Le chef de l’Etat a mis en avant à plusieurs reprises la notion d’indépendance lors de son allocution du 14 juin. La tonalité souverainiste des discours du président depuis le début de la crise sanitaire étonne.
Elle renvoie à un épisode méconnu : son passage au Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement à la fin des années 1990.
« Retrouver
notre indépendance pour vivre heureux et vivre mieux » ; « La
consolidation d’une Europe indépendante » ; « Notre
indépendance technologique, numérique, industrielle et agricole »
; « Ce projet d’indépendance »…
Lors
de son allocution,
dimanche 14 juin, Emmanuel Macron a prononcé une demi-douzaine de
fois le mot « indépendance ».
Ce n’est pas la première fois depuis le début de la crise
sanitaire que la parole présidentielle prend des accents
souverainistes. Une tonalité patriotique qui, trois ans après son
arrivée à l’Elyssée, interroge mais qui renvoie à un épisode
souvent passé sous silence de la trajectoire du chef de l’État,
son engagement au sein du Mouvement des Citoyens (MDC) de Jean-Pierre
Chevènement à la fin des années 1990.
C’est
un déjeuner qui ne figure pas à l’agenda officiel de la
présidence de la République. Un rendez-vous qui doit se dérouler à
l’abri des regards indiscrets. Ce mercredi 6 mai, dans le huis
clos du palais de l’Elysée, à quelques jours d’un déconfinement
qui s’annonce à haut risque, Emmanuel Macron reçoit Jean-Pierre
Chevènement. Quatre fois ministre, figure tutélaire de la gauche
républicaine et étatiste, le « Che »,
81 ans, occupe une place singulière dans l’édifice
macronien : il est, depuis le début du quinquennat, l’un de
ceux qui murmurent à l’oreille du président. A intervalles
réguliers, et « toujours
à des moments clés de son mandat »
L’allocution
d’Emmanuel Macron, fut un exercice de haute voltige politique.
Comment récupérer le bénéfice de la sortie de crise sanitaire
pour se lancer dans la bataille de la reconstruction et prendre de
vitesse ses éventuels rivaux dans la course à l’élection
présidentielle de 2022 ? Lâchant un trapèze pour en agripper
un autre, l’acrobate de l’Elysée s’est encore une fois élancé
sans filet, au-dessus du vide. Roulez tambour !
« Nous
n’avons pas à rougir, mes chers compatriotes, de notre bilan. Des
dizaines de milliers de vies ont été sauvées par nos choix, par
nos actions. […] La
période a montré que nous avions du ressort, de la ressource, que,
face à un virus qui nous a frappés plus tôt et plus fort que
beaucoup d’autres, nous étions capables d’être inventifs,
réactifs, solides. Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait
et de notre pays. »
Seul
en piste, il a pris son élan en annonçant une bonne nouvelle :
le passage au vert de l’ensemble du
territoire à l’exception de Mayotte et de la Guyane. « Nous
allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de
reprendre pleinement le travail, mais aussi de nous divertir, de nous
cultiver. Nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre
goût de la liberté. En somme, nous allons retrouver pleinement la
France. »
Les
Français, fort défiants à son égard, jugeront aux actes et
surtout aux résultats. « Je
m’adresserai à vous en juillet pour préciser ce nouveau chemin,
lancer les premières actions et cela ne s’arrêtera pas »,
jure le président. Bateleur, il annonce déjà sa prochaine
pirouette. Au grand dam de ces adversaires relégués au rang de
simples spectateurs, l’acrobate n’est toujours pas tombé.
Sylvain
Courage