Mensonges et pressions sur la justice:
22 SEPTEMBRE
2014 | PAR FABRICE ARFI
Bettencourt, Karachi, Azibert,
financements libyens, Bygmalion… Mediapart propose une revue de détails pour
démonter la rhétorique de Nicolas Sarkozy qui veut faire oublier que jamais un
système présidentiel – le sien – n’a été cerné d’aussi près par
la justice anti-corruption.
Non,
il n’a pas changé. Fidèle à lui-même et l’inconscient au bord des lèvres,
Nicolas Sarkozy s’est plu, dimanche 21 septembre, au 20 Heures de
France 2, à se poser des questions à lui-même auxquelles il avait, comme
par enchantement, la bonne réponse. Ce fut ainsi le cas sur le terrain des
“affaires” : « Est-ce
que vous croyez que si j’avais quelque chose à me reprocher au fond de moi, je
viendrais m’exposer avec un retour en politique ? Je n’ai pas peur », a
bombé le torse l’ancien chef de l’État devant le présentateur Laurent
Delahousse.
A lui voir tant de prudence,
Non! Seulement il se gardait.
Tartarin de Tarascon (1872)
Tartarin de Tarascon (1872)
Nicolas Sarkozy, donc, n’a pas peur. En 24 heures de
communication accompagnant son retour en politique, que ce soit dans les
colonnes du Journal du dimanche puis sur France 2,
l’ex-président français n’a surtout pas eu peur de réussir l’exploit de se
tromper et de mentir sur la totalité des exemples judiciaires qu’il a cités.
Bettencourt, Karachi, Azibert, financements libyens,
Bygmalion... Mediapart propose une revue de détails factuelle pour démonter la
rhétorique illusionniste de Nicolas Sarkozy, qui, comme au bon vieux temps,
n’hésite pas à humilier la vérité pour faire oublier que jamais dans l’histoire
de la Cinquième République un système présidentiel — le
sien — n’a été cerné d’aussi près par la justice anti-corruption :
-
Bettencourt.
« Trois juges ont décidé que je n’avais rien à voir avec cette
affaire. » Les juges de Bordeaux
écrivent ainsi : « Il existe également des charges suffisantes à l’encontre de Nicolas
Sarkozy d’avoir le 24 février 2007 sollicité un soutien financier illégal
d’André et Liliane Bettencourt de nature à entraîner pour eux des conséquences
gravement préjudiciables »
-
Karachi. « Aujourd’hui, je suis lavé. » Dans une ordonnance judiciaire, signée le 12 juin
dernier, les juges écrivent ainsi au sujet de Nicolas Sarkozy : « L’audition
du ministre du budget […] n’a pu être réalisée, celui-ci relevant du statut de
témoin assisté et donc de la compétence de la Cour de justice. »
-
Nicolas
Sarkozy oublie d’évoquer les raisons de son placement sur écoute : il est
soupçonné d’avoir profité d’un soutien financier illégal du régime Kadhafi en
Libye à l’occasion de la campagne présidentielle de 2007. Le
contenu des écoutes fut à ce point accablant que l’ancien président a été mis
en examen, en juillet dernier, pour « corruption » et « trafic
d’influence » avec son avocat, Me Thierry Herzog, et un haut magistrat
de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, suspecté d’avoir tuyauté les deux
premiers et tenté d’influencer des décisions judiciaires en marge de l’affaire
Bettencourt.
-
Bygmalion. « J’ai
appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle. »
Qui peut croire une
fable pareille ? L’ancien candidat à l’élection présidentielle, qui est
responsable personnellement des frais engagés pendant la campagne, peut-il
ignorer quelle fut la société choisie pour assurer le poste de dépenses le plus
important. En réalité, sa campagne truquée aurait dû rapporter
beaucoup d’argent à l’État français. Car s’il se confirme que Nicolas Sarkozy a
caché 17 millions d’euros de frais de meeting aux autorités de contrôle, ce
n’est pas une amende de 363 000 euros que le Conseil constitutionnel
aurait dû lui infliger, mais une méga-sanction de 17 millions
d’euros, au
profit de Bercy.
On peut s’attendre à tout,
absolument tout,
D’un homme ambitieux et déformé
par la vie politique,
Dès l’instant où cet homme se
sent le pouvoir absolu
Entre les pattes.
Roger Martin du Gard
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