samedi 8 novembre 2014

"Si j'avais eu encore besoin..." Philippe Bilger

 

 

« La scène politique attirera toujours des aventuriers irresponsables,

des ambitieux et des escrocs,

on ne cessera pas si facilement que cela de détruire notre planète. »

Vaclav Havel

Sans doute vais-je décevoir la majorité de mes lecteurs. Je ne vais pas écrire sur François Hollande mais sur Nicolas Sarkozy. Encore, diront certains qui m'imputent à charge son omniprésence.
Pour le président de la République, l'attente aura été grande mais l'espoir mince avant son intervention sur TF1. Quand ce billet sera publié, elle aura eu lieu et il sera temps alors de se demander si elle a répondu à l'inquiétude et aux doutes sur sa personnalité et les perspectives de sa politique.
En tout cas, pour moi, une sympathie, une écoute, mais surtout un écart dramatique et une perception traumatisante entre un extrême volontarisme verbal et une réalité qui s'obstine à ne jamais obéir aux injonctions de la politique du verbe.
Mais puisque Nicolas Sarkozy a pris le risque de se remettre, enfin ouvertement, au centre du débat public, comment ne pas tirer des leçons à la suite de la publication de deux ouvrages que j'ai lus et qui concernent notre ancien président, tant durant son quinquennat qu'après sa défaite ?
Le livre de Gérard Davet et de Fabrice Lhomme "Sarko s'est tuer" constitue une analyse détaillée, technique et honnête des onze affaires concernant Nicolas Sarkozy à des degrés divers, sans qu'on puisse préjuger une issue judiciaire favorable ou défavorable à sa cause.
Ces deux journalistes, dont je persiste à considérer, sans les inciter à se pousser du col, qu'ils sont nécessaires à notre démocratie, sont demeurés prudents, circonspects et mesurés sur France Inter avec Patrick Cohen, comme s'ils avaient intégré le fait que leur démarche professionnelle a été mise en cause par beaucoup, et pas seulement Valeurs actuelles, et qu'ils avaient cherché légitimement à rassurer les mauvais coucheurs de la République.
Je regrette que Patrick Cohen ne les ait pas questionnés sans fard sur la nature de leurs sources, pour crever un abcès qui devient purulent mais qui ne me fait pas confondre, à leur avantage, le doigt avec la lune.
Si j'avais eu encore besoin de m'accabler à la suite de mon vote de 2007, motivé certes par une campagne brillante mais, je dois le confesser, dénué de profondeur et d'intuition psychologique et politique, ces deux auteurs m'auraient aidé avec la narration de ces séquences dont le nombre constitue un record absolu, inouï pour un président de la République et qu'on ne saurait chasser avec désinvolture comme l'a fait récemment Laurent Wauquiez. Quand j'entends les inféodés à Nicolas Sarkozy, ses amis, invoquer la présomption d'innocence, j'ai l'impression que tout en y croyant de moins en moins, ils s'en servent comme d'un talisman formel pour chasser le mauvais sort.
Contrairement au noyau fanatique de l'UMP - je vais finir par détester la fidélité si elle devient l'autre nom de la bêtise - je n'ai jamais accepté que la République irréprochable promise soit devenue cet interminable chemin de croix pour l'état de droit de 2007 à 2012.
Si j'avais encore eu besoin d'être persuadé que le retour possible de Nicolas Sarkozy serait à la fois une privatisation partisane, un désastre pour la droite et une fausse bonne idée contre le FN, le livre "Ca reste entre nous, hein ?" de deux journalistes du Parisien (Frédéric Gerschel et Nathalie Schuck) rapportant les propos qui leur ont été tenus par le président battu, m'aurait fourni une argumentation décisive que même le pire de ses adversaires n'aurait osé espérer.
Certes ces échanges n'ont pas trait directement au quinquennat écoulé même si beaucoup d'appréciations souvent méprisantes se rapportent à des personnalités qui ont fait plus qu'y tremper.
Toutefois, à comparer ces cinq ans, avec l'exacerbation dont NS s'était fait un art discutable et la violence médiatique dont il a été à plusieurs reprises victime, à la tonalité incroyablement médiocre, vulgaire et vaniteuse des conversations que les auteurs ont eues avec lui, on perçoit une triste cohérence entre l'amont et l'aval, entre hier et aujourd'hui, entre le Sarkozy incorrigible et permanent et celui vendu prétendument nouveau (pour la 20ème fois !).
Les insultes publiques que le président a subies et qui pouvaient apparaître dans l'instant outrancières, choquantes, comme s'il était une victime, apparaissent dorénavant comme une sorte de rançon préventive pour tout ce que lui-même charrie, dès qu'il se croit libre, de narcissique, de méprisant et de caractériel.
Fillon est un "loser", Wauquiez en prend pour son grade, Le Maire est un âne savant ennuyeux et parlant allemand, Xavier Bertrand "un bon à rien et un médiocre", tous les UMP sont "des cons", Marine Le Pen est "un déménageur", François Hollande et Valérie Trierweiler sur la plage "les Bidochon" et le président de la République serait nul parce qu'il mangerait des frites et ne ferait pas de sport ! Et ainsi de suite.
Avec une passion de l'argent immodérée et sans élégance : deux millions d'euros avec ses conférences qu'il ne veut pas interrompre, Carla le prendrait "pour un chômeur". C'est pire que le "sans dents" si François Hollande l'a dit, alors qu'il continue à le nier par une généralité sur son bon rapport avec les Français (TF1).
François Fillon feint de ne pas prendre au sérieux ce jeu de massacre et de culte effréné de soi par détestation systématique des autres et de son parti en déclarant qu'il serait "indigne d'un homme d'Etat", ce qui est une manière de qualifier ces lamentables billevesées et vulgarités, ces aperçus auxquels font défaut la redoutable finesse d'un Mitterrand ou la gouaille pertinente d'un Chirac.
Quant à Brice Hortefeux, en voix de son maître, il énonce que "Nicolas Sarkozy a une règle : ne pas s'en prendre aux autres". Il y a de quoi s'étrangler d'un rire saumâtre quand on lit le défilé de saillies concernant aussi bien l'apparence que le fond débitées par Sarkozy (Le Parisien).
François Fillon, au vrai, est si parfaitement conscient de la situation qu'il se serait rendu à l'Elysée pour suggérer qu'on pousse les feux judiciaires à l'encontre de Sarkozy.
L'ancien Premier ministre a démenti mais cette visite correspond si bien à leur nouveau rapport de rivalité depuis 2012 qu'elle est, Davet et Lhomme l'ont certifié, incontestable.

François Fillon est si lucide sur l'avenir qu'il a évidemment dénoncé par avance la démarche de Sarkozy quand il deviendra président de l'UMP : changer le nom du parti, pour faire passer à la trappe la Haute Autorité chargée de garantir des primaires loyales, ouvertes et pluralistes en 2016. Si le pire advenait sur ce plan, François Fillon se présenterait comme candidat "sauvage" - cela lui va mal - en 2017 (Le Figaro).
Ces péripéties, tensions et désaccords ne font pas oublier l'essentiel : Sarkozy prétend revenir à toute force alors qu'il méprise son parti, beaucoup de ceux qui l'ont servi et se sont humiliés pour rien - d'où la chance, demain, d'Alain Juppé - et qu'il n'a aucune légitimité pour "se payer" ainsi ses affidés, ses soutiens et ses militants. Cela manifeste à quel point sa tactique est de pur ressentiment, l'UMP qui a payé - au sens propre - pour lui un marche-pied et 2017 le seul baume qui conviendrait à sa vanité blessée par 2012. Xavier Bertrand résume : il n'aime que lui (JDD).
Si j'avais eu encore besoin de me persuader qu'il ne faut jamais rien lâcher parce qu'après l'aveuglement de 2007, le sursaut sera possible au moins en 2017 et qu'une vie politique sans Nicolas Sarkozy n'est non seulement pas inconcevable mais nécessaire, j'ai trouvé ce qu'il me fallait.
Celui qui abaisse, c'est qu'il est bas, a écrit Henry de Montherlant.

mardi 21 octobre 2014

Pujadas démonte les mensonges de Zemmour: une leçon de journalisme




« Ne composez jamais avec l’extrémisme,

le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre. »

Jacques Chirac










Connaissez vous Sébastien Lafargue ? Non. Et pourtant, ce journaliste de la rédaction de France 2 a réussi là où Caron, Salamé, Bourdin et les autres, vedettes de la profession, ont échoué. Il a mis en pièces, en moins de deux minutes, les mensonges d'Éric Zemmour sur l'immigration. 

Sébastien Lafargue, encore ni vu, ni connu, a révélé au grand jour l'imposture de l'auteur du "Suicide français", qui est d'abord et avant tout le meurtrier de la vérité.

Oui, incroyable. Le 20h de France 2 a dépecé Éric Zemmour. Et ses ignobles mensonges avec. Dispersé façon puzzle le polémiste. Ventilé. Correctionné. Les faits rien que les faits.

Et tout cela par un journaliste qui n'est pas chroniqueur vedette dans une émission d'infotainment, ou animateur collectionneur de rouges-bruns pour plateau télé. Un journaliste. Rien qu'un journaliste. Du journalisme. Rien que du journalisme. Et pour une fois, France 2 digne de France 2.

Trois mensonges démontés admirablement

On a souvent ici critiqué l'information à la sauce Pujadas sur France 2 pour ne pas manquer de saluer ce qui mérite de l'être, en regrettant de ne pas en avoir plus souvent l'occasion.

Donc, Sébastien Lafargue a réussi là où Caron, Salamé, Ruquier, Bourdin et tant d'autres, confrontés à Zemmour ces derniers jours, ont échoué. Il a démonté les mensonges délirants d'Éric Zemmour sur l'immigration. En deux minutes. Preuves et spécialistes à l'appui (à voir sur ce lien, à partir de 29'29).

Démontage du mensonge en trois exemples.

1. Il n'y a pas 12 millions d'étrangers en France

Zemmour claironne partout qu'il y existe une étude de l'Insee révélant que la France compte 12 millions d'étrangers (5 millions d'adultes, parents de 7 millions d'enfants).

Cette "donnée" lui sert à construire la peur du "grand remplacement", théorie en mode David Vincent facho-parano que Zemmour emprunte à l'écrivain Renaud Camus, et qui vise à expliquer que les Français vont être remplacés sur leur sol par des envahisseurs. Discours de la haine et de la peur, c'est un grand classique de Zemmour, qu'il a repris sans être contredit dans l'émission "Ce soir ou jamais", vendredi dernier.

France 2 est allée interroger l'un des auteurs de l'étude, Fabrice Lenglart, de l'Insee. A priori, il est effectivement mieux placé que Zemmour pour savoir ce qu'il a lui-même rédigé. Question simple :

"Y a-t-il 12 millions d'étrangers en France ?"

Réponse toute aussi simple :

"Non, il y a 3.7 millions d'étrangers en France".

Et un mensonge de démonté. Un.

2. Il n'y a pas 7 millions d'enfants étrangers de moins de 4 ans

Mieux encore, face à Aymeric Caron, dans "On n'est pas couché", Zemmour a proféré un autre mensonge : il existe en France 7 millions d'enfants étrangers âgés de moins de 4 ans qui ne sont pas français jusqu'à l'âge de 18 ans.

Mensonge destiné à susciter crainte, rejet et haine, une nouvelle fois révoqué en quelques secondes par Fabrice Lenglart de l'Insee. Il y a 800.000 naissances en France par an, par conséquent, le nombre d'enfants de moins de 4 ans en France est de 3.2 millions, le tout en comptant tous les enfants nés en France.

Et deux mensonges de démontés. Deux.

3. Seuls 13% des mariages concernent un Français et un étranger

Toujours mieux : lors de sa dernière intervention sur RMC, face à Jean-Jacques Bourdin, Éric Zemmour a encore délivré un énorme mensonge. À l'en croire, "un tiers des mariages en France sont avec des étrangers, 90.000 sur 270.000 !"

Une nouvelle fois, Fabrice Lenglart de l'Insee remet Zemmour à sa place de plus gros menteur que Jean-Marie et Marine réunis. Il est prononcé 200.000 mariages par an en France, et seuls 13% d'entre eux concernent un citoyen français et un citoyen étranger, soient 26.000, bien loin des 90.000 avancés par Zemmour.

Et trois mensonges de démontés. Trois.

Conclusion de l'enquête : Sébastien Lafargue indique qu'il a tenté de joindre Eric Zemmour pour obtenir quelques éclaircissement sur ses chiffres et conclusions, mais que le message est resté sans réponse.

On se demande encore pourquoi. Zemmour se serait-il dégonflé ? Redouterait-il davantage un journaliste travailleur et accrocheur de France 2 plutôt que le grand Jean-Jacques Bourdin de RMC ?

Zemmour use et abuse de la liberté d'expression qu'il revendique

De cette séquence, trois leçons sont à tirer.

D'abord qu'Eric Zemmour ment de manière éhontée. Que ses mensonges sont énormes. Qu'il ment de manière pathologique. Qu'il dupe les téléspectateurs, les auditeurs et les pauvres lecteurs qui achètent son dernier livre. Qu'il est urgent de le faire savoir. Que l'enquête de Sébastien Lafargue mérite d'être décrétée d'utilité publique et de bénéficier d'un maximum de viralité sur le net.

Ensuite, qu'il est incroyable de constater que pas un de ceux qui ont eu Zemmour face à eux ces derniers jours, en dépit de leur posture "Vous allez voir ce que vous allez voir", n'ont réussi à démonter de manière aussi incontestable et irréfragable les mensonges de Zemmour. Ni Caron, ni Salamé, ni Bourdin, ni Attali, ni Autain, ni personne. Eric Brunet étant hors concours, pour des raisons évidentes... 

Dans "On n'est pas couché", Aymeric Caron a bien essayé de démonter les mensonges zemmouriens sur l'immigration, mais le direct, la confrontation, le caractère infotainment de l'émission et la redoutable tactique du déni propre à Zemmour ont montré les limites de l'exercice. Soit la preuve que pour démonter un mensonge, il ne faut pas être confronté au menteur, car il lui est loisible de rajouter du mensonge au mensonge. Et à l'arrivée, par faute de temps notamment, c'est le menteur qui gagne.

Enfin, que Zemmour use et abuse de la liberté d'expression qu'il revendique, lui, le pseudo-proscrit que l'on voit et entend partout, pour mentir et tromper la France entière. De ce point de vue, les figures médiatiques qui contribuent à entretenir le phénomène Zemmour, en le hissant au rang de grand intellectuel des temps modernes, doivent s'interroger sur leur rôle dans cette hallucinante émergence.

Le drame de notre temps, c'est que la bêtise se soit mise à penser.
Cocteau
Le drame de notre temps, c'est que la bêtise se soit mise à penser.
Cocteau
Inviter Zemmour,c'est jouer avec le feu de la haine

On a déjà dit ici qu'il est problématique de lui ouvrir ainsi plateaux télé et studios radios, sans mesurer la responsabilité que l'on prend. Surtout quand on n'est pas équipé politiquement et techniquement pour affronter un formidable manipulateur de télévision comme Zemmour, qui maîtrise parfaitement ce média du sentiment qu'est la télé.

Brandir le spectre des 7 millions d'étrangers qui grandissent sans être français sur le sol national, c'est produire un discours émotionnel qui joue avec la peur des uns et des autres en période de crise. Créer l'image de 7 millions d'égorgeurs potentiels qui, devenus grands, sémeront la terreur dans le pays, c'est bien cela que Zemmour entend créer dans l'esprit du téléspectateur prêt à gober ses mensonges, c'est un procédé monstrueux.

Il est dommage, autant que tragique, que face à lui, personne ne soit parvenu à démonter la mécanique Zemmour aussi facilement que Sébastien Lafargue dans le 20h de France 2. 

On le dit, et on le répète : inviter Zemmour à venir mentir sans se donner les moyens de contrôler, rectifier, corriger, dénoncer les mensonges de l’intéressé, c'est prendre une lourde responsabilité. C'est jouer avec le feu de la haine, de la xénophobie et du racisme. C'est aussi trahir la première mission de la télévision publique : créer du lien entre tous.

Une leçon de journalisme pour Ruquier et Taddeï

La leçon de journalisme donnée par Sébastien Lafargue dans le 20h de Pujadas pèse lourd, très lourd, tant elle est accablante pour Ruquier,Taddeï et tous ceux qui ont fait divertissement avec Zemmour, en toute irresponsabilité, ces derniers jours.

C'est la preuve que l'on est pas obligé de tendre un micro à Zemmour à heure de forte audience pour traiter du phénomène. Et mieux encore, elle devrait créer l'obligation de barrer les plateaux télévisés à un propagandiste délirant.

Lafargue n'a pas voulu mettre en scène le spectacle de son choc avec Zemmour. Il a d'abord travaillé. Il s'est demandé comment informer sur les mensonges du polémiste le plus discuté de France. Il a cherché les interlocuteurs adéquats. Il a sélectionné. Il a hiérarchisé. Il n'a pas voulu faire un show, mais de l'info.

Le journal de France 2, fait par des journalistes comme Sébastien Lafargue, peu connus et reconnus (hélas) est une leçon de journalisme pour Ruquier et Taddeï, qui ont offert, sur la même chaîne, tribune libre aux mensonges de Zemmour sur l'immigration et ses élucubrations sur le "grand remplacement" qui se prépare, sans aucun contrôle ni encadrement éditorial.

On ne peut pas jouer avec un menteur et manipulateur comme Zemmour pour le simple plaisir de produire un moment de télévision. Il est temps pour France 2 de sortir l'information de la schizophrénie qui plonge parfois cette chaîne de service public dans des contradictions mortifères. L'information est une chose trop sérieuse pour être confiée à l'infotainment.

