Les étrangers ne sont pas comme nous. Et leurs
mœurs nous horrifient. Au Brésil, Dilma Rousseff, présidente soupçonnée d’avoir
participé au système de corruption Petrobras, a été destituée.
Une folie amazonienne !
Aux
Etats-Unis, la candidate à la Maison-Blanche Hillary Clinton a dû comparaître
pendant 12 heures devant une commission parlementaire pour avoir utilisé sa boîte mail
personnelle à des fins professionnelles.
Une lubie yankee !
En Suède, une ministre
sociale-démocrate a démissionné après avoir été prise en flagrant délit de
conduite en état d'ivresse.
Une
dérive calviniste !
En Roumanie, l'ex-Premier ministre Victor
Ponta, poursuivi dans un dossier de financement de la campagne électorale qui
l'avait mené au pouvoir en 2012, a été placé sous contrôle judiciaire en
attendant son jugement.
Un
folklore roumain !
En Gaule, rien de tel.
Nos
dirigeants n’ont aucun souci à se faire. A
défaut de leur couper la tête, nous leur pardonnons toujours, quels que soient
leurs égarements. Bien qu’il ait fait
exploser le plafond de dépenses de campagne en 2012, bien que les soupçons
s’accumulent quant à un éventuel financement
libyen de sa campagne de 2007, bien qu’il soit mis en examen dans l'affaire dite des "écoutes" pour
avoir cherché à corrompre un magistrat de la Cour de cassation avec la
complicité de son avocat, bien qu’il soit mis en examen dans l’affaire Bygmalion et
que son renvoi devant le tribunal correctionnel soit requis par le parquet,
l’ancien président reste en lice. Il crie au complot, excipe de sa probité et
prétend encore devenir notre nouveau président.
Fort heureusement, pour lui, Nicolas Sarkozy
n’est ni brésilien, ni américain, ni suédois, ni même roumain. Chez nous, un
responsable de cette trempe, on le chérit, on l’applaudit, on l’élit.
Plus personne ne devrait gober le mensonge
Pas
un jour sans que l’une de ses saillies passées ou présentes ne défraie la
chronique. Nicolas Sarkozy peut cracher
sur ses anciens collaborateurs et ses adversaires à longueur de off, fulminer contre les journalistes
"guévaristes" qui s’autorisent à lui poser des questions et
changer d’avis comme de chemise sur des sujets mineurs comme le droit du sol, le réchauffement climatique ou l’appartenance de la France à l’Union
européenne, rien n’y fait. Il court toujours.
– De près, immonde, a-t-il répondu. Ses cheveux sont mal teints, il a l’air d’un ministre chinois. La graisse dégouline sous sa chemise, et, en dessous, il a des petites jambes d’enfant…"
La faute à
qui ? Aux médias fascinés par son show ? Sans doute. Mais à ce degré
d’intoxication, c’est le corps social tout entier qui manque de défense
immunitaire. Plus aucun citoyen français
honnêtement informé ne devrait gober le mensonge. Plus aucun politicien
normalement courageux ne devrait cautionner l’imposture.*
"La politique est l'art de se servir des hommes
en leur faisant croire qu'on les
sert."
Voltaire
Comme d’habitude, il n’a pas répondu.
Comme d’habitude, il a préféré fuir ses responsabilités. Comme d’habitude, il a
laissé ses sbires tempêter contre la supposée
partialité du service public et dénoncer ce qu’ils considèrent comme une enquête à
charge.
Mis en cause de façon simple et terriblement
efficace par tout un lot de témoins, d’acteurs ou de fournisseurs de sa dernière
campagne présidentielle. Tous ont démontré, factures et documents à l’appui et
devant les caméras, le sidérant
dérapage de ses comptes officiels, l’ancien chef de l’Etat
continue de nier l’évidence, comme un enfant qui s’enferre dans le mensonge. Au
lieu de cela, Nicolas Sarkozy continue de faire le malin sur les estrades et
dans les colonnes des journaux. Il parle, ferraille et
fanfaronne.
