mardi 14 juin 2016

2017 : candidats de droite et de gauche, lisez cette note... du FMI !

Trois chercheurs du Fonds monétaire international publient un article iconoclaste sur les effets contreproductifs du néolibéralisme. Un avertissement pour la campagne présidentielle en France.

Trop occupée à ferrailler contre le PS et la loi El Khomri, une partie de la gauche en oublie de fourbir ses armes contre Juppé, Sarkozy, Fillon et Le Maire, qui ne reculent devant aucune promesse pour reprendre le pouvoir.

Ces « gens-là » n'ont jamais renoncé.
 Utilisant désormais les leviers financiers,
Une caste confisque les fruits des efforts de tous,
 collectivisant les pertes et privatisant les bénéfices,
Ils ont simplement changé d'échelle.
 Elle est désormais planétaire. Et ils se gavent.
Face à cela, la gauche, qui n'a rien appris en plus de cent ans.
Rien.
Ni sur le fond, ni sur les méthodes,
encore moins sur la nécessité de la morale dans l'action.
Danielle Mitterrand

 Ce n'est pas encore la fin de l'histoire, mais le début de la remise en question d'un dogme. En publiant dans une très sérieuse revue du Fonds monétaire international un article intitulé "Le néolibéralisme est-il survendu?", trois chercheurs du célèbre organisme ont déclenché une tempête dans le petit monde des économistes.
Leur thèse, qui n'a rien d'un brûlot, a le mérite de coucher noir sur blanc toutes les questions et tous les doutes que soulève depuis quarante ans l'application stricte et uniforme des remèdes du FMI sur les économies nationales. 
Que disent ces "hérétiques"? Que le fameux agenda néolibéral imposé sur tous les continents par les thuriféraires de Milton Friedman n'a pas toujours produit les effets escomptés, loin de là! S'il a, selon les auteurs, participé à la réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale et favorisé l'essor de certains pays émergents, il s'est aussi parfois révélé contre productif.

Crises financières 

La concurrence tous azimuts et son cortège de dérégulations, notamment sur les marchés de capitaux, ont ainsi nourri la spéculation et les crises financières. Depuis les années 1980, les experts du FMI en ont recensé plus de 150 dans 50 pays.
Quant aux politiques d'austérité concoctées à coups de réduction drastique de la dette et des déficits, elles ont eu un effet parfois catastrophique en portant un coup d'arrêt à l'activité économique et en contribuant au développement des inégalités. Ce qui plombe in fine la croissance.
Le propos n'est pas nouveau, certes. Il est même porté depuis longtemps par tout ce que la planète compte d'économistes hétérodoxes et d'altermondialistes. Mais le fait qu'il soit publié sous l'égide d'une telle institution lui donne un relief particulier.
Et même si le FMI, par la voix de son chef économiste, s'est empressé d'expliquer qu'il ne fallait pas en attendre d'"inflexion majeure" ni de "révolution", cette étude iconoclaste tombe à point nommé. On rêverait par exemple qu'elle apporte de l'eau au moulin de tous ceux qui militent pour un réel allégement de la dette grecque et non pour un pacte de dupes comme les ministres de la zone euro viennent d'en signer un.

"Plus libéral que moi tu meurs"

On rêverait aussi qu'elle fasse réfléchir à l'orée de la campagne présidentielle en France. A l'heure où une droite revancharde s'engage dans une course au "plus libéral que moi tu meurs" et où une gauche sans imagination est tentée de lui emboîter le pas, la note des chercheurs du FMI résonne comme un avertissement à tous les Diafoirus de la pensée magique.
La France a besoin de se réformer, c'est une certitude. Mais elle mérite mieux que la dérégulation à tous crins et l'éternelle spirale du moins-disant. Pour des raisons de justice sociale, bien évidemment. Mais aussi, désormais, pour des raisons de logique économique!
Engagés dans un concours Lépine ultralibéral, les concurrents de la primaire rivalisent de propositions chocs. Sans dire toujours pourquoi ni comment chacun y va de sa surenchère. 
100 milliards d’euros d’économie pour Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, 110 milliards pour François Fillon, 130 milliards pour Hervé Mariton… 
Qui dit mieux ?Bruno Le Maire peut-être ? L’outsider des Républicains paraît en effet bien parti pour décrocher la palme avec son million de fonctionnaires supprimés – rien que ça ! – ou encore sa volonté de contrôler les comptes bancaires des bénéficiaires du RSA au cas où des pauvres seraient tentés de faire fortune en touchant indûment leurs 524 euros par mois…
On remarquera au passage que ce dernier, comme ses rivaux, se montre beaucoup plus discret sur la lutte contre la fraude fiscale pourtant quarante fois plus élevée que celle aux minima sociaux. Le même Le Maire, décidément très en forme, a déclaré récemment qu’il ne négocierait pas avec les syndicats, tandis que Nicolas Sarkozy assure, lui, vouloir remettre en cause leur monopole de représentativité et même en finir avec le paritarisme…                                                            Le président de Les républicains vient de tenir un meeting dans la banlieue de Lille dans le cadre des primaires de son parti. En évitant de parler de son « libéralisme … ultra», s’est positionné comme l’homme providentiel capable d’incarner les aspirations du peuple. Il annonce que «La primaire se jouera sur la France, la République, la culture française» et dénonce «l’islam prosélyte et intégriste qui vous dit comment manger, comment vous habiller, quel rapport entretenir avec le sexe opposé». Il rajoute que «La France, c’est un pays chrétien». On se croirait revenu au fameux discours de Grenoble inspiré par Buisson. Cette fois-ci Sarkozy aurait écrit son discours tout seul, mais il est clair que l’ombre de Buisson plane… 
« Les landes de granit breton », « le culte des morts » en témoignent. A cela il faut ajouter de grouillantes «minorités» : syndicalistes en colère, lycéens bloqueurs ou islamistes radicaux.




Ne nous y trompons pas : c’est en effet une droite de rupture, revancharde plus que réformiste, qui prépare son retour aux affaires. Austérité, contournement du dialogue social, dérégulation, réduction des services publics, révision des acquis sociaux et du temps de travail… C’est du populisme, car au lieu de prôner l’unification, il dresse des communautarismes réels ou illusoires les uns contre les autres, une tendance qui apparaît fréquemment dans les moments de crise. En France on l’a connu avec le boulangisme, puis le poujadisme. Son projet se construit à ciel ouvert et sans ambiguïté dans une indifférence quasi générale.

Appelons-nous toujours à "une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communications de masse
qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse,
le mépris des plus faibles et de la culture,
l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous"
Refuser le diktat du profit et de l'argent,
s'indigner contre la coexistence d'une extrême pauvreté et d'une richesse arrogante,
refuser les féodalités économiques, réaffirmer le besoin d'une presse vraiment indépendante,
assurer la sécurité sociale sous toutes ses formes...
nombre de ces valeurs et acquis que nous défendions hier sont aujourd'hui en difficulté ou même en danger.
C'est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd'hui remis en cause.
Mais si, aujourd’hui comme alors,
une minorité active se dresse, cela suffira, nous aurons le levain pour que la pâte lève.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire