vendredi 20 janvier 2017

Menteur, sociopathe, égocentrique...Dr Folamour au pouvoir


Menteur, sociopathe, égocentrique....
   Dr Folamour au pouvoir
On ressent tous un filet de sueur glacée couler le long de notre colonne vertébrale en imaginant Barack Obama remettre à Donald Trump la petite mallette contenant les codes nucléaires américains
Vous ne vous réveillerez pas de ce cauchemar : 
l’homme d’affaires animateur de télé-réalité est bien 
le 45e président des Etats-Unis d’Amérique. 
Et plus rien n’est sous contrôle. 
Voilà le problème avec le nouveau locataire de la Maison Blanche : 
on en est réduit à imaginer non pas ce qu’il fera, mais ce qu’il pourrait faire.



Si le langage usuel n’arrive pas à définir le phénomène, c’est sans doute le grotesque, comme forme littéraire, qui permet le mieux de rendre compte de cette figure inquiétante et risible, qui efface la distinction entre le tragique et le comique. Une figure du grotesque en politique ?
Plutôt que dans la Résistible Ascension d’Arturo Ui, c’est dans Ubu roi qu’il faut chercher les clés de lecture du moment présent aux Etats-Unis. Le nouveau président est un personnage de Jarry plus encore que de Brecht.
Le grotesque, comme forme littéraire, est ce qui permet le mieux de rendre compte de cette figure politique simultanément inquiétante et risible, qui efface la distinction entre le tragique et le comique. Dans la farce ironiquement appelée «drame» telle qu’elle a été jouée en 1888, le père Ubu conquiert le pouvoir en assassinant le roi, puis l’exerce avec autant de violence que de bouffonnerie. Egocentrique, il ne pense qu’à son intérêt personnel. Malhonnête, il ne différencie pas les biens publics et ses affaires privées. Incompétent, il voit sans cesse ses décisions ineptes corrigées par son entourage. Vulgaire, il insulte tout un chacun jusqu’à son épouse. Brutal, il humilie ses sujets et élimine ses rivaux.
il se vante de donner de l’argent aux responsables politiques en attendant d’eux qu’en retour ils accèdent à ses demandes, qu’il a évité une enquête judiciaire sur les malversations de son université en effectuant un don à la procureure en charge du dossier, qu’il souffre selon son biographe d’un déficit d’attention qui ne lui permet pas de se concentrer plus de quelques minutes sur un sujet, qu’il délègue à ses proches et souvent à ses enfants l’étude des dossiers sur lesquels il doit prendre une décision, qu’il oblige ses collaborateurs à intervenir publiquement pour amender ses déclarations les plus choquantes ou incohérentes, qu’il se flatte que les femmes ne lui résistent pas lorsqu’il les saisit par le sexe et qu’il est de fait accusé de harcèlement sexuel, qu’il a mimé un journaliste handicapé pour le moquer devant une foule hilare et ironisé sur la douleur muette de la mère d’un soldat mort au combat, qu’il assimile les migrants mexicains à des violeurs, des dealers et des criminels et qu’il veut constituer un fichier des musulmans résidant aux Etats-Unis, enfin qu’il invite ses supporteurs à faire le coup-de-poing avec les activistes du mouvement Black Lives Matter et qu’il évoque «le bon temps» où les Noirs ne protestaient pas parce qu’ils savaient comment on les traiterait s’ils s’y risquaient ?


Les «théoriciens» de ce mouvement d’extrême droite s’appellent Kevin MacDonald, Jared Taylor, Greg Johnson ou encore Richard Spencer. Ils s’efforcent d’affiner la doctrine d’une «droite alternative» appelée à supplanter le conservatisme jugé obsolète d’un Parti républicain dont les obsessions libre-échangistes, budgétaires et fiscales ne serviraient que l’élite internationale de Davos. Déterminés à défier la «tyrannie du politiquement correct» pour clamer haut et fort un nationalisme autoritaire décomplexé, «ces auteurs se perçoivent comme les intellectuels organiques du régime qu’ils souhaitent faire advenir, » explique Harrison Fluss, professeur de philosophie à Stony Brook University et spécialiste de la droite américaine. Mussolini avait Filippo Tommaso Marinetti, Hitler avait le théoricien Alfred Rosenberg, le philosophe Martin Heidegger et le juriste Carl Schmitt».

Menteur, sociopathe, égocentrique...

 

A quelques heures de l'investiture du nouveau président américain, inspection de ses signes extérieurs très personnels...

1 L’adoubement par l’index

A la sortie d’une entrevue, Trump pointe souvent du doigt l’homme ou la femme qu’il a choisi pour rejoindre son cabinet. Le geste rappelle qui est le boss.

2 La mâchoire en avant

"A force de pousser en avant ma mâchoire inférieure pour parler comme il le fait, je me la suis presque tordue", confie l’acteur Alec Baldwin, merveilleux imitateur de Trump dans l’émission "Saturday Night Live".

3 La fascination pour la force

Le nouveau président adore les héros galonnés (Patton pour le passé, James "Mad Dog" Mattis, son secrétaire à la Défense, pour le présent) et se montre passionné par l’arme nucléaire. Et la proportion de militaires, dans son équipe, est sans précédent.

4 L’absence d’humour

Arrive-t-il à Trump de sourire ? En tout cas, il ne sort pas de blagues en public, et il déteste les caricatures des humoristes à ses dépens. Il se prend très au sérieux. Pas étonnant : l’humour est subversif.

5 La personnalisation du pouvoir

Elle passe par l’emploi répété du "je" ou du "moi". L’exemple le plus fameux étant son discours à la convention de Cleveland : "Moi, tout seul, je peux résoudre le problème."

6 La couleur rouge

Sa cravate est presque toujours rouge, synonyme de force et de virilité. Heureusement, son costume n’est pas noir, mais bleu…

7 La moquerie à l'égard des faibles

Trump "utilise sa tribune formidable pour écraser les gens les plus vulnérables et sans défense de notre société", dénonce la journaliste Amy Goodman. Avec le mégaphone de Twitter, les effets peuvent être redoutables.



Insoucieux du bien commun, irrespectueux de ses concitoyens, inconvenant, irascible, impulsif, influençable, inculte - en un mot : ubuesque - l’homme qui va diriger le pays le plus puissant du monde est donc bien une figure du grotesque en politique.

 Il y a, certes, une différence entre la créature du Collège de Pataphysique et le nouveau président des Etats-Unis : la première est arrivée au pouvoir par la force, le second y est parvenu par les urnes. L’avenir dira s’il y a une autre différence entre eux : à la fin de la pièce, le personnage de fiction est chassé du pouvoir ; alors que s’accumulent les révélations compromettantes sur son double dans le monde réel, et notamment sur ses liens secrets avec des puissances étrangères qui conduisent un nombre croissant de députés à mettre en cause son élection et à boycotter son investiture, il n’est pas certain qu’il aille jusqu’au terme de son mandat.