Grèce : la presse française a
Des trous de mémoire
30 JUIN 2015 | PAR HUBERT HUERTAS
On retrouve en 2015 le
clivage passionnel engendré par le référendum de 2005 sur le traité européen.
D’un côté les experts, ceux qui sont sûrs de leur savoir, et de l’autre les « menteurs », les « imbéciles », ou les « irresponsables », qui soutiennent Alexis Tsipras et son appel au peuple.
Pourtant, à lire la presse de cette semaine particulière, les procureurs ont
des problèmes de mémoire.
Sur
France Inter, ce mardi matin, Bruno Le Maire était catégorique : « Alexis Tsipras a menti au
peuple grec. » Il faut
dire que la tonalité de la presse pouvait lui donner des ailes.
Dans Le Monde, le référendum était
qualifié de « défausse »,
de « faiblesse » et de« chantage » : « La seule voie est que
M. Tsipras donne enfin aux créanciers européens les gages d’une volonté
réelle d’engager la modernisation de l’État. » Dans Les
Échos, on pouvait lire que « si
les Grecs répondent non, ce sera comme un refus à l’offre de la zone
euro ». Dans L’Opinion,
Nicolas Beytout, ulcéré, souhaite que « les
Grecs votent "non" et qu’ils donnent le moyen aux Européens de se
débarrasser de ce fardeau impossible ». Pour L’Alsace, le premier ministre
grec « a confondu une
demande d’aide avec une extorsion de fonds ». Dans Le Figaro, « l’appel au peuple » est analysé comme« un
leurre, un mouvement d’esquive qui cache le vide sidéral de son projet
politique ».
Bigre !
Diantre ! Fichtre ! Tous les jurons chantés par Brassens pourraient y
passer. Alexis Tsipras serait un menteur, un crétin, un lâche, un voleur…
La menace ou l’insulte sont mobilisées. Qui perd en
position de négociation peut gagner en crédit de courage. Et vice versa. « Tsipras le tricheur », affirmait Der Spiegel après l’annonce du référendum grec. « La Grèce rackette l'Europe », tonnait Bild. Le correspondant de Libération à Bruxelles annonçait « la démission du président grec et
l’annulation du référendum » ! Le Monde légitimait
à l’avance un coup
d’État contre le gouvernement Syriza. « Lui ou un autre », peu importe ! « Si Tsipras veut jouer
au poker. Pourquoi pas nous ? » Mais qui « nous » ? Nous,
les patriotes de la finance ? Nous, les légionnaires de
l’ordolibéralisme ? Nous, les héritiers de l’oligarchie européenne ?
La vérité sort de la bouche des enfants !
En annonçant dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 juin la tenue d’un
référendum, Tsipras a fait voler en éclats le cadre juridique et comptable dans
lequel voulaient l’enfermer les dirigeants de la zone euro. En soumettant aux
citoyens grecs les mesures souhaitées par ses créanciers (Commission
européenne, BCE, FMI), il a réintroduit le peuple souverain dans la négociation.
Et mis au jour la guerre qui jusque-là se déroulait derrière le paravent des
négociations.
