lundi 15 avril 2013

Le retour des "Ligues" extrème droite et cathos manifestent




Les commandos de la haine contre Caroline Fourest

 Martine GOZLAN

Des commandos de manifestants anti-mariage homosexuel
ont traqué la journaliste tout au long de la journée du samedi 13 avril
 où elle était invitée aux débats du Nouvel Obs à Nantes.
Cernée, insultée, agressée, elle a été exfiltrée par la police
mais la même violence l'a poursuivie jusqu'à Paris.
Pourquoi tant de haine? Pourquoi elle, encore et toujours?

Le mépris et la haine sont sans doute les écueils dont il importe le plus 
 
aux princes de se préserver.
 
On ne doit jamais laisser se produire un désordre pour éviter une guerre ;
 
car on ne l'évite jamais, on la retarde à son désavantage.
 
Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois, l'autre avec la force.
 
La première est propre aux hommes, l'autre nous est commune avec les bêtes.
 
Machiavel "Le prince"

Ils l'ont traquée toute la journée, ce samedi 13 avril où elle intervenait à Nantes aux débats du Nouvel Observateur. Traquée, cernée, insultée, de la salle d'où elle a dû être exfiltrée jusqu'à la gare, jusqu'aux wagons, jusqu'à Paris où d'autres l'attendaient. 

Sans la protection de la police, elle ne sait pas ce qui aurait pu se passer. « Au moins les opposants à la loi ont-ils montré leur vrai visage! » affirme-t-elle crânement, en pleine tempête.

Caroline Fourest fait toujours front, de ce beau front qui exaspère tant les imbéciles parce qu'on y lit tant de raison gardée face à la forêt hagarde des déraisons. 

De quoi la haine anti-Fourest est-elle le nom? Qu'est-ce qui, dans cette jeune femme obstinée, déclenche les fureurs conjointes des anti-mariage homosexuel, des islamistes, salafistes ou non, de l'extrême-droite et de tous les extrêmes en général?  

Empêchée de parler, agressée,  Caroline l'est sans cesse, de Nantes à Bruxelles, de Civitas à  la fête de l'Huma et  à toutes les scènes sur lesquelles se ruent les ennemis multiples de la parole claire. 

Que veulent-ils faire taire en elle? Le discours limpide de la « dernière utopie », son ode à l'universalisme (Grasset) , son analyse impitoyable des obscurantismes religieux, son refus de céder aux sirènes du compromis qui enchantent tant de ceux qui sont pourtant de sa rive politique, à gauche? 

Que veulent-ils écraser dans cette silhouette qui court plus vite que leur fureur et, chaque fois, malgré les crachats, les cloue dans leur bêtise dangereuse d'un salut narquois? 

A coups de documents, d'enquêtes- de Tariq Ramadan à Marine le Pen- de livres-clés, de la télévision avec ses récents " réseaux de l'extrême » à son blog du 
Huffington Post (il lui ouvrit ses colonnes après son étrange éviction du Monde l'été dernier), Caroline Fourest est devenue l'intellectuelle française engagée en un temps où l'heure est aux salons goinfrés de narcissisme désengagé. 

Disons-le clairement: ils la haïssent tous parce qu'elle est femme et ose penser à l'heure du grand bond en arrière. 

Parce qu'elle ose dire leurs quatre vérités à des gens qui, tout en se haïssant les uns les autres (les islamistes, l'extrême-droite, etc...) se ressemblent furieusement par les interdictions de penser semées sous leurs pas. 

Parce qu'elle est féministe. 

Parce qu'elle est homosexuelle. 

Parce qu'elle dénonce le patriarcat, cette plaie commune à tant de sociétés dissemblables comme le souligne avec justesse notre ambassadeur aux droits de l'homme François Zimeray. 

Ils la haïssent parce que plus ils l'attaquent, plus on la voit. Parce que, tant pis pour eux, sa parole passe de mieux en mieux. Parce que Caroline Fourest, n'en déplaise à ceux qui se hurlent les représentants de différents courants pseudo-populaires, est très simplement et très clairement populaire. 

