lundi 17 décembre 2012

L'avarice commence où la pauvreté cesse... H de Balzac

Préférer son patrimoine à sa patrie, s'exiler pour échapper à l'impôt (...)
apparaissent comme des manquements à la dignité et au civisme. (...)
Selon les articles R89 à R96 du Code de la Légion d'honneur,
des sanctions disciplinaires (censure, suspension, exclusion) 'peuvent être prises
contre tout membre de l'Ordre qui aura commis un acte contraire à l'honneur'.

« Il faut que la voix des hommes sans voix empêche 

 les puissants de dormir. »

« Pour avoir le droit de parler, il faut avoir les mains propres.

Il faut avoir eu le courage de reconnaître

de réagir si on s’est trompé. »

de Abbé Pierre

l'ancienne ministre UMP Nadine Morano a surtout estimé qu'il était la victime du "matraquage fiscal du gouvernement socialiste". Il faut tout de même rappeler à cette ancienne ministre que pour l'instant personne n'a payé d'impôts suplémentaires sur le revenu ou sur la fortune depuis l'élection de François Hollande, le Président de l'Assemblée se lâche et dénonce un comportement "qui n’est pas défendable" en comparant la volonté de Gérard Depardieu de fuir l'impôt aux efforts demandés aux Français en 1914-1918 et en 1939-1945. "Ce n'est pas quand le pays est en difficulté qu'on dit : 'je ne veux pas faire d'efforts'. Les générations précédentes, l'effort qu'on leur a demandé en 14-18 ou en 39-45, c'était de laisser leur peau". Et de conclure :
"Là, on leur demande de faire une contribution financière
pour donner une chance à ce pays, à ses valeurs".
Depardieu ajoute le ridicule au lamentable !
il devrait relire l'avare de Molière !

Dupont-Aignan@dupontaignan


Les envies d’exil fiscal de Gérard Depardieu ne datent pas d’aujourd’hui. En 2004, à l’occasion d’un livre d’entretien avec l’auteur de ces lignes (« Vivant ! » chez Plon), l’acteur évoquait déjà cette éventualité. Voici la question que je lui avais alors posée pour ce livre, et la réponse qu’il m’avait faite. Huit ans après, elle laisse songeur :

« D’autres que toi ont choisi depuis longtemps d’aller vivre sous des cieux fiscaux plus cléments. L’idée d’aller t’installer en Suisse ou dans tout autre paradis fiscal ne t’a jamais traversé l’esprit ? »

Gérard Depardieu :

« Je vais être franc avec toi : oui, j’ai déjà pensé m’exiler en Suisse. Non pas seulement pour payer moins d’impôts, mais pour gagner une certaine tranquillité. Pour fuir une pression médiatique qui a déjà causé beaucoup de tort à ma famille et à ma vie privée. Et, aussi, pour rejoindre un certain nombre de mes amis qui ont depuis longtemps élu domicile là-bas. Il y a un an et demi, j’ai demandé au fisc helvétique de calculer ma facture fiscale. Le forfait qu’il me réclamait était très élevé. J’y ai tout de même réfléchi à deux fois. Et puis, je me suis dit que c’était trop compliqué. Je me suis dit surtout que j’étais français et donc que je devais payer mes impôts en France. Au fond, je suis très bien ici. Mieux, sans doute, que partout ailleurs. J’aimerais simplement que l’on sache que lorsque je touche un gros cachet pour un film, je paie des impôts, des charges sociales, des cotisations chômage… Les sommes énormes qui sont annoncées dans la presse ne vont pas directement dans ma poche.

Une fois qu’on a dit cela, je sais que je suis un privilégié, que je gagne beaucoup d’argent, mais je n’en ai absolument pas honte ».

À l’époque en 2004, et toujours à l’occasion de ce livre d’entretien, Gérard Depardieu avouait payer 2,3 millions d’euros d’impôts par an et être évidemment soumis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il ajoutait :

« J’ai toujours su instinctivement qu’une partie de l’argent que je gagnais appartenait à l’État et devait être redistribué. Je suis pour le partage et la redistribution de richesses ».

Au moment où il choisit de s’exiler en Belgique, ces propos sonnent comme un drôle de paradoxe.


C’est stupéfait, non, plus précisément atterré, que j’ai lu votre lettre ouverte publiée hier dans les colonnes du Journal du Dimanche. Je vous le dis avec franchise : vous auriez mieux fait de vous abstenir tant vos propos, votre réflexion, vos arguments sont... lamentables. J’écris lamentable, et non pas minable.

Une précision d’ailleurs : Jean-Marc Ayrault ne vous a pas qualifié de « minable » c’eut été inexact, une grossière erreur psychologique. En effet, vous êtes tout (gargantuesque, en perdition, etc.), tout sauf… minable. Vous prenez pourtant ce prétexte pour
monter sur vos grands chevaux dans le JDD. Ayrault a cru utile de préciser que votre attitude, votre exil fiscal, votre fuite en Belgique, à…1 kilomètre (!) de la frontière française s’apparentaient à une attitude minable. Cette fois, le premier ministre a raison. Il a trouvé le juste mot, le bon qualificatif, l’expression idoine.

