vendredi 17 juin 2016

Vive la République, vive la Révolution, vive Robespierre

Au dernier Conseil de Paris, mon vœu demandant que soit donné à une rue dans Paris le nom de Robespierre         a été rejeté, non sans lâcheté et inculture de la part de la majorité de l’assemblée. La demande a soulevé un flot de réponses outragées voire insultantes de personnalités du monde médiatique ou intellectuel.

 Par cette note, j'essaie d'apporter quelques réponses argumentées ...Cette démarche, qui avait déjà été formulée par mon camarade Alexis Corbière sous l’ancienne mandature, mais aussi par George Sarre et d'autres, et avait même été votée à la Libération par le Conseil de Paris avant d'être annulée par un autre vote de la droite à l’époque, était soutenue par une trentaine d'historiens.  
Ceux-ci jugeaient incompréhensible l'oubli par la Ville de Paris d'un personnage clé de notre Histoire et de la Grande Révolution qui a vu naître la République. Pourtant, le vœu a été rejeté, non sans lâcheté et inculture de la part de la majorité de l’assemblée, à l’exception du groupe communiste et de quelques élu-e-s socialistes.
La demande a soulevé un flot de réponses outragées voire insultantes de personnalités du monde médiatique ou intellectuel, autant de gens « raisonnables », qui se sont hâtés d'expliquer qu'en demandant d'honorer Maximilien Robespierre, j'adulais un coupeur de têtes et un dictateur sanguinaire.
Pourquoi donc cette demande d'une reconnaissance de Robespierre, appuyée pourtant de manière raisonnée et argumentée par de nombreux scientifiques, a-t-elle provoqué une telle levée de boucliers ? A travers lui, c'est toujours la Grande Révolution qui est attaquée. Une raison de plus pour ne rien lâcher dans ce combat d'idées !
Par cette note, j'essaie d'apporter quelques réponses argumentées, et de décrire cette emprise de l'idéologie contre-révolutionnaire sur le débat public et politique. N'ayons pas peur, en célébrant Robespierre, de cliver : car c'est ainsi que l'on crée la conscience.






