Des dizaines, des
centaines d’hommes et de femmes meurent, donc, et pendant ce temps-là, la
classe politique française se regarde le nombril avec des yeux de myope. La
gauche préfère débattre à n’en plus finir des supposées trahisons de François Hollande,
quand la droite, elle, s’empaille pour savoir si nos ancêtres peuvent être ou
non qualifiés de gaulois…
Désolant spectacle que
ce petit monde tristement replié sur lui-même au point de ne plus avoir d’avis
sur le monde qui
l’entoure et les menaces qui en découlent.
Cela se passe à 4.000 kilomètres d’ici. Un déluge
quotidien de bombes s’abat sur Alep, écrasant hommes, femmes et enfants, en
d’autres mots, la fameuse population civile, comme on le dit quand on veut
noyer sous un épais langage diplomatique des victimes faites de chair et de
sang.
Ça se passe à 4.000 kilomètres donc, et nous regardons
Alep s’effondrer,
impuissants. Les admonestations et les mises en garde s’empilent sur le bureau du Conseil de Sécurité comme
autant de lettres mortes. Il en faut plus, et tout le monde le sait, pour
émouvoir d’aussi sinistres personnages que Bachar al-Assad et Vladimir Poutine.
Tout le monde sait aussi qu’il aurait pu en être
autrement si, dès le mois d’août 2013, les Occidentaux avaient fait bloc, si Washington n’avait pas lâché Paris à l’époque, si dans la foulée
des "printemps arabes", les Syriens étaient parvenus à mettre un
terme aux quarante ans de régime de la famille Assad, si le souvenir de
Guernica, de Dantzig, de Grozny ou de Benghazi avait suffi à émouvoir l’opinion
publique internationale… Las ! On ne fait pas de géopolitique avec des
"si", mais avec des "quand".
Pour le coup, il serait injuste de blâmer outre mesure
la position de la France qui proposa jusqu’au bout d’intervenir tant que la
perspective de représailles occidentales était encore crédible, bref, tant
qu’il en était encore temps. Elle se heurte aujourd’hui à la fermeté de Moscou entré avec fracas et fureur dans cette danse macabre depuis un
an.
Avec une froideur assumée, le maître du Kremlin juge
depuis le début que l’anéantissement de Daech passe après le maintien du régime
de Damas et la défense de ses propres intérêts dans la région, torpillant au
passage tout espoir d’accord diplomatique pour résoudre la crise syrienne avec
l’opposition.
Non, l’interrogation première porte sur le rôle des
Etats-Unis désormais obnubilés par leur campagne présidentielle. Après avoir
renoncé pour des raisons de politique intérieure à une nouvelle intervention au
Proche-Orient, l’administration américaine paie aujourd’hui très cher son aveu de faiblesse et
paraît incapable d’imposer quoi que ce soit, et même de peser sur une solution.
En matière de relations internationales, il ne suffit pas de crier au loup,
encore faut-il savoir mordre.
Quand Sarkozy recevait Assad
Des dizaines, des centaines d’hommes et de femmes
meurent, donc, et pendant ce temps-là, la classe politique française se regarde
le nombril avec des yeux de myope. La gauche préfère débattre à n’en plus finir
des supposées trahisons de François Hollande,
quand la droite, elle, s’empaille pour savoir si nos ancêtres peuvent être ou non
qualifiés de gaulois…
Désolant spectacle que ce petit monde tristement
replié sur lui-même au point de ne plus avoir d’avis sur le monde qui
l’entoure et les menaces qui en découlent.
Qui ose demander aujourd’hui à Nicolas Sarkozy pourquoi
et comment il a cru pouvoir renouer le lien avec Bachar al-Assad en
l’invitant en grande pompe à Paris lorsqu’il était président ?
Qui ose intimer
à François Fillon ou Marine Le Pen d’expliquer d’où leur vient leur indulgence
pourVladimir Poutine ?
Qui interroge aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon sur
le fait qu’il pronostiquait il y a six mois seulement que
l’intervention russe allait selon ses propres mots "régler le problème en Syrie" ? Personne.