Mettons en commun ce que nous avons de meilleur
  et enrichissons-nous de nos mutuelles differences.
 
 Paul Valery

jeudi 25 septembre 2014

Hervé Gourdel: la récup ou l'hommage ?



Hervé Gourdel: la récup ou l'hommage ?

L’idéal, c’est quand on peut mourir pour ses idées,
La politique, c’est quand on peut en vivre. »

Charles Peguy



Le touriste français pris en otage dimanche a été décapité .
La nouvelle, mercredi, a choqué.
Depuis quelques jours et les menaces proférées par des djihadistes du Califat
contre les ressortissants français et américains, il fallait faire corps avec le gouvernement français. Ce dernier avait eu simplement raison de se joindre aux attaques contre l'Etat islamique installé à cheval sur la Syrie et l'Irak.
 L'armée française participe à la coalition internationale
qui bombarde et cherche à affaiblir le Califat.
Qui ne souhaite pas contrer ce dernier ?




"Hervé Gourdel est mort parce qu'il était Français, parce que son pays, la France, combat le terrorisme" François Hollande.
La nouvelle est tombée alors que Manuel Valls était à l'Assemblée pour justifier l'intervention militaire en Irak. 
  
Dans le drame, et sous la pression, on a vu ou entendu quelques indécences. Mais elles furent rares. 
  
1. Nicolas Sarkozy a appelé la famille de la victime. 
On peut s’attendre à tout, absolument tout,
D’un homme ambitieux et déformé par la vie politique,
Dès l’instant où cet homme se sent le pouvoir absolu entre les pattes.
Roger Martin du Gard

La récupération politique est grossière, indécente, à peine surprenante. Quand il était président, Nicolas Sarkozy était coutumier de la manoeuvre. 
  
La plupart des ténors de la droite, y compris des sous-fifres tels Hervé Mariton (qui ?) ont pourtant tenu des propos plus responsables et respectueux. Nicolas Sarkkzy se sentait sans doute pousser des ailes. La justice, qu'il accusait encore il y a peu de partialité politique, voire manipulée par un prétendu cabinet noir, cette même justice vient de suspendre pour quelques mois l'instruction pour corruption active qui frappait l'ancien monarque. C'est une faveur exceptionnelle. 
  
2. Quelques autres se sont inquiétés que l'intervention militaire française ne concerne que l'Irak et pas la Syrie. Sur France info, mercredi matin, Jean-Yves le Drian était encore questionné sur l'affaire. Mais quelle affaire ? La France bombarde le Califat sur son flanc irakien, quand d'autres - Américains et émirati son flanc syrien. 
  
3. Il y a eu, il y aura quelques autres esprits fragiles encore pour fustiger l'islam tout entier, ou interpeler les musulmans de France et d'ailleurs au motif que quelques terroristes surpuissants et haineux se réclament d'un "islam véritable". Ce rétrécissement de la pensée a rapidement frappé, ce mercredi, sans surprise. Il fallait s'en indigner. Le recteur de la grande Mosquée s'était pourtant déclaré bouleversé comme tant d'autres. Et Manuel Valls n'a cessé de répéter, comme le notait Mediapart, qu'il fallait distinguer "l'islam qui est la deuxième religion de France et qui est un atout pour notre pays, et l'islamisme ". 
  
4. D'autres encore diront que la France aurait du rester neutre. Ne rien faire, ne rien dire, se taire ou se coucher, laisser la Syrie et l'Iak, et demain la Jordanie, sombrer dans leurs guerres civiles et emportées par la progression surpuissante du Califat islamique. A l'Assemblée nationale, les députés du Front de gauche ont été les seuls à émettre des réserves à l'intervention française, non pas sur la livraison d'armes mais plutôt sur le prétendu leadership américain: "Oui, il faut apporter une aide militaire à ceux qui résistent aux djihadistes. Mais pas n’importe comment. Et certainement pas sous l’égide des Américains " a justifié le député François Asensi. 
  
5. Les assassins de l'otage français sont un groupuscule islamiste "issu d’une dissidence d’Aqmi", c'est-à-dire politiquement rien, un gang des barbares de plus. 
"Tuer un homme sans défense et désarmé est un acte de lâches et qui le commet n'est pas un guerrier mais un assassin." Jean-Luc Mélenchon
  
6. Sur les réseaux sociaux, mercredi, une campagne s'était lancée contre les amalgames.