Longuet, le déshonneur de la France
Un
bras d'honneur en direct à la télévision. C'est la réponse de
l'ex-ministre de la Défense Gérard Longuet à une question sur la
demande par Alger "d'une reconnaissance franche des crimes perpétrés par
le colonialisme français".
« Il y a la beauté et il y a les humiliés.
Quelles que soient les difficultés de l'entreprise,
je voudrais ne jamais être infidèle ni à
l'une ni aux autres.»
Camus
Liberté, fraternité et égalité, ces valeurs ont été foulées aux pieds
par l’ancien ministre français de la Défense, Gérard Longuet.
Ce monsieur a, visiblement, supprimé l’élégance de son dictionnaire de
la langue française. Un dictionnaire dans lequel ne figure, par
ailleurs, qu’un seul verbe : mépriser. Un verbe savamment conjugué par
cet ancien ministre de la République française. Un ministre dont la gestuelle honteuse va devenir désormais une marque de fabrique qui rendrait jaloux les défenseurs du "Made in France". Gérard Longuet est définitivement entré dans l’histoire avec "son bras d’honneur" en direct à la télé. Mais il est y entré par la plus petite et infâme des portes.
Gérard Longuet, ce proche de Nicolas Sarkozy assume en plus tout et ne renie rien ! Il justifie son geste déshonorant, diffusé dans le monde entier par la magie du web, par une dépêche de l'Agence France Presse en provenance d’Alger.
Ah Alger, cette ville si irritante, si exaspérante, indispose le pauvre Gérard Longuet. Alger, cette capitale d’un pays libre et indépendant, lui cause même des nausées lorsqu’elle ose demander à ses anciens colonisateurs, de se repentir des crimes, et tortures que la décolonisation a pu provoquer.
Une demande que monsieur Longuet et ses semblables jugent inconcevable et illégitime. A leurs yeux, Alger leur doit tout : sa fraîcheur, sa beauté, son soleil, son architecture et même son avenir ! C’est grâce à la France et ses 132 ans de colonisation, qu’Alger a pu exister, disent, en somme, Longuet et ses compagnons. Cette France qui ne doit pas avoir honte de sa présence coloniale est sacrée et irréprochable.
"Les Algériens, ces pauvres indigènes qui ne méritent pas leur indépendance, doivent remercier cette France coloniale glorieuse pour son rôle positif dans leur propre pays, l’Algérie. Une Algérie sauvage, barbare, primitive, qui n’a vu la lumière que grâce à la mission civilisatrice des armées françaises".
Voilà le discours servile que Gérard Longuet voulait lire dans cette dépêche qu’on lui a fait parvenir à partir d’Alger.
Mais au lieu de cela, il s’aperçoit qu’il a sous ses yeux une insupportable diatribe. Les anciens colonisés ont fait preuve d’audace et rappellent à la grandiose France son devoir de Mémoire. La désillusion est terrible pour Gérard Longuet.Soit ! Mais si la France n’a pas à avoir honte de son passé, vous monsieur Longuet, en revanche, vous devriez avoir honte de votre mauvaise éducation…
Il faudrait
d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur,
à l'abrutir au sens propre du mot, à le
dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral,
et montrer que,
chaque fois qu'il y a eu au Viêt-nam une tête coupée et un oeil crevé
et qu'en France on accepte,
et qu'en France on accepte,
une fillette
violée et qu'en France on accepte,
un Malgache supplicié et qu'en France on
accepte,
il y a un acquis
de la civilisation qui pèse de son poids mort,
une régression universelle qui s'opère, une gangrène qui
s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités
violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces
expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et "interrogés",
de tous ces patriotes torturés,
au bout de cet
orgueil racial encouragé, de cette
lactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe,
et le progrès
lent, mais sûr, de l'ensauvagement du continent.
[ Aimé Césaire ]
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