Que les lecteurs de Marianne.net soient rassurés : je ne me permettrai pas de critiquer votre lettre dans le
détail.

Un journaliste face à un monstre sacré de la société française, l’affrontement serait par trop inégal. Je ne résisterai pas, pas un instant, à un monstre sacré de votre espèce. On ne s’attaquait pas à Gabin ; on ne s’en prend pas davantage à Depardieu. Force, puissance et magie du cinéma. Et nous vous avons tant aimé au cinéma avant que, curieusement, vous ne vous spécialisiez dans les navets en série. Mais ceci est une autre histoire qui a sans doute à voir avec votre appétit... financier. Autorisez-moi tout de même quelques remarques, non pas de journaliste, mais de citoyen, puisque c’est le citoyen Depardieu qui s’exprime dans le JDD. Et il déconne sacrément, le citoyen Depardieu !

Vous vouliez y exprimer la colère d’un homme blessé par l’injustice de son sort ; vous vous y montrez en réalité sous un jour bien différent : hâbleur, grandiloquent et creux. Vous consentez par exemple à « continuer à aimer les Français et ce public avec lequel j’ai partagé, dites-vous, tant d’émotions ».

Nous vous saurions gré de ne pas nous jeter (trop vite) dans les poubelles de l’Histoire, nous qui sommes à l’origine de votre gloire et fortune. Mais vous avez la mémoire sacrément courte : vous devez tout, absolument à ce pays, à sa langue, à ses créateurs (metteurs en scène, scénaristes, directeurs photo, etc.) et aux Français qui ont acheté — pour vous voir, c’est incontestable — des millions de tickets de cinéma et des millions de DVD. Votre carrière, et vous le savez mieux que personne, n’est pas et n’a jamais été internationale. Elle est franco-française et, sorti de nos frontières, vous n’avez jamais réussi à percer dans les autres grands pays de cinéma. C’est ainsi et c’est incontestable. Gabin, auquel vous vous referez si fréquemment, a réussi à Hollywood ; ce n’est pas votre cas. Delon était adulé en Italie notamment. Vous ne pouvez pas en dire autant. Bref, cette seule raison – votre carrière franco-française – devrait suffire à disqualifier, ne serait-ce qu’an plan moral, votre exil fiscal. Mais de cela, vous ne nous entretenez pas dans votre libelle du JDD.

Vous préférez revenir sur les raisons de la bouleversante disparition de votre fils Guillaume, accablant la justice de la République. Il aurait mieux valu que vous vous absteniez.
Vous choisissez de vanter les charmes de l’alcoolisme motorisé. La encore, nous aurions préféré que vous ne profériez pas pareille énormité.

Vous nous apprenez que vous ne demandez pas à la sécurité sociale de vous rembourser vos dépenses médicales. Nous nous en tapons éperdument.

Et puis, entre deux divagations, vous finissez par lâcher le morceau : vous fuyez parce que vous payez trop d’impôts. Voilà une bonne raison. Mais ne nous prenez pas pour des benêts en la noyant dans un prêchi-prêcha historico idéologique qui n’impressionne personne : « je vous rends mon passeport (...). Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde »… Et bla-bla-bla... Une affaire de fric, rien que ça. Une affaire triste, voilà tout.

Maurice Szafran - Marianne


Exilés fiscaux : les stars qui s'en vont, celles qui restent

« Il a été décidé qu’on reparlerait, dès les petites classes, d’éducation civique,

d’honnêteté, de courage, de refus du racisme et d’amour de la République.

Il est dommage que l’école ne soit fréquentée que par les enfants. »

André Frossard


Dany Boon, Jo-Wilfried Tsonga, Patrick Bruel , Jamel Debbouze, Christian Clavier,
et maintenant Gérard Depardieu : la fuite des cerveaux saccélère en France,
pour irriguer lEurope qui nen demandait pas tant.
Le Nouvel Observateur
Après l'annonce de l'installation de Gérard Depardieu en Belgique, plongée dans le monde de nos riches vedettes, effrayées par la taxe à 75% sur les hauts revenus promise par François Hollande. Qui part, qui reste ?
(Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 12 juillet 2012)
Ils portent haut les couleurs de la France. Leurs succès sont drapés de tricolore et font résonner "la Marseillaise" d'un bout à l'autre de la planète. Ils vendent des millions de disques ou de livres, se font acclamer par des foules en liesse. Ils amassent des fortunes et sont la fierté de notre pays. Et pourtant, ils lui manquent. Car ils ont décidé de payer leurs impôts ailleurs, loin de cette patrie qui leur a donné une chance de faire éclore leur talent. A quelques exceptions près, ils ne font rien d'illégal. Pour la plupart, ce ne sont même pas des fraudeurs, tout juste des fuyards.

