Pour ce désastre...
Merci, Monsieur le Président!
PAR JEAN-FRANCOIS KAHN
C'est
contre le locataire de l'Elysée que les Français ont voté ou se sont abstenus
avec dégoût, avec rage... Non, la situation n'est pas mauvaise, elle est tout
simplement à la veille de devenir épouvantable.
Ne tournons pas
autour du pot. De trois façons, en s'abstenant, en privilégiant le bleu Marine, en sanctionnant les cadors du
hollandisme, c'est contre le «locataire de l'Elysée», comme on dit, que les
Français ont voté, rageusement, méchamment.
Il y a quelques mois, dans ces colonnes, j'avais posé cette question, que je réitère : est-ce que cela pourra durer encore comme ça pendant trois ans ?
Ce pourquoi je préconisais de «dégager par le haut» le responsable de cet immense gâchis, le catalyseur de nos désespérances et le démiurge de nos déliquescences, celui qui est en train de rendre la France folle.
Comment ? En le transformant en reine d'Angleterre. En confiant la conduite de la politique de la France à une équipe élargie, dont les vraies convictions se substitueront aux petits calculs, capable - enfin ! - de mobiliser le pays autour de ce dont le pouvoir en place l'a sevré : un projet, un objectif, une alternative.
Autrement dit, en appliquant scrupuleusement la Constitution.
Qui ne perçoit cette évidence : les électeurs, dimanche, ont saisi toutes les occasions, toutes, y compris les pires, de claquer le pouvoir hollandais tout en se libérant du carcan UMP-PS, de la tenaille Jean-François Copé-Harlem Désir.
Ici, ils ont poussé en avant un communiste ou un mélenchonien ; là, un socialiste dissident ou différent. Ailleurs, un sans-étiquette, un divers ceci ou cela, un écolo ou un centriste.
Constatons-le : Noël Mamère réélu au premier tour, mais la liste Moscovici à Montbéliard écrabouillée. A Grenoble, le PS sortant, plus hollandais que Hollande, éliminé par une concurrence sur sa gauche. A Quimper, l'homme lige du président en chute libre. A Dunkerque, l'inamovible maire PS Delebarre battu par un divers gauche. A Montpellier, une mairie socialiste jugée indéboulonnable bousculée par une déviance. D'un côté, les socialistes - nombreux - qui s'en tirent bien sont ceux qui ont bouffé leur étiquette. De l'autre, les UMP, là où ils étaient confrontés à des candidats UDI ou MoDem, ont été durement accrochés.
Mais, faute que de telles offres aient été généralisées, c'est le Front national qui, là où il était en position d'aimanter les mécontentements et les rejets, a raflé la mise. Y compris - ô symbole ! - dans le berceau de Maurice Thorez, dans le fief de Jean Jaurès et dans la circonscription de Clemenceau.
En conséquence, les mêmes causes finissant toujours par amplifier les mêmes effets, le parti de Marine Le Pen risque - véritable séisme - d'arriver très largement en tête aux élections européennes. Devant une UMP dont le scrutin de dimanche révèle également - quoi qu'on en dise - le peu d'appétence qu'elle suscite dans une France à bout de nerfs. Logique puisque la politique que François Hollande mène, en matière économique et sociale, avec les résultats que chacun constate, est très exactement celle que l'UMP, Copé en tête, n'a cessé de préconiser..
Il y a quelques mois, dans ces colonnes, j'avais posé cette question, que je réitère : est-ce que cela pourra durer encore comme ça pendant trois ans ?
Ce pourquoi je préconisais de «dégager par le haut» le responsable de cet immense gâchis, le catalyseur de nos désespérances et le démiurge de nos déliquescences, celui qui est en train de rendre la France folle.
Comment ? En le transformant en reine d'Angleterre. En confiant la conduite de la politique de la France à une équipe élargie, dont les vraies convictions se substitueront aux petits calculs, capable - enfin ! - de mobiliser le pays autour de ce dont le pouvoir en place l'a sevré : un projet, un objectif, une alternative.
Autrement dit, en appliquant scrupuleusement la Constitution.
Qui ne perçoit cette évidence : les électeurs, dimanche, ont saisi toutes les occasions, toutes, y compris les pires, de claquer le pouvoir hollandais tout en se libérant du carcan UMP-PS, de la tenaille Jean-François Copé-Harlem Désir.
Ici, ils ont poussé en avant un communiste ou un mélenchonien ; là, un socialiste dissident ou différent. Ailleurs, un sans-étiquette, un divers ceci ou cela, un écolo ou un centriste.
Constatons-le : Noël Mamère réélu au premier tour, mais la liste Moscovici à Montbéliard écrabouillée. A Grenoble, le PS sortant, plus hollandais que Hollande, éliminé par une concurrence sur sa gauche. A Quimper, l'homme lige du président en chute libre. A Dunkerque, l'inamovible maire PS Delebarre battu par un divers gauche. A Montpellier, une mairie socialiste jugée indéboulonnable bousculée par une déviance. D'un côté, les socialistes - nombreux - qui s'en tirent bien sont ceux qui ont bouffé leur étiquette. De l'autre, les UMP, là où ils étaient confrontés à des candidats UDI ou MoDem, ont été durement accrochés.
Mais, faute que de telles offres aient été généralisées, c'est le Front national qui, là où il était en position d'aimanter les mécontentements et les rejets, a raflé la mise. Y compris - ô symbole ! - dans le berceau de Maurice Thorez, dans le fief de Jean Jaurès et dans la circonscription de Clemenceau.
