Sarkozy dévoile son programme :
vérité, quand tu nous tiens
Tout compte fait, Nicolas Sarkozy est logique avec
lui-même. N’ayant pas vraiment perdu en 2012, selon son entourage, et ayant
réussi son retour, selon lui-même, il lance dans Valeurs actuelles son programme pour les
prochaines années : « Je pense qu’en
disant la vérité, on crée la confiance. »
On peut s’attendre à tout, absolument tout,
d’un homme ambitieux et déformé par la vie
politique,
dès l’instant où cet homme se sent le pouvoir
absolu entre les pattes.
Roger Martin du Gard
Le choix du journal et le contenu général de
l’entretien donnent le ton à eux seuls :comme
le note le Huffington Post, Valeurs actuelles est le principal canal d’expression
des dirigeants du Front national depuis leur rupture avec Minute, et c’est là que l’homme
du rassemblement, comme il se présente lui-même, vient courtiser les électeurs
de l’extrême droite en adoptant leurs thèmes et leur langage.
Vérité,
quand tu nous tiens !
Il faut convenir
que la carrière de Nicolas Sarkozy est à elle seule une lutte implacable contre
le mensonge, et en faveur de la cohérence politique…
Ainsi, le 25
octobre 2006, dans un
entretien au journal Le Monde,
le futur président considérait-il qu'il « ne serait pas anormal qu'un
étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts, et réside
depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections
municipales ». Viscéralement indigné par le double langage, il
précisait sa pensée quatre
ans plus tard, à l’Élysée, devant 3 000 maires : « Je
crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu dans nos
territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française. »
Vérité,
comme tu es souple !
Sur le rapport des
Français aux étrangers, Nicolas Sarkozy s’est d’ailleurs attaché à ne jamais
changer de registre. Opposé à toute idée d’assimilation en 2003, pour préférer
le principe de l’intégration, il milite depuis 2012 pour cette assimilation, et
contre la simple intégration. Dans la même continuité d’esprit, il fait voter
en 2003, en tant que ministre de l'intérieur, une loi contre la double peine,
avant de réclamer son rétablissement absolu à Grenoble, le 30 juillet
2010 : « Toute
personne d’origine étrangère qui aurait porté atteinte à la vie d’un
dépositaire de la loi sera déchue de la nationalité française. »
Vérité,
quand tu nous inspires !
Sur le plan
économique, Nicolas Sarkozy fait preuve de la même rigueur. Le 29 janvier 2012,
il annonce une hausse de la TVA pour financer la protection sociale. Deux mois
plus tôt, sur TF1, il avait pourtant eu ces mots : « Une hausse généralisée du taux de TVA,
je ne l’accepterai pas, d’ailleurs M. Fillon ne la proposera pas. » En janvier, pour ne pas se
contredire, il avait souligné qu’il refusait le terme de « TVA
sociale », et jurait qu’il « n’avait jamais prononcé cette
expression ». C’était si vrai que le 20 juin 2007, à peine élu, il
avait lancé devant le Medef : « Nous
ferons la TVA sociale ! »
Vérité,
quand tu nous guides !
Sur le chômage,
dont les mauvais chiffres signent l’échec de François Hollande, l’ancien
président a également prouvé sa permanence. Janvier 2007, sur France 2 : « Je
m’engage sur 5 % de chômeurs à la fin de mon mandat. Si à l’arrivée il y
en a 10 %, c’est qu’il y a un problème. Dans ce cas, je dirai aux
Français : c’est un échec et j’ai échoué. » En 2012, le taux était de 9,7 %…
Mais il s’était représenté, pour amplifier le travail.
Vérité,
quand tu nous obsèdes !
M. Sarkozy a quitté
l’Élysée dans la foulée. Auparavant, le 8 mai 2012, sur BFMTV, dans un élan de
sincérité, il avait lancé à une auditrice : « Si
les Français devaient ne pas me faire confiance, est-ce que vous croyez
vraiment que je devrais continuer dans la vie politique ? La réponse est
non. »
Le 21 septembre
2014, sur France 2, il confirmait son « retour ». Un retour qui
datait en fait du soir de cette défaite que ses lieutenants ont présentée comme
une quasi-victoire. Visage fermé, mâchoires serrées, l’homme répétait à quatre
reprises son combat pour la vérité : « Je n’ai pas menti en 2012. » Depuis lors il pédale, et pas
seulement dans Le Parisien
Magazine.
Vérité,
quand tu me rattrapes…
La politique est l'art de se servir des hommes en leur
faisant croire qu'on les sert."
Voltaire
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