Hallyday, Houellebecq, Tsonga, Pagny…

Johnny Hallyday, Michel Houellebecq, Jo-Wilfried Tsonga et bien d'autres ne sont pas des délinquants. Ils ont même des circonstances atténuantes. On peut comprendre qu'une vedette qui a réussi matériellement rechigne à reverser une énorme partie de ses revenus à l'Etat. On peut compatir au triste sort de ces ultrariches qui se disent ainsi spoliés. De Michel Polnareff à Françoise Hardy, en passant par Florent Pagny ou notre ex-Marianne, Laetitia Casta, elle est longue, l'histoire de ces conflits opposant quelques fortunés au fisc.
C'est en 1914, lors du déclenchement de la guerre, et à l'instigation de Joseph Caillaux, que l'impôt sur le revenu, proportionnel aux gains de chacun, a vu le jour en France. La date est symbolique de l'effort de solidarité nationale ainsi demandé à ceux qui étaient en mesure d'y répondre. Aujourd'hui, alors que tant de sacrifices sont réclamés aux Français, comment tolérer ces étoiles filantes qui s'en vont prospérer dans des contrées plus accueillantes ? La rigueur pour tous et l'exil pour quelques-uns ?

"Patriotisme fiscal"

Nicolas Sarkozy lui-même, ce président qui avait commencé son mandat en choyant les puissants, avait fini par s'en émouvoir pendant la campagne présidentielle. En 2007, il avait allégé massivement l'ISF pour faire revenir en France nos riches expatriés. La "jurisprudence Johnny" ne s'est pas concrétisée et, cinq ans plus tard, Sarkozy a fini par envisager la création d'une taxe sur les revenus des exilés fiscaux.
Ce "patriotisme fiscal", ce fut justement l'un des refrains du candidat François Hollande, sans doute l'une des clés de son succès. La droite s'était arrogé depuis quinze ans le totem de la défense de la patrie à force de renchérir sur les questions d'immigration et d'insécurité. Le socialiste a réussi à ramener ce combat à sa place d'origine, celle du moins que lui avait donnée la Révolution française. Il a restauré le patriotisme de gauche en brandissant l'impôt comme un nouvel oriflamme républicain indispensable au "redressement dans la justice".
Le 3 juillet, son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a lancé devant l'Assemblée : "Le patriotisme, ce n'est pas fuir la France pour les paradis fiscaux et laisser à ceux qui restent le poids de l'effort !" Le chef du gouvernement a même pris les accents de Danton à la tribune de la Convention, à la veille de la bataille de Valmy, pour en appeler à la "mobilisation générale" face à la crise. Nos stars exilées accepteront-elles encore longtemps de passer pour des déserteurs ?

Chanteurs, acteurs : salut les artistes !

