jeudi 9 mars 2023

Quand les Français se battent pour leurs retraites, il est question du sens de la vie

 

Quand les Français se battent pour leurs retraites, il est question du sens de la vie

La réforme défendue par Emmanuel Macron ne touche pas seulement à la vie pendant l’âge mûr. Elle traite de problématiques qui empêchent les Français de dormir, et remet en question le sens même de la vie, analyse ce journaliste franco-allemand.  Nils Minkmar

 

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Toujours quelque chose à faire. À peine a-t-il nourri les bêtes qu’il doit installer la clôture. Même le jour de la fête du village, Alexandre l’agriculteur doit aller au champ arroser ses citrouilles, radioguidé – et télésurveillé – par sa tendre épouse. Puis, un (beau) jour, un accident de voiture et Alexandre se retrouve veuf. En perdant sa compagne, il perd aussi son surmoi. Il change alors de vie et ne sort plus de son lit – qu’il équipe de façon à ne plus avoir à se lever, son dégourdi de chien lui apportant provisions et tout le toutim. Alexandre fait de la musique et paresse sans modération, ce qui manque provoquer au village une rébellion des honnêtes gens, ses copains, eux, devant encore trimer. Car, au fait, une telle paresse est-elle bien morale ?

Dans la comédie d’Yves Robert Alexandre le Bienheureux, sortie en 1968, le grandiose Philippe Noiret incarne ce Sisyphe des champs modernes qui saisit l’occasion d’un coup du destin pour se libérer. À ce jour, cette œuvre est la meilleure introduction qui soit au rapport des plus complexes qu’entretiennent les Français avec le travail versus la paresse, le temps libre versus l’effort, l’art de vivre versus l’ambition et l’excellence. Ces sujets touchent à l’identité du pays et se trouvent depuis une éternité au centre des discussions, publiques comme privées.

Il n’est donc pas surprenant que la question de savoir si l’âge de départ à la retraite sera légèrement repoussé, laquelle, de l’extérieur, peut paraître secondaire, tienne depuis des semaines le pays entier en haleine. Elle est à la croisée de problématiques sur la vie, les grandes lignes directrices de l’existence et, en somme, les traditions culturelles de la France.

Une rébellion contre le capitalisme au nom de la paresse

En surface, il peut sembler s’agir de démographie, de justice sociale, de réforme du système social, mais juste au-dessous s’agitent des questions tout autres, de celles qui empêchent les gens de dormir, car elles concernent le sens de la vie. Est-ce que ce sera mieux si les gens travaillent plus, plus longtemps, en étant plus productifs ? Ou bien prive-t-on une longue existence de ses meilleures années si l’on reporte l’âge de la retraite ? D’ailleurs, des services comme la retraite doivent-ils être financés par le travail ? Une retraite par capitalisation [qui repose sur l’épargne individuelle] ne serait-elle pas plus juste ?

Ces questions sont d’autant plus explosives que les Françaises et les Français ont tendance à considérer leur situation comme un cas unique et exemplaire, sur lequel se penchera de près le reste du monde civilisé. D’où cet impératif : si l’écrasante logique de maximisation de la productivité, d’allongement du temps de travail et de course à l’efficacité économique peut être contrée dans un pays, c’est bien en France.

Mais ce ne serait pas une pensée véritablement française si elle ne contenait un moment dialectique, une contradiction : au nom du droit à la paresse et au temps libre, il faut déclencher une rébellion contre le capitalisme et le néolibéralisme qui soit perceptible sur la planète entière, et aucun effort n’est trop grand pour atteindre ce noble objectif. Car en aucun cas le droit universel à la paresse, c’est-à-dire le droit à avoir des loisirs, à se reposer et à bayer aux corneilles, ne doit et ne peut être défendu en se tournant les pouces.

Effort et concentration, les piliers de l’existence

En cette fin d’hiver, il y a quelques jours, quand les premiers rayons de soleil ont réchauffé et illuminé le somptueux centre-ville de Bordeaux, les pionniers de ce nouvel ordre de la paresse ne sont pas allés à la plage ou dans les parcs mettre en pratique leur théorie. Non, ils ont défilé et scandé des slogans, plastronné et protesté contre le président, sa réforme et le néolibéralisme mondial. Efforts et concentration sont en France les piliers d’une existence réussie. Toute la question étant de savoir pourquoi.

C’est ici qu’entre en jeu cette spécificité toute gauloise qui consiste à comprendre les relations sociales comme une dialectique négative. Avec le temps, les choses s’améliorent, mais, fondamentalement, le policier est l’ennemi du citoyen, le professeur l’ennemi de la classe et le chef l’ennemi de l’employé et du travailleur. Aussi existe-t-il une différence philosophique vertigineuse entre le fait de s’échiner du matin au soir à produire son fromage et son vin dans les Cévennes, pour, peut-être, ne gagner que le strict minimum vital, mais en connaissant en retour une gloire infinie auprès de sa famille et de ses amis, et celui de devoir faire des heures supplémentaires parce que son entreprise l’exige, ce qui provoque grèves et émeutes.

Lorsqu’on parcourt la France à vélo, on croise une armada d’hommes sveltes qui, parfaitement équipés, rapides comme l’éclair, foncent sur les pistes cyclables et les routes de campagne, parcourant parfois plus de 100 kilomètres par jour et déployant bien plus d’efforts qu’à leur travail, qu’ils n’exercent d’ailleurs plus depuis des années déjà. Ils transpirent et pédalent en hommes libres.

L’armée de jeunes retraités, pilier de la société

Il est également vrai que la France ne pourrait fonctionner sans cette armée de jeunes retraités en pleine forme. Elle a impérativement besoin d’eux, ne serait-ce que pour s’occuper des enfants pendant les interminables vacances d’été [huit semaines en France, contre six en Allemagne]. Et comme le nombre d’enfants par famille est parfois plus important qu’en Allemagne, qu’il n’est pas rare qu’une femme ait trois ou quatre énergiques bambins, mais que le taux de divorce est tout aussi élevé, avoisinant 50 % dans les grandes villes, il peut arriver que deux parents qui ont chacun quatre ou cinq enfants reforment un couple qui se retrouve avec toute cette joyeuse troupe sur les bras. Or, en France, ce sont justement les grands-parents qui s’en occupent, la tradition le veut, et pour cela, évidemment, ils doivent avoir une santé de fer, physique et psychique.

Idem pour la vie associative, la culture villageoise, la politique locale et régionale, le lien social dans les villes. Nos aînés sont indispensables. Il y a même des commissaires de police à la retraite qui mettent à profit leur temps libre et leur droit à ne rien faire pour plancher sur des affaires de disparitions non résolues. Bref, sans les seniors, il n’y aurait point de lien social, point de bon voisinage, point de douceur de vivre en France. Et c’est un argument de poids contre l’allongement de la vie professionnelle.

 

Ce rôle central des retraitées et des retraités est la conséquence de l’emploi du temps ultrachargé des Français plus jeunes. Le nombre d’enfants entre en jeu, certes, mais aussi l’importance accordée à la performance, et ce dès les premiers bulletins scolaires. Car dans l’Hexagone, on ne fait carrière qu’après de longues et exigeantes études, avec, dans l’idéal, un passage par la case “grandes écoles”. Et, là encore, le rang que l’on obtient en sortant de ces écoles revêt une importance déterminante. Entre 15 et 35 ans, la vie en France est avant tout éreintante.

Macron travaille, Chirac savait s’accorder des pauses

La jeunesse d’Emmanuel Macron, qui réjouit bon nombre de ses concitoyens et en agace autant, se manifeste précisément par ceci : le président travaille jour et nuit, et quantité de portraits qui lui sont consacrés le soulignent. Les légendaires et sympathiques présidents Jacques Chirac et François Mitterrand étaient au contraire connus pour leur talent à s’accorder des pauses créatives, gastronomiques et romantiques.

Les carrières dans la fonction publique aussi sont organisées selon le bon vieux principe latin du per aspera ad astra – il faut passer par des voies ardues pour s’avancer vers les étoiles. Qu’ils soient enseignants ou membres de l’administration, les Français débutent dans les régions du nord ou de l’est de la France, réputées peu attrayantes, puis se rapprochent peu à peu de Paris où, depuis les temps de l’absolutisme, toute âme française doit faire ses preuves pour ensuite, en récompense de sa peine, décrocher un poste dans le sud du pays, où elle pourra déjà se préparer à sa retraite prochaine. Mais voilà que cet ordre établi risque d’être victime d’une réforme menée au nom des temps nouveaux.

Il existe de bons arguments pour repousser l’âge de départ en retraite, ce qui ne fait que rendre le combat encore plus rude. Bien entendu, les opposants à la réforme savent que les autres pays d’Europe ont d’autres modèles, que le président américain est encore capable de faire son job du haut de ses 80 printemps, mais cela ne fait qu’accroître la symbolique de leur lutte. Tant qu’on ne sait pas clairement à qui cette peine supplémentaire profitera, tant que la valeur suprême de la liberté passera au second plan pour atteindre un quelconque objectif budgétaire, bref tant qu’il ne s’agira que d’argent, cette lutte contre la réforme des retraites apparaîtra comme une bien plus vaste révolution contre les contraintes matérielles et les mécanismes du marché qui ne semblent pouvoir être remis en question ailleurs et qui, précisément pour cette raison, apparaissent aujourd’hui en France comme le légitime objectif d’une révolution.

Quand l’Occident fonctionnait encore selon le principe du droit divin, que la société était depuis toujours – et pour toujours – divisée en trois ordres, à Paris, l’histoire de l’humanité a basculé. Le souvenir de la Révolution, des droits universels du citoyen et de l’ascension de Napoléon n’est pas que du folklore. Il évoque un potentiel politique. Nous avons déjà tout changé, alors nous pouvons de nouveau tout changer. Tel est le mantra des grévistes et des jeunes protestataires. Et plus les obstacles qu’on leur oppose seront grands, plus leurs actions seront déterminées, car il ne saurait y avoir aucune pause, aucun relâchement, dans la lutte épique pour la paresse.

vendredi 28 octobre 2022

la volonté poutinienne de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale

 La Russie contemporaine reprend d’ailleurs la rhétorique soviétique des années 1950-1960 pour la qualifier de «Grande Guerre patriotique».

