mardi 23 septembre 2014

Le vrai retour de Nicolas “Bismuth” Sarkozy



Mensonges et pressions sur la justice:

22 SEPTEMBRE 2014 |  PAR FABRICE ARFI
Bettencourt, Karachi, Azibert, financements libyens, Bygmalion… Mediapart propose une revue de détails pour démonter la rhétorique de Nicolas Sarkozy qui veut faire oublier que jamais un système présidentiel – le sien – n’a été cerné d’aussi près par la justice anti-corruption.
Non, il n’a pas changé. Fidèle à lui-même et l’inconscient au bord des lèvres, Nicolas Sarkozy s’est plu, dimanche 21 septembre, au 20 Heures de France 2, à se poser des questions à lui-même auxquelles il avait, comme par enchantement, la bonne réponse. Ce fut ainsi le cas sur le terrain des “affaires” : « Est-ce que vous croyez que si j’avais quelque chose à me reprocher au fond de moi, je viendrais m’exposer avec un retour en politique ? Je n’ai pas peur »­­a bombé le torse l’ancien chef de l’État devant le présentateur Laurent Delahousse.

A lui voir tant de prudence,

n'allez pas croire au moins que Tartarin eût peur...


Nicolas Sarkozy, donc, n’a pas peur. En 24 heures de communication accompagnant son retour en politique, que ce soit dans les colonnes du Journal du dimanche puis sur France 2, l’ex-président français n’a surtout pas eu peur de réussir l’exploit de se tromper et de mentir sur la totalité des exemples judiciaires qu’il a cités.
Bettencourt, Karachi, Azibert, financements libyens, Bygmalion... Mediapart propose une revue de détails factuelle pour démonter la rhétorique illusionniste de Nicolas Sarkozy, qui, comme au bon vieux temps, n’hésite pas à humilier la vérité pour faire oublier que jamais dans l’histoire de la Cinquième République un système présidentiel — le sien — n’a été cerné d’aussi près par la justice anti-corruption :
-         Bettencourt. « Trois juges ont décidé que je n’avais rien à voir avec cette affaire. » Les juges de Bordeaux écrivent ainsi : « Il existe également des charges suffisantes à l’encontre de Nicolas Sarkozy d’avoir le 24 février 2007 sollicité un soutien financier illégal d’André et Liliane Bettencourt de nature à entraîner pour eux des conséquences gravement préjudiciables »
-         Karachi. « Aujourd’hui, je suis lavé. » Dans une ordonnance judiciaire, signée le 12 juin dernier, les juges écrivent ainsi au sujet de Nicolas Sarkozy : « L’audition du ministre du budget […] n’a pu être réalisée, celui-ci relevant du statut de témoin assisté et donc de la compétence de la Cour de justice. »
-         Nicolas Sarkozy oublie d’évoquer les raisons de son placement sur écoute : il est soupçonné d’avoir profité d’un soutien financier illégal du régime Kadhafi en Libye à l’occasion de la campagne présidentielle de 2007. Le contenu des écoutes fut à ce point accablant que l’ancien président a été mis en examen, en juillet dernier, pour « corruption » et « trafic d’influence » avec son avocat, Me Thierry Herzog, et un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, suspecté d’avoir tuyauté les deux premiers et tenté d’influencer des décisions judiciaires en marge de l’affaire Bettencourt.
-         Bygmalion. « J’ai appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle. » Qui peut croire une fable pareille ? L’ancien candidat à l’élection présidentielle, qui est responsable personnellement des frais engagés pendant la campagne, peut-il ignorer quelle fut la société choisie pour assurer le poste de dépenses le plus important.  En réalité, sa campagne truquée aurait dû rapporter beaucoup d’argent à l’État français. Car s’il se confirme que Nicolas Sarkozy a caché 17 millions d’euros de frais de meeting aux autorités de contrôle, ce n’est pas une amende de 363 000 euros que le Conseil constitutionnel aurait dû lui infliger, mais une méga-sanction de 17 millions d’euros, au profit de Bercy.
On peut s’attendre à tout, absolument tout,
D’un homme ambitieux et déformé par la vie politique,
Dès l’instant où cet homme se sent le pouvoir absolu
 Entre les pattes.
Roger Martin du Gard

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