samedi 23 mars 2013

Stupeur et tremblements à la maison Sarkozy




Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois,
 l'autre avec la force.


La première est propre aux hommes,
 l'autre nous est commune avec les bêtes.
Machiavel "Le prince"

Et de deux…On savait que la retenue de l’UMP dans l’affaire Cahuzac avait quelque chose à voir avec Mediapart. Pavoiser serait revenu à consacrer la fiabilité de ses révélations. Quarante huit heures plus tard on comprend mieux cette élégance. Nicolas Sarkozy est mis en examen dans l’affaire Bettencourt, révélée par la même rédaction.
       Ainsi l’ancien président dont le désir de retour était un secret de polichinelle retrouve t-il une position d’acteur central dans les affaires de la République, mais pas celle qu’il escomptait. Le voilà confronté aux rigueurs de ce qu’on appelle la jurisprudence Balladur, c'est-à-dire à la contrainte de renoncer à une activité politique quand on est mis en examen, même si l’on est par principe présumé innocent.
       Naturellement sa position fantomatique lui permettra de relativiser les conséquences de cette séquence judiciaire. Il n’a pas à démissionner puisqu’il n’a plus de fonction officielle.
       Pourtant, au-delà des mots et des postures, cette mise en examen est naturellement un coup dur, et même une forme de coup de tonnerre. L’avocat de l’ancien président, Thierry Herzog, s’est d’ailleurs empressé de dénoncer la décision du juge Michel Gentil en la qualifiant « d’injuste et d’incohérente sur le plan juridique », et il va saisir la chambre d’instruction de la cour d’appel de Bordeaux pour former un recours et demander la nullité.
       Une course contre la montre est engagée, qui dramatise d’ailleurs celle que M. Sarkozy avait menée depuis le 6 mai contre ses successeurs éventuels. A chaque événement de l’UMP, dès qu’un rival potentiel, avait des chances de créer l’événement, l’ancien Président sortait de son silence supposé. La dernière fois c’était dans une vraie fausse interview à valeur actuelle deux jours après que François Fillon l’ait qualifié de candidat comme les autres.
       Si son but avait été de bloquer la succession, pour la cueillir au moment opportun, il ne s’y serait pas pris autrement, et c’est précisément ce blocage, ce frein, que la mise en examen desserre soudain, d’autant que le chef d’accusation est ennuyeux, abus de faiblesse sur une vieille dame malade c’est plus gênant que fausse facture ou financement occulte.
       Sauf si Thierry Herzog obtient l’annulation, l’ancien Président se retrouve engagé dans un périple au long cours, qui peut le conduire à un procès. Pendant ce temps le doute s’instillera à l’UMP, le doute qu’il combattait pied à pied, et qui peut ouvrir des brèches à ses concurrents internes, les Fillon, les Bertrand, les Copé, et les autres, aussi tristes les uns que les autres, ma non troppo
22 mars 2013 Par Hubert Huertas



19h45 - Mélenchon voit dans les critiques de l'UMP une 
"décadence de la République"

Le coprésident du Parti de Gauche fustige "l'ambiance désastreuse" qui voit magistrats et politiques s'empoigner après la mise en examen de Nicolas Sarkozy, signe selon lui d'une "décadence de la République".
 "Des députés mettent en cause des juges, des juges répondent sur un ton qui est à peine acceptable à l'égard d'un député. De tous côtés l'autorité se délite", a-t-il déclaré, en marge de l'ouverture du 3e Congrès de son parti à Bordeaux.
17h50 - Jean-Marc Ayrault juge les attaques de l'UMP
contre la justice "pas dignes"
Le Premier ministre juge que les attaques de membres de l'UMP contre la justice se sont "pas dignes d'hommes et de femmes politiques républicains".
"La garde des Sceaux (Christiane Taubira) respecte l'engagement du président de la République de ne jamais intervenir dans quelque affaire que ce soit", ajoute-t-il. 
16h35 - Bayrou dénonce des "attaques contre la démocratie"
Le président du MoDem déclare à l'AFP qu'"après la mise en examen de Nicolas Sarkozy, des attaques virulentes venant de son camp se multiplient contre le juge qui a pris cette décision, allant jusqu'à l'accuser de 'déshonorer la justice'". 
"Ce sont ces attaques qui sont inacceptables. Une démocratie c'est une presse libre et une justice libre et les attaques infondées contre les juges sont des attaques directes contre la démocratie", dénonce-t-il. 
16h30 - Borloo veut "éviter tout affrontement justice/politique"
"Je rappelle qu'un des principes cardinaux de notre démocratie est la présomption d'innocence, tout comme l'est d'ailleurs l'indépendance de la justice", écrit le président de l'UDI dans un communiqué.
"Bien que je sois stupéfait et perplexe devant l'incrimination d'abus de faiblesse, il faut éviter tout affrontement justice/politique", a-t-il ajouté.