Qu'est-ce que la "Grande Terreur " ? Il s'agit d'une période de deux mois du 10 juin au 27 juillet 1794, qui a causé la mort de 1366 personnes. Il ne s'agit évidemment pas de défendre la peine de mort, que je combats radicalement (comme Robespierre, d'ailleurs). Mais ces morts sont bien moins nombreux que les violences, massacres, exécutions sommaires auxquels s'adonnaient les Rois de France, souvent pour défendre leur pouvoir personnel et leur ordre social inégalitaire et féodal. Et les exécutions sommaires, violences et mesures de Terreur vont continuer après la mort de Robespierre.                                       Le nombre d'exécutions a d'ailleurs fortement augmenté en juin 1794, quand Robespierre quitte le Comité de Salut Public. 
L'historien Albert Mathiez le décrit ainsi comme celui qui « a représenté dans la Terreur la mesure, l'indulgence, l'honnêteté ». Il faut aussi replacer ces événements dans le contexte d'une société en guerre extérieure (et Robespierre avait farouchement milité pour la paix, en fustigeant les “missionnaires armés”, à la différence de Danton) et en guerre civile, où la Révolution et la République étaient menacées, et où le retour des rois, qui était une menace réelle, concrète et immédiate, aurait sans nul doute provoqué des massacres de révolutionnaires d'une ampleur tout autre que la Terreur. Pour finir sur cet argument, rappelons que Thiers fut responsable lors de la Semaine Sanglante en 1871 de 10 à 20.000 exécutions sauvages de communard-e-s, et qu'il y a néanmoins une rue Thiers à Paris (dans le 16e arrondissement).
Dès le début de la IIIe République, « le consensus républicain sur la Révolution française, au début de la IIIe République, s'est fondé sur l'exclusion de Robespierre du Panthéon des grands hommes de la décennie 1789-1799 ». Et pour quelle raison ? Parce qu'il « préconisait un impôt progressif sur le revenu », dans un idéal d'Egalité sociale qui, de Thermidor jusqu'à aujourd'hui, effraie plus que tout ceux qui gouvernent. C'est sans doute la raison première des flots de boue sous lesquels ils essaient d'ensevelir Robespierre, pour nous le faire détester.
La Révolution française serait l’ancêtre des totalitarismes, le point de départ de toutes les dictatures. C’est une insulte faite à notre histoire : c’est oublier que la Révolution fut le point de départ de l’émancipation du peuple, du combat pour la liberté de toutes et tous, pour l’égalité politique comme l’égalité sociale, de la fraternité, de l’idéal d’une République, qui est encore inachevé, comme la décrit Jaurès. Robespierre fut au cœur de tous ces combats. C’est d’ailleurs lui qui formula le premier le triptyque Liberté - Egalité - Fraternité.      Il fut un précurseur de tous les idéaux d’émancipation, et une figure centrale du gouvernement révolutionnaire qui hérita d’une situation catastrophique, d’une guerre qu’il n’avait pas voulue, et la prit en main avec probité et avec pour seul guide de son action la sauvegarde de la République et de la souveraineté du peuple. Soit, en somme, l’inverse du “totalitarisme” dont il est injustement (et absurdement) accusé d’être l’ancêtre. 
Élu député à la Constituante (1789-1791), puis à la Convention (élue au suffrage universel masculin) en septembre 1792, Robespierre est ensuite membre du Comité de Salut Public, qui détient le pouvoir exécutif. Ce comité est réélu chaque mois, et rend compte chaque semaine de son action devant la Convention. Au sein du Comité, Robespierre est certes une figure importante, mais il ne détient jamais aucun pouvoir personnel… 
Il le faudra que soit reconnue l’action de ce grand homme d’Etat qui fit tant pour notre patrie républicaine et pour l’émancipation de notre peuple, qui fut souvent très seul à défendre le suffrage universel,  l’attribution de la citoyenneté française aux Juifs, l’abolition de la peine de mort, l’abolition de l’esclavage, l’égalité politique et sociale, qui lutta contre la guerre, pour l’implication du peuple dans la vie de la cité, etc.
“Personne n’aime les missionnaires armés”, argumentait-il contre la guerre, et cela devrait faire rougir nos va-t-en-guerre contemporains qui prétendent vouloir imposer aux peuples la liberté par les armes et déstabilisent des régions entières, faisant le terreau de Daech pour imposer après coup l’état d’urgence et son régime d’exception. .
Défendant l’impôt progressif, il disait : “En matière de contributions publiques, est-il un principe plus évidemment puisé dans la nature des choses et dans l’éternelle justice, que celui qui impose aux citoyens l’obligation de contribuer aux dépenses publiques, progressivement, selon l’étendue de leur fortune, c’est-à-dire selon les avantages qu’ils retirent de la société ?”... Quoi de plus actuel alors qu’on vient de voir démontré que le plafonnement de l’ISF défendu par Hollande a été 2 fois plus favorable aux plus riches que l’injuste “bouclier fiscal” de Sarkozy ?
Enfin, dans sa probité légendaire l’Incorruptible écrivait en janvier 1793 : “Nous avons bien des préjugés à vaincre, avant de concevoir seulement que la source de toutes les mauvaises lois, que l’écueil de l’ordre public, c’est l’intérêt personnel, c’est l’ambition et la cupidité de ceux qui gouvernent.”... 
Qui peut s’étonner que de telles paroles heurtent l’oligarchie qui nous gouverne ? Voilà sans doute, aussi, pourquoi elle met tant d’énergie à calomnier Robespierre !

jeudi 16 juin 2016

Nicolas Sarkozy « devrait prendre acte » que pour lui « c'est fini »....

L’ancien président du Conseil constitutionnel
tacle l’ex-chef de l’Etat dans une interview au Point.
Nicolas Sarkozy « devrait prendre acte » que pour lui « c'est fini ». Jean-Louis Debré, l'ancien président du Conseil constitutionnel, tient des propos très durs envers l'ex-chef de l'Etat dans une interview au Point parue ce jeudi.
« Nicolas Sarkozy nous joue l'éternel revenant qui s'accroche. Il devrait prendre acte que pour lui, aujourd'hui, c'est fini », déclare-t-il dans l'hebdomadaire . « Quant on veut être président de la République, on doit avoir le sens de l'Etat. Et Sarkozy ne l'a pas », poursuit l'ancien ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac, dont le contentieux avec Nicolas Sarkozy remonte à la campagne pour la présidentielle de 1995.
Pendant neuf ans, Jean-Louis Debré a tout vu, tout entendu, tout noté, explique Le Point. Dans son livre « Ce que je ne pouvais pas dire » (Robert Laffont), journal de sa présidence du Conseil constitutionnel dont l'hebdomadaire publie des extraits, son jugement est tout aussi radical :
« Rien ne m'étonne plus de Sarkozy. Il n'a aucun sens de l'Etat. C'est un chef de clan auquel il est interdit de résister, surtout au nom du droit ».

« Il a été décidé qu’on reparlerait, dès les petites classes, d’éducation civique,

d’honnêteté, de courage, de refus du racisme et d’amour de la République.