Pas facile d'être un acteur engagé ou un chanteur rebelle et de critiquer l'impôt. Pourtant, le show-biz est en ébullition depuis l'annonce des réformes fiscales de François Hollande. Quelques voix ont même dénoncé une forme de racket à venir. Parmi les indignés, Françoise Hardy, convaincue qu' "avec un revenu hypothétique de 150.000 euros par an" elle ne pourra pas payer ses 40.000 euros d'ISF sur son appartement de l'avenue Foch, à Paris, estimé à plus de 2 millions d'euros. "J'ai mis vingt-cinq ans à finir de le payer", s'offusque-t-elle. Alors, elle a décidé de vendre. "Je suis révoltée, ça me mine, je vais sans doute devoir le céder au tiers de sa valeur."
Patrick Bruel, lui, ne digère pas la taxe à 75% que le chef de l'Etat veut instaurer pour ceux qui gagnent plus d'un million d'euros par an : "C'est limite confiscatoire et spoliateur." Concerné, lui qui cumule ses droits de compositeur-interprète, ses cachets d'acteur et ses gains dans les tournois de poker, Bruel n'envisage pas pour autant de fuir la France. Il répète qu'il continuera d'y payer ses impôts. D'autres s'éclipsent en toute discrétion.
Officiellement, jamais à cause du fisc mais pour profiter du grand air suisse, du calme bruxellois ou de l'anonymat du London way of life. Ainsi, Dany Boon (7,5 millions d'euros de revenus en 2011) assure s'être installé à Los Angeles "pour travailler au calme". Il ne supporte pas de passer pour un déserteur : "Je ne suis pas parti aux Etats-Unis pour fuir les impôts !" Daniel Auteuil, lui, s'était installé outre- Quiévrain, comme José Garcia. Moins ensoleillée que Monaco, la Belgique a, elle aussi, de beaux atours fiscaux : pas d'impôts sur les plus-values ni d'ISF, et ce à moins de deux heures de Paris. Mais Daniel Auteuil l'assure, étant resté résident français, il a "toujours payé ses impôts exclusivement en France".
D'autres n'ont pas eu les mêmes scrupules, notamment les Robinson suisses : Alain Delon, Isabelle Adjani, Johnny Hallyday, Patricia Kaas ou Charles Aznavour y séjournent ou y ont séjourné. Exilé à Crans-Montana, ce dernier y profite de l'avantageux "forfait fiscal" helvétique qui allège de façon spectaculaire la facture des riches résidents non suisses. Ceux-ci bénéficient d'impôts très faibles dès lors qu'ils parviennent à démontrer qu'ils vivent la moitié de l'année dans la Confédération.
Johnny, lui, n'a jamais caché son aversion pour l'administration des impôts. Fervent supporter de Sarkozy en 2007, il avait annoncé qu'il reviendrait en France après l'adoption du bouclier fiscal. On l'attend toujours. Le rocker ne verse des impôts à l'Etat français que sur un quart de ses revenus (ceux perçus en France), estimés au total à plus de 5 millions d'euros en 2011 par capital (contrats publicitaires et dividendes inclus). Et s'acquitte d'un forfait fiscal de 720.000 euros par an dans son pays d'accueil. "On s'emmerde grave à Gstaad", avait ironisé son ami Michel Sardou. Peut-être, mais à moindres frais.
D'autres au contraire sont fiers d'enrichir les caisses hexagonales... y compris avec l'argent récolté hors de nos frontières. Tel David Guetta, qui déclarait il y a quelques mois qu'il trouvait "normal" de payer ses impôts en France même si 95% de ses revenus (3,2 millions estimés pour 2011) proviennent de l'étranger. Le DJ va-t-il changer d'avis ? Certains s'inquiètent de le voir bientôt s'installer à Londres.
Car, depuis la victoire de la gauche, les rumeurs les plus folles circulent sur la fuite éventuelle de nos VIP Christian Clavier est aperçu chez un conseiller fiscal ? Voilà qu'on l'imagine aussitôt sur le départ... (En octobre, il a déclaré s'être installé à Londres jusqu'à fin 2013, NDLR). Et même des soutiens people du "président normal" s'étranglent de rage contre sa taxe à 75%, que Jamel Debbouze juge "ridicule". Certains d'entre eux finiront-ils par décamper ? Comme dirait Florent Pagny, porte-voix de la lutte contre le fisc, c'est leur liberté d'y penser...

"Je ne me regarderais pas bien dans la glace"

Interrogé hier sur BFM TV, Michel Sardou a fustigé la décision de l'acteur qui campait récemment Obélix. "Les gens brûlent leurs idoles facilement. Mais je dois dire que là c'est très maladroit en ce moment. Je ne juge pas Gérard. Je m'en fous. Mais il va aller s'emmerder comme un rat là-bas. Il y a une justice divine quand même. Il va se faire chier comme un rat", a balancé le chanteur de "La Maladie d'amour".

Refusant de juger l'acteur, le chanteur a expliqué que jamais il ne pourrait quitter la France : 

"Chacun a sa morale. Chacun a son attitude. Mais pour moi, la fuite n'a jamais été une stratégie. Jamais. Nous avons un gouvernement qui nous demande de faire un effort pour deux ans. Tout ce que je fais, c'est ici que je le fais. C'est à ce pays que le je dois. Alors si je me mettais à leur dire 'désolé les mecs, vous êtes dans la merde, excusez moi, mais je prends l'oseille et je me tire', je ne me regarderais pas bien dans la glace. Deux ans d'effort, franchement, on ne va pas en mourir".
Michel Sardou déclare ne pas "être choqué" par la nouvelle tranche d'impôt à 75 % pour les très hauts revenus si celle-ci demeure "provisoire", et affirme qu'il ne fuira pas à l'étranger. Dans un langage parfois cru, il a, par ailleurs, également ajouté qu'il "n'aimerait pas être à la place" de François Hollande, et fustigé la mondialisation. "Aujourd'hui, tu dépends d'un connard qui est à l'autre bout du monde, qui fait faillite et d'un seul coup 5.000 mecs en Provence sont au chômedu ! je n'aime pas cette mondialisation et le président ne peut pas y faire grand-chose", estime-t-il.