Avant, quand l'oligarchie européenne n'aimait pas le résultat d'une consultation électorale, elle faisait revoter le peuple. Ou bien, pour le contourner, se tourner vers les élus plus dociles et conciliants ( en France en 2008, on convoqua en congrès le Parlement français pour que les représentants du peuple approuvent (traité de Lisbonne) ce que le même peuple avait nettement refusé en 2005, lors du vote sur le traité constitutionnel européen….) Désormais, quand est prononcé le mot "référendum", c'est tout un pays qui est exclu ...! On a assez répété après Rudyard Kipling que « la première victime d’une guerre, c’est la vérité », et la guerre financière ne fait pas exception. Mais la vérité n’est pas seulement une victime collatérale, elle est aussi l’ennemi déclaré. Le monde virtuel de la finance a besoin de créer sa propre réalité. Comment spéculer sans les médias, sans la caisse de résonance des réseaux sociaux, sans le concours des petites mains qui rédigent les éditoriaux ? C’est la première guerre spéculative, financière et numérique qui utilise les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour discréditer, intoxiquer, créer des épidémies de panique, déstabiliser un pouvoir souverain. Il ne s’agit pas de négocier comme dans la diplomatie traditionnelle mais de spéculer sur la chute d’un gouvernement. CHRISTIAN SALMON
Avant, quand l'oligarchie européenne n'aimait pas le résultat d'une consultation électorale, elle faisait revoter le peuple. Ou bien, pour le contourner, se tourner vers les élus plus dociles et conciliants ( en France en 2008, on convoqua en congrès le Parlement français pour que les représentants du peuple approuvent (traité de Lisbonne) ce que le même peuple avait nettement refusé en 2005, lors du vote sur le traité constitutionnel européen….) Désormais, quand est prononcé le mot "référendum", c'est tout un pays qui est exclu ...! On a assez répété après Rudyard Kipling que « la première victime d’une guerre, c’est la vérité », et la guerre financière ne fait pas exception. Mais la vérité n’est pas seulement une victime collatérale, elle est aussi l’ennemi déclaré. Le monde virtuel de la finance a besoin de créer sa propre réalité. Comment spéculer sans les médias, sans la caisse de résonance des réseaux sociaux, sans le concours des petites mains qui rédigent les éditoriaux ? C’est la première guerre spéculative, financière et numérique qui utilise les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour discréditer, intoxiquer, créer des épidémies de panique, déstabiliser un pouvoir souverain. Il ne s’agit pas de négocier comme dans la diplomatie traditionnelle mais de spéculer sur la chute d’un gouvernement. CHRISTIAN SALMON
Aux
totalitarismes de XXe siècle ont succédé
la tyrannie d'un
capitalisme financier
qui ne connait plus
de bornes, soumet États
et peuples à ses spéculations,
et le retour de
phénomènes de fermeture xénophobe,
raciale, ethnique
et territoriale.
Le chemin de l'espérance
Edgar Morin
Ce
qui frappe, si l’on s’en tient à cette rafale d’après l’annonce du référendum,
c’est sa vigueur définitive. La certitude absolue dans la distribution des
rôles. D’un côté les instances européennes, jointes aux fameux « créanciers », qui
laisseraient la porte ouverte et seraient chagrins que leurs offres généreuses
soient méprisées, et de l’autre un aventurier, quasiment un braqueur, qui
claque la porte au nez de ses interlocuteurs.
Et ce qui frappe
encore plus, c’est de consulter la presse de la semaine dernière. Sept jours ce
n’est pas long, mais c’est assez pour changer du tout au tout.
Ainsi, lundi 23
juin, sous la plume de Jean Quatremer, Tsipras était un homme sérieux. Humilié,
politiquement ridicule sur les bords, mais finalement raisonnable : « Athènes a rempli 90 %
des demandes », titrait Libération,
en notant que la Grèce « a
dû se résoudre à proposer de tailler dans ses dépenses et d’augmenter ses
impôts ». « L’accord
devrait être conclu », annonçait le journal, en soulignant que les
dix-neuf chefs d’État parlaient de « bonne
base ». Les Échos confirmaient l’analyse : « Tsipras s’est résigné à
faire des propositions plus réalistes portant sur huit milliards d’économie en
deux ans. »
Donc Athènes
n’était pas dans la surenchère...
Le jeudi 26, changement
de ton. Soudain, le ministre finlandais Alexander Stubb ne voyait plus rien à
l’horizon : « Nous
n’avons pas vu de propositions concrètes. » Bigre… En trois jours Tsipras venait
de passer de 90 % de chemin accompli à 0 % d’effort. Que s’était-il
passé ? On achoppait d’une part sur la question de la dette, mais, comme
le pointaient Les Échos en sous-titre et en gros caractère,
dans un article du jeudi 25 juin intitulé « La
tension jusqu’au bout » : « Les
nouvelles demandes du FMI ont compliqué l’obtention d’un accord. »
Il s’avérait le
vendredi qu’en dépit de cinq mois de négociations et de multiples concessions
de la part de la Grèce de Syriza, concessions enregistrées et reconnues par les
instances européennes, le débat n’avançait pas et s’enferrait dans une
dimension non plus économique mais purement politique. Il s’agissait de « corneriser » le mauvais exemple grec, en faisant
manger son chapeau au premier ministre élu en janvier.
