Les gouvernements européens ont de quoi s'alarmer après la
poussée des populistes lors des élections italiennes. Mais qu'ont-ils fait pour
les éviter ?
Par Pascal
Riché
Après le
Brexit, après la victoire de Trump aux Etats-Unis, après la progression de
l’extrême droite dans de nombreux pays européens, après les gouvernements
"illibéraux" en Pologne et en Hongrie, les résultats
des élections italiennes ne manquent pas de soulever une vaste inquiétude dans
les autres démocraties.
Les
nationalistes de la Ligue (ex-Ligue du Nord, devenu une sorte de FN local),
dirigée par de Matteo Salvini, dépassent 18% des voix, contre 4% en 2013. Ils
s'offrent le luxe de passer devant leurs alliés de Forza Italia de Berlusconi
(14%). Le mouvement "dégagiste" et eurosceptique 5 Etoiles est
désormais le premier parti italien : son score atteint près de 32%...
Quant aux
progressistes proeuropéens du Parti démocrate, ils tombent sous les 20%, ce
qui, du fait du nouveau mode de scrutin, leur donnera peu de candidats au
Parlement. Comme dans bien d’autres pays, à commencer par la France, la gauche est en miettes.
Il
y a de quoi s’alarmer : l’Italie est non seulement l’un des pays fondateurs de
l’Union européenne (et la troisième économie de l’Europe continentale), c’est
aussi le pays du fascisme.
ce résultat
était prévisible. Pire : les partenaires de l’Italie au sein de l’UE l’ont
quasiment programmé, en laissant la péninsule se débrouiller, seule, face à une
puissante vague migratoire venue d’Afrique, via la Libye. Plus de 600.000
personnes ont traversé la méditerranée depuis cinq ans, dans un pays incapable
d’absorber un tel accroissement de la population, pour des raisons économiques
et budgétaires.
Rien
n’a été fait pour répartir l’accueil de ces migrants, au contraire : on a
appliqué avec zèle le "règlement de Dublin", qui veut que tout
migrant doit demander l'asile dans le premier pays de l'Union européenne dans
lequel il est arrivé. Rien n’a été fait non
plus pour aider les Italiens à fournir un accueil décent à ces migrants. Ajoutez à cela l'austérité permanente, imposée au nom
de la discipline européenne depuis la crise de 2008, avec pour résultat un
chômage des jeunes de 34%, des faillites en cascades, une explosion de la
pauvreté : comment être surpris des résultats du 4 mars ?
Bien des voix avaient mis en garde l’UE et ses membres face au risque
d’un tel scénario-cauchemar, faute d’une plus grande solidarité. Ils sont
pourtant restés sourds, malgré les nombreux appels à l’aide de Rome. Le piège
s'est refermé dimanche. L'Europe jura, mais un peu tard, etc.
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