Trois chercheurs du Fonds
monétaire international publient un article iconoclaste sur les effets
contreproductifs du néolibéralisme. Un avertissement pour la campagne
présidentielle en France.
Trop
occupée à ferrailler contre le PS et la loi El Khomri, une partie de la gauche
en oublie de fourbir ses armes contre Juppé, Sarkozy, Fillon et Le Maire, qui
ne reculent devant aucune promesse pour reprendre le pouvoir.
Ces « gens-là » n'ont jamais renoncé.
Utilisant désormais les leviers financiers,
Une caste confisque les fruits des efforts de tous,
collectivisant les pertes
et privatisant les bénéfices,
Ils ont simplement changé d'échelle.
Elle est désormais planétaire. Et ils se gavent.
Face à cela, la gauche, qui n'a rien appris en plus de cent ans.
Rien.
Ni sur le fond, ni sur les méthodes,
encore moins sur la nécessité de la morale dans l'action.
Danielle Mitterrand
Ce n'est pas encore la fin de l'histoire, mais le début de la remise
en question d'un dogme. En publiant dans une très sérieuse revue du Fonds monétaire international un article intitulé "Le néolibéralisme est-il survendu ?",
trois chercheurs du célèbre organisme ont déclenché une tempête dans le petit
monde des économistes.
Leur thèse,
qui n'a rien d'un brûlot, a le mérite de coucher noir sur blanc toutes les
questions et tous les doutes que soulève depuis quarante ans l'application
stricte et uniforme des remèdes du FMI sur les économies nationales.
Que disent
ces "hérétiques" ? Que le fameux agenda néolibéral imposé sur tous les
continents par les thuriféraires de Milton Friedman n'a pas toujours produit
les effets escomptés, loin de là ! S'il a, selon les auteurs,
participé à la réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale et
favorisé l'essor de certains pays émergents, il s'est aussi parfois révélé contre productif.
Crises
financières
La concurrence tous azimuts et son cortège de
dérégulations, notamment sur les marchés de capitaux, ont ainsi nourri la
spéculation et les crises financières. Depuis les années 1980, les experts du
FMI en ont recensé plus de 150 dans 50 pays.
Quant aux politiques d'austérité concoctées à coups de réduction
drastique de la dette et des déficits, elles ont eu un effet parfois
catastrophique en portant un coup d'arrêt à l'activité économique et en
contribuant au développement des inégalités. Ce qui plombe in fine la croissance.
Le propos
n'est pas nouveau, certes. Il est même porté depuis longtemps par tout ce que
la planète compte d'économistes hétérodoxes et d'altermondialistes. Mais le
fait qu'il soit publié sous l'égide d'une telle institution lui donne un relief
particulier.
Et même si
le FMI, par la voix de son chef économiste, s'est empressé d'expliquer qu'il ne
fallait pas en attendre d'"inflexion majeure" ni de
"révolution", cette étude iconoclaste tombe à point nommé. On
rêverait par exemple qu'elle apporte de l'eau au moulin de tous ceux qui
militent pour un réel allégement de la dette grecque et non pour un pacte de
dupes comme les ministres de la zone euro viennent d'en signer un.
"Plus libéral que moi tu
meurs"
On rêverait
aussi qu'elle fasse réfléchir à l'orée de la campagne présidentielle en France.
A l'heure où une droite revancharde s'engage dans une course au "plus libéral que moi tu
meurs" et où
une gauche sans imagination est tentée de lui emboîter le pas, la note des
chercheurs du FMI résonne comme un avertissement à tous les Diafoirus de la
pensée magique.
La France a
besoin de se réformer, c'est une certitude. Mais elle mérite mieux que la
dérégulation à tous crins et l'éternelle spirale du moins-disant. Pour des
raisons de justice sociale, bien évidemment. Mais aussi, désormais, pour des
raisons de logique économique !
Engagés
dans un concours Lépine ultralibéral, les concurrents de la primaire rivalisent
de propositions chocs. Sans dire toujours pourquoi ni comment chacun y va de sa
surenchère.
100 milliards d’euros
d’économie pour Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, 110 milliards pour François Fillon,
130 milliards pour Hervé Mariton…
Qui dit mieux ?Bruno Le Maire peut-être
? L’outsider des Républicains paraît en effet bien parti pour décrocher la
palme avec son million de fonctionnaires supprimés – rien que ça ! – ou encore
sa volonté de contrôler les comptes bancaires des bénéficiaires du RSA
au cas où des pauvres seraient tentés de faire fortune en touchant indûment
leurs 524 euros par mois…
On remarquera au passage que
ce dernier, comme ses rivaux, se montre beaucoup plus discret sur la lutte
contre la fraude fiscale pourtant quarante fois plus élevée que celle aux
minima sociaux. Le même Le Maire, décidément très en forme, a déclaré récemment
qu’il ne négocierait pas avec les syndicats, tandis que Nicolas
Sarkozy assure, lui, vouloir remettre
en cause leur monopole de représentativité et même en finir avec le
paritarisme… Le président de Les républicains vient de tenir un meeting dans
la banlieue de Lille dans le cadre des primaires de son parti. En évitant de
parler de son « libéralisme … ultra», s’est positionné comme l’homme
providentiel capable d’incarner les aspirations du peuple. Il annonce que «La primaire se jouera sur la France, la
République, la culture française» et dénonce «l’islam prosélyte et intégriste qui vous dit
comment manger, comment vous habiller, quel rapport entretenir avec le sexe
opposé». Il rajoute que «La
France, c’est un pays chrétien». On se
croirait revenu au fameux discours de Grenoble inspiré par Buisson. Cette
fois-ci Sarkozy aurait écrit son discours tout seul, mais il est clair que
l’ombre de Buisson plane…
« Les landes de granit
breton », « le culte des morts » en témoignent. A
cela il faut ajouter de grouillantes «minorités» : syndicalistes en colère, lycéens bloqueurs
ou islamistes radicaux.
Ne nous y trompons pas : c’est en effet une
droite de rupture, revancharde plus que réformiste, qui prépare son retour aux
affaires. Austérité, contournement du dialogue social, dérégulation, réduction
des services publics, révision des acquis sociaux et du temps de travail… C’est du
populisme, car au lieu de prôner l’unification, il dresse des communautarismes
réels ou illusoires les uns contre les autres, une tendance qui apparaît fréquemment dans les moments de crise.
En France on l’a connu avec le boulangisme, puis le poujadisme. Son projet se construit à ciel ouvert et sans ambiguïté dans une
indifférence quasi générale.
Appelons-nous toujours à "une véritable insurrection pacifique
contre les moyens de communications de masse
qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation
de masse,
le mépris des plus faibles et de la culture,
l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre
tous"
Refuser le diktat du profit et de l'argent,
s'indigner contre la coexistence d'une extrême pauvreté et d'une
richesse arrogante,
refuser les féodalités économiques, réaffirmer le besoin d'une presse
vraiment indépendante,
assurer la sécurité sociale sous toutes ses formes...
nombre de ces valeurs et acquis que nous défendions hier sont
aujourd'hui en difficulté ou même en danger.
C'est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est
aujourd'hui remis en cause.
Mais si, aujourd’hui comme alors,
une minorité active se dresse, cela suffira, nous aurons le levain pour
que la pâte lève.
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