15h10 - Le juge Gentil envisage d’attaquer Guaino en justice 
Selon le site de "Paris Match", le juge Jean-Michel Gentil se prépare à une action en justice contre Henri Guaino. Dans la matinée, sur Europe 1, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy s’en était pris au magistrat, l’accusant d’avoir "déshonoré un homme, les institutions, la justice."

14h40 - Le soutien de Taubira aux magistrats
La garde des Sceaux assure les magistrats de son soutien. Christiane Taubira "rappelle que l'indépendance de l'autorité judiciaire est garantie par la Constitution", indique la Chancellerie dans un communiqué, ajoutant que la ministre "regrette tous propos qui porteraient atteinte à l'honneur des juges et assure les magistrats qui seraient mis en cause de son soutien".
14h - Fin de réunion de crise chez Sarkozy
La réunion de crise qui se tenait au domicile de l'ancien chef de l'Etat est terminée. De Franck Louvrier à Carla Bruni, le cercle des proches était présent.

12h50 - Qui est le juge Gentil ?
Cible de la droite pour avoir décidé de la mise en examen de Nicolas Sarkozy, le juge d'instruction se distingue par son goût du secret et ses méthodes musclées. un magistrat à la main de fer dans un gant de… fer

12h30 - Morano prédit l'avenir
 "J'attends avec impatience les unes des journaux avec "Nicolas Sarkozy innocent"".@nadine__morano

12h20 - Le PS dénonce la "chasse en meute" de l'UMP
"Le spectacle donné par la droite est choquant". Le porte-parole du Parti socialiste, David Assouline, fustige "les propos des dirigeants de l'UMP contre la justice" qui, selon lui,  "sont d'une violence préoccupante, dépassant toutes les bornes de la décence".
"Je trouve particulièrement délétère cette façon de chasser en meute, en clan, pour impressionner et faire pression", ajoute le sénateur de Paris auprès de l'AFP.
12h - La droite sous le choc

L’arme des politiques les moins recommandables
Ce n’est pas la première fois que le clan s’attaque ainsi à un juge. En marge des affaires Clearstream et Karachi, c’était le juge Renaud Van Ruymbeke qui était la cible. En mai 2006, le garde des Sceaux de l’époque, Pascal Clément, avait ordonné une enquête sur sa façon de travailler...
Puis, en arrivant à l’Elysée, Sarkozy avait décidé de supprimer la fonction de juge d’instruction. Sarkozy lui-même s’en était pris au juge (dans le cadre du « Karachigate)   « Pendant deux ans, on m’a poursuivi pour l’affaire Clearstream au Luxembourg. Tiens, c’était Van Ruymbeke aussi ; tiens, c’était le même ; alors c’est curieux, tiens... » Six ans plus tard, le juge a été blanchi de ces accusations. C’est à lui qu’a été confiée l’affaire Cahuzac.
Déconsidérer les juges en leur attribuant des biais idéologiques est une très vieille technique utilisée par de nombreux hommes politiques dans le monde, mais en général, ce ne sont pas les plus recommandables. C’était le sport favori de George W. Bush qui s’en prenait à ces juges « non élus » qui s’arrogeaient le pouvoir de « faire la loi ». Ou encore de Silvio Berlusconi qui fustigeait en la magistrature le « cancer de la démocratie » et comparait les juges qui le harcelaient aux terroristes des Brigades rouges...

 Mani pulite » à la française
Tapie, Woerth-Compiègne, Sarkozy-sondages, Sarkozy-Karachi, Cahuzac, Guérini, DSK-Carlton... En France, les juges s’attaquent aujourd’hui, non sans courage, comme l’avaient fait leurs collègues italiens dans les années 90 avec l’opération « mani pulite », aux maux qui minent la politique : corruption, fraudes, violation des règles électorales...
Dans les différentes affaires en cours, chacune des personnalités mises en cause est présumée innocente, mais des éléments sont suffisamment importants pour que l’enquête se poursuive. Peut-être toutes ces affaires se termineront-elles par des non-lieux et des relaxes : il faut l’espérer, pour notre démocratie. Mais au moins, la justice aura fait son travail. Les hommes politiques devraient donc l’encourager dans cette voie. Ou au moins, se taire, respecter le travail des juges, et donc respecter la démocratie.


 


L'opposition n'a qu'un seul mot à la bouche : la sidération. Xavier Bertrand, qui s'exprimait ce matin sur Europe 1, est "sidéré d'apprendre la mise en examen de Nicolas Sarkozy". "Face à l'emballement des dernières 24 heures et à la remise en cause de la présomption d'innocence, j'appelle chacun à bien prendre en compte les déclarations de Me Herzog, son avocat, sur la réalité des faits."
Même étonnement chez Valérie Pécresse, qui a écrit sur sa page Facebook : "J'ai été sidérée par cette décision qui est totalement surréaliste... Je n'ai aucun doute sur l'innocence de Nicolas Sarkozy, qui est à mille lieues de tout cela [...]"

