c’est celui du lion de bronze au pied du
monument dont l’auteur a voulu qu’il symbolise le suffrage universel, celui
qui, bientôt, va parler et fixer notre destin.
Nos
voix montent vers cette femme que voici : Marianne, la République, la
République inachevée tant que le peuple n’est pas souverain dans son pays en
tout et pour tout !
Regardez-la !
Elle porte fièrement le bonnet des affranchis, celui de la liberté retrouvée,
celui de la servitude rompue.
À
notre tour, nous épousons son insoumission, nous la faisons nôtre.
Nous
avons marché, une fois de plus, de la Bastille à la République.
De la Bastille où commencent tous les élans de la liberté
du peuple de France puisque c’est là que fut abattu, pour la première fois, le
symbole de la monarchie et de la caste des privilégiés. Parce que c’est là-bas
qu’a été brûlé le dernier trône des Rois.
Parce que c’est là-bas que s’est faite la première
manifestation féministe pour arracher le droit de vote des femmes.
Et
c’est là-bas qu’il y a cinq ans nous avons entrepris ce que nous poursuivons
aujourd’hui avec constance et cohérence, avec confiance et patience, et jusqu’à
la victoire !
Dans
nos rangs, passent aussi les ombres des pauvres visages de l’humanité humiliée,
les noyés de la Méditerranée, les suicidés au travail, les morts d’abandon dans
la rue, tous ceux qui souffrent de ce monde écœurant où l’accumulation des uns
se nourrit de la détresse sans fin des autres !
Ces
autres, nous sommes leur revanche ! Nous sommes leurs sourires d’avant,
nous sommes leur dignité intacte et l’espérance lumineuse des jours
meilleurs !
Puissants
de la Terre, puissants de la Terre, nous voici ! Nous sommes, une nouvelle
fois, au rendez-vous de notre Histoire ! Le jour anniversaire du
commencement de la glorieuse Commune de Paris qui inventa la République
sociale !
Sur
cette place, devant le monument édifié pour le centenaire de la révolution de
1789 qui a fait de nous un peuple un et indivisible, non du fait de nos
ancêtres, de notre couleur de peau, ni même de notre parler, mais de l’horizon
qui nous rassemble pour toujours : Liberté-Égalité-Fraternité !
Et
nous ne voulons rien d’autre que cesse le mensonge et l’hypocrisie qui consiste
à écrire la devise sur tous les frontons de France et, ensuite, agir exactement
à son contraire !
La Révolution, c’est la France sublimée
[...]
Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle
révolution
Et désormais ce mot révolution sera le nom de la civilisation
jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot harmonie.
Allez,
parle Victor Hugo :
« Aujourd’hui, pour toute la
Terre, la France s’appelle révolution. Et, désormais, ce mot – révolution –
sera celui de la civilisation jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot
« harmonie » …
« Tous, tant que nous sommes,
grands et petits, puissants et méconnus, illustres ou obscurs, dans toutes nos
œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient – poèmes, drames, romans,
histoire, philosophie –, à la tribune des assemblées comme devant les foules du
théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui pour tout, oui
toujours, oui pour combattre les violences, les impostures, oui pour
réhabiliter les lapidés et les accablés, oui pour conclure logiquement et
marcher droit, oui pour consoler, oui pour secourir, oui pour relever, pour
encourager, pour enseigner, oui pour panser en attendant qu’on guérisse, oui
pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la
fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, l’iniquité en justice, la populace en peuple, la canaille en
nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les
frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les
sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté de bien, la vie en droits,
les rois en hommes. Oui pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le
bagne. Oui pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du
déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, de l’enchaîné, du sacrifié, du
forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du
damné, oui nous sommes tes fils, République ! »