vendredi 15 novembre 2013

nous français, voulons tous être des "Christiane Taubira".



Nous français, tous des Nadine Morano*
13 NOVEMBRE 2013 | PAR SCRIBE16 pour « Médiapart »
Oui, nous français, voulons tous être des "Christiane Taubira".
Il en va de notre honneur.
«Nous sommes tous des métis, de culture, sinon de sang.
Il y a en nous du Caraïbe, de l'Indien, de l'Hindou pour certains, du Blanc, du Noir, du Jaune.
Nous sommes la préfiguration de l'homme de demain.
C'est une fierté.
Nous avons en nous toutes ces cultures, et rien ne nous interdit
De privilégier la négritude ou la francité.
Nul n'a forcé Édouard Glissant à écrire en français.
Nous sommes français et nous sommes autres.»
Hector Riviérez

Notre appartenance nationale nous le permet et nous y encourage. Nos principes constitutionnels, fruits de notre culture et de notre histoire, nous garantissent ce droit de se revendiquer comme telle.
L'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
nous protège de nous même en proclamant que
"tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits",
tandis que d'aucun souhaiteraient annihiler le concept même de racisme en supprimant le mot race de l'article 1er de la constitution qui "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion". Au regard de ces solides principes, garantis par le Juge Suprême, nous avons tous le droit de se vouloir être émotionnellement des "Christiane Taubira".
Or, sans le vouloir toujours consciemment, du moins pour la majorité d'entre nous, nous français sommes tous viscéralement des "Nadine Morano"*. Quand je dis "tous" j'entends bien tous pris individuellement, et tous formant un "tout national". Vous qui lisez ces lignes, vous qui en parlerez demain au café, vous qui souhaiterez me répondre, vous qui accepterez d'y réfléchir, vous qui resterez dans le déni, comme moi vous ne vous avourez jamais à vous même que c'est agaçant ces jeunes en survêt qui portent la casquette à l'envers ... Rien ne nous en empêche, voir tout nous y invite ...
Dans un article du 15 octobre dernier, Mediapart nous invitait à porter un regard neuf sur la question urgente du racisme en nous présentant un ouvrage étudiant l'impact du racisme sur ceux-là même qui le perpétuent, en posant la question de la blanchité. Ce n'est pas à Christiane Taubira ou à Harry Roselmak de parler du racisme en France. Le récit de leur expérience ne peut avoir aucune utilité sociale, sauf à permettre à certains d'entre nous d'apaiser nos tourments par un phénomène d'empathie envers les victimes. En revanche, se regarder "dans le blanc des yeux", se penser et se dire, en raison de notre "blanchité" vecteurs de la violence systémique raciste, nous grandiraient individuellement et en tant que Nation.
Les allemands et et les américains le savent. Les allemands ont construit des digues juridiques de protection contre eux-même. Les américains ont du se regarder en face et laisser leurs artistes, tels que Tarantino dans don film Django, exhorciser les douleurs.
Si cette prise de conscience reste encore à faire, elle ne dépend que de nous et n'a rien à attendre, ni de la plainte des victimes, ni de la garantie des pouvoirs publics.
De cette prise de conscience dépendra l'avenir
du Droit et de la Démocratie.
Il est temps.
Car les digues du non-dit ont lâché. Il ne reste plus rien.
"Reprenons la parole. Reprenons-la à ceux qui nous saoulent, qui nous étourdissent, avec leurs bavardages, leurs radotages nombrilistes.
Reprenons la parole, sinon nous serons prisonniers de ce haut rideau d’épines et nous serons derrière des acteurs à la langue coupée…"


René Char.
"Reprenons la parole. Reprenons-la à ceux qui nous saoulent, qui nous étourdissent, avec leurs bavardages, leurs radotages nombrilistes.
Reprenons la parole, sinon nous serons prisonniers de ce haut rideau d’épines et nous serons derrière des acteurs à la langue coupée…"


René Char.
"Reprenons la parole. Reprenons-la à ceux qui nous saoulent, qui nous étourdissent, avec leurs bavardages, leurs radotages nombrilistes.
Reprenons la parole, sinon nous serons prisonniers de ce haut rideau d’épines et nous serons derrière des acteurs à la langue coupée…"


René Char.


*Les médias rendent fous ceux qui en usent et en abusent. C’est apparemment ce qui vient d’arriver à Nadine Morano. A ce stade, ce n’est même plus une rechute. 

Interrogée ce matin sur RTL, en qualité de…on ne sait plus trop quoi d’ailleurs, l’ancienne ministricule de Nicolas Sarkozy qui est à la pensée politique ce que Nabila est à la métaphysique kantienne et qui manie autant la claque que le cloaque compare Marianne à …Minute. 