La Russie de Vladimir Poutine n’y fait pas exception et dans le domaine qui nous intéresse ici, à savoir l’histoire de l’aviation, c’est extrêmement prégnant. Depuis quelques années maintenant les historiens russes n’ont plus le droit d’aborder le cas de la loi de prêt-bail qui avait permis aux forces soviétiques de recevoir des équipements américains et britanniques durant la Seconde Guerre mondiale.

En fait la volonté poutinienne de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale n’a rien de nouvelle. Depuis plusieurs années Moscou tente, via des canaux de communication et de propagande accessibles depuis les réseaux sociaux, de faire croire aux masses que seule l’armée russe a vaincu l’armée allemande en 1945 et libéré ainsi l’Europe.
C’est faux, et à double titre même. En premier lieu parce qu’en 1945 l’armée russe n’existait tout simplement pas, c’est l’armée soviétique, l’Armée Rouge. L’armée russe a disparu en 1919-1920 durant la guerre civile consécutive à la révolution d’octobre 1917. En second lieu c’est gommer délibérément l’action militaire des forces anglo-américaines et de leurs alliés australiens, canadiens, et néo-zélandais venus en masse combattre les idéologies fascistes et nazis sur le Vieux Continent.  Ce ne sont pas les troupes soviétiques qui ont débarquées en Normandie et en Province en juin et août 1944. Ce ne sont pas elles qui ont libérés Amsterdam, Bruxelles, ou encore Paris. Ce sont bien les forces alliées placées sous commandement anglo-américain.

En 2018 un collectif d’universitaires russes tirait le signal d’alarme en indiquant que désormais il leur était interdit d’aborder l’aide anglo-américaine fournie à l’Union Soviétique au titre du prêt-bail. Avant même d’entrer en guerre, en décembre 1941, les États-Unis envoyaient des armes et du matériel à l’Union soviétique pour l’aider à vaincre l’invasion nazie*C’était déjà une première étape vers une totale réécriture de l’Histoire à la sauce Poutine. Selon l’autocrate russe la guerre s’est déroulée comme il la fantasme : la Russie seule contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ça peut nous paraître complètement débile et même totalement hallucinant sauf que c’est désormais une réalité bien palpable.

L’instrumentalisation des sciences, et notamment des sciences humaines, est quelque chose de très habituel de la part des régimes autocratiques et dictatoriaux. il s’agit là d’une forme de mensonge à grande échelle, de celle qui permet d’orienter la pensée des uns et des autres. Et ça, c’est grave.

*Au bout du compte, l’Amérique aura envoyé à son allié russe les équipements militaires suivants :

  • 400 000 jeeps et camions
  • 14 000 avions
  • 8 000 tracteurs
  • 13 000 chars

Le monothéisme a été une catastrophe pour la femme.

 

En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et le corps jusqu’en dessous des genoux et ne doivent pas porter des pantalons serrés ou des jeans troués. 

Ce manque de liberté a tué Mahsa Amini qui fût arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Peut-on continuer à dire que les femmes voilées sont totalement libres dans leur choix vestimentaire ? La réponse est bien évidemment négative.

“Il n'y a que ceux qui ont le pied sur la braise qui en ressentent la brûlure”,

Dit un proverbe arabe. Cette brûlure, des millions de femmes la ressentent quotidiennement en terre d'Islam. 

Dans la plupart des pays « musulmans », le port du voile par les jeunes filles est systématique !  A l’âge de 10/12 ans , une jeune fille commence à porter le voile, elle n’est pas en capacité de réfléchir si le non port du voile est possible en raison des circonstances qui l’entoure : une famille croyante. Le port du hidjab se développe partout. Ce qui a commencé dans les années 90 devient un comportement social généralisé. Les femmes, pour en finir avec les injonctions et les reproches venus des hommes, de leur famille, du groupe, portent le voile. Contrairement à la France, la scolarité des filles n’est pas obligation dans certains pays ou bien les activités extra scolaires (sorties entre amies) sont inexistantes. Cela permet à la famille de garder leurs filles dans l’ignorance, en évitant ainsi que leurs filles deviennent « rebelles ». 

 Cette pression ne vient pas uniquement de la part de l’Etat fut-il laïque comme la Turquie, ou des autorités religieuses. Elle vient également de la sphère familiale celle du père, de la mère mais aussi des frères ils sont le relai des croyances ancestrales véhiculées par les imams et autres Dr de la foi qui interprètent le Coran d’une manière rétrograde et erronée. Deux versets parlent du voile pour les femmes   créant un lien abusif entre croyances religieuses, organisation sociale et condition féminine. Le premier demande aux femmes du Prophète de ne pas s’exposer dans l’espace public comme les autres femmes. Le second évoque le hijâb (le voile) pour les femmes du prophète. Aujourd'hui, le verset cité régulièrement demande aux croyantes de voiler leur jayb, leur fente. Mais cela peut être la fente sexuelle ou fessière ou l’espace entre les seins. Tabari et autres commentateurs du texte ont fait dans la surenchère, parlant des mains, des pieds, affirmant qu’il faut voiler le corps entier.

