mercredi 8 mai 2013

Irresponsables, des ambitieux et des escrocs,

Une étrange musique se fait entendre sur les bancs de la droite, une musique martiale qui est aux valeurs républicaines ce que Claude Guéant est à la peinture Hollandaise du XVIIème siècle.  
Passe encore que certains de ses ténors aient instruit à l’encontre de François Hollande un procès en illégitimité. Sans doute est-ce un legs historique de la royauté d’inspiration divine. De tout temps, les forces conservatrices ont considéré qu’elles avaient un droit d’ainesse politique leur conférant les rênes du pouvoir pour l’éternité, tel un CDI transmis de génération en génération. Il suffit que la gauche soit élue pour qu’elles entrent en transes, et demandent qu’on leur rendre leur sceptre comme un gosse à qui on aurait piqué son jouet pendant la récréation. Sauf qu’en l’occurrence, si la gauche a été mal élue, elle l’a été. 
Tout au long de la jacquerie anti mariage gay, on a senti à droite une volonté de passage en force digne d’une République bananière. 


Qu’un Henri Guaino découvre sur le tard le charme des défilés de rue, on veut bien. Mais cette illumination ne confère pas à l’UMP le droit à l’insurrection incivique. Ensuite, il y a eu l’ineffable Jean-François Copé et son rêve d’un nouveau mai 1958. Bizarrement, la confession n’a guère ému des gazettes plus sensibles aux mises en cause de la démocratie à Caracas qu’à Paris.  On rappellera que mai 1958, sauf erreur, fut un mini coup d’Etat, consécutif au putsch militaire des généraux factieux dans l’Algérie occupée. C’est ce qui permit à de Gaulle, revenu en sauveur suprême, de faire sauter la IVème République vermoulue, dirigée par les socialistes de l’époque. 

Certes, l’histoire ne repasse pas les plats. Mais comme modèle de cuisine démocratique, il y a mieux. 

Et puis voilà Sarkozy qui s’en mêle. Voilà l’ex président, naufragé des urnes, conférencier de luxe, un jour à Montréal, un autre à Las Vegas (ce qui ne s’invente pas), qui fait savoir que s’il le faut, il est prêt à reprendre du service. Ah bon. En vertu de quoi ? Après quelle élection ? Au nom de qui ?       
         
Selon Le Parisien, juste avant de boucler ses valises pour la Mecque des jeux, Nicolas Sarkozy a laissé entendre que la société française était « très fragile ». C’est vrai, mais il y est peut-être pour quelque chose, non ? On veut bien que l’an I du Hollandisme n’incite guère à faire la fiesta, mais cinq ans de Sarkozysme incitent encore moins à rêver de son come back. 

« La scène politique attirera toujours des aventuriers irresponsables, des ambitieux et des escrocs,

on ne cessera pas si facilement que cela

 de détruire notre planète »

Vaclav Havel



Le mari de Carla Bruni n’en pousse pas moins une étrange chansonnette : « Je vais peut-être être obligé de revenir ». Mais où se croit-il ? 


Jusqu’à preuve du contraire, le Président de la République en titre n’est pas brutalement décédé. Il n’est menacé d’aucune sorte d’empêchement imposant de prendre des mesures d’urgence. Et si Nicolas Sarkozy veut « revenir », il peut le faire très aisément en rentrant chez lui, dans les beaux quartiers, pour essayer de régler ses problèmes avec la justice. 

Personne ne lui en demande plus. Cela lui laissera le temps de se préparer à une éventuelle candidature en 2017, s’il gagne sa pace parmi les prétendants UMP et s’il peut patienter jusque là. Au cas où l’échéance serait trop lointaine et qu’il préfèrerait « faire du fric », comme on dit chez ces gens-là, libre à lui. 

Victor Hugo  Ecrivait : 
 M. Louis Bonaparte "Nicola S." a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, 
l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, 
et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre 
quand il n’y a à enjamber que de la honte.
En attendant, depuis sept mois, il s’étale ; il a harangué, triomphé, 
présidé des banquets, pris des millions, donné des bals, 
dansé, régné, paradé et fait la roue.

M. N. Sarkozy répond par la voix de L. Bonaparte : 
 "Je me sens obligé de vous faire connaître mes sentiments et mes principes.
 Il ne faut pas qu’il y ait d’équivoque entre vous et moi.
 Je ne suis pas un ambitieux... Élevé dans les pays libres, à l’école du malheur,
 je resterai toujours fidèle aux devoirs que m’imposeront vos suffrages
 et les volontés de l’Assemblée. Je mettrai mon honneur à laisser, 
au bout de quatre ans, à mon successeur, le pouvoir affermi,
 la liberté intacte, un progrès réel accompli."