Pas un jour sans que l’une de ses saillies passées ou présentes ne
défraie la chronique. Nicolas Sarkozy
peut cracher sur ses anciens collaborateurs et ses adversaires à longueur de
off, après avoir été reçu par Hollande à l’Elysée
dans l’après-midi :
"Alors,
comment l’avez-vous trouvé ? – De près, immonde, a-t-il répondu. Ses cheveux sont mal teints, il a l’air d’un ministre chinois. La graisse dégouline sous sa chemise, et, en dessous, il a des petites jambes d’enfant…"
Les médias français ont encore
beaucoup à apprendre de la presse anglo-saxonne. Il faudrait l’acculer, ne plus
l’inviter, refuser de lui tendre le micro tant qu’il n’aura pas répondu sur le
fond. Insister, poser et reposer inlassablement les mêmes questions.. Qu’il
vienne plutôt expliquer aux Français comment ses comptes ont défoncé le plafond
de dépenses légal. Bref, qu’il assume, tout simplement.
La vérité, c’est que l’ancien
président de la République n’ambitionne plus de sauver la France, mais de se
sauver lui-même. Son retour n’est qu’une fuite en avant pour éviter de rendre
des comptes. Jusqu’à quand ?
Un bras de fer entre Nicolas Sarkozy et France Télévisions
Pour l'ancien président de la République, le timing, dans lequel intervient la diffusion du reportage, est mauvais. Selon Le Canard enchaîné, son entourage l'aurait bien fait comprendre à Michel Field, directeur de l'information de France Télévisions. L'équipe d'Élise Lucet aurait ensuite reçu "un message d'en haut : plus question de diffuser le sujet Bygmalion avant la fin de la primaire de la droite". Alors que Michel Field n'avait pourtant rien trouvé à redire à l'enquête en amont. Objet du bras de fer à l'époque : la présence de Nicolas Sarkozy dans L'Émission politique le 15 septembre dernier.
Remontée, Élise Lucet n'entend pas en rester là, "hurle à la censure, accuse Field (déjà soupçonné d'avoir cédé aux demandes de François Hollande dans Dialogues citoyens, ndlr) d'avoir cédé aux pressions de Nicolas Sarkozy" et se mobilise pour que le reportage soit diffusé lors de la soirée de lancement de la nouvelle formule d'Envoyé Spécial ce 29 septembre. Du côté du camp de Nicolas Sarkozy, on dément toute pression, "tout en s'interrogeant sur l'opportunité des choix de France 2, en pleine campagne des primaires". D'après Le Monde, Delphine Ernotte, présidente du groupe France Télévisions, a tranché en personne et décidé de maintenir la programmation du reportage.
Remontée, Élise Lucet n'entend pas en rester là, "hurle à la censure, accuse Field (déjà soupçonné d'avoir cédé aux demandes de François Hollande dans Dialogues citoyens, ndlr) d'avoir cédé aux pressions de Nicolas Sarkozy" et se mobilise pour que le reportage soit diffusé lors de la soirée de lancement de la nouvelle formule d'Envoyé Spécial ce 29 septembre. Du côté du camp de Nicolas Sarkozy, on dément toute pression, "tout en s'interrogeant sur l'opportunité des choix de France 2, en pleine campagne des primaires". D'après Le Monde, Delphine Ernotte, présidente du groupe France Télévisions, a tranché en personne et décidé de maintenir la programmation du reportage.
Elu en 2007, battu en 2012, Nicolas Sarkozy n’aurait même pas dû figurer dans la
course de 2017. Les dirigeants de l’UMP qui lui ont remis les rênes du parti en
2014, sont les grands fautifs : comment ont-ils pu éponger les mécomptes
de sa précédente campagne et s’en remettre à lui, sauf par instinct de
soumission clanique ?
"Les affaires finiront par le rattraper et l’empêcher de se présenter", entend-on.
Mais c’est l’inverse qui se produit. Sarkozy, le Berlusconi des Hauts-de-Seine, n’est candidat à la
présidentielle que pour se tirer d’affaires. Son fracassant retour en
politique ne sert qu’à occulter son destin judiciaire. En avocat qu’il n’a
jamais cessé d’être, maître Sarko inverse la charge de la preuve : si les
juges lui cherchent des noises, c’est qu’il s’agit de le faire taire et même,
en sa personne, de museler le peuple qu’il exprime si bien…
Foin de
sondages ! Ce Tartuffe est déjà
gagnant à tous les coups. Si Juppé remporte la primaire puis la présidentielle, il devra lui accorder une
protection en contrepartie de son soutien. Bingo... Et rebingo !
