Maio,un duo au bilan désolant
Publié
le 07/06/2019
Début
juin, l’exécutif transalpin a soufflé sa première bougie. Pour l’occasion, le
quotidien italien Corriere della Sera a dressé un premier
bilan de son action. Les deux vice-Premiers ministres populistes ont
vampirisé ce gouvernement, mettant en danger l’équilibre démocratique
des institutions.
Comment s’est passée la première année de ce gouvernement ? Le 65e cabinet ministériel de notre
République vieille de 73 ans a prêté serment le 1er juin 2018, au
terme d’une difficile gestation de trois mois [de longues négociations ont été
nécessaires pour parvenir à un accord]. Au moment de son investiture, le
cabinet était composé à 40 % de membres du Mouvement 5 étoiles, à près de
30 % de membres de la Ligue et à un peu plus de 30 % d’“indépendants” ; il affichait une proportion de femmes inférieure de moitié à celle du
pays et un âge moyen nettement supérieur à celui
des Italiens.
Le
5 juin 2018, lors de la présentation du gouvernement au Parlement, le
président du Conseil, Giuseppe Conte, déclarait que “la croissante
désaffection [des Italiens] envers les institutions et la progressive perte de
prestige de ceux qui ont l’honneur d’y occuper des fonctions doivent tous nous
pousser à être plus responsables”. Nous pouvons à présent dire qu’ils n’ont
pas été plus responsables. L’exécutif est composé de deux forces politiques
nouvelles [la Ligue et le Mouvement 5 étoiles], définies comme populistes, mais
en réalité construites autour du culte du chef.
Salvini et Di Maio tels des coqs de basse-cour
Ce
qui a été mis en place est une forme de duumvirat [gouvernement à deux têtes],
où les deux chefs ont éclipsé le reste de l’exécutif par une progressive
verticalisation du pouvoir. Les duumvirs [Luigi Di Maio, du Mouvement 5
étoiles, et Matteo Salvini, de la Ligue] ont fait et défait, aux dépens des
ministres, réduits à exécuter par absence de légitimité propre.
En annonçant sa
démission le 20 août, le Premier ministre a enfoncé Matteo Salvini,
l’accusant d’avoir fait preuve d’“irresponsabilité” en faisant
tomber la coalition gouvernementale. Pour le journal Il Fatto
Quotidiano, proche du Mouvement 5 étoiles, au pouvoir, Giuseppe Conte est
le grand gagnant de ce duel avec le chef de la Ligue. Et le seul à pouvoir
encore sortir le pays de la crise.
Pour
paraphraser Clint Eastwood dans Pour une poignée de dollars, on
peut dire sans trop prendre de risques que, “quand un homme avec un
revolver rencontre un homme avec un fusil, celui qui a le revolver est un
homme mort”.Hier, le Premier ministre démissionnaire Giuseppe Conte a
couvert Matteo Salvini de goudron et de plumes de la tête aux pieds, aidé en
cela par un énième hara-kiri médiatique du ministre de l’Intérieur et chef de
la Ligue, qui s’était assis à ses côtés en espérant l’intimider, mais qui a
finalement dû se contenter de faire la grimace.
Il faut dire
qu’il était assis, et donc en position de faiblesse par rapport au Premier
ministre, qui lui se tenait debout et lui tirait l’oreille, assénant à ce
cancre mal dégrossi une leçon de politique, de démocratie, de droit
parlementaire et constitutionnel, mais aussi de dignité et de style.
Salvini, qui a
plongé l’Italie dans une crise gouvernementale en appelant le 8 août
à des élections anticipées, s’est ensuite tiré à nouveau une balle dans le pied
en prenant la parole juste après Conte. Son discours était décousu, sans queue
ni tête ...