vendredi 10 juin 2016

Homines id quod volunt credunt. Cesar

Comment voulez-vous que ça aille mieux ?" 
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a commenté jeudi 9 juin sur Europe 1 la petite phrase de François Hollande. Quitte à s'arranger avec la réalité des chiffres ?

Chômage : quelle catégorie ?

Nicolas Sarkozy déclare :
"C'est un mensonge de plus, monsieur Sotto, vous parlez du chômage de catégorie A ou du chômage de catégorie A, B et C ? A ? C'est un choix éditorial de votre part ? Parce que si le chômage de catégorie A baisse, ça veut dire qu'on a envoyé en catégorie B des gens qui étaient en A et en catégorie C des gens qui étaient en B."
Catégorie A, B, C… de quoi parle Nicolas Sarkozy ? Le nombre de demandeurs d'emploi habituellement donné est en fait le nombre de chômeurs sans aucune activité tenus de chercher un emploi.  Si vous réalisez deux heures d'intérim dans le mois, vous passez dans la catégorie B, et si vous travaillez à mi-temps seulement, vous êtes dans la catégorie C. Le président du parti Les Républicains laissent entendre que, plutôt qu'une vraie baisse du chômage, les chiffres de mars et d'avril sont le fait d'un simple glissement d'une catégorie à l'autre.
Il n'a pas complètement tort : au mois de mars, la catégorie A s'est vidée de 60.000 chômeurs, mais les catégories B et C se sont remplies, de telle sorte qu'en prenant les catégories A, B et C, la baisse n'était que de 8.700. Toutefois, cela reste une baisse. Celle-ci s'est d'ailleurs confirmée en avril, avec une baisse de 19.900 pour la catégorie A, et de 57.100 pour les catégories A, B et C ensemble. Par ailleurs, il faut rappeler que ce transfert de catégorie, qui correspond à une hausse de l'activité des chômeurs, est le chemin logique du retour vers l'emploi. Même s'il est déjà arrivé que la catégorie A baisse mais que les catégories B et C augmentent davantage, et que le mois suivant, ce soit l'inverse.
Il faut donc regarder la tendance à long terme. Selon l'Insee, les créations nettes d'emploi des deux derniers trimestres ont été plus importantes que prévues, et sur un an, l'emploi marchand est en très nette hausse, avec 159.600 postes créés.
Plus de déficits qu'ailleurs ?
Nicolas Sarkozy poursuit :
"Sur l'ensemble du quinquennat c'est très simple, sur les quatre ans et demi, la France, malheureusement, a fait en termes de chômage et de déficit, infiniment moins bien que l'ensemble des pays européens." Il y a "plus d'un million de chômeurs depuis que François Hollande est là. Et, quand il y a un million de chômeurs en plus, à mon avis, il n'a pas baissé."
Les déficits publics en France sont passés de 4,8% du PIB en 2012 à 3,5% en 2015. La France a fait mieux que les "mauvais élèves" : la Grèce est passée de 8,8% à 7,2%, l'Espagne de 10,4% à 5,1%, l'Italie de 2,9% à 2,6%, le Portugal de 5,7% à 4,4%. Mais aussi que certains pays supposés plus rigoureux : la Finlande est passée de 2,2% à 2,7%. Ou que certains pays censés être dynamiques : les déficits publics du Royaume-Uni sont passés de 8,3% à 4,4%.
