vendredi 23 novembre 2012

Bal tragique à L'UMP, 2 Morts ...

Mai 2012, SARKOZY

C'est une révélation du Canard Enchaîné, édition du 21 novembre dernier. On y apprend que Nicolas Sarkozy a soigneusement vidé la réserve spéciale mise à disposition de l'Elysée dans le budget général de l'Etat.

La somme n'est pas anodine: 18.952.326 euros, une dotation annuelle qui valait donc pour l'ensemble des aides discrétionnaires que l'Elysée pouvait accorder aux collectivités locales.

1. Le hic, c'est que l'ancien monarque s'est dépêché de vider la caisse en mois de 5 mois, avant son départ des lieux le 16 mai dernier.

2. Il a ainsi arrosé 627 collectivités, dont 626 gérées par la droite. Le Canard rapporte que la seule de gauche est le département de Seine-Saint-Denis, présidé par l'actuel président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (pour 114.000 euros).

3. Quelques éminentes figures de l'UMP ont bénéficié de subventions significatives: la bourgeoise Chantilly, dont le maire est Eric Woerth, a empoché 340.000 euros d'aide directe de l'Elysée. Le candidat UMP Jean Castex, par ailleurs ex-secrétaire général adjoint de Sarkozy à l'Elysée, a récupéré 228.000 euros pour arroser 3 communes de la circonscription qu'il briguait en juin dernier. Celle de Nadine Morano a été encore plus chanceuse, plus d'un million d'euros de subventions élyséennes ! Et que dire de Jean-François Copé, l'autre voyou de la République, qui a distribué 550.000 euros élyséens pour 54 communes de sa propre circonscription.

Quelle merveilleuse entre-aide !

L'affaire n'est pas terminée. La vigilance est encore de mise. Si la nouvelle présidence Hollande n'a pu bénéficier d'une quelconque fraction de cette enveloppe pour 2012 - puisque Sarko avait tout consommé - elle a fait voter le même montant pour 2013; 19 millions d'euros pour des travaux divers d'intérêt local.

Précisons tout de même: cette manne sera désormais gérée par la Direction des collectivités locales du ministère de l'Intérieur, et non plus, comme l'avait décidé Nicolas Sarkozy en parvenant au Palais, par le cabinet de la Présidence de la République.
 
18 Novembre 2012, COPE


Dominique Dord, trésorier de l'UMP et soutien de François Fillon, a démissionné de ses fonctions, lundi 26 novembre. Dans un long communiqué, il accuse, comme beaucoup de fillonistes avant lui, Jean-François Copé d'avoir abusé de sa position à la tête du parti pour rendre le scrutin inéquitable. Mais il donne cette fois-ci de nombreux détails, portant de lourdes accusations. 

Sur le rôle des "collaborateurs salariés de l'UMP" pro-Copé

"L'égalité de traitement entre candidats aurait dû être absolument garantie. Cela n'a pas été le cas", écrit-il. "Plusieurs d'entre nous avaient demandé à Jean-François Copé de se mettre en retrait du secrétariat général le temps de la campagne pour éviter toute suspicion. Il l'a refusé."
"Son équipe de collaborateurs salariés de l'UMP, largement rémunérée, pas moins d'une dizaine de cadres autour de Jérôme Lavrilleux, n'a cessé, sans le moindre scrupule, de jouer un rôle très actif et ostensible pendant les trois mois de la campagne : représentant par exemple, tout à fait officiellement, Jean-François Copé à la Cocoe, dans un mélange des genres effarant, participant à l'antenne à des débats radiodiffusés, mentionné comme référent de Jean-François [Copé] sur des documents officiels de campagne... On peut évaluer à plus de 200 000 euros l'avantage représenté sur quatre mois, par la prise en charge de cette équipe salariée par le mouvement." 

Sur le ralliement de Christine Boutin
"Je ne reviendrai pas sur le triste épisode Christine Boutin, avec cette dette de 160 000 euros exhumée fort opportunément au lendemain même du ralliement de Christine à Jean-François Copé alors que ce dernier avait choisi de l'enterrer au lendemain de la présidentielle", ajoute M. Dord.
A l'époque, le trésorier de l'UMP avait protesté contre ce remboursement du parti en faveur de la présidente du Parti chrétien démocrate, au titre de ses frais de campagne à la présidentielle, avant le retrait de sa candidature au profit de Nicolas Sarkozy.

