jeudi 6 avril 2017

Le lent cheminement vers le fascisme

À en croire les sondages, ce qui demeure aléatoire, plus de 40% des électeurs ne verraient aucun inconvénient à voter pour deux candidats qui refusent de se soumettre à la justice et vomissent, chaque jour, leur haine de la presse, très inquiétant...

A trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, il est une constatation qui s’avère désolante, déprimante et inquiétante. Il est bien évident qu’il faut considérer les sondages avec une grande circonspection, car ils tiennent parfois de la manipulation plus que de l’étude scientifique rigoureuse et fiable. Néanmoins dans l’hypothèse où ces mêmes enquêtes reflèteraient une réalité tangible, les chiffres qui sont jetés en pâture presque quotidiennement ont quelque chose de proprement ahurissant, non pas sur les perspectives de cette élection mais sur l’état d’esprit d’une partie de l’électorat. Ainsi, donc, entre 40% et 42% des électeurs potentiels, soit 18.880.000 sur les 44.834.000 recensés au 1er mars 2016, s’apprêteraient à accorder leurs suffrages aux deux délinquants de cette élection présidentielle.
En d’autres termes deux candidats, qui ont des comptes à rendre devant la justice républicaine et qui, au lieu de s’y soumettre, comme doit le faire tout citoyen, et de se retirer d’une élection qu’ils salissent de leur présence,  se sont lancés dans un frénétique repli qui consiste à dénigrer la justice et, lors de chaque meeting, à faire huer les journalistes, deux faits gravissimes dans une démocratie.
Ces choix et ces comportements relèvent tout simplement du fascisme. Puisque les faits avérés ne peuvent être contestés, l’option qu’ils ont prise est de dénigrer le messager, en l’occurrence le journaliste, et de le menacer et, par la même occasion de nier toute autorité à la justice. Le candidat de la droite et du centre répète à l’envi que ce sont les électeurs qui décideront, en lieu et place des juges dans son esprit. Ce type de langage et d’attitude ne constitue pas une surprise et illustre ce que George Orwell disait du langage politique, “Political language is designed to make lies sound truthful and murder respectable, and to give an appearance of solidity to pure wind. ” ,                 
« le langage politique est conçu pour que les mensonges paraissent vrais et le meurtre respectable, et pour donner une apparence de consistance à ce qui n’est que du simple vent. »
Mais que près de la moitié d’un électorat ne voit aucun problème moral et éthique à voter pour un candidat mis en examen pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de biens sociaux, trafic d’influence, manquement aux obligations déclaratives, escroquerie aggravée, faux et usage de faux et pour une candidate soupçonnée d’avoir détourné des fonds publics nationaux, par le biais de ses micro-partis, et des fonds de l’Union Européenne, sur laquelle elle vomit quotidiennement, par le biais d’emplois fictifs non seulement sidère la presse des autres démocraties européennes, mais aussi interroge tragiquement sur la mentalité et la moralité de ce même électorat. Il convient de considérer une autre phrase de George Orwell  qui fait florès ces derniers temps sur les réseaux sociaux, people that elect corrupt politicians, imposters, thieves and traitors are not victims... but accomplices,
« les gens qui élisent des politiciens corrompus, des imposteurs, des voleurs et des traîtres ne sont pas des victimes…mais des complices. »


Affaire Fillon : et maintenant des menaces de mort

Le mépris et la haine sont sans doute les écueils dont il importe le plus aux princes de se préserver.
        On ne doit jamais laisser se produire un désordre               pour éviter une guerre ;
car on ne l'évite jamais, on la retarde à son désavantage.
   Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois,      l'autre avec la force.
La première est propre aux hommes,  
l'autre nous est commune avec les bêtes.

Machiavel "Le prince"



                          

 Des lettres anonymes ont été adressées à des  collaborateurs de François Hollande.                               François Fillon, pour sa part,                                                  lance de nouvelles accusations sans preuves.   

   Baptiste Legrand "L'Obs" 

Des menaces de mort ont été adressées au secrétaire général adjoint de la présidence, Thomas Cazenave, ainsi qu'au conseiller en communication du chef de l'Etat, Gaspard Gantzer, a indiqué l'Elysée ce mercredi, confirmant des propos rapportés par "Le Parisien". "Des collaborateurs de l'Elysée ont reçu des lettres anonymes de menace de mort" après les accusations de François Fillon sur l'existence supposé d'un "cabinet noir", affirme l'entourage du président.
Ce n'est pas un hasard si l'Elysée a choisi de communiquer sur ces menaces de mort. Il s'agit d'une réponse directe à François Fillon, qui quelques instants plus tôt, sur France Inter, franchissait un nouveau pas dans sa stratégie complotiste. Une manière, pour la présidence de la République, d'appeler à la responsabilité un candidat qui manie accusations sans preuves et sous-entendus.
Car non content de se dire victime d'un supposé complot, le candidat LR à la présidentielle est passé aux menaces :
"Ça fait deux mois et demi qu'on m'empêche de faire ma campagne. Et j'ai toutes les indications qui me permettront le moment venu de poursuivre ceux qui ont fait ça. Parce qu'il ne faut pas croire que je vais lâcher les accusations que j'ai lancées contre ceux qui ont déclenché cette opération", a lancé Fillon sur France Inter.
"J'ai les dates, les jours, les personnes qui ont communiqué les documents, etc. Ça viendra, le moment venu je poursuivrai tous ceux qui sont à l'origine de cette affaire."
Est-ce François Hollande qui a déclenché l'affaire ? "Oui, bien sûr", a répondu Fillon, mis en examen pour détournement de fonds publics dans l'affaire des emplois présumés fictifs de son épouse.
Si Fillon dispose vraiment des "dates", "jours", "personnes", pourquoi ne porte-t-il pas plainte ? Pourquoi ne les communique-t-il pas ?

"C'est faux", a commenté l'Elysée auprès du "Parisien", "s'il avait la moindre preuve ; il l'aurait déjà produite."
Une remarque qui vaut aussi pour le travail de Penelope Fillon, dont on se demande toujours ce qu'elle a bien pu réaliser comme travail effectif, lorsqu'elle était rémunérée en tant qu'assistante parlementaire de son mari, puis du député Marc Joulaud, et simultanément pour un deuxième emploi (lui aussi à temps complet) à la "Revue des deux mondes".

"Il n'y a jamais eu de cabinet"

Invité sur France Info, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a lui aussi vertement répondu à François Fillon :
"Cela suffit, cette manière de faire de la politique, c'est diffamatoire [...] il n'y a jamais eu de cabinet, ni noir, ni blanc, ni gris, ni jaune, jamais !".
"La justice, et ça François Fillon ne veut pas l'accepter, a été indépendante dans la conduite des affaires judiciaires, c'est un acquis de ce quinquennat."
"Cette manière de faire de la politique n'est pas à la hauteur de l'engagement d'un homme politique qui entend gouverner un pays", a insisté le ministre de l'Agriculture.
La stratégie de communication de François Fillon - victimisation et stigmatisation des médias – s'est traduite par quelques incidents durant ses meetings, où des journalistes ont été pris à partie par des militants.
"Le Canard enchaîné", qui a révélé l'affaire des emplois fictifs, a lui aussi reçu des menaces de morts. Exemple, cité par l'hebdo le 1er mars : "Dernier avertissement, il n'y aura pas de survivants."
"II y a des pays où les hommes politiques appellent au calme, et il y a la France", commentait alors le journal satirique.