vendredi 8 décembre 2017

Argent, coke, Harley... Johnny Hallyday

Johnny Hallyday est mort, dans la nuit de mardi 5 à mercredi 6 décembre. Notre rockeur national avait 74 ans. 


Héros français ?

On en fait un peu trop, non ? Non pas les fans à l’authentique émotion, chaleureux et sincères dans leur affliction, non pas cette France populaire dont la ferveur intime respect et tendresse, non pas cette unanimité rockeuse et nostalgique qui réunit pour une fois un pays qui cultive trop souvent, sur un mode un peu maso, ses propres déchirures. Il y a une France de Johnny qu’il faut mesurer et accompagner, comme nous le faisons ce week-end dans Libération, pour qu’elle s’exprime, pour que son chagrin bien réel soit partagé. Mais le Président, les pouvoirs de l’Etat, la République ? La dernière fois qu’on a convoqué une telle pompe, c’était pour Victor Hugo. Quelle que soit l’admiration qu’on peut éprouver pour l’interprète, la considération pour le showman infatigable qui a chanté la bande-son de troi s ou quatre générations, on descend tout de même, à un siècle et demi de distance, une sacrée marche !
«Un héros français», dit Emmanuel Macron. Un héros privé, à coup sûr, qui brûle sa vie jusqu’à la dernière minute pour sa musique, qui tombe et se relève sans cesse, qui lutte avec courage – comme tant de Français – contre l’ultime maladie. Mais un héros national ? Imitateur de génie qui suscite les sosies mais qui en est un lui-même, caméléon de grand talent, maître de la scène, moins original dans la création, viveur qui dépense son argent sans compter, sauf quand il s’agissait d’acquitter l’impôt, dont il avait une conception exotique. Un chanteur généreux qui parle à tout le monde mais qui s’engage d’un seul côté, pour Chirac ou pour Sarkozy, qui est «né dans la rue» mais qu’on honore à la Madeleine, dont se mo quait pourtant son ami Dutronc dans un vieux tube. Johnny, qui avait un certain humour, a préféré reposer loin de Paris, à Saint-Barth, sous les cocotiers. Peut-être voulait-il éviter, plus lucide qu’on ne croit devant ces solennités officielles qui ne lui ressemblent guère, qu’on l’expédie directement au Panthéon…
LAURENT JOFFRIN
Il dépense sans compter, épuise ses comptables, les honnêtes et les véreux, change de conseiller fiscal comme de chemise à jabot, donne tout à ses amis, les vrais et les faux. Il subit de multiples contrôles fiscaux, est même condamné à de la prison avec sursis.
Aux juges, il dit seulement que "l’argent, c’est trop compliqué pour moi".                Il fait l’idiot ? Non, répondent tous ceux qui ont croisé le météore du rock, le prince noir un jour milliardaire, ruiné le lendemain, noyé sous les dettes, empruntant à sa maison de disques, qui finit par le tenir en otage en lui imposant des choix artistiques hors sujet.
Il achète et revend les maisons les plus extravagantes, les yachts les plus luxueux, court les palaces sans vergogne.                                                              
L’idole des smicards tente maladroitement pour échapper au fisc français, au risque de ternir son image, d’obtenir la nationalité belge.                                     
En vain. Il émigre en Suisse, à Gstaad, pour le même motif, puis s’installe en Californie pour son climat et pour s’éloigner des "grincheux" du fisc.                           
Mais la "France profonde" lui pardonne tout. Le mythe est indéboulonnable.
Les innombrables hommages à notre rockeur national ont pudiquement passé sous silence un aspect pourtant bien connu de la carrière de Johnny Hallyday :    sa réticence à payer ses impôts.
1975 : Johnny Hallyday n'a que 32 ans et déjà des démêlés avec le fisc, qui lui réclame des millions en arriérés d'impôts. Il indique vouloir quitter la France pour les Etats-Unis : "Je pars avec Sylvie et David". Il revient dès la fin de l'année.
1977 : Il est condamné pour fraude : 10 mois de prison avec sursis et 20.000 francs d'amende.
1995 : Johnny Hallyday doit au Trésor public une trentaine de millions de francs correspondant à des retards de paiement. En plus des impayés, le fisc lui réclame plusieurs millions de pénalités et de majorations de retard.
2000 : Le chanteur bénéficie de 2,8 millions de francs de dégrèvement et de 3,7 millions d'annulations de pénalités. Au terme de la négociation fiscale, et après une remise de l’ordre de 6,5 millions, il a payé 20 millions de francs d'impôts (3 millions d'euros).
De la Belgique à la Suisse
2006 : Johnny demande la nationalité belge, pays de son père Léon Smet. Motif ? "Des raisons sentimentales." Mais il est soupçonné de demander sa naturalisation afin de pouvoir résider à Monaco, sans payer d'impôt, un privilège auquel les citoyens français n'ont pas droit. Il renoncera à son projet en octobre 2007.
2007 : Entre-temps, Johnny est devenu résident de Gstaad, en Suisse, après avoir déclaré qu'il ne voulait plus être "un mouton qui se fait tondre". Il y bénéficie d'un régime fiscal bien plus avantageux qu’en France. Le forfait suisse lui permet de ne payer que 300.000 euros d'impôts par an, bien moins que les 4 à 5 millions qu'il aurait dû payer en France, même après la réforme du "bouclier fiscal" par Nicolas Sarkozy. Une belle économie.
2010 : Des perquisitions ont lieu dans les bureaux et domicile des proches de Johnny, notamment à Vaucresson, dans les Hauts-de-Seine, chez le fondé de pouvoir du chanteur et au cabinet de son ancien conseiller fiscal à Marseille. Johnny Hallyday est soupçonné de fraudes et d'évasions fiscales vers une société domiciliée au Luxembourg.

Direction la Californie

2014 : Au moment où la Suisse durcit (légèrement) sa législation, une enquête des médias helvètes révèle, photos géolocalisées à l'appui, que Johnny ne respecte pas la règle qui oblige un résident fiscal à habiter au moins la moitié de l'année dans le pays. Exilé ou évadé fiscal ? L'un est légal, l'autre pas. Yann Galut, alors député PS et rapporteur du projet de loi sur la fraude fiscale, s'indigne : "Il pourrait être poursuivi par la justice française pour avoir organisé une fraude à l'impôt."
Le rocker réplique qu'il est devenu… résident fiscal californien. Le voici propriétaire d'une résidence dans le quartier huppé de Pacific Palisades, à Los Angeles – une vaste maison où trouve place sa collection de belles cylindrées, Rolls, Harley-Davidson, AC Cobra… Le taux d'imposition y est de 13,3% pour les revenus supérieurs à 2 millions de dollars (1,7 million d'euros), y compris sur les ceux perçus en France, explique Europe 1Selon "Challenges", Johnny a gagné 7,6 millions d'euros en 2012 dans la musique (sans compter les contrats publicitaires et la gestion de son image).
2015 : Son chalet de Gstaad est mis en vente en 2015 pour 9,5 millions d'euros. 320 mètres carrés, répartis sur trois étages. Dans son autobiographie parue en 2013, "Dans mes yeux", Johnny Hallyday revient sur cet exil fiscal suisse. "On a souvent dit que je m'étais barré pour ne pas payer d'impôts. C'est en partie vrai, mais c'est aussi parce que c'est épuisant cette ambiance. Quand t'as une belle voiture […], on te traite de voleur."
10 février 2017 : Après plusieurs années de procédures, Johnny Hallyday est définitivement condamné pour avoir dissimulé des revenus au fisc. Les dividendes de la société Pimiento Music SAS, qui gère les droits de ses chansons, étaient envoyés dans un paradis fiscal, via le Luxembourg. Le chanteur doit verser 139.000 euros, beaucoup moins que les 9 millions d'abord réclamés.
Baptiste Legrand, avec Nébia Bendjebbour
Un paradis fiscal qui déclenche l'ironie                          En parlant de para­dis, l'île française de Saint-Barthé­lémy auxAntilles en est un, notam­ment fiscal. Pour ceux qui y sont rési­dents depuis cinq ans, pas de TVA, d'ISF, d'impôts sur le revenu, ni d'impôts sur la succes­sion. Bref, en choi­sis­sant la petite île des Antilles comme ultime demeureJohnny a fait un sacré dernier pied-de-nez au fisc, une admi­nis­tra­tion qu'il n'a jamais porté dans son coeur.

Si les habitants de l'île apprécient évidemment ce choix pour la dernière demeure du rocker, il en va tout autrement pour ses fans.                                                                                  Incompréhension de la part du chanteur Michel Polnareff 

"Je trouve étrange qu'on soustraie l'enveloppe de Johnny à son public et qu'on rende impossible à ses fans la possibilité de lui montrer à quel point ils sont attachés à lui. Une fleur, un message, une photo, un trèfle à quatre feuilles..."