En plus de la mort de Mahsa, qui aurait mal porté son voile, les Iraniennes du monde entier saluent le courage des femmes de leur pays. Au moins 60 civils ont été tués en Iran pour avoir manifesté pour les libertés des femmes. Face aux manifestations, Téhéran a durci davantage sa censure d’Internet, en bloquant plusieurs des rares services occidentaux encore accessibles dans le pays : twitter, Instagram… 

Toutes les religions monothéistes ont essayé de dompter le sexe féminin. Si l'on prend le christianisme, cela ne s'est pas passé du vivant de Jésus qui lavait les pieds de Marie-Madeleine la pécheresse, et qui était l'exemple de la tolérance même, mais voyez ce que les Pères de l'Eglise ont ensuite fait de la femme ! On retombe toujours sur les mêmes clichés, les mêmes règles. 

Le monothéisme a été une catastrophe pour la femme.

Que doit-on faire pour que tout cela cesse ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi 29 septembre 2022

“Il n'y a que ceux qui ont le pied sur la braise qui en ressentent la brûlure”


En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et le corps jusqu’en dessous des genoux et ne doivent pas porter des pantalons serrés ou des jeans troués. 

Ce manque de liberté a tué Mahsa Amini qui fût arrêtée par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Peut-on continuer à dire que les femmes voilées sont totalement libres dans leur choix vestimentaire ? La réponse est bien évidemment négative.

“Il n'y a que ceux qui ont le pied sur la braise qui en ressentent la brûlure”

Dit un proverbe arabe. 

Cette brûlure, des millions de femmes la ressentent quotidiennement en terre d'Islam.

 

Dans la plupart des pays « musulmans » le port du voile par les jeunes filles est systématique !  A l’âge de 10/12 ans , une jeune fille commence à porter le voile, elle n’est pas en capacité de réfléchir si le non port du voile est possible en raison des circonstances qui l’entoure : une famille croyante. Le port du hidjab se développe partout. Ce qui a commencé dans les années 90 devient un comportement social généralisé. Les femmes, pour en finir avec les injonctions et les reproches venus des hommes, de leur famille, du groupe, portent le voile. Contrairement à la France, la scolarité des filles n’est pas obligation dans certains pays ou bien les activités extra scolaires (sorties entre amies) sont inexistantes. Cela permet à la famille de garder leurs filles dans l’ignorance, en évitant ainsi que leurs filles deviennent « rebelles ». 

 Cette pression ne vient pas uniquement de la part de l’Etat fut-il laïque comme la Turquie, ou des autorités religieuses. Elle vient également de la sphère familiale celle du père, de la mère mais aussi des frères ils sont le relai des croyances ancestrales véhiculées par les imams et autres Dr de la foi qui interprètent le Coran d’une manière rétrograde et erronée. Deux versets parlent du voile pour les femmes   créant un lien abusif entre croyances religieuses, organisation sociale et condition féminine. Le premier demande aux femmes du Prophète de ne pas s’exposer dans l’espace public comme les autres femmes. Le second évoque le hijâb (le voile) pour les femmes du prophète. Aujourd'hui, le verset cité régulièrement demande aux croyantes de voiler leur jayb, leur fente. Mais cela peut être la fente sexuelle ou fessière ou l’espace entre les seins. Tabari et autres commentateurs du texte ont fait dans la surenchère, parlant des mains, des pieds, affirmant qu’il faut voiler le corps entier.

En plus de la mort de Mahsa, qui aurait mal porté son voile, les Iraniennes du monde entier saluent le courage des femmes de leur pays. Au moins 60 civils ont été tués en Iran pour avoir manifesté pour les libertés des femmes. Face aux manifestations, Téhéran a durci davantage sa censure d’Internet, en bloquant plusieurs des rares services occidentaux encore accessibles dans le pays : twitter, Instagram… 

Toutes les religions monothéistes ont essayé de dompter le sexe féminin. Si l'on prend le christianisme, cela ne s'est pas passé du vivant de Jésus qui lavait les pieds de Marie-Madeleine la pécheresse, et qui était l'exemple de la tolérance même, mais voyez ce que les Pères de l'Eglise ont ensuite fait de la femme ! On retombe toujours sur les mêmes clichés, les mêmes règles. Le monothéisme a été une catastrophe pour la femme.

Que doit-on faire pour que tout cela cesse ?


mercredi 20 avril 2022

Le Pen à l’Elysée, Mélenchon à Matignon… Quelle bonne idée !

 

Le Pen à l’Elysée, Mélenchon à Matignon… Quelle bonne idée !

CHRONIQUE

Sylvain Courage


Le leader des « insoumis » s’est porté candidat à Matignon quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle. Une innovation politique qui soulève quelques interrogations…Encore une fois, Jean-Luc Mélenchon rêve tout haut qu’« un autre monde est possible ». Invité mardi soir 19 avril sur BFM TV, il a appelé de ses vœux un « troisième tour ». Hélas, l’élection présidentielle n’en prévoit que deux. Dommage. Qu’à cela ne tienne, Mélenchon conjure désormais les Français de le désigner comme « Premier ministre » et cela quel que soit le vainqueur du 24 avril. « Je serai le Premier ministre pas par la faveur ou la grâce de monsieur Macron ou madame Le Pen, mais parce que les Français l’auront voulu », a-t-il affirmé. On voit par là que l’« insoumis « en chef ne recule devant presque rien pour poursuivre sa carrière. A 70 ans, il se voit en Chirac ou en Balladur new look contraignant son triomphateur ou sa triomphatrice à une improbable cohabitation. Un scénario digne de « Baron noir », la célèbre série télé de la gauche de gouvernement. 

