dimanche 16 décembre 2012

Encore une fois, je veux m'enrichir, je ne lâcherai pas un sou.



Encore une fois, je veux m'enrichir,
 je ne lâcherai pas un sou.
Ubu roi (1888)


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Ces patrons au comportement
(et au salaire) indécent

Ils sont 3, sont à la tête d’entreprises du CAC40, et ont en commun ces deux choses : un salaire mirobolant au regard de leur activité, un comportement que certains jugent détestable vis-à-vis de leurs salariés et des citoyens français dans leur ensemble. Portrait d’hommes prêts à tout pour réussir.

Maurice Lévy
Président de Publicis, il a commis un surprenant plaidoyer en 2011, pour appeler les patrons des grands groupes du CAC40 à un peu de décence.
« "Nous, présidents ou dirigeants d’entreprises, hommes ou femmes d’affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l’instauration d’une "contribution exceptionnelle" qui toucherait les contribuables français les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale.
Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. Cette contribution n’est pas une solution en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes.  »
Pouvait-on lire dans Le Monde. L’objectif ? Communiquer, et uniquement communiquer car l’appel n’a pas vraiment été suivi à la lettre, et le principal intéressé n’a pas non plus eu à se serrer la ceinture en ces temps de crises. 
Car en Mars 2012 le discours était tout autre, face à la menace des 75% de Hollande, répondant pourtant parfaitement à l’appel lancé par Maurice Lévy. Le grand patron a visiblement changé d’avis :
 « "Ce débat est un écran de fumée par rapport aux véritables enjeux. Le niveau des prélèvements obligatoires français est l'un des plus élevés au monde : près d'un euro sur deux de richesse créée est prélevé pour financer les dépenses publiques. (…) On a atteint le maximum et si l'on poursuit dans cette voie, notre pays finira par être asphyxié par le poids de ses charges qui à tous niveaux minent son économie et étouffent son dynamisme." »
Rappelons que Maurice Lévy a touché 18 millions d’euro en 2011, ce qui achève de convaincre de l’hypocrisie (ou de la schizophrénie) du personnage.

Autre style, autre forme de brutalité, Carlos Ghosn et son incroyable salaire, ou l’histoire d’un chef d’entreprise qui fait passer sa rémunération à 13 millions d’euros, à l’heure où son groupe est dans le rouge. C’est 7 fois plus que le PDG de Toyota au Japon, à titre de comparaison. Toyota fait un chiffre d’affaire de 221 milliards de dollars, Renault de 12,30 milliards d’euros. Soit un rapport de 1 à 20. Cela ne semble nullement gêner Carlos Ghosn qui s'octroie le deuxième salaire du CAC40.
Pour un groupe dont on ne cesse de rappeler la fragilité en ces temps de crise économique, le paradoxe est de taille. Mais il est bien connu que la France est le pire pays pour investir pour les grands patrons.
Enfin, le dernier mais non des moindres de ce trio est Chris Viehbacher, patron de Sanofi. Il aurait été possible de citer Bernard Arnault (LVMH, 10 millions) mais la différence notable avec Chris Viehbacher est l’aspect mercenaire de ce dernier qui ne peut que questionner sur son rôle réel au sein de l’entreprise qu’il n’a ni fondé, ni accompagné dans son développement contrairement à nombre de ses salariés.
Ce Canadien appelé en renfort après avoir dirigé GSK, a vu son salaire exploser alors même que sa présence était requise pour gérer la suppression de 5000 à 9000 postes. En 2011, il a reçu une rémunération globale de 7 millions d’euros le plaçant à la 3ème place des dirigeants du CAC40, dont 2 millions 500 euros de stock options, 1 millions 280 000 euros d’actions gratuites. Si l’on part du principe qu’un bon salaire chez Sanofi est de 40 000 euros annuel, Chris Viehbacher s’est donc vu attribuer l’équivalent du travail de 175 salaires annuels de cadres supérieurs, tout en assumant un plan social sans précédents pour le groupe. Avec un salaire au smic, c’est l’équivalent de 430 emplois à l’année qui auraient pu être préservé sur le seul salaire de C.Viehbacher.
Par ailleurs,
le Point confirme cette tendance : « malgré la crise, la rémunération des grands patrons du CAC 40, qui s'était déjà envolée en 2010, a continué à progresser légèrement en 2011, se maintenant à un niveau élevé par rapport aux autres pays européens, a indiqué mardi le cabinet Proxinvest. »

« Bon appétit, messieurs !
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
.../...
l'Europe, hélas ! Écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n'est plus que haillon.
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !

Victor Hugo "Ruy Blass"

L'attitude de Depardieu :

une "forme de déchéance personnelle"

La lettre ouverte de l'acteur à Jean-Marc Ayrault dans laquelle il dit se sentir "injurié" par les critiques sur son exil fiscal suscite les réactions. l'acteur qui s'estime "injurié" par les critiques sur son exil fiscal annonce qu'il rend son passeport français.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a jugé que l'attitude de Gérard Depardieu attestait d'"une forme de déchéance personnelle "Au-delà de la personnalité, au-delà du talent, c'est une forme de déchéance personnelle que je trouve dommageable. Je ne dis pas déchéance pour la personne, je dis que c'est une attitude pas à la hauteur de l'acteur". Et le ministre de conclure : "Plus on paie d'impôts, plus ça veut dire qu'on gagne beaucoup d'argent. Que ceux qui gagnent énormément d'argent paient beaucoup d'impôts quoi de plus normal?"

Un déserteur pour Aurélie Filippetti

Sur BFMTV, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s'est quant à elle dite "tout à fait scandalisée".
"La citoyenneté française c'est un honneur, ce sont des droits et des devoirs aussi, parmi lesquels le fait de pouvoir payer l'impôt. Payer l'impôt dans son pays, participer à l'effort national face à à la crise économique, c'est un acte de patriotisme",
Gérard Depardieu "déserte le terrain de bataille en pleine guerre contre la crise", "Le Premier ministre a dit que cet acte était assez minable, mettre en balance le fait de payer un peu plus d'impôts pendant un an face à la crise économique et de l'autre côté la citoyenneté française qui est un honneur, pour laquelle des milliers de gens se sont battus", "Dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, il y a le fait que chacun doit payer en raison de ses facultés une contribution commune, être français cela veut dire aussi participer à cet effort national".

Un "égoïsme purement scandaleux"

Dans un communiqué, Yann Galut dénonce ce dimanche une attitude en forme de "bras d'honneur à la France". La semaine dernière, le député PS du Cher avait proposé l'adoption d'une loi soumettant l'exil fiscal à l'impôt. Faute de règlement du différentiel, le député proposait d'obliger ces exilés fiscaux à renoncer à la nationalité française, comme cela existe aux Etats Unis.
La lettre de l'acteur provoque l'indignation du député socialiste : "Aujourd'hui Gérard Depardieu nous dit travailler pour lui seulement à partir du mois d’octobre de chaque année mais les français dans une très grande proportion se posent surtout la question de savoir comment ils vont faire face à leurs factures à partir du 15 de chaque mois. Gérard Depardieu n’en est bien sûr pas responsable mais un tel égoïsme au regard de ce que vivent nos concitoyens est purement scandaleux."

Jo-Wilfried Tsonga , Christian Clavier, et maintenant Gérard Depardieu : la fuite des cerveaux s’accélère en France, pour irriguer l’Europe qui n’en demandait pas tant.

Penchons-nous cinq minutes (de plus) sur l’exil d’Obélix chez les Belges, qui en fait couler, de l’encre dans les journaux et des canons au comptoir. L’un des acteurs les mieux payés du cinéma français vient de décréter que son pays n’avait pas vocation à accueillir toute la richesse du monde, et s’en va donc planquer la sienne à un jet de pavé de Roubaix, 1 km de l’autre côté de la frontière, à Néchin – en passe de devenir mine de rien le bled le plus sélect du plat pays, sans qu’on puisse même y amarrer un yacht.

C’est donc le Thalys qui, à l’avenir, tiendra lieu d’urinoir à une star que le monde entier a tenté de nous arracher, de Cuba à la Tchétchénie en passant par l’Ouzbékistan. Une star qu’on croyait 100 % terroir, biberonnée au vin d’Anjou et élevée aux volailles Bourgoin. Formée à l’école du cinéma de Blier, Sautet, Duras ou Téchiné. Gavée aux nanars plus made in France tu meurs (Astérix, Vidoq, RRRrrr…).
Nourrie par les fictions patrimoniales de la télévision publique
(« Les Misérables », « Monte-Cristo », « Raspoutine »…).

Cet ogre qui nous doit tout, et dont la carrière fut largement subventionnée par nos impôts, décide aujourd’hui de ne plus payer les siens et s’en va au pas de charge gonfler les statistiques de la sécurité routière belge. Il est donc temps d’organiser la riposte. 

Non par la mesquine déchéance de nationalité agitée par certains esprits chagrins,
 mais via l’arme de distraction massive : le boycott. Boycottons les films de Gérard Depardieu. À 11,20 € pièce le navet au Gaumont-Pathé du coin, qui a encore envie de faire la queue pour se voir envoyer un magistral bras d’honneur depuis l’écran géant ? Zappons les rediff télé en recalculant mentalement l’augmentation de la redevance (+ 6 €, Gérard !). Cessons d’engraisser bêtement la bête. 

Un jour, peut-être, Depardieu délesté repassera la frontière.
 Et se souviendra que ce qu’il fut autrefois, de nouveau il pourrait être.

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