samedi 11 mai 2013

Sarkozy le germanophobe

Quel est l'odieux germanophobe primaire qui, pour se mettre en valeur et la France avec, l'encensait ainsi en enfonçant l'Allemagne : « Nous pouvons être fiers de notre pays [...] la France n'a jamais cédé à la tentation totalitaire. » Et d'en rajouter encore : « Elle n'a pas inventé la "solution finale". » Et, pour finir : « Elle n'a pas commis de crime contre l'humanité ni de génocide... » 

Ce coq sur ses ergots, la crête dressée, n'a pas donné du bec une seule fois contre l'impérieux et exécrable aigle allemand, il l'a criblé de son mépris et en termes identiques devant des milliers et des milliers de personnes, à Caen, à Metz, à Nice... Ce germanophobe en campagne, c'était Nicolas Sarkozy avant son élection de 2007. 
A l'époque, Jean-François Copé et François Fillon le soutenaient ardemment et n'avaient donc pas signé de communiqué commun pour dénoncer, comme ils viennent de le faire avec François Hollande, « sa responsabilité personnelle dans la dégradation continue des relations franco-allemandes ». Pourtant, les médias d'outre-Rhin s'étaient alarmés, et le candidat de la droite ne dissimulait pas sa mésestime de l'Allemagne comme de sa chancelière. 

Lorsqu'on parlait de l'Allemagne avec le Sarkozy d'avant, il secouait la tête, levait les yeux au ciel, vous signifiait qu'il n'était pas un enfant de la guerre, que tout cela, c'était fini, Merkel et l'Allemagne (comme... Chirac), et qu'il fallait tourner la page, regarder là où s'écrivait l'histoire moderne. « Nos enfants, lâchait-il avec conviction, ils ne veulent pas aller en vacances en Allemagne, mais aux Etats-Unis ou en Angleterre ! » 

Outre-Manche, même les socialistes lui paraissaient intelligents. Il ne tarissait pas d'éloges sur Gordon Brown, quand celui-ci était ministre des Finances, puis Premier ministre, et le qualifiait de « réformateur convaincu et convaincant ». Et, dans sa première année de mandat, Nicolas Sarkozy se montra aussi prévenant envers les dirigeants anglais qu'arrogant envers Angela Merkel. 

Pourtant, Copé et Fillon n'ont pas alors critiqué une stratégie qui mettait à mal l'amitié franco-allemande, le moteur de l'Europe. 

« Un comportement indigne » qu'ils viennent pourtant de reprocher en ces termes au chef de l'Etat socialiste qui « a tenté d'isoler la chancelière allemande pour des préoccupations bassement partisanes ». Vérité d'un temps n'est pas en politique celle de tous les temps. 

On eut une autre démonstration de cette variation de convictions lors de la dernière campagne électorale. Elle avait commencé par un duo d'amour libéral Merkel-Sarkozy. Mais, au fil des meetings, le candidat à sa réélection prenait ses distances avec l'Allemagne et son imperium de rigueur d'abord. 

Lors du meeting de la Concorde, en dansant sur une mer de drapeaux tricolores, il envoyait valser les principes corsetés de fer d'« Angela » pour exiger de la Banque centrale européenne qu'elle participe à la croissance et pour éviter la décroissance. 

Afin de rameuter l'électorat d'extrême droite, il barbelait de frontières un discours nationaliste chaque jour moins européen. Les germanophiles de droite, nombreux il est vrai, les adorateurs du modèle allemand, qui sont pléthore, baissaient la tête. Silencieux. Honteux.

NICOLAS DOMENACH
Marianne Mai 2013

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