A l’origine de cette brillante analyse qui montre, au passage, les dégâts engendrés quand deux neurones s’entrechoquent, : la « une » du torchon d’extrême-droite sur Christiane Taubira. 
C’est qu’elle est gênée pour en parler de cette « une » Morano. L’année dernière encore, elle s’exprimait dans Minute  en nourrissant le vain espoir de défendre son siège. La harengère de Nicolas Sarkozy était, en effet, en ballotage défavorable dans sa circonscription de Meurthe-et-Moselle. 

Elle pensait ainsi intéresser par son déhanchement éditorial les électeurs du Front national, l’aguiche Lorraine : « Comme pour le second tour de la présidentielle où l’ensemble des patriotes devaient voter pour la droite, j’appelle tous les électeurs – dont ceux du FN – à se reporter sur ma candidature et sans état d’âme, car il en va de l’avenir de la France. ». Confondre l’avenir de la France et le sien, est-ce grave docteur ? 

Exhibitionnisme raté. Morano fut renvoyée non pas à ses chères études mais c’était oublier que même au FN de Marine Le Pen, « Minute » n’a pas bonne presse comme l’a rappelé récemment Louis Aliot. 

Dans la bataille des législatives, cet épisode était (presque) passé inaperçu. Il anticipait pourtant ce qu’on voit se mettre en place jour après jour : une fraction de ce qui fut l’UMP de Juppé trouve stratégiquement « malin » de déborder le FN sur sa droite. Et il faut reconnaître qu’ils y réussissent très bien. 



Interrogée donc ce matin sur cette « une » de Minute. Morano commence par se tortiller : Raciste ? « Stupide » , répond-elle. Racisme ? « Les tribunaux le diront ». Avant de faire le service minimum en concédant que « sous couvert d’humour ( ?), cette expression [du journal] est une forme de racisme ».  

Regrette t-elle l’entretien accordé à Minute ? Que nenni ! Mais elle  se rappelle alors d'un autre titre qui l'avait à l'époque « beaucoup choquée ». A l'été 2010, Marianne avait consacré son numéro du mois d'août à Nicolas Sarkozy, qualifié de « voyou de la République ». Comprenez la « logique » moranesque : les deux couvertures  la choquent. 

Donc, les deux sont condamnables. 
Donc, s’attaquer à un président de la République qui traîne non pas des casseroles mais une batterie de cuisine derrière lui et qui instrumentalise en permanence la peur de l’Autre, équivaudrait à du racisme. 

Au fond, à son niveau (celui où l’on a plus besoin de forer pour trouver du gaz de schiste), Morano fait du Copé : 1. On relativise. 2. On part à la cueillette des voix dans les bois sans se préoccuper des champignons vénéneux. Ceux qu’absorbent Nadine Morano sont plutôt hallucinogènes. Dites moi Nadine, c’est qui votre fournisseur ?...
 
JOSEPH MACÉ-SCARON - MARIANNE

mardi 12 novembre 2013

"Infliger des souffrances aux pauvres" : ce que voudrait Standard and Poor's

Perte du triple A : 

et si ce n’était pAAAs grave

l y a quelques mois, seuls quelques initiés scrutaient les notes des Etats.
Aujourd'hui, beaucoup leur accordent une importance cruciale. A tort.
Rien n’est plus dangereux que l’influence
des intérêts privés dans les affaires publiques,
& l’abus des lois par le Gouvernement
est un mal moindre que la corruption du Législateur,

                                       J. J. Rousseau

           Dégradation de la note: un Nobel au secours de l'exécutif

Et si « le couperet » tombait dans la nuit de mercredi à jeudi ? Et si la France perdait son précieux sésame vendredi ? Depuis quelques jours, les rumeurs s’accumulent sur la possibilité d’une perte du triple A français, relayées à grands renforts de termes anxiogènes. Mais, une dégradation serait-elle vraiment dramatique pour la France ? Beaucoup d’éléments laissent penser le contraire.

A quoi servent les agences ?

Pour le comprendre, revenons d’abord sur ce que veut dire cette (désormais) fameuse note souveraine et sur le rôle de ces (désormais) très fameuses agences de notation.
Les premières agences ont été créées au 19ème siècle, pour répondre aux besoins des investisseurs. En effet, un investisseur est une personne ou une entreprise qui a de l’argent à placer. Elle ne veut pas le perdre, et cherche donc à en savoir le plus possible sur la fiabilité des pays ou des entreprises qui empruntent. A l’époque, de nombreuses lignes de chemins de ferétaient créées et empruntaient beaucoup.
Mais les investisseurs étaient fort marris, puisqu’ils peinaient à distinguer les entreprises fiables des boîtes proches de la banqueroute. Les agences de notation ont donc commencé à juger et noter les entreprises en fonction de leur solidité, et donc du risque qu’elles ne remboursent pas leurs emprunts. Les investisseurs prêtaient ensuite à taux plus ou moins élevé en fonction de la note adressée. D’où l’importance de ces notes : moins bonne est votre note, plus cher sera votre emprunt.