En moyenne, les déficits publics dans l'Union européenne sont passés de 4,3% en 2012 à 2,4% en 2015, soit une baisse de 1,7 point. La France a, elle, enregistré une baisse de 1,3 point. Toutefois les économistes disent clairement qu'une réduction des déficits publics simultanée dans l'Union européenne a plombé la croissance. Il n'est pas certain qu'il eut été préférable que la France mène une politique de réduction de ses déficits publics plus rapide.
Il est vrai que certains pays voient leur taux de chômage se réduire rapidement depuis quelques mois ou années, mais il s'agit de pays dont le taux de chômage est bien plus élevé. De l'autre côté, il est vrai que certains pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou l'Autriche ont des taux de chômage bien plus faible que celui de la France. En fait, le taux de chômage en France est de 10,2% de la population active, ce qui est inférieur à la moyenne de l'Union européenne, à 10,4% de la population active. On ne peut pas vraiment dire que la France fasse moins bien que l'ensemble des pays européens.
Plus de dépenses, plus d'impôts, plus de rigidité ?
Nicolas Sarkozy enfonce le clou :
"Nous sommes le seul pays d’Europe qui a une politique qui consiste à augmenter la dépense publique, à augmenter les impôts et à accroître la rigidité du droit social pour les entreprises. Tous les autres ont fait autrement."
Bulgarie, Estonie, Hongrie, Malte, Autriche, Slovaquie, Finlande… il est vrai que les pays qui ont vu la part de leurs dépenses publiques dans leur PIB augmenter entre 2012 et 2015 sont minoritaires. Toutefois, la France n'en fait pas partie. En France, les dépenses publiques sont passées de 56,8% du PIB en 2012 à… 56,8% du PIB en 2015.
Les recettes, il est vrai, sont passées de 52 à 53,2% entre 2012 et 2015. Et le taux de prélèvements obligatoires de 43,8% à 44,7%. Toutefois, cette hausse est en partie due à la hausse de la croissance en 2015, d'autre part, la pression fiscale diminue avec des baisses d'impôts décidées par le gouvernement, notamment sur les faibles revenus imposables. Probablement trop peu et pas assez vite au goût de nombreux contribuables.
Du point de vue de la rigidité du droit social, on ne peut pas vraiment donner raison à Nicolas Sarkozy. D'une part, depuis 2012, le gouvernement a fait voter des lois visant à donner davantage de souplesses aux entreprises, d'autre part, il impose aujourd'hui la loi travail, qui pousse dans cette direction en s'inspirant des réformes des voisins européens de la France.
Des cadeaux ?
Enfin, Nicolas Sarkozy reproche à Manuel Valls de pratiquer le clientélisme :
"Chaque jour, M. Valls annonce de nouvelles dépenses publiques pour arroser une catégorie particulière afin de les acheter dans le cadre du prochain rendez-vous présidentiel." 
"Quand un agriculteur, qui souffre de ne pas pouvoir écouler ses produits à un prix décent, entend qu’on lui a fait un cadeau, il ne peut pas l’admettre. Concernant les fonctionnaires : pendant six ans, le point d’indice avait été gelé. J’ai considéré que parce que la croissance revenait, il était assez logique qu’il y ait une augmentation pour les fonctionnaires."

