vendredi 24 mars 2017

« Pour avoir le droit de parler, il faut avoir les mains propres.


« A quelques-uns l’arrogance tient lieu de grandeur ;
l’inhumanité de fermeté ; et la fourberie, d’esprit. »
de Jean de La Bruyère
L'ancien Premier ministre a accusé le chef de l'Etat d'avoir manœuvré contre lui au moyen d'un "cabinet noir", sur la foi d'un livre (non encore paru), dont certains de ses auteurs ont dit n'avoir rien écrit de tel.
" L'excès du langage est un procédé coutumier
à celui qui veut faire diversion. "
F Mitterand
Au journaliste qui lui demandait de confirmer qu'il n'y avait pas de "cabinet noir" à l'Elysée, François Hollande a répondu : "il y a un cabinet, heureusement, qui travaille mais nous n'avons pas à nous mêler des affaires et, vous savez ma position, ça a toujours été l'indépendance de la justice, le respect de la présomption d'innocence et ne jamais interférer.
Je crois que c'est très différent de mes prédécesseurs."
"Je ne veux pas rentrer dans le débat électoral, je ne suis pas candidat, mais il y a une dignité, une responsabilité à respecter dans une campagne présidentielle et je pense que monsieur Fillon est au-delà maintenant ou en-deçà", a poursuivi le président de la République.
"Ce qui est clair, c'est que tout est clair ici et ce qui n'est pas clair, c'est ce que monsieur Fillon doit justifier auprès de la justice", a dit François Hollande à franceinfo.

mardi 21 mars 2017

Démission !


Démission !

“Nous avons bien des préjugés à vaincre,
Avant de concevoir seulement que la source de toutes les mauvaises lois,
que l’écueil de l’ordre public,
C’est l’intérêt personnel, c’est l’ambition et
la cupidité de ceux qui gouvernent.”...
Robespierre

Le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux apprécie, lui aussi, les emplois familiaux.
Quand il était député, ses filles ont bénéficié de 24 contrats d’assistantes, signés à l’occasion de vacances scolaires, révèle ce lundi Quotidien. Elles avaient à peine 16 ans au départ. Relancé sur le fait que ses filles étaient au départ mineures, le ministre lâche :« Moi j’ai commencé à travailler en usine, j’avais 15 ans et demi ! »
En pleine « affaire Penelope », Bruno Le Roux ne lésinait pas sur les critiques à l'égard des épouses de députés salariées comme assistantes. « Ça ne devrait pas être autorisé », grondait le ministre de l’intérieur.
Il se gardait bien, ce jour-là, d’évoquer la vingtaine de contrats qu’il a lui-même accordés à ses deux filles lorsqu’il était député, à l’occasion de leurs vacances de lycéennes puis d’étudiantes, dès l’âge de 16 ans pour l’une, et même 15 ans pour l’autre.
Si tous les députés ont rempli une déclaration d’intérêts en 2014 révélant pour la première fois l’identité de leurs collaborateurs, Bruno Le Roux n’y a pas mentionné les « jobs » accordés à ses filles, sans doute parce qu’il s’agissait de CDD. Bien pratique pour ne pas éventer le secret.
Depuis « l’affaire Fillon », trois des principaux candidats à l’élection présidentielle (Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Benoît Hamon) ont promis l’interdiction des emplois familiaux à l’Assemblée comme au Sénat, sur le modèle du Parlement européen. Mais François Fillon, lui, s’y refuse toujours, se contentant d'envisager une « publication des liens de parenté entre les parlementaires et les collaborateurs, y compris en cas de recrutements croisés ».

lundi 20 mars 2017

Pourquoi je ne voterai pas Mélenchon

« Admettons que Mélenchon fasse 10-15 %. Et après ?
Comment, exclu du second tour, fera-t-il barrage
à la droite et à l’extrême droite ? »
DOMINIQUE VIDAL

En 2012, j’ai voté et appelé à voter pour Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle. Cinq ans plus tard, je n’en ferai pas de même pour le leader de la France insoumise (FI). Je partage évidemment une bonne partie de son programme. Mais, au fil des dernières semaines, mes divergences avec ses prises de position n’ont cessé de s’approfondir.

