Le retrait du Pacte mondial sur la
migration, samedi, n’est que le dernier exemple en date de la politique
isolationniste de Trump.
« Nos décisions sur les politiques d’immigration doivent toujours être prises par les Américains et les seuls
Américains. » C’est ainsi que l’ambassadrice des Etats-Unis aux
Nations Unies a justifié samedi 2 décembre son retrait du Pacte mondial
pour la gestion des migrants et réfugiés. Depuis un an, ce principe
de « l’Amérique d’abord » a déjà conduit le président américain
Donald Trump à se retirer de plusieurs accords internationaux majeurs ou à
les critiquer dans de nombreux domaines.
Critique générale des Nations unies. M. Trump
demande une réforme de l’ONU dont il dénonce « la bureaucratie » et la « mauvaise gestion » alors que Washington est le premier contributeur
financier de l’organisation. Jeudi, l’ambassadrice américaine Nikki Haley a
souligné que Washington poursuivrait l’évaluation de son « niveau d’engagement » au sein de « toutes les agences du système des Nations
unies ».
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Retrait du Pacte sur les
migrants. En septembre 2016, les 193 membres
de l’Assemblée générale de l’ONU avaient adopté à l’unanimité un texte appelé
Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants qui vise à améliorer à
l’avenir leur gestion internationale (accueil, aide aux retours…). Il
devait servir de
base pour créer un
Pacte mondial sur les migrants et réfugiés
en 2018. La mission américaine auprès de l’ONU a annoncé samedi que les
Etats-Unis mettaient fin à leur participation à ce pacte car la déclaration
adoptée « comprend plusieurs dispositions qui sont incompatibles
avec les politiques américaines d’immigration et de réfugiés et les principes
édictés par l’administration Trump en matière d’immigration ».
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Retrait de l’Unesco. Les Etats-Unis ont annoncé le 12 octobre qu’ils se retiraient de
l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
(Unesco), accusant l’institution d’être « anti-israélienne ».
Les Etats-Unis conserveront un statut d’observateur jusqu’à leur retrait
effectif à la fin 2018.
Séparation des familles de migrants aux Etats-Unis
Le président américain a revendiqué lundi son extrême fermeté aux frontières malgré le tollé provoqué par la séparation de plus de 2 300 mineurs arrachés à leurs parents sans papiers.
Democrats are the problem. They don’t care about crime and want illegal immigrants, no matter how bad they may be, to pour into and infest our Country, like MS-13. They can’t win on their terrible policies, so they view them as potential voters! (Les démocrates sont le problème. Ils se fichent du crime et veulent que les immigrants illégaux, aussi mauvais qu'ils soient, se déversent dans notre pays et l'infestent, comme MS-13. Ils ne peuvent pas gagner sur leurs politiques terribles, alors ils les considèrent comme des électeurs potentiels!)
Pour illustrer son propos, il a agité le spectre
de la crise migratoire en Europe, n’hésitant pas à prendre parti contre la
chancelière allemande Angela Merkel dans la crise politique qui menace
sa coalition. “Le peuple allemand est en train de se retourner contre ses
dirigeants sur l’immigration […]. La
criminalité en Allemagne est très en hausse […]. Nous
ne voulons pas que ce qui se passe avec l’immigration en Europe se passe aussi
chez nous !”
Tenant le cap malgré le déluge de
critiques, Donald Trump assumait toujours, mardi 19 juin, sa
politique de « tolérance zéro » aux
frontières, appelant les républicains à avancer sur une vaste
réforme de l’immigration qui mettrait fin aux séparations des familles de
clandestins tout en finançant son mur à la frontière avec le Mexique.
Entre
le 5 mai et le 9 juin, 2 342 jeunes migrants ont été
séparés de leur famille, fuyant pour la plupart la violence qui ronge
l’Amérique centrale. La politique du président états-unien prévoit que tous les
clandestins franchissant illégalement la frontière soient poursuivis au pénal.
Or les enfants ne peuvent pas être incarcérés, et sont donc séparés de leurs parents.
Les précédents gouvernements avaient privilégié des poursuites au civil, ce qui
évitait ces situations.
« Tant que l’administration Trump
continuera cette politique inhumaine, la Virginie n’assignera aucune ressource
à des opérations de surveillance de la frontière qui pourraient activement ou tacitement participer à une telle politique », a pour sa part
fait savoir le gouverneur démocrate Ralph Shearer Northam.
A l’étranger, le Mexique condamne
« Je
veux au nom du gouvernement et du peuple mexicain exprimer la plus
catégorique et énergique condamnation de cette politique cruelle et
inhumaine », a déclaré le ministre des affaires
étrangères mexicain, Luis Videgaray, mardi, en conférence de presse. « Nous lançons un appel au
gouvernement américain, au plus haut niveau, pour qu’il reconsidère cette
politique et donne priorité au bien-être et aux droits des petits garçons et
petites filles, indépendamment de leur nationalité et de leur situation
migratoire », a déclaré M. Videgaray.
Le Canada est « interloqué »
Au nord, le Canada est « interloqué » par la séparation des
familles de migrants qui entrent clandestinement aux Etats-Unis, a dit mardi le
ministre de l’immigration, Ahmed Hussen, notant qu’Ottawa « surveille » le respect du droit d’asile
par les autorités américaines. « Ce
qui se passe aux Etats-Unis est tout simplement inacceptable », a même ajouté
Marc Garneau, ministre des transports, s’exprimant lui aussi devant les députés
fédéraux.
Le Guatemala a lui aussi exprimé
mardi sa « préoccupation » face aux séparations de
familles arrivant clandestinement aux Etats-Unis. Le Chili également, par la
voix de son ministre des affaires étrangères, Roberto Ampuero, a dénoncé mardi
la politique du président Trump.
Les médiateurs des droits de
l’homme du Mexique, de Colombie, d’Equateur, du Guatemala et du Honduras ont
demandé à la Cour interaméricaine des droits de l’homme d’intervenir pour stopper cette
politique « dangereuse ».