Ce nouveau synopsis – « Mélenchon contre-attaque » – contredit toutes ses promesses des six derniers mois. Lui qui jurait vouloir s’effacer devant une nouvelle génération encouragée à « faire mieux » que lui, reprend la main en une seule apparition télévisuelle. Coucou le revoilà.

Seul maître à bord, il fixe le cap. Comme d’habitude. Car lui seul sait voir plus loin. Et l’on imagine l’approbation de ses lieutenants à l’énoncé de cette nouvelle et géniale prophétie. Qu’on lui donne une majorité parlementaire et le voilà qui prendrait des décrets, depuis Matignon, au nez du président Macron… Ou de la présidente Le Pen. Peu importe, au fond. Voilà l’innovation disruptive et l’énormité de sa péroraison : Jean-Luc Mélenchon se tient prêt pour l’enfer de Matignon avec Marine Le Pen à l’Elysée. A la présidente, le domaine réservé de la politique étrangère et notamment la délicate négociation d’un nouveau partenariat avec la Russie poutinienne. A lui l’intendance et le blocage des prix des biens de première nécessité et le smic à 1 400 euros. Des mesures de salut public que la présidente empêchée ne pourrait pas renier. Quel attelage ! Il suffisait d’y penser…

Et si le vainqueur de dimanche soir est Emmanuel Macron, la revanche du peuple serait encore plus complète. On imagine l’ambiance de camaraderie qui régnerait au conseil des ministres (avec Adrien Quatennens, Alexis Corbière et Clémentine Autain aux ministères régaliens…). Sans parler de l’entente nationale qui assurerait le triomphe des intérêts français à la table des sommets européens. Vive la cohabitation ! « Si ça ne convient pas au président, il peut s’en aller, moi je ne m’en irai pas », a précisé Mélenchon.

Faille narcissique                                                                                                                         Sans surprise, cette fiction politique nous éloigne du réel. Comme tout fantasme, elle nous renseigne surtout au sujet du sujet. Elle confirme que l’homme aux 22 % de suffrages présidentielles ne résistera jamais au plaisir d’une provocation médiatique pour « exister » à la veille d’un second tour dont il a été privé. Et révèle ainsi sa profonde faille narcissique. Lui qui reconnaît ne pas être « sorti indemne » de sa troisième défaite consécutive – très courte il est vrai –, cherche visiblement une compensation, un lot de consolation. C’est humain. Premier ministre, voilà qui satisferait son inextinguible soif de reconnaissance.   La tentation était sans doute trop forte. Ce faisant, le Narcisse « insoumis » démolit en quelques phrases l’initiative de rassemblement des éclats de la gauche qu’il prétend par ailleurs mener  : avant même d’avoir entamé les tractations, écologistes, communistes et socialistes de tous poils savent déjà que leur rôle consistera à porter le bouclier sur lequel le chef gaulois envisage de s’installer. A l’évidence, la VIe République peut attendre…     

 Mélenchon sera-t-il candidat aux législatives pour acquérir la légitimité démocratique dont il se parfume déjà ? Rien n’est moins sûr. Sa circonscription marseillaise est bien lointaine et les allers-retours le fatiguent. Il pourrait candidater à Paris. Mais Mélenchon souligne que bien des Premiers ministres – de Raymond Barre à Jean Castex – ont été désignés sans même siéger à l’Assemblée. Foin de républicanisme. On voit par là que 

Jean-Luc Mélenchon est prêt à s’accommoder des usages d’un système technocratique qu’il vomit. Et c’est là, finalement, ce qu’il a de plus rassurant.




vendredi 8 avril 2022

Le bal des lepénotrotskistes (farce) Par Jacques-Alain Miller Psychanalyste



François Fillon avait durant toute la campagne mis en avant son âge et son expérience pour se comparer avantageusement à son rival plus jeune et moins capé. Il n’a pas insisté. Dimanche soir, comme Benoît Hamon, il appela sans faire d’histoire à voter contre Marine Le Pen et pour Emmanuel Macron.

Une ribambelle de gens de droite le suivirent ou le précédèrent. Jean-Pierre Raffarin comme illuminé par le sentiment national dont il se faisait le porte-parole. Les gens de gauche ne firent aucune difficulté à se rallier.

Un seul fit exception. Un seul se nia à entrer dans le front républicain spontané qui se formait sous nos yeux pour faire barrage, selon le terme consacré, au FN et à sa cheffe. Son nom ?

Jean-Luc Mélenchon.

Certains de ses partisans, tout en reprenant les articulations de son raisonnement (à savoir : c’est la faute à la droite et au PS si MLP est au second tour ; nous n’avons rien à faire avec personne de cette droite ni avec personne de ce PS), certains mélenchoniens ont déclaré avoir décidé à titre personnel de voter Macron. C’est le cas en particulier de Gérard Miller, et je m’en réjouis, «à titre personnel» également. Mais tout laisse à penser que les Gérard Miller seront une minorité. La France insoumise dans sa masse votera blanc ou ne votera pas.

À l’exception notable, cependant, du Parti communiste. Celui-ci en effet, par une Déclaration datée du 23 avril, appelle à «barrer la route de la Présidence de la République à Marine Le Pen, à son clan et à la menace que constitue le Front national pour la démocratie, la République et la paix (…)» Ce sont ces mots que M. Mélenchon n’a pas réussi à s’arracher dimanche soir ni toute la journée du lendemain, ni le surlendemain.