mercredi 6 décembre 2017

Sur l’émergence d’une gauche néo-réactionnaire et néoraciste

On a constaté, depuis une vingtaine d'années, un glissement d'une mouvance, originellement sociale-démocrate, vers des positions sociales-libérales qui, en vérité, étaient plus libérales que sociales.
Ainsi en fut-il, en France, de tous ces socialistes qui ont rejoint le mouvement "En Marche" d'Emmanuel Macron.
Mais on peut aujourd'hui se poser cette question: ne découvre-t-on pas, avec effarement, que, depuis quelques années, au sein de la gauche et surtout de l'extrême gauche, a émergé une sensibilité qu'on serait en droit de qualifier de néo-réactionnaire, néo-maccarthyste et de néo-cléricale, pour ne pas dire de néo-raciste?
C'est tout à fait évident s'agissant du soi-disant parti dit des "Indigènes de la République" avec lequel une partie non négligeable de l'extrême gauche a tissé des liens étroits (y compris au moins une députée de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon) et dont la principale inspiratrice écrivait dans un ouvrage qu'elle plaçait sa race et sa religion au-dessus de toute forme d'universalité humaniste, démocratique ou républicaine.
Or, sans aller jusqu'à cette radicalité assumée (du Jean-Marie Le Pen à l'envers) c'est bien, en effet, à une systématique remise en cause, à la fois des principes de la laïcité et des principes d'universalité, c'est-à-dire des principaux acquis de la philosophie des Lumières et du progressisme républicain, que l'on assiste, aujourd'hui, dans certains milieux intellectuels qui prétendent se situer à la gauche de la gauche.
Ainsi ce syndicat "Sud" de la Seine-Saint-Denis qui organise, soutenu par toute une palanquée de sociologues dont l'incontournable Eric Fassin, des stages non mixtes (par exemple de femmes à l'exclusion des hommes, mais aussi de noirs à l'exclusion des blancs), arguant du fait que toute acceptation de la diversité sexuelle, ethnique (ou religieuse) de tels rassemblements étoufferait la possibilité d'exprimer son ressenti d'opprimé ou de discriminé.
On peut légitiment s'interroger : en quoi la dénonciation du racisme en s'enfermant entre soi, de façon mono-ethnique, sans la moindre esquisse d'ouverture à l'autre, serait-elle plus efficace que le même combat mené de manière ouverte, de façon à entraîner l'adhésion d'une diversité d'"inclus" dans la lutte contre l'exclusion, d'une majorité de "différents" dans la lutte pour le respect de toutes les différences?
Une certaine gauche en arriverait-elle à préconiser une forme d'apartheid inversé? Interrogeons-nous: si, dans une ville, dans un espace, où les Français dits "de souche" sont désormais minoritaires (il y en a), l'extrême droite organisait des réunions non mixtes, interdites aux noirs ou aux arabes, pour permettre aux blancs, aux "petits blancs" comme on dit, de rester enfin entre eux, pour mieux exprimer leur "ressenti" eux aussi "d'opprimés", comment réagirait la gauche ou l'extrême gauche? Elle approuverait? Elle relativiserait?
On a vu, dans le passé, sur quoi débouchait la tendance à une racialisation des différences: sous Staline, en Russie, à l'extermination des Koulaks, issus de la moyenne paysannerie, qu'on avait préalablement "racialisés".
Pour tenter de détourner les pauvres de toutes revendications sociales, on a également racialisé les riches en les identifiant aux juifs. Or, c'est très exactement ce qu'a fait Gérard Filoche, issu de la gauche socialiste, en acceptant presque inconsciemment, car il n'est pas antisémite, l'assimilation "Macron = riches = juifs". Ou d'autres à l'extrême gauche: "la bourgeoisie est une race!" ; tandis que certains larguent la notion unificatrice de laïcité républicaine pour lui substituer ce clivage purement clérical: toute critique des dérives islamistes serait assimilable à du racisme antimusulman (islamophobie). Autrement dit la religion comme race!
Et le sexe aussi: le hashtag "balance ton porc" visant, au fond, à ethniciser les notions de masculin et de féminin, l'autre, homme ou femme, comme race, comme race différente. Comme race antagoniste.
Ainsi, en arrive-t-on à un inconcevable cul-par-dessus-tête: hier, certains, à la gauche de la gauche, nous expliquaient que l'humanité était unique et que le racisme commençait avec la reconnaissance de la moindre différence en son sein (alors que l'antiracisme consiste, au contraire, à valoriser, au sein d'une unicité ontologique, la richesse des différences).
Or, les mêmes, aujourd'hui, en viennent à récuser tout concept d'humanité unifiée, d'universalité de la nature humaine, pour nous décrire un monde où la guerre du "tous contre tous" implique l'absolue dominance de l'antagonisme fondamental entre sexes, entre races ou ethnies, entre religions, entre cultures, entre positions sociales, entre générations.
L'autre systématiquement racialisé: jusqu'ici, la pensée réactionnaire c'était ça.

Jean-François Kahn Journaliste et écrivain

dimanche 3 décembre 2017

"Il sera bientôt trop tard…"

Deux semaines après l'appel de 15.000 scientifiques pour sauver la planète, les promesses semblent si lointaines.
Essayiste, auteur de "Notre France. Dire et aimer ce que nous sommes."