Sur l'utilisation du siège et des moyens de communication du parti
"Le siège social de la rue de Vaugirard lui-même a été utilisé sans discontinuer comme siège de campagne et jusqu'au soir de l'élection devant les caméras de France et de Navarre ! (300 000 euros sur 4 mois ?)", dénonce M. Dord.
"Les moyens de communication du parti ont été mobilisés au seul profit de Jean-François Copé. Le site Internet a compté en moyenne quatre photos de lui en une chaque jour depuis le mois de juillet", poursuit-il.
"La redoutable machine à SMS et mails a marché à plein régime auprès de milliers de militants : j'ai moi-même reçu un SMS pour mon anniversaire le 1er septembre... tellement peu personnalisé que Jean-François [Copé] m'y vouvoyait...", insiste l'ancien trésorier.

Sur le départ récent de deux cadres de l'UMP
Dominique Dord accuse : "Deux cadres de la rue de Vaugirard ont eu le malheur de faire connaître leurs scrupules ou leurs objections. Ils ont été sermonnés par Eric Césari [directeur général du parti] et ne sont plus dans la maison aujourd'hui."
"David Biroste, directeur des affaires juridiques, secrétaire de la Cocoe et de la Commission des recours (...) a été mis à pied du jour au lendemain, puis licencié à quelques semaines du scrutin pour faute grave. En réalité, pour avoir osé rappeler à haute voix à la Cocoe qui tentait de s'en 'accommoder' que le bureau politique avait expressément interdit la mention du nom de Nicolas Sarkozy dans l'intitulé des motions. Il traîne aujourd'hui l'UMP devant les prud'hommes pour licenciement abusif", décrit-il. Libération avait écrit à ce sujet
"Christophe Laroche, directeur informatique, ayant la haute main sur les fichiers, a préféré partir. Il a démissionné deux jours avant l'élection, écœuré par l'usage inéquitable du fichier du mouvement qu'on lui demandait de mettre en œuvre", ajoute encore M. Dord. Le Nouvel Observateur, notamment, avait signalé ce départ.


Décembre 2012
2013 Front National Populaire


François Fillon est vivant !

 