La réponse de
Tsipras, plus habile que ne l’imaginaient sans doute ses « partenaires »
européens, a été encore plus politique. Son référendum a rebattu les cartes. Il
était assiégé, c’était à prendre ou à laisser, il devait rendre les armes et
signer un accord comme un bourgeois de Calais, la corde au cou, et voilà qu’il
a demandé à son peuple s’il voulait avaler la couleuvre.
Sur
quoi sa relance débouchera-t-elle ? Nul ne le sait, mais cette manière de
renverser la table pour tenter d’y siéger à nouveau ramène la politique au cœur
d’une Europe qui se prétendait technique. Il y a du Jules César dans cette
façon de franchir le Rubicon (Alea jacta est) ou du De Gaulle, si
minuscule face aux puissances en 1940.
Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront
une
révolution violente inévitable.
John Fitzgerald Kennedy
Le recours au référendum voulu par Alexis
Tsipras (et approuvé par le
Parlement grec) est une grande leçon de
démocratie, dont l'essence même est le respect de la souveraineté du Peuple et des engagements pris
auprès des citoyens qui ont choisi librement leur gouvernement.
Cette leçon de la part du pays qui a
inventé la démocratie met du baume au cœur de tous les démocrates sincères, mais elle est insupportable
pour la plupart des dirigeants de l'Union Européenne, adeptes de l'idéologie libérale, auxquels le seul mot de
référendum fait horreur.
Rappelez- vous le non au référendum
français de 2005 sur le traité constitutionnel européen enterré par Sarkozy.
Rappelez-vous aussi la promesse non tenue
de notre actuel président Hollande de renégocier le Traité budgétaire européen (avec sa
fumeuse règle des 3% maximum de déficit).
Mais souvenez-vous aussi du premier référendum
voulu déjà par le Premier ministre grec Papandréou en 2011 et annulé sous la
pression bruxelloise.
Souvenez-vous du mépris infligé au peuple
irlandais, contraint de revoter après le non au référendum de 2008; et aussi
des pressions de l'Europe sur l'Italie ou le Portugal pour imposer un
gouvernement qui leur convienne.
Cette méfiance vis à vis de la démocratie
des dirigeants de l'Union Européenne est bien-sûr relayée par les pseudos experts en économie, ressassant
toujours les mêmes arguments sur les radios, les chaînes de télévision et les
journaux, Les chantres de la mondialisation néolibérale sont
invités à tous les débats, alors qu'on n'y entend que très rarement les antilibéraux ou simplement des journalistes et
intellectuels de bon sens, pensant que l'organisation de l'Union
Européenne est à revoir complètement et particulièrement es question de la
dette publique, du fonctionnement de l'euro et de la BCE.
Car si
le référendum grec est une leçon de démocratie, il est aussi l'occasion d'un
bénéfique coup de pied dans la
Fourmilière
et le guêpier européen ou, pour reprendre le mythe grec d'Héraclès, un grand
nettoyage des écuries
D’Augias.
C'est encore aujourd'hui de Grèce que nous
vient la lumière, comme ce fut déjà le cas il y a 2500 ans.
La Grèce, berceau de la démocratie
C'est en Grèce, entre le septième et le
cinquième siècle avant J-C, que se sont mises en place les bases du régime
politique qui reste encore de nos jours un modèle de référence : la démocratie.
Étrange destin que celui de ce petit pays montagneux, aride et morcelé en
multiple cités (polis), mais ouvert sur la mer et dans une position
géographique idéale sur les voies maritimes menant au Moyen-Orient dont il
subit les influences (alphabet phénicien, pièces de monnaie lydiennes, etc.)