Il est dommage que l’école ne soit fréquentée que par les enfants. »

André Frossard

Evoquant la réforme de 2008 qui a modifié en profondeur la Constitution, Jean-Louis Debré affirme que « Sarkozy était prêt à tout casser, par caprice, parce qu'il avait envie de s'exprimer devant le Congrès ». Selon lui, « la Ve République a été brisée par cette réforme », car « les institutions ne fonctionnent plus ». « A droite, la crise est pathétique. Les candidats à la primaire proposent tous la même chose et ne cessent de se dénigrer entre eux », « en face, au PS, ils prennent un malin plaisir à se combattre ». Les suspectes dépenses du président Sarkozy, La multiplication par cinq du budget alloué à l'action politique du parti suscite des interrogations au sein même des Républicains.

« Au sommet de l'Etat, certains se croient tout permis », s'insurge par ailleurs Jean-Louis Debré : « J'ai vu des choses inouïes au Conseil constitutionnel. Par exemple, un ancien membre a pu racheter sa voiture officielle pour un euro symbolique en quittant son poste. Et il a continué à nous envoyer ses contraventions après son départ... »

Interrogé sur ses rapports avec François Hollande,  Jean-Louis Debré affirme que les contacts qu'il a eus avec lui « ont toujours été faciles ».

mercredi 15 juin 2016

Unidos Podemos Cette Espagne qui vient

Alors que la déflation suit son cours au sein de la quatrième économie de la zone euro,
quand 1,4 millions de foyers sont régulièrement victimes de coupures d'eau, d'électricité ou de gaz, plan détaillé sur les propositions de Unidos Podemos en vue des élections générales du 26 juin, point d'ancrage pour un éventuel Front Populaire ces prochains mois.

Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté,

 doit commencer par leur garantir l'existence. 

Léon Blum


Le 8 juin dernier, Carolina Bescansa, cofondatrice de Podemos, invitait la presse pour médiatiser le programme de Unidos Podemos. Si le format copie clairement celui d'un célèbre catalogue, le fond, environ 400 propositions, prétend répondre à six années de disette budgétaire.      Pour l'image, la maison de la sociologue a en partie servi de cadre.       Pour le reste, soit l'essentiel, ces points de programme ont été élaborés depuis les cercles citoyens et reprennent donc ceux présentés lors de la précédente campagne. Une annexe d'une vingtaine de pages jointe en fin de document authentifie l'accord programmatique passé avec Izquierda Unida

Tout d'abord, Unidos Podemos propose d'engager l'État dans un processus européen visant la constitution d'une agence de régulation financière commune aux Étas membres, pour, notamment, enrayer le secret bancaire dans les paradis fiscaux. 
Dans le domaine de la Recherche, UP propose de nouveaux statuts pour les chercheurs, leur garantissant une carrière fructifère, basée sur le mérite, ainsi que la création par l'État de Centres d'Innovation Citoyenne, qui seraient gérés conjointement par les municipalités et les universités concernées, de bourses et de concours supplémentaires, tant pour les élèves que pour les entreprises souhaitant investir dans la transition énergétique, et l'éventuel rapatriement des cerveaux émigrés dans le cadre d'un plan d'innovation technologique et scientifique.
En ce qui concerne la Justice, Unidos Podemos souhaite dans un premier temps l'abrogation de la Loi 4/2015, dite loi "Mordaza" dans le langage courant (loi du bâillon). Il s'agit d'une loi sur la sécurité et la protection civile instaurée par le PP. Vigoureusement critiquée, notamment dans le cadre des mouvements sociaux, elle interdit, par exemple, tout rassemblement citoyen autour du Parlement ou du Sénat, les sit-in, blocages et occupations, la prise d'image des forces de l'ordre, ainsi que toute tentative d'interférer sur l'expulsion d'un locataire par un propriétaire. Par rapport aux hypothèques, UP souhaite offrir la possibilité d'une seconde chance aux locataires et aux propriétaires susceptibles d'être délogés ou expropriés, notamment à travers de la régularisation de la dation en paiements rétroactifs et la réduction voire l'annulation de la dette quand il y a départ du logement. Par ailleurs, UP souhaite légiférer sur la possibilité de déclarer un bien immobilier insaisissable si considéré comme lieu de résidence unique et d'occupation permanente, ainsi que sur l'impossibilité de recourir à une expulsion sans proposition d'habitat alternatif.
UP propose ensuite d'améliorer les standards actuels dans le domaine de l'assistance juridique (qu'elle soit publique et gratuite), de créer une Agence de Protection des Consommateurs et un Bureau des Droits Humains, de mettre en place une loi qui garantisse et facilite la liberté d'expression et de réunion, et de rendre les amendes proportionnelles aux revenus des condamnés. 
Finalement, dans le domaine des prestations sociales, Unidos Podemos affirme pouvoir dédier un portefeuille de 85 millions d'euros à l'amélioration des prestations sociales de base, redistribués par les mairies, et créer un Centre d'Innovation et de Recherche ainsi que de nouveaux Centres de Services Sociaux (un pour vingt mille habitants).
Unidos Podemos propose d'abord de pérenniser le système des retraites à l'aide d'un nouvel impôt, tout en garantissant le départ à 65 ans. Parallèlement, le programme évoque l'importance de légiférer sur l'autonomie et la dignité des personnes en situation de dépendance (physiothérapie et rééducation gratuites, amélioration des services pour l'aide à la personne, augmentation du montant de la prise en charge du matériel orthopédique, etc.), ainsi que sur l'inclusion des personnes à mobilité réduite ou fonctionnelle, par l'emploi et la professionnalisation. Dans le domaine de la Santé, un des secteurs les plus durement touchés par les coupes budgétaires demandées par Bruxelles, UP souhaite pouvoir investir 8,8 milliards d'euros, soit l'équivalent de la somme des coupes dans ce secteur depuis 2010. UP propose une sécurité sociale universelle, une loi sur la fin de vie et la création d'une plateforme numérique consacrée à l'historique sanitaire de tous les citoyens, notamment.
Afin de relancer la consommation, la compétitivité du pays, le pouvoir d'achat et lutter contre la pauvreté (selon l'Institut National des Statistiques, 1 espagnol sur 5 risque de passer sous le seuil de pauvreté actuellement), UP souhaite instaurer un revenu minimum (comparable au RSA). En premier lieu, les travailleurs pourraient percevoir un complément salarial leur permettant d'atteindre les 900 € de revenus mensuels, et en relevant le salaire minimum de 650 € à 950 € en quatre ans.
L'UP souhaite aussi rompre avec les deux précédentes réformes du code du travail (celle du PSOE, en 2011, et celle du PP, l'année suivante)Concernant les heures de travail, UP souhaite une semaine de travail à 35 heures (pour 40 actuellement) et propose de reprendre le contrôle sur les heures supplémentaires, qui ne sont généralement pas payées (environ 3,5 millions d'heures supplémentaires par semaine en moyenne n'étaient pas rémunérées pour l'année 2015). Cela implique d'une part l'embauche de nouveaux inspecteurs du travail, dotés de plus moyens, et d'autre part de rendre à la représentation syndicale et à la négociation collective leur place dans les accords entre le salariat et le patronat. Les syndicats ont été très affaiblis par les réformes du travail, et la Banque d'Espagne en demande une nouvelle
À l'échelle européenne, UP évoque aussi la possibilité d'une indemnisation des chômeurs remise directement par Bruxelles, en cas de crise majeure, et afin de relancer l'initiative sociale en Europe, la nécessité d'un Eurogroupe social, réunissant les Ministres des Affaires Sociales et du Travail des pays de l'Union.

L'UP souhaite également légiférer pour responsabiliser les fournisseurs d'électricité et de gaz, tout en garantissant un seuil minimum et universel permettant d'accéder au gaz, à l'eau et à l'électricité, notamment pour les foyers touchés par une pauvreté soudaine. Pour ce faire, UP propose la création d'une entité publique pour garantir l'accès au gaz et à l'électricité. 
Par ailleurs, le programe fait également état de la reconnaissance constitutionnelle de la langue des signes (elle serait considérée comme une langue officielle). Enfin, pour garantir l'Égalité, le programme de UP propose de légiférer sur l'identité de genre (l'Espagne reconnait et punit la violence associée au genre depuis 2004), la reconnaissance et le soutien des familles monoparentales et l'aménagement du temps de travail pour les jeunes parents.

En termes de démocratie politique et de représentativité, Unidos Podemos opte pour la possibilité d'organiser des référendums révocatoires. Le processus révocatoire se baserait sur une pétition citoyenne réunissant au moins 15 % des inscrits sur les listes électorales. S'ensuivrait un vote parlementaire, et si au moins 158 députés (sur 350) se montraient en faveur d'une révocation, alors le Gouvernement devrait organiser un référendum national pour demander à la citoyenneté si elle souhaite de nouvelles élections. Concernant les carrières politiques, UP souhaite interdire la reconversion dans le secteur privé (actuellement, environ 50 personnalités politiques de premier plan siègent aux CA des entreprises de l'Ibex 35). Parallèlement, UP souhaite qu'un Observatoire Citoyen des Politiques Publiques soit mis en place.     Au sujet de l'unité territoriale, UP considère l'Espagne comme un pays plurinational et s'engage à faire respecter les singularités des communautés autonomes qui le souhaiteraient. Par exemple, concernant la Catalogne, UP souhaite la tenue d'un référendum consultatif traitant du statut de cette région par rapport à l'État central.
Concernant la laïcité, UP propose de retirer les chapelles et les signes religieux apparents des universités, ainsi que de mettre fin à l'exonération d'impôts sur les biens immobiliers dont bénéficie l'Église (IBI), qui représente, selon Europa Laica, environ 2 milliards d'euros annuels. Par ailleurs, UP souhaite en finir avec les subventions que l'Église reçoit de l'État, comme notamment via l'impôt sur le revenu des contribuables (250 millions d'euros chaque année). En tout, Europa Laica estime que l'Église espagnole bénéficie de 11 milliards d'euros d'aides de l'État chaque année, soit 1 % environ du PIB. Pour UP l'école doit être laïque. UP souhaite abroger la précédente loi sur l'éducation (la LOMCE), généraliser l'intégration dans les écoles publics de centres d'apprentissage spécialisés dans les domaines de la danse et du théâtre notamment. En tout, UP souhaiterait pouvoir investir 13,7 milliards d'euros dans l'Éducation (environ 5 % du PIB). Avec une telle enveloppe, UP garantit la diminution du nombre d'élèves par classe (environ 30 dans le primaire), la baisse des prix des diplômes universitaires, l'emploi de professeurs et de conseillers d'éducation aux pouvoirs renforcés, la possibilité d'offrir une formation continue aux adultes tout le long de leur vie salariée, et la hausse des salaires des fonctionnaires travaillant dans l'enseignement. Concernant l'éducation dans le primaire et au collège, UP souhaite supprimer les devoirs à la maison (l'Espagne est le troisième pays en temps dédié aux devoirs et le premier en matière d'échec scolaire en Europe, selon le dernier rapport de l'OMS).

Unidos Podemos souhaite un Ministère qui soit consacré à la culture et à la communication (actuellement, le secteur culturel est rattaché au Sport et à l'Éducation). S'ensuit une série de mesures législatives diverses, tant sur l'impossibilité de constituer des oligopoles médiatiques sans être contrôlé que sur le statut des artistes et des écoles d'arts. Par ailleurs, UP souhaite abaisser la taxe sur la valeur ajoutée des services et produits culturels, dont le taux actuel est le même pour tous les produits de consommation.
En matière de Droit d'asile, UP souhaite que l'État respecte les engagements pris au sein de l'UE vis-à-vis de l'accueil des réfugiés de guerre. L’actuelle gouvernance de Mariano Rajoy s'était engagée à accueillir 18 000 personnes en deux ans. L'espagne n'a pour l'instant accueilli que 586 réfugiés, selon la CEAR (Commission Espagnole d'Aide aux Réfugiés).
Enfin, la confluence réunissant Podemos et Izquierda Unida valide dans son programme l'idée de création d'une banque publique pour soutenir l'investissement à partir du crédit pour les entrepreneurs (fusion de Bankia et Mare Nostrum). Pour améliorer les recettes de l'État, le programme insiste également sur la nécessité d'en finir avec la fraude fiscale (48 milliards chaque année), de réhausser le seuil d'imposition sur le patrimoine (Baisser la tranche d'imposition sur le patrimoine à 400 000 € au lieu de 700 000 € actuellement), et de prélever en priorité l'argent des plus grandes fortunes (hausse de l'impôt sur le revenu pour les tranches supérieures, à partir de 60 000 € par an). Lever des impôts sur les biens immobiliers inoccupés. Par ailleurs, l'impôt payé par les grandes entreprises devrait passer de 5 % à 15 %, sans possibilité d'amnistie fiscale.
Concernant la réindustrialisassions du pays, UP annonce vouloir ré-agencer les voies ferroviaires, notamment autour des grandes zones portuaires. À ce sujet, lors du meeting de campagne de En Comú Podem, à Barcelone, samedi dernier, Mònica Oltra et Ada Colau ont ainsi évoqué le potentiel d'un possible couloir ferroviaire méditerranéen reliant la Murcie aux Pyrénées, en passant par les régions de Valence et de Barcelone. Le programme de UP fait en effet référence à la réouverture de plusieurs lignes, comme celle liant Confranc (en Aragon) à Oloron-Sainte-Marie, ou celle qui relie entre elles Teruel (Aragon), Saragosse (Aragon) et Sagonte (Valence), dans le but de faire de l'Aragon "un pôle logisitique". Le programme se fixe pour objectifs de nationaliser des centrales hydroélectriquesDans le cadre de la transition énergétique, le programme détaille la proposition d'un Plan National (PNTE), afin de changer de modèle productif et d'éthique de la consommation. UP propose de développer l'autoconsommation électrique (et les énergies renouvelables dans les administrations publiques et les transports jusqu'à 100 % en capacité). Parallèlement, UP souhaite également légiférer pour responsabiliser les fournisseurs d'électricité et de gaz, tout en garantissant un seuil minimum et universel permettant d'accéder au gaz, à l'eau et à l'électricité, notamment pour les foyers touchés par une pauvreté soudaine. Pour ce faire, UP propose la création d'une entité publique pour garantir l'accès au gaz et à l'électricité. 
Ce plan promouvrait un investissement à hauteur de 1,5 % du PIB pendant 20 ans dans l'innovation énergétique tout en interdisant la fracturation hydraulique. Il s'agirait essentiellement de réaliser un audit national pour réorienter le secteur de la construction vers la réhabilitation, la rénovation et l'amélioration des bâtiments déjà existants (pour réduire leur consommation énergétique, etc.) et pour mesurer l'efficience du système électrique dans sa globalité.  Concernant l'urbanisation, UP souhaite obliger les constructeurs à intégrer une appréciation de la projection du coût environnemental dans les devis, ainsi que légiférer sur les zones constructibles (garantir la préservation des montagnes, des forêts, des plans et cours d'eau et du littoral principalement. À travers diverses propositions de loi, sur l'utilisation des sols agricoles, la protection de l'environnement et des paysages, ou encore la qualité de l'eau, UP compte moderniser la politique environnementale de l'Espagne, une démarche jusqu'alors souvent entravée par la corruption et le marché noir. UP souhaite améliorer les outils juridiques permettant de sanctionner les pollueurs, notamment les personnes morales, les entreprises. Concernant le monde animalier, UP souhaite l'instauration progressive de référendums systématiques dans les localités où ont lieu des festivités en lien avec la tauromachie.

À l'international Enfin, le programme opte pour s'opposer au TTIP, au CETA, ainsi qu'au TISA (certaines villes, comme Madrid ou Barcelone, l'ont déjà fait). En plus d'une Agence de Régulation Financière Européenne, UP envisage aussi de proposer la création une Agence Fiscale Internationale, placée sous l'égide de l'ONU. Celle-ci pourrait, par exemple, sanctionner les transnationales qui cherchent à éviter d'être imposée là où elles font des bénéfices, et lever un impôt sur les transactions financières (taxe Tobin). Par ailleurs, Unidos Podemos souhaite multiplier les accords bilatéraux avec les pays du continent sud-américain, ainsi que la reconnaissance unilatérale par l'Espagne de deux États, la Palestine et le Sahara.
 Chantier important en Espagne, le programme de Unidos Podemos propose la restructuration de la dette, qui passe notamment par un audit parlementaire incluant les citoyens (mesure reprise récemment par Ciudadanos). De plus, UP propose de rétablir l'article 135 de la Constitution, qui concerne la dette publique et son plafonnement, tel qu'il était écrit avant la modification approuvée par PSOE et PP en 2011 (sous Zapatero). Concrètement, cela signifie que UP souhaite se désengager des pactes de stabilité budgétaire européens, comme le TSCG.
Pour conclure, à propos d'argent et de cohérence, même si le budget public n'est plus de 96 mais de 60 milliards d'euros environ, le programme proposé par Unidos Podemos demeure le même que celui qui a eté proposé par Podemos lors des dernières élections générales.
Cette baisse significative est surtout liée à deux problématiques, d'une part les efforts suplémentaires demandés par Bruxelles et Pierre Moscovisci pour réduire la dette publique du pays, et d'autre part le souci de se calquer sur les dépenses prévues par le PSOE (soit 62 milliards) en vue d'un accord de gouvernement.

Pour l'instant, les derniers sondages créditent la gauche du meilleur score jamais obtenu dans l'histoire récente de la démocratie espagnole. Unidos Podemos obiendrait 25,2 % des suffrages et le PSOE 21,2 %. Quand bien même le PP l'emporterait, le roi Felipe VI sait dores et déjà que les trois principaux partis refusent une éventuelle coalition avec le PP. 

mardi 14 juin 2016

2017 : candidats de droite et de gauche, lisez cette note... du FMI !

Trois chercheurs du Fonds monétaire international publient un article iconoclaste sur les effets contreproductifs du néolibéralisme. Un avertissement pour la campagne présidentielle en France.

Trop occupée à ferrailler contre le PS et la loi El Khomri, une partie de la gauche en oublie de fourbir ses armes contre Juppé, Sarkozy, Fillon et Le Maire, qui ne reculent devant aucune promesse pour reprendre le pouvoir.