Que cherches-tu dans ces journaux ma sœur?
– Rien. Le rien. Je m'y noie pour confirmer mon intuition de départ, assez basique je l'admets : nous sommes fous. Tarés. Cinglés.
– Plaît-il?
– Oui, nous sommes tous déséquilibrés. Nous avançons sans savoir où nous allons, ballottés par les vents de l'actualité, commentant des informations que nous ne hiérarchisons plus. Tout est mis à plat, ramené au même niveau dans nos esprits malades. Te souviens-tu de la une du "Monde" daté du 14 novembre?

– Non. C'était quoi?
– Tu vois! Tout le problème est là. Tu ne t'en souviens pas, même toi avec tes airs supérieurs et tes poses d'intello. Pourtant, il y a deux semaines, 15.000 scientifiques ont lancé un cri d'alarme planétaire et leurs mots nous interpellaient en une du "Monde" : "Il sera bientôt trop tard…" Trop tard pour la Terre, trop tard pour l'humanité, trop tard pour nous tous, nos enfants, les enfants de nos enfants… On a lu, on a frissonné, et puis on a zappé.
– Tu as raison.
– Pire que cela : on zappe et on se contredit. Le 14 novembre au soir, on considère l'écologie comme une question de vie ou de mort pour l'humanité et le 27 novembre au matin, les Etats européens renoncent à interdire le glyphosate. Un herbicide, deux intérêts économiques et trois lobbys auront eu raison de notre dévouement à la cause de la biosphère… Treize jours après, les promesses de tout faire pour sauver le monde semblent déjà si lointaines. Légères. Vaines. C'est tragique.
– Enfin! Tu as enfin lâché le mot essentiel : "tragique". Celui vers lequel je cherche à te mener depuis des semaines. Tragique – mais pas dans le sens où tu l'entends ici – est le mot qui peut nous sauver, nous permettre de hiérarchiser, de définir des priorités, de ne plus être les poulets sans tête dont tu parlais. Nous avons perdu le sens du tragique et cela a conduit aux ruines que tu contemplais du haut de ta tour. Convaincus que l'Histoire était finie, que nos modes de vie et nos droits étaient acquis pour toujours, que nous pouvions nous fier à la main invisible du marché et nous laisser vivre, nous avons adopté un rapport comique au monde, chaussant tous en même temps les lunettes déréalisantes et unidimensionnelles de la société du spectacle décrite par Debord il y a cinquante ans tout juste aujourd'hui. L'écologie, si nous sommes encore capables de prendre au sérieux quoi que ce soit, est ce qui peut, ce qui doit nous ramener au tragique. Nous sortir du spectacle. Faire de nous autre chose que des pantins ou des bouffons.
– C'est un brin contre-intuitif… Nous avons longtemps pris les écolos pour de gentils Bisounours faisant pousser des tomates bio sur les toits de Brooklyn. Ils ne semblent pas à première vue "tragiques" les bobos véganes…
– Oui, mais l'écologie est infiniment plus que cela. Les mots de ces 15.000 scientifiques, ces mots soudain plus lourds que tous les autres, recadrent le débat écologique : la perspective de la fin commune qu'ils esquissent impose le retour de l'horizon du commun dans nos vies. Une hiérarchisation des périls et donc des principes d'organisation de la société. Une révolution donc. Et d'abord une révolution mentale, la mise à distance de nos désirs et de nos intérêts individuels pour et par la prise en compte de la question du tout-qui-n'est-pas-éternel. Le tragique donc, sans lequel la politique perd son sens et sa nécessité.
– En sommes-nous encore capables?
– Je ne sais pas. Cela suppose un effort immense, une certaine violence aussi. La question dépasse le lobbying de Monsanto ou de la FNSEA. Chacun d'entre nous doit se faire violence. Si nous acceptons que des lobbys prennent en otage les enjeux de santé publique comme sur le glyphosate sans nous révolter plus que cela, c'est au fond parce que cela nous réconforte. Nous avons tellement sacralisé nos libertés individuelles que la perspective de leur possible limitation au nom de la survie commune nous angoisse. L'écologie n'est pas douce. Ce n'est pas un conte de fée post-soixante-huitard. C'est au contraire une réhabilitation de la notion de contrainte.
– Il va falloir réapprendre à s'obliger?
– Exactement. Ni toi, ni moi ne sommes seuls au monde. Et si nous continuons à faire comme si nous l'étions, nous provoquerons, littéralement, la fin du monde. Le tout a des droits, lui aussi. Sur nous, qui avons des devoirs envers lui. Il n'est donc plus interdit d'interdire.

Le 1er juin 2017, le président américain a annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris, conclu par 195 pays en 2015, et son intention de chercher "un nouvel accord" mondial sur le changement climatique. Le milliardaire a qualifié cet accord de "très injuste" pour son pays puisqu'il permettrait, selon lui, aux autres nations de prendre un avantage sur l'industrie américaine. Le retrait effectif n'interviendra pas avant novembre 2020.