Apostrophons le Parti. «Quousque tandem, vous, les communistes, héritiers d’une grande histoire, combien de temps, toi, Pierre Laurent, fils de ton père, combien de temps, vous, les cocos, les cocus, continuerez-vous de soutenir cet homme et ses amis qui vous bernent et vous roulent dans la farine et veulent vous entraîner avec eux dans leur impasse définitive ?»


J’en reviens à M. Mélenchon. Le grand babu M. Mélenchon, nouvelle Emma Bovary, rêve qu’il est Peron, qu’il est Chavez. Entre parenthèses, tous les deux étaient antisémites.                              

Peron fit de l’Argentine le havre de la SS en fuite. C’est à Buenos Aires que vivotait Eichmann lorsque le Mossad l’enleva pour le livrer à la justice de l’Etat juif.      Quant à Chavez, j’ai vu et entendu, de mes yeux vu, de mes oreilles entendu, sur YouTube, un discours de lui mettant Israël et les Israéliens au ban de l’humanité avec des accents dignes, non de Hitler, trop avisé pour traiter en public le thème de l’extermination, mais de Charlie Chaplin imitant Hitler.

Toujours est-il que M. Mélenchon et ses amis s’imaginent qu’ils sont désormais en position d’être le Surmoi de toute la gauche. Voyez comme ils paradent ces jours-ci en gonflant leurs biscotos. Je les imagine chanter pendant qu’ils descendent sur le pavé comme la Jeune Garde du temps jadis : «Nous les purs et durs. Nous les insoumis, nous les incorruptibles, nous les invincibles. Nous, capables d’envoyer les communistes au tapis et de les faire passer sous nos fourches caudines. Nous, les amis du peuple, nous le peuple lui-même

On est ici place de la Bastille où stationnent les 130 000 militants réunis par la Marche pour la VIe République, mais on pourrait être aussi bien dans le salon des femmes savantes de Molière : «Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis.» Et les autres ? Et nous ? Nous qui nous disons modestement de gauche sans avoir le label «j», l’appellation contrôlée de la France insoumise ? Eh bien, nous, nous sommes les soumis. Nous sommes les faibles, les dupes, les dévoyés, les indignes, les vendus, les embourgeoisés, les bourgeois. Haro sur nous ! Là, on se croirait dans l’immortel feuilleton radiophonique de Francis Blanche, Signé Furax, quand on chante : «Tout le monde y pue / Y sent la charogne/ Yaqu’le Grand Babu / Qui sent l’eau de Cologne.»

Le Grand Babu, dans toute cette affaire, à votre avis c’est qui ?

Le Surmoi de la gauche, sa «conscience morale» ou sa conscience politique, ce serait vous, les gars et les garces de la France insoumise ? Vous n’êtes rien de tel. Vous êtes même le contraire. En refusant dimanche soir de répudier sans phrase Le Pen et ses faux-semblants comme on répudie à son baptême Satan et ses pompes, vous êtes tous, tous autant que vous êtes, devenus des damnés.

Non pas «les damnés de la terre» du regretté Frantz Fanon. Les damnés de la gauche.

Aux dernières nouvelles, la France insoumise est devenue assez sûre d’elle-même, assez impudente, pour répandre l’équation «EM = MLP» (je m’appuie ici sur le témoignage spontané de Vanessa Sudreau, de Toulouse, voir le numéro 671 de Lacan Quotidien paru il y a deux jours).

C’est trop fort ! Cette France insoumise se croit tout permis. Elle ne tient plus en place. Elle se rend vraiment incommode. Elle a la rage. Elle va finir par booster la campagne de Marine et par mettre en danger la victoire de Macron.


 Le Lepénotrotskisme, une farce

Sans doute comprenez-vous mieux maintenant à quel spectacle la France, insoumis et soumis confondus, vont assisté en direct dimanche à la télévision. Visiblement sans le savoir, les protagonistes du 20 heures rejouèrent le soir du 23 avril 2017 la séquence politique qui précéda et suivit le Débarquement du 6 juin 1944.

Les circonstances, les noms, les êtres ont changé, mais la structure, les places, sont les mêmes. Là où c’était Lambert, c’est aujourd’hui Mélenchon. Là où c’était le Parti communiste internationaliste, c’est la France insoumise. Là où c’était les nazis, c’est le RN.

On se souvient de la phrase de Marx au début de son merveilleux petit livre, Le Dix-huit Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte : «Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.»

Farce en effet que Mélenchon en tribun et mandataire du peuple, jouant simultanément les notaires scrupuleux ne pouvant déborder sous aucun prétexte du «mandat reçu.» Tour de force de l’art théâtral. Cela mériterait un César. .../...

Farce aussi que cette fille hommasse, fameuse parricide politique, jouant les pasionarias, non pas dans le style magnifique de Dolores Ibarruri, mais en reprenant le rôle de Jefa Espiritual de la Nacion – Cheffe Spirituelle de la Nation – jadis illustré par Eva Peron, elle mince et séduisante danseuse des bordels les plus chauds du Rio de la Plata.