Personnellement, je l'ai connue lors de la désormais lointaine et pourtant si actuelle affaire Tariq Ramadan où tous les plateaux télévisés nous vendaient  alors pour musulman cartésien un expert en manipulation de mirages obscurantistes. 

Notre plus récent échange, c'est autour de l'histoire d'Amina, la jeune Femen tunisienne qui s'est dressée avec un courage inouï  contre toute sa société. Là-dessus, toutes les féministes et leurs alliés ont commencé à pincer les lèvres: « Les Femen, pouah! » 

Justement ,Caroline venait de leur consacrer un reportage avec la cinéaste tunisienne  Nadia el Fani (une héroïne elle aussi, menacée de mort dans son pays si beau pourtant , depuis qu'elle a tourné « Laïcité Inch Allah. » 

Mais Caroline, pas plus que Nadia, ne siffle « Pouah...attention...doucement! »  quand la liberté s'habille ou se déshabille des armes du temps. 

La vérité nue, voilà ce qu'elle regarde en face. 

Continue Caroline, bien qu'on ait pas besoin de te le dire, tes amis sont avec toi.




"La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une."
Jean-Marie Matisson

Le retour de l’âme damnée des cathos ultra


Rédigé par Jack Dion

Roméo Castellucci, qui avait déchainé les foudres des intégristes cathos avec sa précédente pièce, revient au théâtre de la Ville avec « The Four Seasons Restaurant », présenté au dernier festival d’Avignon. Voici l’article que j’avais publié sur ce blog à cette occasion.



Comme tous les intégristes, les fous de Dieux ont l’art de voir le diable là où il n’est pas. Ainsi les catholiques ultras ont-ils fait de Romeo Castellucci l’une de leurs cibles favorites, alors que ce dernier se revendique de la même croyance. Il y a quelques mois, lorsque la pièce « Sur le concept de visage du fils de Dieu » avait été programmée au Théâtre de la Ville, à Paris, ils avaient même transformé les lieux en camp retranché, montrant tout à la fois qu’ils avaient une approche singulière du droit à la création et qu’ils n’avaient rien compris à la pièce de Castellucci. Quoi que l’on pense par ailleurs de sa pièce, ce dernier voulait au contraire témoigner de sa fascination pour le visage de Jésus.   
Cette année, Romeo Castellucci renouvelle son message christique avec « The Four Seasons Restaurant », présentée au festival d’Avignon. Autant l’œuvre présentée la saison précédente était d’un goût douteux (le mot est faible) autant celle-ci est exempte de toute provocation gratuite (voir mon blog du 22 juillet 2011).   
Le titre de l’œuvre de Castellucci renvoie à un célèbre restaurant de New York, situé sur la 54ème rue. En 1958, son propriétaire avait commandé au peintre Mark Rothko des toiles pour agrémenter les murs de son établissement. Finalement, ce dernier refusa de passer sous les fourches caudines du restaurateur qui voulait disposer des œuvres de Rothko comme s’il s’agissait de couverts sur une table. Les toiles finirent dans un lieu plus adapté, à la Modern Tate Gallery de Londres.    
Castelluci a voulu rendre hommage à cet acte d’autocensure de l’artiste. Il  y voit un geste comparable à celui des religieux qui se réfugient dans un autre monde, en s’imposant la loi du silence ou en se voilant la face. La première partie de son spectacle, jouée uniquement par des femmes, inspirée de « La Mort d’Empédocle », du poète Hölderlin, est plastiquement très belle même si elle demeure parfois d’une obscure clarté. La seconde débute par un jeu de toiles noires évoquant Rothko.  Elle se conclut par l’apparition du visage du Christ après une explosion symbolisant la naissance ou la fin du monde, on ne sait trop, est à couper le souffle.    
Si, après un tel cri, les intégristes catholiques persistent à vouloir mettre Castellucci en croix, il faudra leur imposer un Pater et deux Ave.


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