lundi 11 mars 2013

la journée des femmes = non cumul des mandats

8 Mars, Journée de la non-Femme


Rédigé par Martine GOZLAN le Jeudi 7 Mars 2013

Chaque année, même les machos les plus farouches feignent, le 8 mars, de jeter une brassée de roses aux pieds de la femelle. Sans que rien ne change, au contraire...Le sempiternel retour de ces 24 heures lénifiantes, passées à ronronner entre bonnes consciences, est une mauvaise blague pour peu qu'on se penche sur le sort véritable des héroïnes du jour.


Elle est revenue, la divine journée qui prétend faire des dernières les premières, des Cendrillon les princesses, des princesses les tigresses, des obscures les étoiles et des sans-grade les générales. 
Le 8 mars, cette foutaise, revient à l'assaut, bon gros dérivatif aux liquidations de toutes sortes qui s'acharnent contre le deuxième sexe, lequel ne risque vraiment pas de se retrouver premier ces temps-ci quoiqu'en disent vrais réacs et fausses féministes.  Dossiers, séminaires, plateaux, éditos ( jusqu'à celui-ci, hélas) sacrifient au rite de la déification des masses féminines. On donne ainsi avec bonté, à moindres frais, histoire d'apaiser la galerie comme le poulailler, de l'oxygène pour un jour aux asphyxiées de l'année. Ajustez bien votre ballon d'air pur, il n'y en pas pour longtemps ni pour tout le monde. 
Celles qu'on célèbre semblent à priori bien choisies. Ainsi, en 2013, "la révolte des femmes arabes" occupe généreusement le champ. Une floppée de bouquins sortent en même temps: citons entre autres  "l'automne des femmes arabes", par Djemila Benhabib ( éditions H0) ou " Toutes libres" de "Sihem Habchi (Pygmalion). Et tout cela est bel et bon. Leurs auteurs ont parfaitement raison. Djemila Benhabib a reçu le Prix international de la laïcité 2012 et Sihem Habchi s'est battue comme une lionne à "Ni putes ni soumises" pour, écrit-elle, " faire tomber le voile qui nous entoure". Je signe des deux mains. J'achète. Sauf que cette blague du  8 mars, dans laquelle nos essayistes ne sont du reste pour rien, accroit encore le brouillard. Voyez-vous, on la fête partout, cette journée-là, y compris dans les pays où les femmes ne sont pas en odeur de sainteté mais  plutôt soupçonnées de diablerie. Bien sûr, il est logique que les plus hardies des humiliées s'en emparent, comme à Tunis, pour faire valoir leurs droits, en l'occurrence leur absence de droits ou les menaces qui pèsent sur  le maigre lot concédé naguère. 
Il me semble cependant que, sous nos climats, la journée de la femme sert surtout à hisser sur le podium une silhouette rêvée qui serait à la réalité féminine ce que les top models  de Karl Lagerfeld sont à la Française injustement qualifiée de moyenne. Les mannequins du 8 mars sont toutes battantes et épatantes. Elles pulvérisent le plafond de verre des entreprises, mènent de front trois ou quatre vies ( le marronnier de la presse féminine dont la majorité des lectrices  n'ont pourtant à leur disposition qu'une seule existence), affichent une carnation de 20 ans à la cinquantaine, se ruent à Amsterdam ou Londres pour la dernière expo et chez Louboutin pour le prochain shopping. Le mannequin du 8 mars vit au dessus des moyens financiers et psychologiques de la masse qu'elle est censée représenter. 
On a beau faire, on a beau dire, ça sent le botox et l'embrouille. On ne m'enlèvera pas de la tête que ce jour-là, on fête un leurre. Une non-Femme. 
  




LE PLUS. Deux événements ont eu lieu le même jour : 

 la journée des femmes, combat pour l'égalité des sexes et

 le repport de l'examen de la loi sur le non cumul des mandats par le Conseil des ministres, engagement du président.

Deux phénomènes totalement disctincts ? 

Pas si sûr, comme le montre 

Jean-Marcel Bouguereau.




JOURNÉE DES FEMMES.
 Ce 8 Mars fut la journée des violons. Une sérénade aux femmes. Dès 7 heures France Inter inaugurait la journée des filles avec Lisa. Et 12 heures plus tard Canal plus fermait le ban avec Roselyne Bachelot, Caroline Fourest, Natacha Polony. Entre temps, c’était un festival, avec Najat Vallaud-Belkacem omniprésente pour annoncer le nouveau congé parental, un plan Crèche ou proposer qu’on mette Colette au Panthéon.
Derrière ce rideau de fumée de bons sentiments, la cause des femmes avait reculé. On apprenait que le projet de loi interdisant le cumul ne serait pas à l'ordre du jour du prochain Conseil des ministres, contrairement à ce qui avait été programmé.
 Or le cumul fait que ce sont des hommes qui tiennent les rênes du pouvoir. Concernant les femmes au 1er février 2013, la France se situe au 37e rang mondial, entre l’Afghanistan et le Lesotho ! Avec 26,9 % de députées, 21,8 % de sénatrices et 13,8 % de Maires notre parlement, malgré quelques progrès récents (l’assemblée sortante comptait seulement 18,5% de femmes), n’est pas à l’image du pays qui compte plus de 32 millions de femmes contre 30 millions d’hommes.
Or, le grand responsable de cette situations c’est un cumul qui, loin de s’atténuer, se renforce puisque en 2011, 83 % des députés ont un mandat local alors qu’en 1936, ils étaient seulement 33 %, quand leurs collègues italiens, allemands et britanniques ne sont qu’environ 20 %. Il serait temps de faire cesser cette exception.
On pouvait espérer que la gauche mette d’autant plus rapidement en œuvre ses promesses que le non cumul est très populaire. Mais au PS le poids des parlementaires cumulards reste fort.

Pour l'égalité, interdisez le cumul des mandats
À l’heure où les sondages indiquent une forte crise de confiance, on pouvait espérer que François Hollande, qui s’était montré favorable à cette loi, fasse preuve de l’autorité dont on l’accuse de manquer. Alors que Matignon semble plutôt suivre l’avis des parlementaires hostiles à une application trop rapide du non-cumul, on pouvait penser que Harlem Désir, critiqué pour trop coller au gouvernement, en ferait son affaire. Il avait d’ailleurs commencé.
Depuis Janvier, il se faisait ovationner en martelant qu’il fallait viser 2014 et non 2017 comme le sempiternel sens du compromis hollandais semble y conduire. Il paraît qu’il y a un obstacle : le Conseil d’Etat pousse pour 2017 craignant une censure du Conseil Constitutionnel.
Le PS, sur ce sujet très populaire, pourrait demander un référendum. Mais hier c’était silence dans les rangs socialistes, le site du PS titrant sur "les droits des femmes : de l’égalité dans les textes à l’égalité dans les faits".
Résultat de ce 8 Mars 2013 : le député moyen restera un homme, blanc, souvent de plus de soixante ans, marié avec enfants et les femmes devront attendre encore !



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