Et farce enfin, farce énorme, farce burlesque, que Mélenchon «vêtu de probité candide et de lin blanc» expliquant la bouche pleine de mots qu’il n’avait pas à se prononcer sur le choix à faire au second tour de l’élection présidentielle. Voter blanc ? S’abstenir ? Voter Macron ? Voter Le Pen ? Non, non, non, il ne pouvait rien dire, rien de rien, il n’avait pas mandat pour cela. Le mandat, la plate-forme ; la plate-forme, le mandat. Il n’y avait pas à sortir de là.

Voilà l’homme qui se moquait naguère des «pudeurs de gazelle» de ses rivaux. Qui est donc cette gazelle aux pudeurs, cette gazelle aux chaleurs ? Cette gazelle, c’est lui, bien entendu.

Bref, on retiendra qu’une espèce nouvelle de myrmidons est née dimanche soir sous nos yeux : les lepénotrotskistes. .../...

Nous  les avons vus à l’œuvre durant cette campagne. Ce n’est pas une force négligeable. Il s’agit de militants hyperactifs comme les fourmis du mythe, adorant leur chef et d’une loyauté à toute épreuve, ce qui serait tout à leur honneur si seulement ce chef en avait, de l’honneur.

Macron, parlons-en. Car il n’y avait pas que Mélenchon pour s’être présenté à la télévision «vêtu de probité candide et de lin blanc», il y avait Macron.

Macron est lui aussi un personnage farcesque. Il est l’homme qui étend sa «bienveillance» à tous. Ainsi remercie-t-il tous ses rivaux un par un, les appelant par leur nom, et on sent bien que s’il connaissait leur petit nom, c’est celui-là qu’il utiliserait. Si on lui fait crédit, on dira qu’il pense sans doute vaincre MLP par la bienveillance, l’amour, le désarmement unilatéral. Marine est son prochain, il l’aimera comme lui-même. Et il ne semble pas s’aimer peu.

Cher Emmanuel Macron Par beaucoup de côtés, vous ne m’êtes pas antipathique. Bien qu’ayant beaucoup écrit durant cette campagne, bien que m’étant beaucoup moqué, j’ai constaté il y a quelques jours que vous aviez peu excité ma verve. J’en déduis que je dois vous apprécier plus loin que je ne sais. Est-ce votre beauté physique ? Est-ce le couple non conformiste que vous formez avec votre épouse Brigitte ? Est-ce la rumeur insistante qui fait de vous un bi ? Est-ce la bisexualité que vous touchez en moi comme chez beaucoup ? Peut-être. Je n’en suis pas sûr.

Ce dont en revanche je ne doute pas, c’est que vous soyez soutenu par ce «monde de la finance» que M. Hollande nous jurait de mettre au pas. Le truc de Hollande puait le truc, le toc, le mensonge. Pas d’histoire : n’ont été trompés que ceux qui voulaient l’être. Pour être cocu, il faut le vouloir. Ce n’est pas seulement la leçon de Freud, c’est celle de Molière, qui fait dire à son héros  : «Vous l’avez voulu ! Vous l’avez voulu, George Dandin ! Vous l’avez voulu ! Cela vous sied si bien et vous voilà ajusté comme il faut : vous avez justement ce que vous méritez…» «Taxe à 75 %», disait Hollande. «Révolution citoyenne», dit Mélenchon. Autant d’attrape-nigauds, autant de «hochets», avouait Bonaparte devenu Napoléon. Les Français veulent depuis toujours être cocufiés par leurs dirigeants. Ils les croient, déchantent, pleurnichent et râlent. De temps en temps, ils cassent tout.

Au moins, Emmanuel, on ne pourra vous reprocher de décevoir après votre élection car vous décevez déjà avant. Vous ne promettez rien, et surtout pas la lune, ni de la sueur et des larmes. 

La bienveillance ! Si vous aviez lu Jonathan Littell, vous sauriez, élève Macron, que, je cite Wikipédia, «le titre Les Bienveillantes renvoie à l’Orestie d’Eschyle dans laquelle les Érinyes, déesses vengeresses qui persécutaient les hommes coupables de parricide, se transforment finalement en Euménides apaisées.» Ça ne vous dit rien ? La France apaisée de Marine-la-parricide ? Vous ne voyez pas d’où ça sort ? Vous n’avez pas compris que si Marine joue les Euménides, c’est parce que toutes les nuits elle est tirée par les pieds et torturée par les Erinyes qui lui reprochent d’avoir sacrifié son père adoré à ses ambitions, à son goût immodéré du pouvoir ?

Se sachant traîtresse, elle est habitée par un profond sentiment de culpabilité qui la fragilise. Il faut la mettre sur le grill là-dessus, Macron, là-dessus. Et sur le fait qu’une fille ayant trahi son père ne saurait prétendre à gouverner un pays qui se distinguait entre tous sous la Monarchie d’exclure les femmes de la succession au trône (la loi salique). Alors, une femme président, oui, pourquoi pas, c’est l’époque qui veut ça. Mais surtout, surtout, pas une femme parricide. Ça ne pourrait que porter la poisse au beau Royaume de France – qu’on appelle République française pour faire croire qu’y règne l’égalité réelle des conditions (Tocqueville).

 Le candidat du fric quand je vois des gens de gauche tomber dans les pommes sous prétexte que la planète financière vote Macron, cela m’amuse. Qui en France a jamais été élu président de la Ve République contre le grand capital ? Qui ?