Ces « gens-là » n'ont jamais renoncé.
 Utilisant désormais les leviers financiers,
Une caste confisque les fruits des efforts de tous,
 collectivisant les pertes et privatisant les bénéfices,
Ils ont simplement changé d'échelle.
 Elle est désormais planétaire. Et ils se gavent.
Face à cela, la gauche, qui n'a rien appris en plus de cent ans.
Rien.
Ni sur le fond, ni sur les méthodes,
encore moins sur la nécessité de la morale dans l'action.
Danielle Mitterrand

 Ce n'est pas encore la fin de l'histoire, mais le début de la remise en question d'un dogme. En publiant dans une très sérieuse revue du Fonds monétaire international un article intitulé "Le néolibéralisme est-il survendu?", trois chercheurs du célèbre organisme ont déclenché une tempête dans le petit monde des économistes.
Leur thèse, qui n'a rien d'un brûlot, a le mérite de coucher noir sur blanc toutes les questions et tous les doutes que soulève depuis quarante ans l'application stricte et uniforme des remèdes du FMI sur les économies nationales. 
Que disent ces "hérétiques"? Que le fameux agenda néolibéral imposé sur tous les continents par les thuriféraires de Milton Friedman n'a pas toujours produit les effets escomptés, loin de là! S'il a, selon les auteurs, participé à la réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale et favorisé l'essor de certains pays émergents, il s'est aussi parfois révélé contre productif.

Crises financières 

La concurrence tous azimuts et son cortège de dérégulations, notamment sur les marchés de capitaux, ont ainsi nourri la spéculation et les crises financières. Depuis les années 1980, les experts du FMI en ont recensé plus de 150 dans 50 pays.
Quant aux politiques d'austérité concoctées à coups de réduction drastique de la dette et des déficits, elles ont eu un effet parfois catastrophique en portant un coup d'arrêt à l'activité économique et en contribuant au développement des inégalités. Ce qui plombe in fine la croissance.
Le propos n'est pas nouveau, certes. Il est même porté depuis longtemps par tout ce que la planète compte d'économistes hétérodoxes et d'altermondialistes. Mais le fait qu'il soit publié sous l'égide d'une telle institution lui donne un relief particulier.
Et même si le FMI, par la voix de son chef économiste, s'est empressé d'expliquer qu'il ne fallait pas en attendre d'"inflexion majeure" ni de "révolution", cette étude iconoclaste tombe à point nommé. On rêverait par exemple qu'elle apporte de l'eau au moulin de tous ceux qui militent pour un réel allégement de la dette grecque et non pour un pacte de dupes comme les ministres de la zone euro viennent d'en signer un.

"Plus libéral que moi tu meurs"

On rêverait aussi qu'elle fasse réfléchir à l'orée de la campagne présidentielle en France. A l'heure où une droite revancharde s'engage dans une course au "plus libéral que moi tu meurs" et où une gauche sans imagination est tentée de lui emboîter le pas, la note des chercheurs du FMI résonne comme un avertissement à tous les Diafoirus de la pensée magique.
La France a besoin de se réformer, c'est une certitude. Mais elle mérite mieux que la dérégulation à tous crins et l'éternelle spirale du moins-disant. Pour des raisons de justice sociale, bien évidemment. Mais aussi, désormais, pour des raisons de logique économique!
Engagés dans un concours Lépine ultralibéral, les concurrents de la primaire rivalisent de propositions chocs. Sans dire toujours pourquoi ni comment chacun y va de sa surenchère. 
100 milliards d’euros d’économie pour Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, 110 milliards pour François Fillon, 130 milliards pour Hervé Mariton… 
Qui dit mieux ?Bruno Le Maire peut-être ? L’outsider des Républicains paraît en effet bien parti pour décrocher la palme avec son million de fonctionnaires supprimés – rien que ça ! – ou encore sa volonté de contrôler les comptes bancaires des bénéficiaires du RSA au cas où des pauvres seraient tentés de faire fortune en touchant indûment leurs 524 euros par mois…
On remarquera au passage que ce dernier, comme ses rivaux, se montre beaucoup plus discret sur la lutte contre la fraude fiscale pourtant quarante fois plus élevée que celle aux minima sociaux. Le même Le Maire, décidément très en forme, a déclaré récemment qu’il ne négocierait pas avec les syndicats, tandis que Nicolas Sarkozy assure, lui, vouloir remettre en cause leur monopole de représentativité et même en finir avec le paritarisme…                                                            Le président de Les républicains vient de tenir un meeting dans la banlieue de Lille dans le cadre des primaires de son parti. En évitant de parler de son « libéralisme … ultra», s’est positionné comme l’homme providentiel capable d’incarner les aspirations du peuple. Il annonce que «La primaire se jouera sur la France, la République, la culture française» et dénonce «l’islam prosélyte et intégriste qui vous dit comment manger, comment vous habiller, quel rapport entretenir avec le sexe opposé». Il rajoute que «La France, c’est un pays chrétien». On se croirait revenu au fameux discours de Grenoble inspiré par Buisson. Cette fois-ci Sarkozy aurait écrit son discours tout seul, mais il est clair que l’ombre de Buisson plane… 
« Les landes de granit breton », « le culte des morts » en témoignent. A cela il faut ajouter de grouillantes «minorités» : syndicalistes en colère, lycéens bloqueurs ou islamistes radicaux.