Homines id quod volunt credunt.
Les homme croient ce qu'ils désirent.
(César)



Donald Hebert «  L’OBS »

mercredi 8 juin 2016

France 2 : la télévision du MEDEF

 Soutenons la liberté de la presse, c’est la base de toutes les autres libertés, c’est par là qu’on s’éclaire mutuellement. 
Chaque citoyen peut parler par écrit à la nation, et chaque lecteur examine à loisir, et sans passion, ce que ce compatriote lui dit par la voie de la presse. 
Nos cercles peuvent quelquefois être tumultueux : ce n’est que dans le recueillement du cabinet qu’on peut bien juger. 
C’est par là que la nation anglaise est devenue une nation véritablement libre. 
Elle ne le serait pas si elle n’était pas éclairée ; et elle ne serait point éclairée, si chaque citoyen n’avait pas chez elle le droit d’imprimer ce qu’il veut. 
Voltaire
La propagande a toujours été, sous tous les régimes, une insulte à l'intelligence collective des peuples. Refusons la propagande du MEDEF distillée par France 2.





  • Regarder les journaux télévisés de France 2, c'est s'infliger un véritable cours de propagande patronale.
    La manière dont l'opposition à la loi travail est discréditée, systématiquement diabolisée, totalement caricaturée fournit la plus claire indication sur les intérêts que défend cette chaîne de télévision.
    Tous les ingrédients sont réunis pour dresser l'opinion publique contre ceux qui ont le courage de s'impliquer, de se battre, de prendre les risques de manifester ou de faire grève. Car il est devenu manifeste qu'une violence d'Etat a été décidée pour briser les manifestations et réduire à néant le droit fondamental de manifester son opinion, en particulier lorsqu'il s'agit d'une opinion contraire à celle d'un pouvoir qui s'est résolument mis au service du patronat. Faire grève n'est jamais gratuit pour ceux qui ont le courage de s'y engager. Tout cela, bien entendu, est passé sous silence par de prétendus journalistes qui auraient excellé à la télévision de Pinochet ou de Ceausescu.
    Orchestrer une dramatisation de l'information, inciter à l'hostilité contre les grévistes, susciter la peur, instiller un climat d'angoisse, provoquer un mécontentement général à l'égard des opposants à la loi travail,  rien n'est négligé par ce bureau de propagande du MEDEF qu'est la rédaction de France 2.
    On doit s'interroger : n'est-il pas temps de remettre en question notre obligation de financer une chaîne publique de télévision qui bafoue les obligations du service public ?  N'est-il pas temps de lancer une action citoyenne pour le droit à une information complète, honnête, équilibrée, présentant d'égale façon les points de vue, ne manipulant pas les faits, respectueuse des téléspectateurs.



  • 25 MAI 2016

  •   A l'envers de la propagande, il existait il y a ( encore moins d' ) une semaine, une émission sur le service public, indépendante, animée par un journaliste impeccable : pertinent, cultivé, impartial, qui donnait la parole à chacun, sans jamais se placer lui-même ( chose rare ! ), "CE SOIR OU JAMAIS" un modèle de télé que la direction Ernotte-Field et au dessus leurs donneurs d'ordre, viennent de supprimer.
    Certains ont pleuré le départ de Claire Chazal de TF1. D'abord elle a été vite recasée mais surtout, au-delà de l'apparence qui les distingue, personne de bonne foi ne peut soutenir que cette dernière a laissé dans l'espace de l'information un grand vide structurel, si j'ose dire, pas davantage qu'Anne-Claire Coudray aujourd'hui ne bouleverse l'économie du journal télévisé. C'est une affaire de visages. La société, privée de l'une ou de l'autre, ou demain d'un présentateur sémillant sur une autre chaîne, ne sera orpheline de rien de fondamental.

    Mais Frédéric Taddéï, c'est totalement autre chose. Précisément parce que lui-même s'efface avec le retrait subtil de l'élégance, du véritable questionnement et de la discrétion, une immense place est laissée aux enjeux fondamentaux, aux problématiques centrales que CSOJ portait : la liberté de parler, le choix du pluralisme, l'exigence de contradiction, la pensée au-dessus de la ceinture, la courtoisie de la forme, la vigueur, voire la violence mais dans le respect de la loi. Un animateur qui est un journaliste et refuse le rôle de justicier. Il ne pense pas à la place de. Ces sujets nous concernent tous. Que l'exemplaire incarnation médiatique de ces valeurs ne devienne plus qu'un souvenir aurait dû mobiliser bien plus que l'écume de trajectoires personnelles. Ceux qui ne renvoient qu'à eux-mêmes devraient être relégués au bénéfice des rares qui sont heureusement dépassés par des questions universelles sans la discussion desquelles notre pays médiatiquement mourrait de fins !
     https://youtu.be/lh9Bh48-GNE 

    Souvenirs, souvenirs ...Un quinquennat à 500 milliards

    La scène est surréaliste. "Tu vois, j'ai gagné ! J'ai gagné !" lance, triomphant et vengeur, Nicolas Sarkozy au député du Nouveau Centre Charles de Courson, présent à l'Élysée pour une cérémonie début 2010. De quelle victoire si importante se prévaut donc le président de la République ? D'avoir fait baisser le chômage ou rétabli l'équilibre du commerce extérieur ? Rien de tout cela, bien sûr. Nicolas Sarkozy se félicite des 390 millions d'euros qui vont échoir au couple Tapie (dont 45 au titre du préjudice moral) à la suite d'un arrêt du Conseil d'État qui rejette le recours intenté par quelques députés, dont Courson, contre les conclusions d'un tribunal arbitral sur l'affaire Adidas-Crédit lyonnais. "J'ai gagné ! J'ai gagné !" Stupéfiant car, si victoire il y a, c'est celle de Tapie, l'ami du président. Et pas du tout celle de l'État, contraint de faire un gros chèque.

    Auteurs d'Un quinquennat à 500 milliards, Mélanie Delattre, journaliste au Point, et Emmanuel Lévy, à Marianne, recensent avec gourmandise et sévérité les petites et grandes libéralités du président de la République avec ses "amis" Liliane Bettencourt ou Guy Wildenstein, ou, fait moins connu, avec Hubert Martigny, auquel l'État a racheté à prix d'or la salle Pleyel. Quand ils ne cherchent pas la petite bête, les deux auteurs se mettent aussi en surplomb pour livrer aux lecteurs-électeurs le "vrai bilan" économique du quinquennat Sarkozy. Et là ils ne font pas dans la dentelle. Leur audit étant assez terrifiant, on pourrait le juger militant. Mais les faits sont les faits. Depuis que Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, la dette de la France a augmenté de 630 milliards d'euros, passant de 1 150 milliards à 1 780 milliards d'euros. Énorme. L'Élysée, relayé par Bercy, met ces résultats - "calamiteux", pourrait dire Alain Juppé - sur le compte de la crise économique la plus grave depuis 1929. Trop facile, rétorquent Delattre et Lévy. S'appuyant sur des documents officiels, ils montrent que la crise de 2008, en abaissant les recettes et en grevant les dépenses, aurait alourdi la dette de 109 milliards d'euros. Mais le reste, entièrement imputable au président, s'élève à 520 milliards d'euros (le titre de leur livre l'arrondit à 500). Explications : "Le budget dont a hérité Nicolas Sarkozy, à l'instar d'une voiture mal réglée (...), grillait 3,2 points de PIB." Plutôt que de "soulever le capot pour régler la machine", l'Élysée a laissé filer. En ne freinant pas cette dérive, il a fait gonfler la dette de 370 milliards d'euros. Auxquels s'ajoutent 153 milliards, car "le nouveau président a aussi appuyé sur le champignon". Nicolas Sarkozy, l'homme qui voulait mettre l'État à la diète, a fait bondir la dette publique de la France de 20 points (dont seulement 5,5 imputables à la crise) !