La Suisse, l'autre pays des sportifs

En Suisse, on trouve des banques sûres, des montres de haute précision, du chocolat de grande qualité... et des tennismen français. Beaucoup. Arnaud Clément s'est installé à Genève, Richard Gasquet et Gilles Simon ont choisi Neuchâtel, Gaël Monfils a posé ses valises à Nyon. A un jet de caillou du lac Léman vivent également Marion Bartoli, Amélie Mauresmo, Julien Benneteau ou encore Guy Forget. Sans oublier le meilleur tennisman français, Jo-Wilfried Tsonga, qui a pourtant cru bon de se fendre fin juin d'une petite leçon de morale à l'endroit de l'équipe de France de foot à l'occasion de l'Euro 2012 : "C'est dommage pour la suite, pour les jeunes qui vont venir et qui vont avoir cet exemple-là et qui va empirer."
Si le tennis fait figure de cas d'école en matière d'exil fiscal, Yannick Noah ayant ouvert la voie au début des années 1990, c'est parce que les prix octroyés aux vainqueurs sont devenus faramineux (1,2 million d'euros pour le lauréat de Roland Garros !), que les carrières au plus haut niveau ne durent pas plus d'une dizaine d'années, et que l'élite est restreinte. "Un joueur qui est 140e ou 150e au classement mondial et qui voyage tout au long de l'année perd de l'argent lorsqu'il joue sur le circuit", a assuré Guy Forget aux sénateurs qui l'auditionnaient le 19 juin, dans le cadre de la commission d'enquête sur l'évasion des capitaux.
Accueillante, la Suisse héberge beaucoup d'autres sportifs, tel le multichampion du monde de rallye, Sébastien Loeb. Pour se justifier, tous évoquent leur souci, tout à fait légal, d'"optimiser" des gains amassés sur une courte période. Mais aucun ne fait jamais mention de la formation et des moyens reçus de structures fédérales, donc publiques et financées par l'impôt, qui leur ont permis de faire éclore leur talent, raquette à la main ou ballon au pied... Et voilà qu'un nouveau spectre plane sur la Ligue 1 de foot : la fameuse taxe à 75% ! Zidane l'a récemment trouvée légitime... mais il vit en Espagne.
Le manager du PSG, Leonardo, a, lui, une excuse toute trouvée pour ses actionnaires qataris au cas où il ne parviendrait pas à faire débarquer au Parc des Princes cet été les stars internationales promises. Javier Pastore (350.000 euros mensuels !) l'a déjà qualifié de "folie" tandis que Carlo Ancelotti (6 millions d'euros annuels...) a pris une tête d'enterrement pour soupirer qu'il s'y plierait. Cette taxe va-t-elle provoquer un exode de stars ? L'argument serait audible... si celles-ci n'étaient pas déjà parties.
Un seul des dix sportifs français les mieux payés en 2011 exerce encore dans l'Hexagone : Yoann Gourcuff (6,8 millions d'euros). Tous les autres, de Franck Ribéry (11,4 millions) à Patrice Evra (6 millions) en passant par Tony Parker (11,2 millions) ou Karim Benzema (11 millions)... ne reviennent plus en France que quatre ou cinq fois par an, le temps d'honorer une sélection et d'entonner à pleins poumons : "Allons enfants de la patrie."

Ecrivains, l'exil au bout de la plume

"C'est parfaitement normal. Plus on gagne d'argent, plus on paie d'impôts." Début mars, Emmanuel Carrère, l'auteur de "Limonov", prix Renaudot et best-seller de l'année 2011, a remis les pendules à l'heure. Non, il n'a pas l'intention de quitter la France pour des cieux fiscaux plus cléments. Quelques jours auparavant, Nicolas Sarkozy l'avait cité comme un candidat potentiel à l'exil. L'ex-président prophétisait que la "démagogie insensée" des projets fiscaux de Hollande ferait fuir beaucoup d'auteurs, "pas simplement les chefs d'entreprise. Ce peut être un cinéaste, un acteur, un écrivain"...
Le problème, c'est que beaucoup n'ont pas attendu le débarquement socialiste pour passer la frontière. Depuis trois ans déjà, Marc Levy (1,5 million de livres écoulés l'an passé), le deuxième écrivain le mieux payé de France, derrière Guillaume Musso, s'est installé à New York, aux Etats-Unis, "un pays où la fiscalité est beaucoup plus lourde qu'en France", a-t-il récemment précisé au "Parisien". Michel Houellebecq, prix Goncourt 2010 pour "la Carte et le Territoire", a opté, depuis le début du siècle, pour l'Irlande (une contrée réputée pour son hospitalité fiscale en matière de droits d'auteur) avec des allers-retours fréquents en Espagne.
Citons encore Christian Jacq, le chasseur de momies égyptiennes ("Ramsès", "les Mystères d'Osiris"), retiré en Suisse, du côté de Vevey ; Corinne Maier, qui a filé en Belgique après son premier best-seller ("Bonjour paresse") et en a tiré le thème d'un nouvel essai ("Tchao la France"), ou Eric-Emmanuel Schmitt, le romancier-nouvelliste-réalisateur-essayiste-dramaturge-etc. L'auteur de "Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent..." se préserve des appétits du fisc français dans une tranquille maison bruxelloise. Il a même obtenu la nationalité de sa nouvelle patrie. La Belgique ?, avait-il indiqué au "Soir" : "Un pays chaleureux. Malgré son climat."



L’argent, l’argent roi, l’argent Dieu,
 au-dessus du sang, au-dessus des larmes,
adoré plus haut que les vains scrupules humains,
 dans l’infini de sa puissance ! »
Zola

Torreton écrit à Depardieu :
 "Tu quittes ton pays au moment où l'on a besoin de toutes les forces"

Après la presse et les politiques, les artistes donnent eux aussi leur opinion sur le départ de Gérard Depardieu en Belgique

pour payer moins d'impôts.