Ne nous y trompons pas : c’est en effet une droite de rupture, revancharde plus que réformiste, qui prépare son retour aux affaires. Austérité, contournement du dialogue social, dérégulation, réduction des services publics, révision des acquis sociaux et du temps de travail… C’est du populisme, car au lieu de prôner l’unification, il dresse des communautarismes réels ou illusoires les uns contre les autres, une tendance qui apparaît fréquemment dans les moments de crise. En France on l’a connu avec le boulangisme, puis le poujadisme. Son projet se construit à ciel ouvert et sans ambiguïté dans une indifférence quasi générale.

Appelons-nous toujours à "une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communications de masse
qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse,
le mépris des plus faibles et de la culture,
l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous"
Refuser le diktat du profit et de l'argent,
s'indigner contre la coexistence d'une extrême pauvreté et d'une richesse arrogante,
refuser les féodalités économiques, réaffirmer le besoin d'une presse vraiment indépendante,
assurer la sécurité sociale sous toutes ses formes...
nombre de ces valeurs et acquis que nous défendions hier sont aujourd'hui en difficulté ou même en danger.
C'est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd'hui remis en cause.
Mais si, aujourd’hui comme alors,
une minorité active se dresse, cela suffira, nous aurons le levain pour que la pâte lève.


lundi 13 juin 2016

La tuerie d'Orlando bouleverse un pays en pleine campagne



Cinquante personnes ont été tuées et 53 autres blessées par un homme qui a ouvert le feu dans une boîte de nuit gay d’Orlando, en Floride, dans la nuit de samedi à dimanche. Cette nouvelle tuerie de masse, la plus meurtrière jamais survenue aux États-Unis, a été qualifiée de crime de haine mais également d’acte terroriste par Barack Obama. L’attaque a été revendiquée par l’organisation de l’État islamique dimanche après-midi.
Worst Mass Shooting in U.S. History       " – la pire fusillade de masse de l'histoire des Etats-Unis. Il est normal que le "New York Times", et toute la presse américaine avec lui, souligne que le massacre d'Orlando est historiquement le "pire". On doit ce "pire" arithmétique à la décence et aux familles des victimes.
Mais dans l'horreur, tout est relatif. Ce "pire" remplacera-t-il celui de l'école maternelle de Sandy Hook, dont Barack Obama a confié qu'il s'était agi du pire moment de sa présidence ? Dans la hiérarchie du pire, combien de vies vaut une victime de discothèque face à un petit enfant ou un spectateur de cinéma ? Comparaisons nauséabondes qu'impose la répétition: la tuerie de masse est devenue le quotidien des Américains, un quotidien où, au-delà des variantes, un même fait revient encore et encore : l'usage d'armes à feu extraordinairement létales.
Cela paraît une évidence mais ça ne l'est pas. Les "terroristes américains", pour reprendre une appellation fourre-tout peu satisfaisante, "se tournent vers les armes à feu depuis le 11-Septembre parce que le gouvernement fédéral a supervisé l'utilisation d'explosifs et le commerce de matériaux pouvant être transformés en explosifs",









James Baldwin, un merveilleux écrivain Afro-Américain né dans les ghettos, qui affichait ouvertement son homosexualité, et dont toute l’œuvre est un sublime et magnifique combat contre la haine visant les Noirs, les homosexuels, les pauvres, la haine en général, m’est devenu un compagnon indispensable.
À propos de l’amour Baldwin avait ces mots merveilleux dans La Prochaine fois le feu, célèbre lettre à son neveu datant de 1966 :
"Love takes off masks that we fear we cannot live without and know we cannot live within.”
« L'amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pouvoir vivre, 
et derrière lesquels nous sommes incapables de le faire. »


"Mais j’espère surtout, mon fils, que lorsque tu aimeras qui tu aimeras, ce sera librement, tranquillement, sans même penser avoir recours à quelque masque que ce soit. Et que ce sera beau."

L'honneur du parti communiste est d'être une minorité,
 qui n'est malheureusement pas infime. 
L'honneur des homosexuels est d'être une minorité, 
plus importante que vous ne le pensez. 
                                              L'honneur des juifs est d'être une minorité.                                                                  L'honneur des gens intelligents et cultivés est d'être une minorité. 
L'honneur des belles filles et des beaux garçons est d'être une minorité. 
Quelle ruse sordide que de prétendre s'attaquer aux « minorités » !.
Propos secrets, Roger Peyrefitte