On ne doit jamais laisser se produire un
désordre pour éviter une guerre
car on ne l'évite jamais, on la retarde à
son désavantage.
Machiavel
"Le prince"
septembre 1938 / Février 2014
"Poutine agit selon le même principe qu'Adolf Hitler"
C'est ce qu'affirme Karel Schwarzenberg, ancien ministre des Affaires étrangères tchèque pro-européen:
"Ce
qui se passe en Ukraine est une répétition de l'Histoire", dit-il,
rappelant les invasions de l'Allemagne nazie en Autriche, Tchécoslovaquie et
Pologne en 1938 et 1939, avant d'ajouter: "Poutine agit selon le même principe
qu'Adolf Hitler". "Comme il voulait envahir la Crimée, il avait
besoin d'un prétexte et a expliqué que ses compatriotes étaient opprimés",
explique Karel Schwarzenberg, ajoutant que les Russes de Crimée ne sont
victimes d'aucune discrimination. "Quand
Hitler voulait annexer l'Autriche, il a expliqué que les Allemands y étaient
opprimés",
Hitler réalise ses projets de regroupement des populations germaniques en annexant l’Autriche en mars 1938: c'est l'Anschluss. Ensuite, il revendique l'annexion de territoires à l'ouest de la Tchécoslovaquie peuplés majoritairement d'Allemands, les Sudètes.
L'annexion des Sudètes est entérinée à
Munich en septembre 1938, lors d’une conférence où le Français Édouard Daladier et le Britannique Neville Chamberlain se fient aux promesses
d’Hitler, selon lesquelles l’obtention des Sudètes satisferait la
« dernière revendication » du Troisième
Reich, et interdisent à la Tchécoslovaquie de se défendre.
Ces accords furent signés par
l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne et la France, la Tchécoslovaquie ne fut pas autorisée à participer à la conférence.
Aux termes des accords de Munich, l'Allemagne annexa cette région
majoritairement germanophone de la Tchécoslovaquie. Le point culminant est le
passage triomphal de la frontière par Hitler.
Le dictateur, qui par sa victoire
diplomatique a obtenu davantage que par une guerre, inspecte son butin.
Hitler au cours d’une tournée
triomphale dans les Sudètes
Pourtant, ces scènes de jubilation cachent une
tragédie. Car, pendant que
des milliers de personnes sont en liesse ici, des milliers d'autres sont en
fuite, minorité dont les droits sont complètement bafoués. Ici la jubilation,
ailleurs la terreur.
Plus tard, Hitler devait violer
les accords en détruisant l'Etat tchèque en 1939. Il a bénéficié de l'aide des
nationalistes slovaques, qui créent un état slovaque indépendant,
de la Hongrie et de la Pologne
qui récupèrent chacun des territoires.
Février 2014 "La Crimée de fait est sous contrôle russe",
affirme aussi Laurent Fabius. "Clairement, s'installer dans un pays contrairement au droit international, c'est violer la loi internationale",
Les milices et les forces spéciales russes ont pris le contrôle de la Crimée
La capitale régionale de la
Crimée, Simferopol, vit depuis dimanche dans un calme qui n'est qu'apparent.
Une armée sans insigne, de fait constituée par les forces spéciales russes,
contrôle tous les sites stratégiques de la péninsule et bloque les casernes
des troupes ukrainiennes, imposant à cette région de deux millions d'habitants
une occupation qui ne dit pas son nom.
Une nouvelle encore plus alarmante est tombée : la Douma de la Fédération de Russie
aurait donné l'autorisation à Vladimir Poutine d'intervenir directement en
Ukraine et de déployer "les forces armées de la Fédération sur le
territoire de l'Ukraine jusqu'à ce que la situation politique et sociale soit
revenue à la normale dans le pays," précise le Kyiv Post.
Pour le quotidien ukrainien en ligne Oukraïnska Pravda, il n'y a aucun doute à avoir,
"la Russie déclare
la guerre à l'Ukraine".
"Samedi [1er mars], Poutine a déclaré la guerre à
l'Ukraine.
Le matin, le président autoproclamé du conseil des ministres
de Crimée
Avait appelé son
homologue russe à l'aide pour rétablir la paix et l'ordre
dans la république autonome.
Poutine a réagi avec une rapidité foudroyante."
Tout peut désormais basculer.
« La scène politique attirera toujours des aventuriers irresponsables,
des ambitieux et des escrocs,
on ne cessera pas si facilement que cela de détruire notre planète. »
Vaclav Havel
La Crimée semblait
ce dimanche se détacher de plus en plus du pouvoir central et basculer sous le
contrôle d'une occupation qui ne dit pas son nom. Sur la base militaire de
Perevalnoye, de jeunes garde-côtes ukrainiens étaient bloqués par des soldats
russes. En fin de journée, le commandant en chef de la marine ukrainienne,
l'amiral Denis Berezovski, a en outre prêté allégeance au nouveau gouvernement
de Crimée, et ce, depuis l’état-major de la flotte russe à Sébastopol...
L'amiral avait été nommé vendredi à la tête de la marine ukrainienne par le
président du pays par intérim, Olexandr Tourtchinov. Les pro-Russes de Crimée
depuis jeudi avançaient leurs pions. Cette fois, ils ont conquis de nouvelles
positions.
Face à la crise
ukrainienne, l’administration Obama laisse entendre qu’elle veut réagir, mais
toute la question est de savoir comment. Depuis samedi et l’approbation par le
Sénat russe de l’envoi de troupes en Crimée, les Américains et les Européens
redoublent d’efforts diplomatiques pour éviter l’explosion d’un conflit armé.
« Que peut-on faire ? » s’interroge
encore Fiona Hill dans les pages du New York Times. « Nous allons parler de sanctions, nous
allons parler de lignes rouges. Nous allons nous exciter. Puis nous allons
prendre du champ et juste regarder. Il (Vladimir Poutine) sait qu’aucun
de nous ne veut une guerre. »
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