L'expansion commerciale du huitième siècle avant J-C va bouleverser
profondément la société rurale traditionnelle des cités, en favorisant la
création d'une classe urbaine d'artisans et de commerçants, désireuse de
participer aux décisions entièrement aux mains des grandes familles, les
Eupatrides. A ces revendications de la classe urbaine, vont bientôt se joindre
celles des petits fermiers travaillant pour les riches propriétaires, appauvris
et endettés, voire réduits en esclavage, du fait de leur incapacité à payer
leur fermage. La révolte du peuple (démos) contre l'aristocratie gronde un peu
partout dans les cités grecques, mais sans aboutir à des guerres civiles, car
l'esprit de solidarité des Grecs contre leurs ennemis communs (les
"barbares", les Perses) est plus fort que tout. Et c'est toujours
pacifiquement et progressivement que les différentes cités vont régler leurs
problèmes sociaux et politiques. Certaines, comme Corinthe, (et Athènes de 561
à 510) donnèrent le pouvoir à un chef populaire (tyran) mais gouvernant pour
maintenir un ordre juste (eunomia), d'autres, telle la cité de Sparte, optèrent
pour un régime militaire, mais fondée sur l'égalité des citoyens garantie par
une constitution, mais la plupart suivirent l'exemple d'Athènes qui opta pour
la souveraineté du peuple tout entier (mais excluant les femmes, les étrangers
non-citoyens et les esclaves) aboutissant à
Solon, protecteur des pauvres, élu archonte en 594 avant J.C, en pleine
crise sociale causée par l'endettement croissant des paysans menacés d'être mis
en esclavage, Solon, bien qu'aristocrate lui-même, proposa l' abolition des
dettes des petits paysans et l' interdiction de la contrainte par corps. Il
leur facilita également l'accès à la propriété. Il mit également en œuvre des
réformes politiques et juridiques qui donnaient au peuple une plus grande
participation au pouvoir.
la démocratie directe et totale qui
contribua au rayonnement et à la puissance athénienne au cinquième siècle ou
"siècle de Périclès".
La campagne houleuse contre
le référendum en Grèce dans laquelle se sont engouffrés les dirigeants
européens (autant que les éditorialistes) n’est pas complètement stérile. Derrière
les postures, l’acharnement et la mauvaise foi publique, on aura au moins
appris que nos chères élites sont capables d’émotions. Si, si. On raconte par
exemple qu’Angela Merkel serait furieuse. « Je me
sens trahi », a même déclaré ce lundi Jean-Claude Juncker dans
un long plaidoyer à Bruxelles, « affligé » par le retrait de Tsipras des négociations.
Aussi inspiré qu'un bénévole répondant au standard de SOS Amitié, voilà qu'il
ajoute à l'attention du peuple grec : « Il ne faut pas se suicider parce qu'on
a peur de la mort. »
Ils sont touchants, nos
dirigeants. Ils ont un cœur qui bat derrière leur cravate. Mais surtout, eux,
ils sont « res-pon-sa-bles ». Comprendre : comparés aux gouvernants grecs. Ils
nous le répètent en boucle, en mode « bourrage de crâne », depuis ce week-end.
Et ils attendent des citoyens hellènes qu'ils le soient (responsables) à leur
tour. Même au-delà de l'entendement. Juncker
les appelle ainsi à... « Voter
oui, quelle que soit la question posée » lors du futur référendum !
Nicolas Sarkozy, lors d’un voyage à Madrid, ce
lundi, a entonné le même refrain : « Quel
cynisme, quelle démagogie, quelle irresponsabilité. » Et au cas où l'on n'aurait pas saisi
le message, l’ancien président a renchéri : « Par
l'irresponsabilité de son Premier ministre, la Grèce s'est suspendue elle-même
de la zone euro. » On
pensait pourtant que cela avait été formalisé, du moins symboliquement, quand l'Eurogroupe s'est réuni en l'absence de Varoufakis, le ministre grec des Finances...
Dans la même lignée, Bruno Le
Maire, qui se verrait bien en « troisième homme » de la primaire de
l’ex-UMP, a tenu à montrer qu’il ne fait
pas que jouer au rebelle en venant aux congrès de l’ex-UMP sans veste. C’est
aussi un homme remonté. Le voilà mardi derrière les micros de France
Inter : « Quand
je vois augmenter les taux d’intérêt des Espagnols et des Italiens à cause de
M. Tsipras, ça me révolte. » « Alexis
Tsipras a menti de bout en bout au peuple grec », a même
pesté l'énarque. Et mentir — ce qui reste largement à prouver —, ça ne
viendrait sûrement pas à l'idée de nos « res-pon-sables » politiques...