Près de deux Français sur trois (63%) estiment que la mise en examen de Nicolas Sarkozy ne l'empêchera probablement voire certainement pas de revenir en politique, selon un sondageBVA paru dimanche dans  
Cette enquête a été réalisée vendredi et samedi, soit après la mise en examen de l'ancien président pour "abus de faiblesse" à l'encontre de Liliane Bettencourt, l'héritière de l'Oréal, jeudi à Bordeaux.
A la question "selon vous, cette mise en examen empêchera-t-elle Nicolas Sarkozy de revenir en politique ?",
 47% des personnes interrogées répondent "non, probablement pas", 16% "non, certainement pas". 36% sont d'un avis contraire (25% "oui, probablement", 11% "oui, certainement").

"La domination de Sarkozy sur Fillon"

En outre, relève Le Parisien, "non seulement Sarkozy ne recule pas lorsqu'on interroge les Français sur le candidat souhaité à droite pour 2017, mais il gagne des points par rapport au dernier sondage sur ce thème, le 1er mars (BVA-iTélé)".
Ainsi 31% des Français - et 63% des sympathisants UMP - souhaitent que l'ancien président soit le candidat de l'UMP en 2017, loin devant François Fillon (27% des Français, 18% des UMP), Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Jean-François Copé (5% des Français, 2% des UMP).
"Même les pronostics (plus réalistes que les souhaits)" de candidature "confirment cette domination de Sarkozy sur Fillon (33% contre 31%), alors que c'était l'inverse il y a trois semaines", relève Le Parisien.
Interrogé par le journal, Gaël Sliman, de l'institut BVA, explique ces résultats notamment par 
"le cynisme des Français, qui considèrent de toute façon que leurs hommes politiques sont corrompus. 
Du coup, on peut très bien rester populaire après une affaire".
Ensuite, poursuit le sondeur, "les gens savaient depuis longtemps que Sarkozy était soupçonné dans l'affaire Bettencourt: cette mise en examen ne les a donc pas si surpris".
Ce sondage a été réalisé par internet auprès d'un échantillon représentatif de la population française de 1.088 personnes (méthode des quotas).
11h45 - Les magistrats outrés par l'attaque de Guaino
Les propos d'Henri Guaino sur le juge Gentil ne passent pas*. Joint par "le Nouvel Obs", Richard Samas, secrétaire national de l'Union syndicale des magistrats (USM), dénonce les "propos abjects" de l'UMP.


*Invité de Bruce Toussaint ce vendredi matin sur Europe 1, Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a complètement craqué. Furieux de la décision du juge Gentil de mettre l’ancien Président en examen pour abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, il le fait savoir :
« Je trouve que cette décision est irresponsable. [...]
Je conteste la façon dont il [le juge Gentil, ndlr] fait son travail, je la trouve indigne, je le dis. Je trouve qu’il a déshonoré un homme, il a déshonoré les institutions, il a aussi déshonoré la justice. »
Il qualifie l’accusation d’abus de faiblesse tour à tour de « grotesque », d’« accusation insupportable », d’« invraisemblable » et « d’intolérable » et appelle le juge à venir « s’expliquer publiquement » des « fondements, faits précis, concrets et irréfutables » qui lui a permis une telle incrimination.
« Il devrait communiquer ses éléments à tous les Français. »

« Détruire, salir, abaisser la République »

Selon Henri Guaino, ce n’est pas le destin de Nicolas Sarkozy qui est en jeu – « enfin pas son destin personnel », il précise – mais celui de la France. Qualifiant, à plusieurs reprises, « d’extrêmement grave » la décision du juge, il l’accuse de « détruire, salir, abaisser la République ».
Certain de l’innocence de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino parle d’une « affaire montée de toutes pièces » :
« Aucun homme sensé dans ce pays ne peut penser un instant que Nicolas Sarkozy s’est livré sur cette vieille dame richissime à un abus de faiblesse. C’est absolument grotesque. »
Si, lui rappelle Bruce Toussaint :
 le juge Gentil et quelques journalistes qui ont enquêté sur l’affaire.

"J'ai envie de dire à M. Guaino qu'il déshonore la République et [...] ses fonctions de député. C'est juste abject de tenir ce genre de propos", dénonce, de son côté, sur Europe 1 Christophe Régnard, président de l'USM (L’Union syndicale des magistrats.)
L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy avait estimé un peu plus tôt sur la même antenne que le juge bordelais Jean-Michel Gentil avait "déshonoré un homme, les institutions, la justice". 
L'USM envisage de demander à la ministre de la Justice d'engager des poursuites contre le député des Yvelines.
11h30 - Balkany à un avocat : "Je vous emmerde"
Patrick Balkany perd son sang froid. Le très sarkozyste maire de Levallois-Perret a insulté sur l'antenne de RMC l'avocat de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout. Accusé "de défendre un copain", le député a lâché : "je vous emmerde" à l'adresse de Me Antoine Gillot.
11h20 - La gauche réplique aux attaques contre la justice
En réponse au discours complotiste de la droite, les hommes politiques de gauche appellent au calme et au respect de la procédure judiciaire...