Je ne sais pas ce que donnera la rencontre entre Jean-François Copé (JFC) et François Fillon (FF) avec Alain Juppé (AJ) comme médiateur.
La commission nationale des recours continue, elle, à se couvrir de ridicule. Yanick Paternotte, copéiste convaincu, s'obstine à la présider contre toutes les règles de l'équité et de l'impartialité. Comme aucun représentant d'AJ n'était présent pour assister à ses travaux comme François Fillon l'avait souhaité, Eric Ciotti s'est retiré en dénonçant cette absence et Me Francis Szpiner, porte-parole de JFC (son avocat ?) dans cette affaire, a stigmatisé cette désertion (France Inter). Tout cela serait seulement grotesque si, à force, ces empoignades ne faisaient pas perdre toute légitimité pour le futur au principal parti d'opposition, à supposer qu'il n'explose pas dans les prochaines semaines.
Pourtant, il y a un espoir : les Français, heureusement, ne sont pas bêtes.
Alors que depuis le 18 novembre on nous serine qu'il n'y a pas de grand vainqueur pour cette élection de l'UMP mais un grand vaincu qui serait François Fillon, un sondage significatif vient rectifier le tir et affiner l'analyse.
Avant même sa publication (Le Parisien), on avait pu constater que si les deux rivaux avaient fortement décliné dans les enquêtes d'opinion, il n'en restait pas moins que FF était moins atteint par l'ensemble de ces péripéties à la fois tacticiennes, ambitieuses et chaotiques que JFC.
Les Français surtout placent largement FF en tête dans ce qui est résumé de la manière suivante par le quotidien : "Opposition : pour les Français, le meilleur, c'est Fillon". En effet, à la question : "Quel est le meilleur opposant à François Hollande et au gouvernement ?", FF l'emporte avec 30% tandis que JFC n'obtient que 19%, Marine Le Pen (MLP) 15% et Jean-Louis Borloo 9%.
Ce qui me semble très éclairant dans cette comparaison médiatique tient au moins à deux données qui rassurent sur la lucidité de notre opinion publique.
Contrairement à ce qu'on pouvait craindre, l'obsession de s'opposer pour s'opposer n'est absolument pas validée et certains adversaires du Pouvoir feraient bien d'intégrer cette conclusion. La bêtise proférée souvent d'une opposition qui n'existerait que dans une contestation permanente sur tout, l'essentiel comme l'accessoire, est balayée. Aucun besoin mécanique de "faire" dans l'opposition comme si l'intelligence relevait de ce seul réflexe !
Le pays attend de ses responsables en attente de pouvoir autre chose que de la surenchère et de l'immodestie. Mais une prise en compte du réel avec une estimation équitable et lucide des forces et des faiblesses du président et du gouvernement, une appréciation sans complaisance mais équilibrée de la conduite des affaires par le camp que le suffrage universel a choisi un temps pour diriger notre pays.
Une approche citoyenne de cette nature n'était pas forcément gagnée d'avance quand on connaît le goût de certains pour les procès expéditifs, les dénonciations partisanes et l'occultation hémiplégique. A droite comme aujourd'hui et à gauche comme hier. En tout cas, les excès, les outrances, les polémiques, les formules destinés moins à convaincre qu'à provoquer et troubler, moins à persuader qu'à cliver à tout prix, non seulement sont moins décisifs que les médias le présument quand on voit la place qu'ils leur donnent mais, bien plus, font perdre beaucoup de terrain politique à ceux qui abusent au quotidien de ces extrémités.
C'est clairement une leçon pour JFC et un encouragement pour FF qu'on croit discréditer en le qualifiant de mou alors que les Français savent parfaitement distinguer la modération du ton de la vigueur intellectuelle du fond. On n'est pas obligé d'être insultant pour contredire, pour combattre. Aucune prime au cirque !
L'enseignement capital est autre et justifie rétrospectivement la tactique de FF pour la campagne de l'UMP.
Les Français, dans leur évaluation - et cela vaut également pour MLP et le FN - appréhendent principalement, en se projetant dans l'avenir, l'aptitude à gouverner, la crédibilité politique, la rectitude et la mesure intellectuelles et, je l'espère, la qualité morale dans toutes les facettes d'une existence susceptibles d'avoir une incidence sur son rôle public et sa légitimité démocratique. Ils désirent moins un opposant, un contradicteur de tous les instants qu'une personnalité qui les assurera qu'elle sera la bonne personne pour le bon moment. Il n'est pas nécessaire de tomber dans une excitation lassante pour occuper l'espace mais d'avoir cette aura immatérielle qui n'est pas seulement l'apanage des seul "forts en gueule" et des "il n'y a qu'à". La mesure n'est pas la lâcheté et l'ostentation dans le refus est aux antipodes d'une opposition responsable. Le trop détruit ceux qui en usent quand la modération, parfois impitoyable (celle qu'on prêtait à Raymond Barre) fait mal.
François Fillon est vivant et il est plus que jamais nécessaire, pour le président comme pour le gouvernement, de ne pas s'illusionner: une droite en miettes depuis trop longtemps, cela peut se reconstruire vite.



lundi 19 novembre 2012

Nouveau chef, Nouveau parti, Nouveau logo, ...



