vendredi 6 novembre 2020

les États-Unis ressemblent à une république bananière

 Chez les manifestants, deux visions de l’Amérique s’opposent, mais ils s’entendent tous sur une chose :

 Les États-Unis ressemblent à une république bananière

Donald Trump, le populisme à la tête des États-Unis



 

                                Trump déroule le scénario du pire


“Make America great again”. C’est avec ce slogan que Donald Trump est élu 45e président des États-Unis en novembre 2016, succédant à Barack Obama. Personnalité américaine très médiatisée grâce à son empire immobilier et à son émission de télé-réalité, The Apprentice, Donald Trump base sa politique sur une stratégie populiste et nationaliste, souhaitant construire un mur avec le Mexique – dans une logique anti-immigration –, et sur un penchant à donner son avis sur tous les sujets via Twitter.

Parmi les événements notables de sa présidence : il remet en cause le traité nucléaire avec l’Iran, ainsi que l’accord de Paris sur le climat car il ne croit pas aux changements climatiques et l’écologie n’est pas une priorité de son mandat. Après avoir menacé la Corée du Nord de destruction, faisant craindre une nouvelle menace nucléaire, il se rapproche finalement de Kim Jong-un. Et devient le premier président à franchir la frontière entre les deux Corées. Donald Trump est régulièrement accusé de racisme, d’homophobie et surtout d’agression et de harcèlement sexuels.

Difficile de croire encore à une transition en douceur en écoutant le président américain s’autoproclamer vainqueur du scrutin, et dénonçant sans preuve une fraude massive.

 "Il s’avère que, dans la défaite, Donald Trump est encore plus pleurnichard, malhonnête et égocentrique qu’il ne l’était avant sa perte décisive contre Biden." “Rien de tout cela ne devrait surprendre” “sa personnalité désordonnée, son instabilité émotionnelle et mentale et ses tendances sociopathes”.  Il était inévitable que, lorsque [Trump] sentirait les murs de la réalité se refermer sur lui – en 2020, ce furent la pandémie, la ‘cratérisation’ de l’économie et sa défaite électorale –, il se détacherait encore plus de la réalité”.

soutient The Atlantic, évoquant à propos de Trump,



Quel mot pour qualifier le discours de Donald Trump jeudi soir 5 novembre ? Délirant ? Pathétique ? Dangereux ? Sans doute tout cela et bien pire encore. En quatre ans, on pensait avoir tout vu en matière de mensonge, d’absurdités trumpiennes. Un nouveau seuil a été franchi quand le président d’une voix aussi doucereuse qu’inquiétante s’est autoproclamé vainqueur de l’élection, contestant Etat par Etat, les résultats d’un scrutin, qu’il sait désormais perdu. Dénonçant, sans la moindre preuve, une série de fraudes « avérées » et une élection truquée. Exigeant un arrêt du décompte des bulletins, il s’est étonné que la plupart des votes par correspondance soient en faveur de Joe Biden, oubliant que c’est lui-même qui avait enjoint à ses supporters de se rendre dans les bureaux, et à se méfier des courriers. Répétant en boucle qu’il y avait eu triche, il a promis une avalanche de recours et appelé ses supporters à « ne pas se laisser voler la victoire ». Il faut se souvenir de la grande classe avec laquelle George Bush avait félicité Bill Clinton, insistant sur « la majesté de la démocratie américaine » et promettant son soutien plein et entier de la nouvelle administration à venir… Autres temps, autres mœurs.              

« Voilà le président des Etats-Unis, voilà la personne la plus puissante au monde, devant nous, telle une tortue obèse retournée sur le dos s’agitant sous le soleil brûlant, réalisant que son temps est passé »

A résumé Anderson Cooper sur CNN, tandis que plusieurs télévisions américaines décidaient d’interrompre la diffusion de la conférence de presse, estimant qu’il s’agissait de désinformation. Du jamais-vu ! Le 21 décembre, Donald Trump poursuivait sa croisade postélectorale en tweetant : 

“Grande nouvelle en provenance de Pennsylvanie. Très gros lot de bulletins de vote illégaux qui ne peuvent être pris en compte. Élection truquée !” (Comme c’est désormais devenu de mise pour ce type de déclarations, Twitter émettait l’avis suivant : “Cette affirmation sur l’élection est contestée.”)

Tout cela serait simplement grotesque s’il s’agissait d’un satrape isolé, perdu dans son délire. Mais près de 70 millions d’Américains ont voté pour lui, et beaucoup parmi eux, croient en lui, comme au Messie. Que vont-ils faire s’ils sont convaincus que les démocrates ont volé la victoire ? Chez les manifestants, deux visions de l’Amérique s’opposent, mais ils s’entendent tous sur une chose : les États-Unis ressemblent à une république bananière. “Le comportement de Trump n’est pas différent de celui d’un dirigeant de république bananière. Il discrédite les modalités de vote employées par des gens qui voulaient se protéger de la pandémie. C’est complètement absurde”. Et d’ajouter : « Et je suis très attristée et découragée de voir à quel point nous sommes divisés sur des questions aussi fondamentales”.“Pour tout vous dire, c’est une honte pour le peuple américain. J’ai une femme asiatique. Les gens du monde entier considèrent les États-Unis comme un phare de la démocratie, l’étalon-or de la démocratie. Et j’ai l’impression de vivre au Venezuela ou en Argentine”. “Il est temps que l’establishment républicain se lève et dénonce les efforts de Trump pour discréditer le vote, a-t-il dit. Je ne pense pas seulement aux élus du Congrès, mais aux membres de son administration. Trump est en train de causer un tort peut-être irréparable à ce pays”. 

Trump, l’auto-proclamé protecteur de l’Ordre et de la Loi, se perçoit comme étant au-dessus des lois. Sa prétention à pouvoir s’auto-grâcier implique qu’en fin de compte il n’a pas besoin de pardon, puisque ses actions ne tombent pas sous le coup de la loi.