« Les marchés » s’intéressent peu aux notes des pays

Mais, retour en 2011, la finance a beaucoup changé depuis. Les sommes en jeux sont énormes, les Etats, les départements et même les villes sont maintenant notées et les sources d’informations sont bien plus variées. « Les marchés » - puisque c’est le nom que l’on donne aujourd’hui aux investisseurs - prennent en compte la note, mais aussi une multitude d’autres données, jusqu’auxmœurs des dirigeants pour fixer les taux d’emprunts. Si bien que deux pays ayant la même note peuvent se voir accorder des prêts à des taux très différents.
Ainsi, ce jeudi 15 décembre, la France - pourtant notée triple A - emprunte à dix ans à un taux beaucoup plus élevé (3,27%) que les Etats-Unis (1,92%) qui ont eux perdu leur fameux AAA. Les taux ont même baissé dans ce pays après la dégradation de leur note, comme ce fut le cas pour la Nouvelle-Zélande. Qu’on s’entende bien, le taux d’emprunt est crucial. Quand celui-ci augmente d’un seul pour-cent, les intérêts de la dette française s’accroissent de 2,5 milliards d’euros par an. Mais le triple A n’a plus rien d’un « précieux sésame », il n’est plus qu’un symbole.

Le débat est ailleurs

En France, les taux ont grimpé petit à petit depuis plusieurs mois, indépendamment de la note du pays. La France emprunte aujourd’hui comme un pays mal noté. Ainsi, à moins d’un scénario catastrophe voyant la France être le seul pays européen à être dégradé et/ou avoir sa note rabaissée de plusieurs crans au lieu d’un seul, les taux devraient rester aussi élevés qu’aujourd’hui.
Au lieu de se passionner pour ces notes, mieux vaudrait donc se demander pourquoi la France emprunte à taux plus élevé, et pourquoi les États-Unis empruntent à taux bas. En clair, pourquoi les investisseurs croient davantage en les États-Unis qu’en l’Europe.
L’un des éléments de réponse réside justement dans les rapports des agences de notation, estime Pascal Canfin, député européen Europe Ecologie - Les Verts, spécialiste de la finance européenne. « Elles mettent en garde en tête de leurs craintes une récession généralisée, qui empêche les États de réduire réellement leurs déficits. » La France comme l’Europe ont pris le parti - au nom justement de la défense des notes souveraines - d’une course à l’austérité pour réduire les déficits au risque de plonger dans la récession. Les États-Unis ont eux décidé de faire tourner la planche à billets. Nos créanciers préfèrent largement la seconde solution. Il est temps de penser à un plan B.

"Infliger des souffrances aux pauvres" : ce que voudrait Standard and Poor's

Pour l'économiste Paul Krugman, Standard and Poor's reproche surtout à la France d'augmenter les impôts des plus riches plutôt que de les baisser

C'est une expertise qui devrait faire plaisir au gouvernement. Dans une note sur son blog, Paul Krugman, Prix Nobel d'économie en 2008, minimise la dégradation de la note de la France par Standard & Poor's. "Il faut continuer de dire que les agences de notation n'ont aucune - je dis bien aucune - information spéciale sur la solvabilité nationale, surtout celle de grands pays comme la France", développe le spécialiste sur ce site hébergé par le New York Times. "Ne prenez pas cette dégradation comme la démonstration que quelque chose dysfonctionne vraiment dans l'État français. Il s'agit bien plus d'une idéologie que d'une analyse économique défendable", ajoute Paul Krugman. "Pourquoi cette dégradation ? S&P affirme que le pays n'a pas mené les réformes qui vont permettre de créer de la croissance à moyen terme", estime l'expert. "Mais que savons-nous vraiment des réformes économiques qui vont créer de la croissance, et combien cette croissance va générer ? La réponse est pas grand-chose !" poursuit-il.
Non à la "rhétorique apocalyptique"
Dans une seconde note, il indique : "La France n'est certes pas dépourvue de problèmes, mais la question importante est pourquoi cette nation qui renconntre assez peu de soucis suscite l'intérêt des agences de notation et autant de rhétorique apocalyptique..." D'une seule voix, le gouvernement a défendu ses réformes après la décision de S&P. Arnaud Montebourg, plus incisif, a qualifié les agences de notation de "garçons en culottes courtes". L'opposition a quant à elle invité l'exécutif à "prendre acte" de "l'échec de sa politique".