Il a été décidé qu’on reparlerait, dès les petites classes,
 et d’amour de la République.
Il est dommage que l’école ne soit fréquentée que par les enfants. »



Une folle soirée, deux candidats auto-carbonisés, l’un, Fillon, à cause de son mauvais score, l’autre, Copé, en raison de son attitude, « and the Winner is » : Nicolas Sarkozy. Mais c’est un gagnant amer, il est le capitaine irremplaçable, mais le capitaine d’un bateau qui s’est cassé en deux.
       La mémoire étant courte, cet épisode pourrait n’être qu’une joyeuseté. Après tout les socialistes ont traversé le ridicule de Reims et n’en sont pas morts, ils ont même tout gagné ensuite.
       Mais ce qui s’est passé hier soir a toutes les chances de peser sur l’avenir de la droite, et des droites en général, car les causes du désastre ne sont pas conjoncturelles, mais structurelles.
       Au-delà des bisbilles, et des batailles d’ego, il s’est passé des choses très importantes.
       D’abord le résultat. Il n’était pas prévu que Jean-François Copé fasse un tel score. Or Copé c'est le Sarkozy modèle Buisson, celui du discours de Grenoble et de la droite décomplexée, c'est-à-dire complexée par le Front National. Copé a soufflé sur une espèce de Tea Party français, et un tea-party, on vient de le voir aux Etats-Unis, ça parle fort, ça mobilise des minorités agissantes, mais pas des majorités.
       Quant à François Fillon, il a subi un revers majeur. Même élu, il serait affaibli. Or Fillon c’est le Sarkozy de 2007, celui qui voulait gagner par la droite, par le centre, et par la gauche, et ça n’a pas marché, car très clairement, à l’UMP, le militant, comme le disaient toutes les enquêtes qualitatives, est plus à droite que le sympathisant.
       L’UMP est donc coupé en deux moitiés. C’est Buisson contre Guaino, c’est Bonaparte contre l’idée parlementaire, et seul Nicolas Sarkozy parvenait à tenir les deux ensembles. Il était le cœur de la contradiction, et cette contradiction était même son noyau nucléaire. Il était l’homme qui voulait dépénaliser le cannabis en 2007, proposer le vote des étrangers aux municipales, en finir avec la double peine, engager l’ouverture, se rapprocher de la Grande Bretagne pour s’éloigner l’Allemagne, et il était aussi celui qui condamnait la dépénalisation en 2012, dénonçait le vote des étrangers, pariait sur la fermeture, promettait la déchéance de nationalité, et ne jurait plus que par l’alliance avec l’Allemagne.
       Sarkozy était l’eau et le feu, et il y arrivait, mais son parti n’a pas voulu faire l’inventaire, il a refusé de choisir, et il en est là ce matin, l’eau d’un côté (Fillon), le feu de l’autre (Copé) 50/50.
       Pire encore, et cela devait arriver, il y a eu un court circuit. Ca s’est passé en direct à la télé. Le réacteur est en surchauffe. Hier soir la maison UMP a pris feu. Copé, digne héritier du coup de menton, avait pour ainsi dire gagné, mais il s’est brûlé en décrétant tout seul sa victoire.
       Au bout du compte, le parti bonapartiste en est réduit au comptage d’une commission de contrôle, la Cocoe. Ce matin, juché sur ses ergots, l’UMP n’a plus qu’à pousser un drôle de cri gaulois : « Cocoico ! »
       France Culture : 7h36 ; France Musique : 8h07 ; twitter : @huberthuertas

dimanche 18 novembre 2012

Nouvelle République,



On est bien en France ?

Immenses difficultés économiques et financières.
Le chômage va augmenter encore, durant un an au moins.
On manifeste contre l'austérité en Europe.
Des Corses ne se lassent pas d'assassiner, et Marseille de porter à son comble l'insécurité.
Mais depuis six mois le président de la République :
-n'a attaqué aucun journaliste ni vitupéré les médias
-n'a pas insulté la magistrature
-n'a ridiculisé ni décrié aucun corps intermédiaire
-n'a méprisé ni injurié aucun citoyen
-n'a pas tourné en dérision les questions qu'on lui posait lors d'une conférence de presse
-n'a pas fait honte par son attitude publique à ceux qui ont voté pour lui
-n'a pas traité son Premier ministre de collaborateur
-n'a pas porté atteinte à l'équité républicaine
-n'a pas dressé une partie du pays contre l'autre.
Ce n'est rien, dites-vous, c'est dérisoire. Peut-être.
C'est juste un peu plus d'air démocratique. On respire mieux.
Vous ne rêvez pas. On est bien en France.
Philippe Bilger « Justice au singulier »