Parmi eux, le comédien Philippe Torreton qui lui écrit une lettre publiée dans le quotidien Libération.

"Alors Gérard, t'as les boules ?"

Tu ne veux plus être français…?
Tu quittes le navire France en pleine tempête ?
 Tu vends tes biens et tu pars avec ton magot dans un pays voisin aux cieux plus cléments pour les riches comme toi ?
Evidemment, on cogne sur toi plus aisément que sur Bernard Arnault ou les héritiers Peugeot… C’est normal, tu es un comédien, et un comédien même riche comme toi pèse moins lourd ! Avec toi, on peut rattraper le silence gêné dont on a fait preuve pour les autres… C’est la nature de cette gauche un peu emmerdée d’être de gauche.
Mais Gérard, tu pensais qu’on allait approuver ? Tu t’attendais à quoi ? Une médaille ? Un césar d’honneur remis par Bercy ? Tu pensais que des pétitions de soutien de Français au RSA allaient fleurir un peu partout sur la Toile ? Que des associations caritatives allaient décrocher leur abbé Pierre, leur Coluche encadrés pour mettre ta tronche sous le plexi ? Le Premier ministre juge ton comportement minable, mais toi, tu le juges comment ? Héroïque ? Civique ? Citoyen ? Altruiste ? Dis-nous, on aimerait savoir…
Le Gérard «national», le rebelle de Châteauroux, le celui qui, s’il n’avait pas rencontré le cinéma, serait en taule à l’heure qu’il est comme tu le disais, le poète de l’écran la rose à la main quand ça devait faire bien d’en avoir une, qui nous sort un «c’est celui qui le dit qui y est»… Tu prends la mouche pour un petit mot et tu en appelles au respect, comme le fayot dans la cour de récré… Tu en appelles à tes gentils potes de droite pour que le grand méchant de gauche arrête de t’embêter… Tu voudrais avoir l’exil fiscal peinard, qu’on te laisse avoir le beurre et l’argent du beurre et le cul de la crémière qui tient le cinéma français… Tu voudrais qu’on te laisse t’empiffrer tranquille avec ton pinard, tes poulets, tes conserves, tes cars-loges, tes cantines, tes restos, tes bars, etc.
Et nous faire croire en tournant avec Delépine qu’un cœur social vibre encore derrière les excès et les turpitudes de l’homme… Nous faire avaler à coups de «han» de porteur d’eau que tu sèmes dans tes répliques trop longues, que l’homme poète, l’homme blessé, l’artiste est encore là en dépit des apparences… Le problème, Gérard, c’est que tes sorties de route vont toujours dans le même fossé : celui du «je pense qu’à ma gueule», celui du fric, des copains dictateurs, du pet foireux et de la miction aérienne, celui des saillies ultralibérales…
Tout le monde ne peut pas avoir l’auréole d’un Rimbaud qui, malgré ses trafics d’armes, fut et restera un poète… à jamais. Toi, tu resteras comme un type qui a fait une belle opération financière sur le cinéma français, un coup de Bourse, une OPA… Tu as transformé tes interprétations les plus réussies en stratégie de défiscalisation. Il doit y en avoir un florilège de répliques que tu as jouées et qui résonnent bizarrement maintenant !
Des répliques de poète, d’homme au grand cœur, d’yeux grands ouverts sur la misère du monde, orphelines de pensée et violées par leur interprète, parce que l’homme a les rognons couverts, mais l’acteur a fait faillite… L’homme est devenu riche mais sa fortune lui a pété à la gueule. Tu sais, ces gros pets foireux dont tu te vantes et que tu lâches sur les tournages en répondant à tes 12 téléphones au lieu de bosser ?
Tu votes pour qui tu veux, et tu fais ce que tu veux d’ailleurs, mais ferme-la, prends ton oseille et tire-toi, ne demande pas le respect, pas toi ! Sors de scène, Montfleury, «ce silène si ventru que son doigt n’atteint pas son nombril !» Et puisqu’on est dans Cyrano, te rappelles-tu de cette réplique, mon collègue, qu’il adressait à De Guiche sauvant sa peau au combat en s’étant débarrassé de son écharpe blanche ? Il demande à Cyrano ce qu’il pense de sa ruse et ce dernier lui répond… «On n’abdique pas l’honneur d’être une cible.»Tu t’en souviens ? Tu devrais… En ce temps-là, tu apprenais ton texte…
On va se démerder sans toi pour faire de ce pays un territoire où l’on peut encore, malgré la crise, se soigner correctement, où l’on peut accéder à la culture quelle que soit sa fortune, où l’on peut faire des films et monter des spectacles grâce à des subventions obtenues en prélevant l’impôt…
Un pays que tu quittes au moment où l’on a besoin de toutes les forces, en plein siège d’Arras, sous les yeux des cadets médusés… Adieu.

