jeudi 14 mai 2015

"place Vendôme"



Les comptes peu ordinaires de Rachida Dati
Au ministère de la Justice, un train de vie très "place Vendôme"

« Bon appétit, messieurs !
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez
ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
...
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Victor Hugo "Ruy Blass"


Les frais de l’ancienne garde des sceaux Rachida Dati chiffonnent la Cour des comptes. Dans un arrêt rendu le 22 janvier  et révélé par Le Point dans son édition du 14 mai, les magistrats de la rue Cambon font état de dépenses de communication indûment payées par le ministère de la justice à l’époque où celle qui est aujourd’hui la maire (UMP) du 7e arrondissement de Paris en détenait le portefeuille.
Les frais de Rachida Dati mène-t-elle la vie de château aux frais de la place Vendôme ? les dépenses de la ministre de la Justice "ont grimpé de manière vertigineuse". En décembre 2007, les frais de représentation auraient ainsi atteint 270 000 euros, soit un dépassement de 30 % du budget initialement alloué. "le contrôleur financier du ministère (Maurice Bestoso) s'en inquiète et a rappelé à l'ordre le cabinet de la garde des Sceaux", ce que conteste Guillaume Didier, porte-parole du ministère. "Toutes les dépenses ont été payées, c'est-à-dire validées, par le contrôleur financier." 
Les frais de réception du ministère de la Justice ont nécessité une rallonge budgétaire de 100.000 euros en 2007 et près des deux tiers des crédits de 2008 ont par ailleurs été dépensés, a indiqué jeudi 27 mars le porte-parole de la Chancellerie Selon Mediapart, cela concernerait "des paires de collants" et de des "frais maquillage". Guillaume Didier a expliqué qu'il y avait simplement au ministère "le minimum nécessaire pour permettre des raccords de maquillage".
Il a assuré enfin que le ministère ferait preuve de "vigilance pour respecter les budgets", assurant que les buffets dressés pour les réceptions de la Chancellerie                                     "sont extrêmement modestes".
Le site Mediapart indique également que l'argent aurait été dépensé pour des voyages et des restaurants
.
(Publié par Le Point le 30-03-2008)
La Cour établit également que le cabinet de Mme Dati a engagé des dépenses notamment pour des « vêtements de luxe », sans produire les pièces, à l’époque, qui justifient qu’elles auraient dû être prises en charge par l’Etat. Au total, le montant des factures irrégulières, selon la Cour des comptes, s’élève à 187 588,63 euros. La loi prévoit que la responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable du ministère est engagée.
« Paiements litigieux »
. Elle considère, en revanche, que 8 985,87 euros correspondent à des « paiements litigieux » que le comptable n’aurait pas dû rembourser. En passant en revue les dépenses du ministère de la justice entre 2007 et 2010, la Cour des comptes a découvert des factures pour un « marché de conseil en stratégie », passé en 2008 avec la société Giacometti Péron & Associés d’un montant total de 178 602,76 euros. Or, « aucune des pièces produites a posteriori » par le comptable pour justifier son accord « ne comportent l’attestation “service fait” », indique la Cour qui met en doute la réalité de la prestation. Dès lors, « il n’est pas établi que l’Etat était légitimement débiteur des sommes en cause »indiquent les magistrats.
Au fil de son contrôle, la Cour a également découvert que le comptable du ministère avait remboursé au cabinet de Mme Dati des « factures d’achats de vêtements de luxe, de consommation de boissons ou de repas, d’achats de pâtisseries, de journaux, de produits de pharmacie ». En passant en revue le détail de ces dépenses, la Cour a estimé que certaines de ces factures avaient été justifiées
Bien que ces dépenses aient été justifiées à l’époque par le cabinet de la garde des sceaux comme des « frais de réception et de représentation », la Cour remarque qu’« aucune attestation de l’organisateur de la réception n’a été produite à l’appui du versement ».
Foulards et cravates
De son côté, Mme Dati nie que ces dépenses aient été réalisées pour son usage personnel. « Les vêtements et accessoires de mode achetés, essentiellement des foulards et des cravates, servaient à offrir des cadeaux aux représentants des délégations étrangères en visite. C’est une pratique traditionnelle des bonnes relations diplomatiques », estime Aurélien Hamelle, avocat de l’ancienne ministre, contacté par Le Monde. Les 6 000 euros restants servaient, selon Mme Dati, à payer ses déjeuners professionnels dans le cadre de « frais de représentation ».
Au sujet des contrats passés avec la société de conseil de Pierre Giacometti, l’avocat de l’ancienne garde des sceaux explique qu’elle n’a pas géré ce dossier. « C’est l’administration centrale qui a signé les contrats dans le cadre de la politique de communication du gouvernement, pilotée par le service d’information du gouvernement », déclare Me Hamelle.

Mme Dati a également riposté sur le front politique, sur i-Télé, jeudi 14 mai : 

"Je ne laisserai pas faire. Ils veulent me qualifier - comme certains dans l'entourage de Nicolas Sarkozy -, de voleuse de poules, d'Arabe, de beurette ? Certains me traitant de zoubida...
Maintenant stop !
Sans vous parler des attaques sexistes. Et on veut me ramener sur le terrain du fric, sur le bling-bling ?" a fustigé Mme Dati.
"Je n'ai jamais rien dit, on m'a proposé d'écrire des livres, j'ai toujours refusé mais maintenant, trop c'est trop !" a-t-elle menacé.
Enfin, elle a sommé Pierre Giacometti, conseiller de Nicolas Sarkozy, de s'expliquer sur les marchés qu'il détenait alors auprès de certains ministères, dont le sien, obtenu selon elle "à leur insu".
Les 180 000 euros évoqués plus haut auraient en effet, selon la Cour des comptes,  servi à des dépenses de communication dans le cadre de contrats passés avec la société GiacomettiPéron.
 « Je ne me laisserai pas salir. (…) Ça vient de nos propres rangs, j’en ai parlé à Nicolas Sarkozy. »

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