Pour le reste, la moindre des choses serait qu’il s’abstienne d’alimenter des rumeurs visant à laisser croire que le pouvoir est par terre et qu’il suffit de se baisser pour le ramasser. On attend de lui, par respect de son ancienne fonction, qu’il ne succombe pas aux sirènes factieuses qui séduisent certains de ses amis venus d’une famille politique où l’on considère vite la République comme la « gueuse » honnie. Bref, on attend de lui qu’il s’inspire davantage des préceptes de François Fillon que des coups de menton de Patrick Buisson. 

Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois, 
l'autre avec la force.
 


La première est propre aux hommes, 
l'autre nous est commune avec les bêtes.
Machiavel "Le prince"

Interrogé sur les récents propos de son ancien Premier ministre, qui le traitait de « lapin Duracell », Nicolas Sarkozy a eu cette formule : « C’est un loser », autrement dit un perdant. 
Un perdant respectueux des principes républicains, à droite, cela devient une denrée rare.     



François Hollande un an plus tard...

 

Justice au singulier

Comment Valeurs actuelles peut-il écrire en couverture au sujet du président de la République : "Il nous fait honte" ?
On sait bien que c'est faux.
De 2007 à 2012, à plusieurs reprises on a vraiment ressenti de la honte à cause de certaines postures et interventions présidentielles. Ce ne pouvait pas être lui pour qui j'avais voté ?
Mais même l'esprit le plus partisan ne peut soutenir que le comportement personnel du chef de l'Etat, dans l'espace public et dans les réunions internationales, a humilié, offensé ses concitoyens. Ceux-ci ont été représentés par lui d'une manière qui au moins n'a pas prêté à controverse ou à dérision.
Pour sa politique, c'est autre chose.
Elle est discutable. Aucune embellie à l'horizon. Lors du séminaire gouvernemental, François Hollande "a exigé des résultats pour 2013". Des résultats, il en aura, mais lesquels ? A forte tonalité négative, je le crains.
On a évidemment le droit de déplorer cette France coupée en deux entre les commentaires et les discours de son président d'un côté et sa réalité de l'autre. Comme si les mots, les projets, les résolutions et les actes ne s'imprimaient pas ou que tout tardait à éclore. Le pays est trop sec, rien ne sort. Il y a de l'action mais pourtant le film demeure médiocre.
Tout ce qu'on veut alors, sauf la honte.
Opposition, contestation, volontarisme absent, social-démocratie trop modeste, dispositif économique et financier pas assez contraignant, on n'a pas tapé assez fort sur la table démocratique.
Mais pas de honte, non. Le président nous permet encore de le dissocier de ses oeuvres ou de ses abstentions.
Pas d'enthousiasme non plus. Pas cette déclaration ridicule d'un Pierre Bergé aussi violent pour défendre le mariage pour tous qu'il est peu lucide dans le domaine politique. Plutôt ce désabusement un tantinet attristé qui domine aujourd'hui dans les têtes des artistes de gauche. Il y a encore quatre ans certes mais l'année écoulée n'a pas été brillante. On attendait mieux du socialisme au pouvoir (Le Parisien).
Mais François Hollande ne nous fait pas honte. Pas si indécis que cela, pas faible non plus, déterminé mais pour emprunter des chemins encore trop de dérivation, n'allant pas profondément au vif du sujet, au coeur de la crise, là où la pauvreté fait mal, et la dislocation sociale, là où le FN engrange, là où Mélenchon, "qui n'a jamais appartenu à la majorité", tonitrue, pourfend et ajoute à la gauche en difficulté sa diatribe dévastatrice (Paris Match).
Comment écrire que François Hollande nous fait honte ? Il se trompe peut-être, il déçoit, il joue petit bras, petite politique, il se comporte en gouvernant raisonnable et trop serein face à un monde de moins en moins gouvernable par la raison. Il applique des remèdes modérés à une fièvre de cheval, il suit son bonhomme de chemin mais le présent ni l'avenir ne sont bonhommes.
Mais aucune honte. Ce n'est parce qu'il descend dans les sondages que je vais me mettre à confondre l'homme honorable avec la politique qui tente mais pour l'instant ne donne rien. Exiger des résultats ne suffit pas. Ce serait trop simple.
Allons jusqu'à la vulgarité de Jean-François Copé affirmant que le président n'est pas vraiment capable de diriger la France parce que lui feraient défaut la compétence et l'autorité.
Si cela amuse l'opposition de développer de telles absurdités, pourquoi pas ?
Mais je cherche toujours la honte qui devrait faire rougir nos fronts citoyens.
Et je ne la trouve pas.

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