Le peuple qui vous admire ne connaît pas peut-être ce secret. Il croit que la noblesse est une grandeur réelle, et il considère presque les Grands comme étant d'une autre nature que les autres. Ne leur découvrez pas cette erreur, si vous voulez, mais n'abusez pas de cette élévation avec insolence, et surtout ne vous méconnaissez pas vous-même, en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres.
Blaise Pascal

Pourquoi je ne voterai pas Mélenchon

La première, et de loin la plus importante, concerne le risque d’une victoire de Marine Le Pen.
Jouer les autruches face au péril lepéniste, c'est aussi minimiser les risques du jour d'après. Le Pen, élue présidente, n'aura pas si facilement une majorité ? Certes, encore que les « lepéno-compatibles » pullulent chez les Républicains, mais aussi parmi les souverainistes de droite (genre Dupont-Aignan ou Asselineau), voire de gauche ayant viré leur cuti... Mais le malentendu concerne surtout la nature du FN : la « dédiabolisation » relève de l'arnaque de sommet, elle n'a en rien changé la nature du FN.

Ma deuxième divergence : son refus obstiné de l’union. Mathématique et politique convergent pourtant indiscutablement : ni Mélenchon, ni Hamon n’ont la moindre chance d’arriver seuls au second tour de la présidentielle. s’ils s’opposent encore sur certaines questions, les programmes de Mélenchon et de Hamon comportent des points communs essentiels.

Ma troisième divergence : le sectarisme de la France insoumise. Celui-ci cible le PS, mais aussi le Parti communiste français.
Ils dénoncent contre toute raison le candidat issu de la primaire de gauche comme un pur « social-traître », qui plus est « solférinien »...
Pierre Laurent n'est guère mieux traité. Mélenchon l’a placé devant le fait accompli en présentant sa candidature sans jamais consulter ses partenaires de l’ex-Front de gauche.
Curieux contempteur de la Ve République qui, pour lui-même, en exploite à fond les travers ! Et pourtant le secrétaire national du PCF a arraché – de justesse et en s'y prenant à deux fois – le soutien de ses camarades à Mélenchon.

Ma quatrième divergence ne concerne pas telle ou telle dimension du programme insoumis, mais la tendance de Mélenchon à caresser dans le sens du poil l’électorat frontiste. Sur l’immigration, le candidat vient de déclarer : « Le premier devoir est de tarir le flux et nous devons avoir comme mot d'ordre : chacun doit pouvoir vivre dans son pays, et cela est valable en Corrèze comme au Zambèze » Aux travailleurs détachés, Mélenchon avait reproché de « voler le pain des Français ». Ces propos reflètent une évolution globale sur l’immigration depuis le beau discours du Prado, en 2012, au point que le Nouveau parti anticapitaliste dénonce le recours à la « rhétorique de l’extrême droite ».

Ma cinquième et dernière divergence porte sur la Syrie. Les thuriféraires de Jean-Luc Mélenchon se sont livrés à d’impressionnantes acrobaties verbales pour camoufler, sur ce point, les imprudences de leur « leader ». Il n’empêche : il suffit de regarder sur Internet deux émissions de télévision accessibles pour l’entendre affirmer en toutes lettres son soutien à l’intervention russe et même son refus de condamner les bombardements sur Alep.

Reste à dire un mot du « climat » politique entourant cette année le candidat. Dans quelle mesure il en porte la responsabilité, difficile de le dire. Sur Facebook, en tout cas, ses « trolls » se lâchent : récitant le bréviaire « mélenchoniste », ils agressent quiconque le critique, ne reculant pas devant le mensonge et l’insulte. Cette candidature pose un certain nombre de problèmes non résolus : comment passer à la VIe République en jouant la personnalisation à outrance et en flirtant dangereusement avec la « démocratie plébiscitaire » ? Comment croire à la maturation collective d’un projet de société en alimentant la pulsion politiquement ambiguë du « dégagisme » ? En tout cas, puisque cette candidature d’incarnation du peuple est « au-dessus des partis », il ne saurait être question du moindre arrangement avec les autres formations de gauche, traité avec mépris de « carabistouilles ». Qui m’aime me suive.  
La dynamique actuelle de division risque fort d’offrir au second tour de l’élection présidentielle le choix entre Le Pen et Fillon ou, plus probablement, Le Pen et Macron. Si tous les appels à l’unité sont restés vains, si nous ne pouvons plus rien empêcher, en tout état de cause, après les élections, il restera l’« urgence démocratique » de faire face au néofascisme, fruit d’un désespoir doublement alimenté par le néolibéralisme et l’absence d’une vraie alternative politique. C’est donc dès maintenant, si l’on veut vraiment éviter que le pire n’advienne, qu’il faut penser et expérimenter les formes d’un front commun démocratique.