    Le syndrome de Pénélope
    Où est la "véritable révolution économique" promise au pays ? Le président a certes ouvert un nombre impressionnant de chantiers qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait osé toucher. Il s'est attaqué au marché de l'emploi, à la représentativité syndicale, au regroupement de Pôle emploi et des Assedic, à la carte des tribunaux, à la formation professionnelle et même aux régimes spéciaux de retraite (tout juste écornés, cependant)... L'hyperprésident a été hyperactif. Mais alors, pourquoi la réussite n'est-elle pas au rendez-vous ? En exposant les raisons de la dérive économique et financière du pays durant le quinquennat, les deux auteurs n'ont pu s'empêcher d'évoquer la personnalité d'un président qu'ils qualifient de "caméléon". Pour eux, Nicolas Sarkozy "n'a jamais eu de véritable substrat idéologique en matière économique". Libéral, il a un temps prôné des subprimes à la française ; interventionniste, il vole au secours des entreprises en difficulté, croyant, chaque fois, renouveler le coup d'Alstom ; ami des P-DG (ah ! le Fouquet's), il flirte aussi avec la CGT.
    Sarkozy schizophrène, comme le prétendent les auteurs ? Quatre ans après, en tout cas, son "message est brouillé". Quand il arrive en 2007 à l'Élysée, Sarkozy est attiré par la Grande-Bretagne (surtout celle de Margaret Thatcher) et ignore l'Allemagne. En fin de mandat, c'est tout le contraire. Élu en promettant de baisser les prélèvements obligatoires de 4 points, il a fait preuve d'une redoutable créativité pour inventer des impôts : taxe sur le poisson, les huiles de moteur, la copie privée des disques durs, la téléphonie et Internet, les sodas, les assurances... 
    " Les Français ont conscience que nous ne pouvons accumuler toujours plus de dépenses, plus de déficits, plus de dette et plus d'impôts. "
    Nicolas Sarkozy, 30 mars 2007
    L'acte économique fondateur du quinquennat, cela n'a pas échappé aux auteurs, c'est, bien sûr, la loi Tepa de l'été 2007. L'esprit en est limpide : il faut laisser les riches s'enrichir, car toute la société en profitera. Voilà comment arrivent les exonérations massives des droits de succession et le fameux bouclier fiscal, manière déguisée de réformer l'ISF. Voilà comment arrive aussi, en vertu du "travailler plus pour gagner plus", l'exonération d'impôts et de charges sur les heures supplémentaires, manière de contester les 35 heures. À ces mesures coûteuses s'ajouteront la pérennisation, l'augmentation ou la création de niches fiscales (exonération des plus-values sur les cessions de titres des entreprises, crédit impôt-recherche, TVA réduite pour les restaurateurs...). Le plus déconcertant, c'est que, dans une volte-face rare, le président va détricoter une partie de la loi Tepa. "Même au pays de l'instabilité fiscale, on n'avait jamais vu une majorité défaire en fin de mandat ce qu'elle avait voté à son arrivée."

    Le paradoxe de Bercy
    Tout aussi troublant, à aucun moment la question d'une baisse des dépenses n'est posée. Elles ne cesseront donc de grimper (de 52,4 % du PIB à 57 %, niveau exceptionnel pour un grand pays industrialisé). Sarkozy a conforté son image de "dépensier" acquise lors de son passage au Budget en 1993. Ses tentatives pour dompter le mammouth étatique n'ont ni connu de grands résultats ni ouvert de grandes perspectives. Il est vrai que le président lui-même ne donne pas l'exemple. Si - et les auteurs le soulignent - le budget de l'Élysée n'a jamais été aussi transparent, cela n'empêche pas les dérapages : voyages multiples avec des cohortes d'accompagnants, augmentation des effectifs, factures de travaux, service d'ordre à l'américaine...
    Plus sérieusement, la mesure emblématique consistant à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n'a pas produit de miracles comptables (264 millions d'euros net d'économies en 2009). Il est vrai que "plus de 80 % des économies sont allées non dans la poche du contribuable..., mais dans celle des fonctionnaires". Le "1 sur 2" pécherait par son côté aveugle : "La démarche est purement quantitative." Une critique que l'on retrouve pour la Révision générale des politiques publiques, qui ne s'interroge pas, comme l'ont fait le Canada et la Suède, sur l'utilité de certains services. Le dévoiement de ces bonnes intentions est illustré aussi par la fusion des deux services-phares de Bercy, la Direction générale des impôts (elle encaisse) et la Direction générale de la comptabilité publique (elle calcule).