En conséquence, les mêmes causes finissant toujours par amplifier les mêmes effets, le parti de Marine Le Pen risque - véritable séisme - d'arriver très largement en tête aux élections européennes. Devant une UMP dont le scrutin de dimanche révèle également - quoi qu'on en dise - le peu d'appétence qu'elle suscite dans une France à bout de nerfs. Logique puisque la politique que François Hollande mène, en matière économique et sociale, avec les résultats que chacun constate, est très exactement celle que l'UMP, Copé en tête, n'a cessé de préconiser..
Dans
la capitale picarde, deux nouvelles organisations politiques viennent de voir
le jour à gauche: «Nouvelle donne» et «Ensemble». Portées par des courants politiques différents, elles se rejoignent sur
la volonté de renouveler les pratiques politiques et sur l'objectif de
bousculer l'hégémonie du Parti socialiste à gauche.
Changer
la gauche pour changer la société. C'est ce qui semble être le leitmotiv de ces
deux nouvelles organisations politiques nationales, «Nouvelle donne» et «Ensemble»,
dont les déclinaisons locales viennent de voir le jour à Amiens. Pour l'instant
quasi inconnues, ces deux organisations bien distinctes ont des objectifs
communs: contester l'hégémonie du Parti socialiste (PS) à gauche et changer la
manière de faire de la politique.
«Ensemble» est la plus récente de ces organisations. Son lancement officiel a eu lieu cette
semaine dans la capitale picarde.
Que veut «Ensemble»? D'abord
changer d'Europe. «Notre combat se situe dans une stratégie européenne de rupture
avec le libéralisme, indique Kelly Poulet, doctorante en
sociologie, spécialiste des migrations et militante associative. Nous devons travailler avec d'autres pays sur une stratégie de
désobéissance aux traités européens.»
Les considérations
écologiques semblent également au cœur de la démarche: «Notre écologie doit être populaire et refuser les logiques
culpabilisantes. On doit par ailleurs surmonter la fausse opposition entre
défense de l'emploi et préservation de l'environnement en s'engageant dans la
conversion écologique de l'économie.» En accord avec les textes de
références adoptés nationalement par «Ensemble», Kelly Poulet a expliqué que
son mouvement politique visait à «faire
converger les combats entre toutes les oppressions: de l'exigence féministe à
la lutte contre le racisme et la xénophobie».
«Ensemble»
rassemblerait 2500 militants nationalement au sein de son «mouvement politique pluriel qui agit au sein du Front de gauche».
Ce n'est pas encore un parti politique,
seulement un «mouvement». Une
période de réflexion collective d'un an vient de commencer et devrait s'achever
par l'adoption de règles de fonctionnement internes claires. D'ici un an, le «mouvement politique pluriel»
devrait donc sortir de sa chrysalide pour devenir un parti.
«Nouvelle
donne» revendique 6000 adhérents
De son côté, «Nouvelle donne» est
déjà un parti politique et il se présentera d'ailleurs, seul, aux élections
européennes de juin prochain. Il a été initié par Pierre Larrouturou, ancien
membre du PS et d'EELV, spécialiste de l'économie et notamment farouche
partisan du partage du temps de travail.
Actuellement
conseiller régional d'Île-de-France, élu en 2010 sous l'étiquette EELV, Pierre
Larrouturou avait tenté d'insuffler ses propositions économiques au sein du
Parti socialiste en 2012 lors du congrès. À l'époque, la motion qu'il avait
déposée, et qui était notamment représentée par Stéphane Hessel, avait
recueilli près de 12% des suffrages nationalement.
Depuis, Pierre
Larrouturou a créé «Nouvelle donne». C'était en novembre dernier, un parti qui assure déjà rassembler 6000 adhérents.
«40% d'entre nous n'avaient jamais été encartés
auparavant, dont beaucoup de jeunes». Qui regrettent qu'à gauche les
choix de gestion aient remplacés les choix politiques. «Il n'y a plus de réflexion sur
la société».
Vingt propositions au débat
Alors sur le fond,
«Nouvelle donne» entend s'attaquer fermement aux problèmes économiques et
sociaux. Analysant que la crise que nous connaissons «vient d'un partage de plus en
plus inégal des richesses», le parti met sur la table une vingtaine de propositions pour
«rompre avec un modèle économique qui nous amène dans le mur»
et pour «remettre à l’endroit tout ce
que 30 ans de dérégulation ont mis à l’envers».
«Nouvelle
donne» veut adopter un fonctionnement interne très démocratique. «On ne peut plus continuer avec le centralisme
démocratique dans lequel la base de l'organisation applique ce que la tête a
décidé». Ce qui implique
aussi, pour «Nouvelle donne», d'en finir avec la Ve République, cette «monarchie constitutionnelle dans lequel le Parlement n'est
plus qu'une chambre d'enregistrement».
Faire de la politique autrement, Attirer les ouvriers et les employés
Il
s'agit aussi de diversifier l'origine sociale des militants politiques,
notamment ceux qui brigueront des mandats électoraux. Et tout cela commence par
la base.
Le non-cumul des mandats, y
compris dans la durée, est aussi au cœur du projet afin de supprimer les
«carrières politiques». Une règle appliquée au sein même du parti: «Il faut sortir le Front de gauche de son fonctionnement en
simple cartel électoral»
«on n'a jamais réussi a porter un programme
politique qui permette de contrecarrer et prendre le pouvoir au PS».
Dans cette optique, ces militants
ont du pain sur la planche. Mais ils se sont d'ores et déjà donné rendez-vous
le 12 avril pour une marche à Paris contre la politique économique du
gouvernement. Et il est fort probable qu'ils y croisent des militants de «Nouvelle donne».