Vivre entouré de courtisans, de cire-pompes et de porte-cotons conduit
généralement à une forme de délire mégalomaniaque. Est-ce l'explication des
dernières déclarations de Mélenchon, que rapporte le quotidien Le Monde ? Il
est devenu l’homme fort de la gauche et il n’est plus seulement hégémonique
comme l’était le PS quand il parachutait ses hommes sur des circonscriptions
prenables, il houspille ses alliés potentiels, il les rejette, il les
excommunie. Il ne les réduit pas à la portion congrue, il veut clairement les «
remplacer ». À l’entendre, il deviendra la gauche à lui tout seul. Veut-il,
par ses idées, nous ramener à un nouveau
« trotskysme »
ou comme l’appelle le psychanalyste Jacques-Alain Miller
un « lepénotrotskistes »
On connaissait le sectarisme du
bonhomme, et sa haute opinion de lui-même, mais sa paranoïa nous laisse sans
voix.
« Les circonstances, les noms, les êtres ont changé, mais la
structure, les places, sont les mêmes. Là où c’était Lambert, c’est aujourd’hui
Mélenchon. Là où c’était le Parti communiste internationaliste, c’est la France
insoumise. Là où c’était les nazis, c’est le FN. On se souvient de la phrase de Marx au début
de son merveilleux petit livre, Le Dix-huit Brumaire de
Louis-Napoléon Bonaparte :
«Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et
personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié
d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce.»
Farce en effet que Mélenchon en
tribun et mandataire du peuple, jouant simultanément les notaires scrupuleux ne
pouvant déborder sous aucun prétexte du «mandat reçu.» Tour de force de l’art
théâtral. Cela mériterait un César.
Farce
aussi que cette fille hommasse, fameuse parricide politique, jouant les
pasionarias, non pas dans le style magnifique de Dolores Ibarruri, mais en
reprenant le rôle de Jefa Espiritual de la Nacion – Cheffe Spirituelle de la Nation – jadis
illustré par Eva Peron, elle mince et séduisante danseuse des bordels les plus
chauds du Rio de la Plata.
Farce encore que son greluchon
rendant hommage d’un ton pénétré aux talents oratoires et aux vertus civiques
du rival de sa concubine.
Et farce enfin, farce énorme,
farce burlesque, que Mélenchon «vêtu de probité candide et de lin blanc»
expliquant la bouche pleine de mots qu’il n’avait pas à se prononcer sur le
choix à faire au second tour de l’élection présidentielle. Voter blanc ?
S’abstenir ? Voter Macron ? Voter Le Pen ? Non, non, non, il ne
pouvait rien dire, rien de rien, il n’avait pas mandat pour cela. Le mandat, la
plate-forme ; la plate-forme, le mandat. Il n’y avait pas à sortir de là.
Voilà l’homme qui se moquait
naguère des «pudeurs de gazelle» de ses rivaux. Qui est donc cette gazelle aux
pudeurs, cette gazelle aux chaleurs ?
Cette gazelle, c’est lui, bien entendu. Nous allons les voir à l’œuvre durant cette campagne.
Ce n’est pas une force négligeable. Il s’agit de militants hyperactifs comme
les fourmis du mythe, adorant leur chef et d’une loyauté à toute épreuve, ce
qui serait tout à leur honneur si seulement ce chef en avait, de l’honneur.
Cognez Marine Le Pen. Cognez aussi son clan.
Dites bien qu’il est composé d’admirateurs de Hitler. Ne négligez pas de cogner
le lepénotrotskisme qui s’étend tous les jours davantage dans la jeunesse comme
une maladie infectieuse.
Conformément à la malédiction
destinale qui le voue à répéter indéfiniment la faute de son maître,
l’hitlérien Lambert, Mélenchon est obligé de rechercher tous les moyens propres
à désarmer la jeunesse. Lui et ceux qui le suivent ne savent plus quoi inventer
pour ligoter les jeunes et les détourner de résister et de combattre. «Ils se
valent !» disait Lambert, quand Résistants et Alliés étaient aux prises
avec les troupes d’occupation. «Ils se valent !» répète Mélenchon en vous
pointant du doigt, vous et Marine Le Pen, alors que vous allez vous affronter
tous les deux dans un combat à mort (électoral s’entend).
Jacques-Alain Miller
Pour éviter
de présenter des excuses (ce qu'il ne fait jamais), et en faisant valoir qu'il
avait, à l'époque de la mort de Rémi Fraisse, demandé la démission du ministre
de l'intérieur, Jean-Luc Mélenchon a délibérément confondu la
responsabilité ministérielle et la responsabilité pénale.
Que Bernard
Cazeneuve, en qualité de
ministre de l'intérieur, soit responsable de l'usage, par la police, des armes
qui ont causé la mort de Rémi Fraisse, c'est vrai. Et il n'eût pas été absurde, d'ailleurs, qu'en vertu de cette responsabilité-là, le ministre
démissionnât.
Il se trouve que ce n'est pas de cette façon que
Bernard Cazeneuve a pris ses responsabilités, mais en interdisant les grenades
offensives qui ont tué le jeune homme. Et de cela, on peut discuter...
Seulement, contrairement à ce qu'il laisse entendre
en rappelant qu'il a demandé sa démission à l'époque, ce n'est pas du tout ce
que JLM a dit de Cazeneuve il y a quelques jours !
Il a dit que Bernard Cazeneuve s'était "occupé
d'un assassinat"... Ce qui n'est pas la même chose !
Il y a un abîme entre le fait de dire qu'un
ministre est responsable de ce qui arrive sous son autorité, et le fait de dire
(ce qui est ignoble) que BC "s'est occupé d'un assassinat".
Ds le 1er cas, la notion de responsabilité n'engage
pas l'individu, mais la fonction qu'il incarne.
Ds le 2nd cas, elle fait peser le soupçon que
l'homme Cazeneuve a personnellement (et en cachette) recommandé aux policiers
de tuer quelqu'un.
Le problème n'est pas l'outrance (peut-être
involontaire) de JLM. Le problème, c'est qu'avec ce jeu délibéré sur 2 sens du
mot "responsabilité", l'outrance recouvre une falsification qui
permet à son auteur, une fois de plus, de rester ambigu et de jouer sur les
deux tableaux : JLM n'a pas exactement traité Cazeneuve d'assassin, mais bon,
il n'a pas dit le contraire non plus...