Le Parlement grec, malgré la défection d'une
trentaine de députés de Syriza, a validé l'accord conclu avec les pays de
l'Eurogroupe. "Pourquoi les Grecs peuvent accepter un tel plan, humiliant, inhumain ?", s'interroge Laurent
Herblay sur le blog "Gaulliste libre". Bien sûr, explique-t-il, en ne
mettant pas la sortie de l'euro sur la table, "le nouveau gouvernement
jouait forcément perdant dans cette négociation". Mais Herblay avance une
autre explication, plus psychologisante, qui ne manquera pas de faire réagir :
"Quitte à être un peu caricatural, la Grèce est aujourd’hui un peu comme
un enfant qui a été chéri et bien élevé par ses parents pendant une trentaine
d’années et qui ne parvient pas à voir et à se rebeller contre ces parents
devenus, depuis cinq ans, des tortionnaires autocratiques."
Après tout, le plan auquel sont arrivés les dirigeants de la zone
euro semble totalement aberrant. Il reprend très largement la logique des plans
honnis, destructeurs et inefficaces du passé. Et outre le FMI, bien
des économistes en dénoncent la logique. La
raison pour laquelle Alexis Tsipras l’a accepté est simple : le refus de sortir de l’euro, alors que cela ne
semblait pas poser de problème au camp adverse. Dès
lors, le nouveau gouvernement jouait forcément perdant dans cette négociation. D’où l’aberration d’accepter un plan dont il sait
pertinemment qu’il n’est pas tenable, tout
cela parce qu’il craignait plus encore de sortir de l’euro, ce qui semble
effarant tellement le pays a souffert depuis cinq ans et alors que tous les économistes qui ont étudié les
fins d’union monétaire montrent que cela n’est pas compliqué.
Laurent
Herblay "Gaulliste libre"
Deux choses. Sur la méthode d’abord, qui a été utilisée lors de ces
négociations. Elle a été scandaleuse. Alexis
Tsipras a dû discuter, pour reprendre les paroles du poète Yanis
Ritsos : « Le couteau contre l’os et la corde au
cou ». Il a été obligé d’accepter avec
l’impossibilité pour lui de pouvoir résister face à un tel rouleau compresseur.
Soit il signait l’accord, soit la Grèce était littéralement asphyxiée. Sur
le fond maintenant, j’ai été horrifié en découvrant la nature de cet accord,
d’une violence inimaginable : mettre la
Grèce sous tutelle, exiger de son gouvernement élu démocratiquement de revenir
sur des décisions déjà engagées, imposer que 30 % de son PIB soit soumis à des
directives extérieures et contraindre à des privatisations massives. Je
note que les vautours sont déjà ravis, comme Vinci qui s’est déclaré prêt à acquérir des
aéroports grecs. C’est une situation inacceptable pour la Grèce. J’ai
l’impression que l’Eurogroupe a voulu faire payer à Alexis Tsipras d’avoir
organisé un référendum. En clair, d’oser s’adonner à un exercice démocratique
dans son pays.
André
Chassaigne, chef de fil des députés
communistes
SAUVER LA GRÈCE, C'EST SAUVER L'EUROPE
Qu’on y prenne garde : au-delà du cas grec, de la responsabilité des dirigeants de ce pays et de la nécessité d’y mettre en place des solutions structurelles, c’est l’idéal européen même qui est aujourd’hui en question.
Si les opinions retiennent de cette crise que l’expression démocratique d’un peuple ne compte pour rien et que des institutions aveugles sont seules habilitées à imposer, par-dessus la tête du citoyen, des solutions quasiment non négociables même si elles ont échoué dans le passé, l’image de l’Europe n’y survivra pas. Et il faudra ramasser deux cadavres : celui de la Grèce et celui de l’idée européenne…
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