vendredi 20 novembre 2020

Le président Macron accuse la Russie et la Turquie d’inspirer des discours anti-français au Sahel

 En janvier, lors du sommet de Pau ayant réuni les membres du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad, Niger], le président Macron fit une mise au point face à l’inflation des discours anti-français au Sahel.

« J’entends beaucoup de choses sur les réseaux, dans les déclarations. J’entends beaucoup de gens qui disent tout et n’importe quoi. Demandez-vous par qui ils sont payés et quels intérêts ils servent »« Mais que ces gens-là disent qui se fait tuer pour leurs enfants! Moi, je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens, des Burkinabè : des soldats français! ».

Ces discours sont « indignes parce qu’ils servent d’autres intérêts, soit ceux des groupements terroristes […], soit ceux d’autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu’elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires. ».

Pour autant, le président français s’était gardé de désigner ces « puissances étrangères » à l’origine de ces campagnes de dénigrement, même si l’on pouvait nourrir quelques soupçons. C’est désormais chose faite. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, ce 20 novembre, Emmanuel Macron n’a pas pris de gants.

« Pendant des décennies, nous avons entretenu avec l’Afrique une relation très institutionnelle, en passant par les chefs d’État en fonction et par des entreprises bien installées. Ce faisant, le ressentiment a pris une certaine place, mais il y a également une stratégie à l’œuvre, menée parfois par des dirigeants africains, mais surtout par des puissances étrangères, comme la Russie ou la Turquie, qui jouent sur le ressentiment post-colonial »

 « Il ne faut pas être naïf sur ce sujet : beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie »

Le président Macron a dit avoir « besoin d’une réitération claire du souhait de nos partenaires de voir la France rester à leurs côtés. »

Ankara peut avoir l’oreille de quelques personnages influents, comme l’imam Dicko, a priori proche de la fondation turque Maarif. Ce dernier, qui a joué un rôle important dans le coup d’État ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, cet été, est un partisan du dialogue avec certains jihadistes maliens, c’est à dire ceux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM/JNIM]. 

Or, pour le président Macron, cela n’est pas acceptable.

« Avec les terroristes, on ne discute pas. On combat », a-t-il lancé lors de son entretien accordé à Jeune Afrique. « Il faut s’inscrire dans la feuille de route claire que sont les accords [de paix] d’Alger [signés en 2015 entre la rébellion touareg et Bamako, ndlr], Ceux-ci prévoient un dialogue avec différents groupes politiques et autonomistes. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut dialoguer avec des groupes terroristes, qui continuent à tuer des civils et des soldats, y compris nos soldats »