« Cyrano de Bergerac » Edmond Rostand


(Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 12 juillet 2012)

dimanche 16 décembre 2012

Encore une fois, je veux m'enrichir, je ne lâcherai pas un sou.



Encore une fois, je veux m'enrichir,
 je ne lâcherai pas un sou.
Ubu roi (1888)


http://politique-ou-pas.blogspot.fr/search/label/Perso

Ces patrons au comportement
(et au salaire) indécent

Ils sont 3, sont à la tête d’entreprises du CAC40, et ont en commun ces deux choses : un salaire mirobolant au regard de leur activité, un comportement que certains jugent détestable vis-à-vis de leurs salariés et des citoyens français dans leur ensemble. Portrait d’hommes prêts à tout pour réussir.

Maurice Lévy
Président de Publicis, il a commis un surprenant plaidoyer en 2011, pour appeler les patrons des grands groupes du CAC40 à un peu de décence.
« "Nous, présidents ou dirigeants d’entreprises, hommes ou femmes d’affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l’instauration d’une "contribution exceptionnelle" qui toucherait les contribuables français les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale.
Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. Cette contribution n’est pas une solution en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes.  »
Pouvait-on lire dans Le Monde. L’objectif ? Communiquer, et uniquement communiquer car l’appel n’a pas vraiment été suivi à la lettre, et le principal intéressé n’a pas non plus eu à se serrer la ceinture en ces temps de crises. 
Car en Mars 2012 le discours était tout autre, face à la menace des 75% de Hollande, répondant pourtant parfaitement à l’appel lancé par Maurice Lévy. Le grand patron a visiblement changé d’avis :
 « "Ce débat est un écran de fumée par rapport aux véritables enjeux. Le niveau des prélèvements obligatoires français est l'un des plus élevés au monde : près d'un euro sur deux de richesse créée est prélevé pour financer les dépenses publiques. (…) On a atteint le maximum et si l'on poursuit dans cette voie, notre pays finira par être asphyxié par le poids de ses charges qui à tous niveaux minent son économie et étouffent son dynamisme." »
Rappelons que Maurice Lévy a touché 18 millions d’euro en 2011, ce qui achève de convaincre de l’hypocrisie (ou de la schizophrénie) du personnage.

Autre style, autre forme de brutalité, Carlos Ghosn et son incroyable salaire, ou l’histoire d’un chef d’entreprise qui fait passer sa rémunération à 13 millions d’euros, à l’heure où son groupe est dans le rouge. C’est 7 fois plus que le PDG de Toyota au Japon, à titre de comparaison. Toyota fait un chiffre d’affaire de 221 milliards de dollars, Renault de 12,30 milliards d’euros. Soit un rapport de 1 à 20. Cela ne semble nullement gêner Carlos Ghosn qui s'octroie le deuxième salaire du CAC40.
Pour un groupe dont on ne cesse de rappeler la fragilité en ces temps de crise économique, le paradoxe est de taille. Mais il est bien connu que la France est le pire pays pour investir pour les grands patrons.
Enfin, le dernier mais non des moindres de ce trio est Chris Viehbacher, patron de Sanofi. Il aurait été possible de citer Bernard Arnault (LVMH, 10 millions) mais la différence notable avec Chris Viehbacher est l’aspect mercenaire de ce dernier qui ne peut que questionner sur son rôle réel au sein de l’entreprise qu’il n’a ni fondé, ni accompagné dans son développement contrairement à nombre de ses salariés.
Ce Canadien appelé en renfort après avoir dirigé GSK, a vu son salaire exploser alors même que sa présence était requise pour gérer la suppression de 5000 à 9000 postes. En 2011, il a reçu une rémunération globale de 7 millions d’euros le plaçant à la 3ème place des dirigeants du CAC40, dont 2 millions 500 euros de stock options, 1 millions 280 000 euros d’actions gratuites. Si l’on part du principe qu’un bon salaire chez Sanofi est de 40 000 euros annuel, Chris Viehbacher s’est donc vu attribuer l’équivalent du travail de 175 salaires annuels de cadres supérieurs, tout en assumant un plan social sans précédents pour le groupe. Avec un salaire au smic, c’est l’équivalent de 430 emplois à l’année qui auraient pu être préservé sur le seul salaire de C.Viehbacher.
Par ailleurs,
le Point confirme cette tendance : « malgré la crise, la rémunération des grands patrons du CAC 40, qui s'était déjà envolée en 2010, a continué à progresser légèrement en 2011, se maintenant à un niveau élevé par rapport aux autres pays européens, a indiqué mardi le cabinet Proxinvest. »

« Bon appétit, messieurs !
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
.../...
l'Europe, hélas ! Écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n'est plus que haillon.
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !

Victor Hugo "Ruy Blass"

L'attitude de Depardieu :

une "forme de déchéance personnelle"

La lettre ouverte de l'acteur à Jean-Marc Ayrault dans laquelle il dit se sentir "injurié" par les critiques sur son exil fiscal suscite les réactions. l'acteur qui s'estime "injurié" par les critiques sur son exil fiscal annonce qu'il rend son passeport français.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a jugé que l'attitude de Gérard Depardieu attestait d'"une forme de déchéance personnelle "Au-delà de la personnalité, au-delà du talent, c'est une forme de déchéance personnelle que je trouve dommageable. Je ne dis pas déchéance pour la personne, je dis que c'est une attitude pas à la hauteur de l'acteur". Et le ministre de conclure : "Plus on paie d'impôts, plus ça veut dire qu'on gagne beaucoup d'argent. Que ceux qui gagnent énormément d'argent paient beaucoup d'impôts quoi de plus normal?"

Un déserteur pour Aurélie Filippetti

Sur BFMTV, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s'est quant à elle dite "tout à fait scandalisée".
"La citoyenneté française c'est un honneur, ce sont des droits et des devoirs aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l'impôt. Payer l'impôt dans son pays, participer à l'effort national face à à la crise économique, c'est un acte de patriotisme",
Gérard Depardieu "déserte le terrain de bataille en pleine guerre contre la crise", "Le Premier ministre a dit que cet acte était assez minable, mettre en balance le fait de payer un peu plus d'impôts pendant un an face à la crise économique et de l'autre côté la citoyenneté française qui est un honneur, pour laquelle des milliers de gens se sont battus", "Dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, il y a le fait que chacun doit payer en raison de ses facultés une contribution commune, être français cela veut dire aussi participer à cet effort national".

Un "égoïsme purement scandaleux"

Dans un communiqué, Yann Galut dénonce ce dimanche une attitude en forme de "bras d'honneur à la France". La semaine dernière, le député PS du Cher avait proposé l'adoption d'une loi soumettant l'exil fiscal à l'impôt. Faute de règlement du différentiel, le député proposait d'obliger ces exilés fiscaux à renoncer à la nationalité française, comme cela existe aux Etats Unis.
La lettre de l'acteur provoque l'indignation du député socialiste : "Aujourd'hui Gérard Depardieu nous dit travailler pour lui seulement à partir du mois d’octobre de chaque année mais les français dans une très grande proportion se posent surtout la question de savoir comment ils vont faire face à leurs factures à partir du 15 de chaque mois. Gérard Depardieu n’en est bien sûr pas responsable mais un tel égoïsme au regard de ce que vivent nos concitoyens est purement scandaleux."

Jo-Wilfried Tsonga , Christian Clavier, et maintenant Gérard Depardieu : la fuite des cerveaux s’accélère en France, pour irriguer l’Europe qui n’en demandait pas tant.

Penchons-nous cinq minutes (de plus) sur l’exil d’Obélix chez les Belges, qui en fait couler, de l’encre dans les journaux et des canons au comptoir. L’un des acteurs les mieux payés du cinéma français vient de décréter que son pays n’avait pas vocation à accueillir toute la richesse du monde, et s’en va donc planquer la sienne à un jet de pavé de Roubaix, 1 km de l’autre côté de la frontière, à Néchin – en passe de devenir mine de rien le bled le plus sélect du plat pays, sans qu’on puisse même y amarrer un yacht.

C’est donc le Thalys qui, à l’avenir, tiendra lieu d’urinoir à une star que le monde entier a tenté de nous arracher, de Cuba à la Tchétchénie en passant par l’Ouzbékistan. Une star qu’on croyait 100 % terroir, biberonnée au vin d’Anjou et élevée aux volailles Bourgoin. Formée à l’école du cinéma de Blier, Sautet, Duras ou Téchiné. Gavée aux nanars plus made in France tu meurs (Astérix, Vidoq, RRRrrr…).
Nourrie par les fictions patrimoniales de la télévision publique
(« Les Misérables », « Monte-Cristo », « Raspoutine »…).

Cet ogre qui nous doit tout, et dont la carrière fut largement subventionnée par nos impôts, décide aujourd’hui de ne plus payer les siens et s’en va au pas de charge gonfler les statistiques de la sécurité routière belge. Il est donc temps d’organiser la riposte. 

Non par la mesquine déchéance de nationalité agitée par certains esprits chagrins,
 mais via l’arme de distraction massive : le boycott. Boycottons les films de Gérard Depardieu. À 11,20 € pièce le navet au Gaumont-Pathé du coin, qui a encore envie de faire la queue pour se voir envoyer un magistral bras d’honneur depuis l’écran géant ? Zappons les rediff télé en recalculant mentalement l’augmentation de la redevance (+ 6 €, Gérard !). Cessons d’engraisser bêtement la bête. 

Un jour, peut-être, Depardieu délesté repassera la frontière.
 Et se souviendra que ce qu’il fut autrefois, de nouveau il pourrait être.