Êtes-vous ou n’êtes-vous pas le candidat que les milieux financiers se sont choisi, comme le déclarait dimanche soir le Parti communiste ? Tout indique que vous l’êtes. François Bayrou première époque ne disait pas autre chose avant de vous rejoindre.

Je suis d’accord et avec lui et avec le Parti, à ceci près que je suis persuadé que l’initiative vient de vous et non de je ne sais quels Treize (référence balzacienne) supposés savoir manipuler le monde comme Pierre Lambert jadis manipulait sa marionnette Jospin et sa marionnette Mélenchon pour qu’elles avancent ses affaires dans le Parti socialiste. Je dirai plus : celui qui croit que cela est concevable est tout sauf un marxiste. Président par un coup de main, président par un coup d’État, je ne dis pas. Mais président par les urnes ? Ce serait du jamais-vu. C’est d’ailleurs pourquoi le projet de «Révolution citoyenne» du sieur Mélenchon ne tient pas la route une seconde.

Emmanuel Macron, vous êtes condamné à être le candidat du fric. Vous avez voulu être candidat, vous l’avez été, vous avez réussi votre pari, vous êtes maintenant au second tour, votre réélection, le fric mise sur vous. C’est un fait, que cela vous plaise ou non.

À vrai dire, vous donnez plutôt l’impression que cela ne vous déplaît pas. 

Le fric choisit qui il veut, comme l’esprit souffle où il veut. Le fric choisit en fonction de ses intérêts de fric. En 1940, le fric était contre de Gaulle. En 1958, le fric était pour de Gaulle. De Gaulle, quant à lui, ne s’est jamais réduit à n’être que l’instrument du fric. Et puis, le fric s’est détourné de De Gaulle quand celui-ci s’est dit que, vu Mai 68, il serait bon pour le pays de réformer un petit peu l’entreprise au profit des «classes laborieuses» en introduisant sa rêveuse «participation». Alors le fondé de pouvoir de la finance tourna lentement son pouce vers le sol, et cria : «Tchao, De Gaulle !»

Je dis «lentement», mais en fait le «dégagisme» fut rapidissimo.

La force va à la force. Soyez fort face au RN. Ne cédez rien. Surtout pas de bienveillance. Pas de nuances. Pas de compréhension. Je ne parle pas des électeurs du RN, qui sont nos frères humains, mais de sa clique dirigeante, qui est la lie de la terre ou plutôt l’ennemie du genre humain. C’est elle qu’il convient de casser, de pulvériser «façon puzzle», comme on dit dans «Les Tontons flingueurs». Sa cheffe, il faut l’affronter et la vaincre, non pas la dorloter pour la consoler d’être moche quand vous êtes beau.

Ce n’est pas joué d’avance. Elle est Goliath, vous êtes David. Ajustez votre fronde et comptez sur le Dieu d’Israël, si je puis dire. Tout en sachant que bon nombre de juifs votent Le Pen. Je songe au livre demeuré célèbre de Curzio Malaparte, que j’ai beaucoup pratiqué, Technique du coup d’état. Vous, Emmanuel Macron, quand vous aurez gagné la finale, vous serez reconnu comme un grand maître de la prise du pouvoir en régime démocratique. Mais vous n’y êtes pas encore. C’était un peu tôt pour festoyer dimanche soir à la Rotonde. Au moins Nicolas Sarkozy avait-il attendu d’être élu avant de gobichonner au Fouquet’s.

Je crains surtout que cela ne soit le signe que vous inclinez à vendre prématurément la fameuse peau de l’ourse (je dis : ourse). Et les femelles de l’espèce ont la réputation d’être plus redoutables que les mâles. 

Cognez Marine Le Pen. Cognez aussi son clan. Dites bien qu’il est composé d’admirateurs de Hitler. Ne négligez pas de cogner le lepénotrotskisme qui s’étend tous les jours davantage dans la jeunesse comme une maladie infectieuse. 

Conformément à la malédiction destinale qui le voue à répéter indéfiniment la faute de son maître, l’hitlérien Lambert, Mélenchon est obligé de rechercher tous les moyens propres à désarmer la jeunesse. Lui et ceux qui le suivent ne savent plus quoi inventer pour ligoter les jeunes et les détourner de résister et de combattre. «Ils se valent !» disait Lambert, quand Résistants et Alliés étaient aux prises avec les troupes d’occupation. «Ils se valent !» répète Mélenchon en vous pointant du doigt, vous et Marine Le Pen, alors que vous allez vous affronter tous les deux dans un combat à mort (électoral s’entend)

Quoiqu’il en soit, cher Emmanuel Macron, quel que soit le cas que vous ferez de mes conseils, je voterai MACRON, parce que c’est tout ce que nous avons entre les mains, un bulletin de vote à votre nom. Le pouvoir est au bout du fusil, certes, mais prendre en main un fusil aujourd’hui, ce serait incongru, fou, hautement condamnable.

Je ferai campagne pour que la jeunesse vote MACRON.

Je cognerai MLP même si vous vous refusez à le faire.

Je cognerai aussi JLM. En effet, à mon avis, éradiquer le mélenchonisme sous toutes ses formes est la condition sine qua non de la renaissance d’une gauche qui en soit une.