jeudi 13 août 2015

La Loire-Atlantique hors-la-loi dans la prise en charge des mineurs isolés

Le conseil départemental de Loire-Atlantique refuse actuellement de prendre en charge des mineurs isolés étrangers, au mépris de ses obligations légales et de plusieurs injonctions juridictionnelles.
Les problèmes de mise à l’abri et de prise en charge des mineurs isolés étrangers à Nantes ne sont pas nouveaux. Mais depuis la fin du mois de juillet, le conseil départemental a franchi un nouveau palier : à ce jour, nous avons rencontré 10 jeunes arrivés très récemment en France, pour qui les services Enfance et familles du conseil départemental de Loire-Atlantique refusent d’emblée une mise à l’abri. La loi impose pourtant aux conseils départementaux de prendre en charge la protection des mineurs isolés étrangers. Depuis le protocole Taubira de 2013, la période initiale de 5 jours, nécessaires à l’évaluation de la situation des jeunes, est prise en charge financièrement par l’État : malgré cela, même cette première mise à l’abri est aujourd’hui refusée par le département de Loire-Atlantique. 
Motif : il n’y aurait plus de places dans les foyers. 
Pourtant, ces derniers temps, le conseil départemental n’a pas hésité à héberger de très jeunes étrangers, seuls, dans des hôtels. Aujourd’hui, c’est un « non » catégorique, assumé quand on joint les services au téléphone, ce qui équivaut à mettre ces jeunes à la rue, avec tous les dangers que cela représente.
Face à ces refus, le parquet a prononcé des ordonnances de placement provisoire : sans effet.
Des avocats ont ensuite saisi le tribunal administratif en urgence, lequel a rendu 6 ordonnances donnant injonction au département de trouver une solution d’hébergement dans les 24 heures. Là encore, le département a maintenu son refus.
Depuis, le président du tribunal administratif a été saisi de requête en exécution : on attend qu’il prononce des astreintes financières à l’encontre du conseil départemental. Le Défenseur des droits est également saisi de la situation.
En attendant, les 9 jeunes, originaires du Mali, du Guinée, du Congo ou encore du Bengladesh sont livrés à eux-mêmes, sans ressources, ils se retrouvent le soir pour dormir dans l’un des squats de Nantes qui ne saurait être un lieu de mise à l’abri, et passent régulièrement au local de la Cimade pour discuter, boire un café ou emprunter un livre.
Dans ce bras de fer où les mineurs isolés étrangers sont devenus un enjeu politique entre départements qui oublient que l’on est en face de jeunes seuls, ces 9 adolescents sont pris en otage.
La Cimade demande que le conseil départemental cesse de nier ses responsabilités légales et morales, et fournisse immédiatement à ces jeunes la protection à laquelle ils ont droit.

dimanche 9 août 2015

« Je pense qu’en disant la vérité, on crée la confiance. » N Sarkozy



Sarkozy dévoile son programme : 
vérité, quand tu nous tiens
Tout compte fait, Nicolas Sarkozy est logique avec lui-même. N’ayant pas vraiment perdu en 2012, selon son entourage, et ayant réussi son retour, selon lui-même, il lance dans Valeurs actuelles son programme pour les prochaines années : « Je pense qu’en disant la vérité, on crée la confiance. »
On peut s’attendre à tout, absolument tout,
d’un homme ambitieux et déformé par la vie politique,
dès l’instant où cet homme se sent le pouvoir absolu entre les pattes.
Roger Martin du Gard

Le choix du journal et le contenu général de l’entretien donnent le ton à eux seuls :comme le note le Huffington Post, Valeurs actuelles est le principal canal d’expression des dirigeants du Front national depuis leur rupture avec Minute, et c’est là que l’homme du rassemblement, comme il se présente lui-même, vient courtiser les électeurs de l’extrême droite en adoptant leurs thèmes et leur langage.
Vérité, quand tu nous tiens !
Il faut convenir que la carrière de Nicolas Sarkozy est à elle seule une lutte implacable contre le mensonge, et en faveur de la cohérence politique…
Ainsi, le 25 octobre 2006, dans un entretien au journal Le Monde, le futur président considérait-il qu'il « ne serait pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts, et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales ». Viscéralement indigné par le double langage, il précisait sa pensée quatre ans plus tard, à l’Élysée, devant 3 000 maires : « Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française. »
Vérité, comme tu es souple !
Sur le rapport des Français aux étrangers, Nicolas Sarkozy s’est d’ailleurs attaché à ne jamais changer de registre. Opposé à toute idée d’assimilation en 2003, pour préférer le principe de l’intégration, il milite depuis 2012 pour cette assimilation, et contre la simple intégration. Dans la même continuité d’esprit, il fait voter en 2003, en tant que ministre de l'intérieur, une loi contre la double peine, avant de réclamer son rétablissement absolu à Grenoble, le 30 juillet 2010 : « Toute personne d’origine étrangère qui aurait porté atteinte à la vie d’un dépositaire de la loi sera déchue de la nationalité française. »
Vérité, quand tu nous inspires !
Sur le plan économique, Nicolas Sarkozy fait preuve de la même rigueur. Le 29 janvier 2012, il annonce une hausse de la TVA pour financer la protection sociale. Deux mois plus tôt, sur TF1, il avait pourtant eu ces mots : « Une hausse généralisée du taux de TVA, je ne l’accepterai pas, d’ailleurs M. Fillon ne la proposera pas. » En janvier, pour ne pas se contredire, il avait souligné qu’il refusait le terme de « TVA sociale », et jurait qu’il « n’avait jamais prononcé cette expression ». C’était si vrai que le 20 juin 2007, à peine élu, il avait lancé devant le Medef : « Nous ferons la TVA sociale ! »
Vérité, quand tu nous guides !
Sur le chômage, dont les mauvais chiffres signent l’échec de François Hollande, l’ancien président a également prouvé sa permanence. Janvier 2007, sur France 2 : « Je m’engage sur 5 % de chômeurs à la fin de mon mandat. Si à l’arrivée il y en a 10 %, c’est qu’il y a un problème. Dans ce cas, je dirai aux Français : c’est un échec et j’ai échoué. » En 2012, le taux était de 9,7 %… Mais il s’était représenté, pour amplifier le travail.
Vérité, quand tu nous obsèdes !
M. Sarkozy a quitté l’Élysée dans la foulée. Auparavant, le 8 mai 2012, sur BFMTV, dans un élan de sincérité, il avait lancé à une auditrice : « Si les Français devaient ne pas me faire confiance, est-ce que vous croyez vraiment que je devrais continuer dans la vie politique ? La réponse est non. »
Le 21 septembre 2014, sur France 2, il confirmait son « retour ». Un retour qui datait en fait du soir de cette défaite que ses lieutenants ont présentée comme une quasi-victoire. Visage fermé, mâchoires serrées, l’homme répétait à quatre reprises son combat pour la vérité : « Je n’ai pas menti en 2012. » Depuis lors il pédale, et pas seulement dans Le Parisien Magazine.
Vérité, quand tu me rattrapes…
La politique est l'art de se servir des hommes en leur faisant croire qu'on les sert."
Voltaire