Si Sarkozy réussit son hold-up sur la primaire,
il sera lavé de tous les soupçons par l’onction démocratique. Un miracle. Mais si ce revenant magnifié parvenait à se
faire réélire président à la faveur d’un malentendu, il redeviendrait
intouchable comme le prévoit notre grandiose Constitution et pourrait se
venger de tous ceux qui lui ont manqué.
Ainsi va la Gaule !
Sylvain Courage
*Patrick
Buisson n’est pas un exilé de la Sarkozie mais un inspirateur dont les idées
n’ont jamais été aussi présentes dans le discours de l’homme qui rêve d’un
second mandat. Le « roman national », c’est du Buisson ;
les « racines chrétiennes », c’est Buisson ; « les
Gaulois », c’est inspiré par Buisson ; l’idée que la droite va du
Front national aux électeurs de François Bayrou, c’est Buisson ; « l’identité
nationale », c’est Buisson ; « La France des
oubliés », c’est Buisson ; « la périphérie plutôt que les
banlieues », c’est Buisson ; « le peuple contre les
élites », c’est Buisson…
La « bataille des
idées » qui précède les conquêtes électorales, c’est encore du Patrick
Buisson venu chercher ses sources dans les théories du philosophe communiste
Antonio Gramsci…
Or ces idées, et même cette
technique électorale qui consiste à « transgresser la pensée
unique », atteignent en cet automne 2016 un niveau inouï, au sens
étymologique du terme, dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Le triomphe de
Buisson est absolu au moment même où ses nouveaux ennemis tentent de
l’excommunier, et sa descente aux enfers touche à la consécration.
La contradiction entre la dénonciation du
traître et la fidélité à l’inspirateur est si profonde que le Figaro la concède sans complaisance : « La rupture personnelle est
peut-être définitive. Le débat politique, lui, est loin d'être clos, comme le
prouvent les accents “buissoniens” de cette nouvelle
Christian Jacob, chef de file des
députés Les Républicains, illustre ce propos, en le portant à incandescence. Il
lâche une formule terrible dont le double sens, inconscient comme un lapsus,
pourrait le faire frémir lui-même : « Ce
qui vient du caniveau a vocation à finir dans une bouche d’égout. » Il
se trouve que le « caniveau »
c’était l’Élysée, de 2007 à 2012, et que la bouche d’égout, effectivement, a la
gueule grande ouverte.le campagne sarkozyste. ». La députée de l’Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet estime que le pays « a besoin de visionnaires, pas de réactionnaires ». Jean-François Copé accuse par ailleurs Nicolas Sarkozy de vouloir échapper à la justice en se présentant à l'élection présidentielle. "Sa mise en examen n'est pas que technique, elle porte sur une vingtaine de millions d'euros, qui en réalité sont un détournement ! C'est une fuite éperdue en avant. [...] Il voudrait que vous l'élisiez pour ne pas aller au tribunal !"
Au fond, le portrait de Nicolas
Sarkozy dressé par l’ancien conseiller Buisson dans La Cause du peuple
(édité chez Perrin) n’apporte aucune révélation. Rien qu’on ne sache déjà sur
ce faux dur, obsédé par son image, dévoré par l’immédiat, oublieux de ses
engagements, envahi par la sphère privée, fanfaron, méprisant avec les hommes
et les femmes qu’il promeut…
On sait tout sur ce Bismuth
immature et mégalomane, ses foucades, son sens de la formule à
l'emporte-Kärcher, ses financements, ses entourages mis en examen ou déjà
condamnés. Et pourtant les éclaboussures de ce livre seront sans commune mesure
avec tout ce qui atteignait jusqu’à présent l’image de l’ancien président.
Pourquoi ? Précisément parce que c'est une sorte de document interne et
qu'il confirme et « certifie conforme », d’une plume brillante
et féroce, ce qui se disait déjà à l'extérieur du bastion assiégé, dans les
textes ou les discours des adversaires de toujours de l’ancien président, ou
d’une flopée d’anciens alliés ayant rompu les amarres.