    Politique budgétaire
    On ne compte plus les ministres qui se sont cassé les dents sur le projet. Beaucoup en avaient rêvé, Sarkozy, lui, l'a fait. Chapeau, l'artiste ! Pourtant, nos compères duPoint et de Marianne (ils ont la dent dure) ne lui en reconnaissent qu'un mérite relatif. La fin des bastilles de Bercy, écrivent-ils, "aurait pu être érigée en symbole de la rupture promise avant la campagne". Au lieu de cela, le gouvernement est très "discret sur le sujet". La raison ? Les économies attendues ne sont pas au rendez-vous. Car "le choix a été fait d'aligner les salaires des personnels vers le haut", ce qui, pour certains, a engendré des gains de 30 à 40 % "sans bouger de leur siège". Si les effectifs ont baissé, la masse des rémunérations, elle, a augmenté.
    "Le président a toujours été plus pragmatique que dogmatique", résume un haut fonctionnaire chiraquien cité par Delattre et Lévy. Ils expliquent de la sorte les deux bonnes surprises du mandat, la réforme des universités et la réforme sur les retraites, cette dernière n'ayant jamais été promise par le candidat Sarkozy. Tout au contraire : "Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer", déclarait-il. Les auteurs duUn quinquennat à 500 milliards expliquent l'activisme du président à propos des retraites par le besoin de l'Élysée d'accomplir en fin de mandat "un acte politique marquant" qui permet de faire apparaître la gauche comme ringarde. La stratégie marche plutôt bien. Au point, d'ailleurs, que le président cherche à refaire le coup avec la "règle d'or" sur les équilibres budgétaires, laquelle n'était pas non plus au programme. L'homme qui pèse 500 milliards n'a peur de rien. Car l'épisode de la Cades en dit long sur la conversion toute récente du président de la République à la vertu budgétaire. En octobre 2010, la Cades, caisse où l'on a pris l'habitude de loger les déficits de la Sécurité sociale, a été autorisée à emprunter 130 milliards d'euros supplémentaires. Créée par Alain Juppé en 1996, elle devait disparaître en 2009 (en même temps que sa recette, la CRDS, acquittée par tous les Français). Lionel Jospin avait repoussé l'échéance à 2014, Jacques Chirac à 2018. Sarkozy crève le plafond en passant à 2025. Dans la crise internationale, le "candidat de la rupture" a certes fait preuve d'esprit de décision et d'initiative, souligné dans le livre. En revanche, pour ce qui est de la politique budgétaire, "il n'a fait que marcher dans les traces de ses prédécesseurs". Cela ne vaut pas condamnation, concluent Delattre et Lévy. Même si le mandat est un "fiasco" économique, "à quelques mois de la présidentielle tout laisse à penser que le président sortant sera davantage jugé sur sa stature d'homme d'État que sur son bilan"

    500 milliards envolés en cinq ans...

    Merci, Monsieur le président
    Parmi les grands gagnants du dispositif Tepa pour les heures supplémentaires figurent les professeurs des classes préparatoires. Ils peuvent défiscaliser 30 000 euros sur un revenu annuel de 80 000.
    De 2007 à 2011...
    - le nombre de chômeurs a augmenté de 600 000.
    - le déficit budgétaire est passé de 2,7 % du PIB à 5,7 %.
    - le déficit commercial est passé de 39,2 milliards d'euros à 75.
    - l'endettement personnel des Français a crû de 100 milliards d'euros.
    0% : C'est l'évolution du " revenu disponible des ménages " en 2011, autrement dit du pouvoir d'achat.
    " Les Français ont conscience que nous ne pouvons accumuler toujours plus de dépenses, plus de déficits, plus de dette et plus d'impôts. " Nicolas Sarkozy, 30 mars 2007
    " Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer, de même que les 35 heures continueront d'être la durée hebdomadaire légale du travail. Que ce soit un minimum me va bien. " Nicolas Sarkozy, 23 janvier 2007
    128 291 euros Coût d'un déplacement de deux heures et demie dans l'Ain par le président de la République en 2008.

    "La politique est l'art de se servir des hommes en leur faisant croire qu'on les sert."

    Voltaire 

    PATRICK BONAZZALe Point