Non, décidément, je ne voterai pas pour Mélenchon… sauf s’il se met d’accord avec Hamon et Jadot pour barrer la route à la droite et à l’extrême droite. Car il ne faut pas s’y tromper : la menace du néofascisme est une menace de guerre civile. Faute de quoi ces hommes politiques entreront tous dans l’histoire, mais côté poubelles !

dimanche 19 mars 2017

Je savais que vous seriez là !

Je savais que vous seriez là !
J.L. Mélanchon
le 18 mars 2017 à la République
Superbe discours qui montre la grandeur de notre France
Je savais qu’elle est inépuisable, la vague qui nous porte, génération après génération, de la Bastille à la République.
Écoutez ! Écoutez, vous tous, cette clameur qui monte de nos rangs. Ce son n’a pas de nom, comme le bruit du vent dans les feuilles, comme celui de la pluie sur le pavé.
Ce son n’a pas de nom mais il est un signal : celui de la force du peuple quand il surgit dans son Histoire !
Ce rugissement qui passe sur nos fils, c’est celui du lion de bronze au pied du monument dont l’auteur a voulu qu’il symbolise le suffrage universel, celui qui, bientôt, va parler et fixer notre destin.
Nos voix montent vers cette femme que voici : Marianne, la République, la République inachevée tant que le peuple n’est pas souverain dans son pays en tout et pour tout !
Regardez-la ! Elle porte fièrement le bonnet des affranchis, celui de la liberté retrouvée, celui de la servitude rompue.
À notre tour, nous épousons son insoumission, nous la faisons nôtre.
Nous avons marché, une fois de plus, de la Bastille à la République.
De la Bastille où commencent tous les élans de la liberté du peuple de France puisque c’est là que fut abattu, pour la première fois, le symbole de la monarchie et de la caste des privilégiés. Parce que c’est là-bas qu’a été brûlé le dernier trône des Rois.
Parce que c’est là-bas que s’est faite la première manifestation féministe pour arracher le droit de vote des femmes.
Et c’est là-bas qu’il y a cinq ans nous avons entrepris ce que nous poursuivons aujourd’hui avec constance et cohérence, avec confiance et patience, et jusqu’à la victoire !
Dans nos rangs, passent aussi les ombres des pauvres visages de l’humanité humiliée, les noyés de la Méditerranée, les suicidés au travail, les morts d’abandon dans la rue, tous ceux qui souffrent de ce monde écœurant où l’accumulation des uns se nourrit de la détresse sans fin des autres !
Ces autres, nous sommes leur revanche ! Nous sommes leurs sourires d’avant, nous sommes leur dignité intacte et l’espérance lumineuse des jours meilleurs !
Puissants de la Terre, puissants de la Terre, nous voici ! Nous sommes, une nouvelle fois, au rendez-vous de notre Histoire ! Le jour anniversaire du commencement de la glorieuse Commune de Paris qui inventa la République sociale !
Sur cette place, devant le monument édifié pour le centenaire de la révolution de 1789 qui a fait de nous un peuple un et indivisible, non du fait de nos ancêtres, de notre couleur de peau, ni même de notre parler, mais de l’horizon qui nous rassemble pour toujours : Liberté-Égalité-Fraternité !
Et nous ne voulons rien d’autre que cesse le mensonge et l’hypocrisie qui consiste à écrire la devise sur tous les frontons de France et, ensuite, agir exactement à son contraire !
La Révolution, c’est la France sublimée
[...]
Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle révolution
Et désormais ce mot révolution sera le nom de la civilisation
jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot harmonie.
Allez, parle Victor Hugo :
« Aujourd’hui, pour toute la Terre, la France s’appelle révolution. Et, désormais, ce mot – révolution – sera celui de la civilisation jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot « harmonie » …
« Tous, tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres ou obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient – poèmes, drames, romans, histoire, philosophie –, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui pour tout, oui toujours, oui pour combattre les violences, les impostures, oui pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui pour conclure logiquement et marcher droit, oui pour consoler, oui pour secourir, oui pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui pour panser en attendant qu’on guérisse, oui pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, l’iniquité en justice, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté de bien, la vie en droits, les rois en hommes. Oui pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne. Oui pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, de l’enchaîné, du sacrifié, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui nous sommes tes fils, République ! »