lundi 16 mars 2015

La Macronéconomie existe : je l'ai rencontrée et aimée.



Emmanuel Macron est un ministre qui sort de l'ordinaire. Encore aujourd'hui. J'espère qu'à force il ne va pas y rentrer. Emmanuel Macron a montré une palette humaine, intellectuelle, pugnace et habile qui clairement ne fait plus de lui un "bleu", à supposer qu'il l'ait jamais été.
Ce ministre nommé de fraîche date n'était pas encore gangrené par le politiquement correct ni la convention d'un monde où les codes comptaient plus que les élans. Il affirmait tout haut ce qu'il pensait tout bas et tranchait dans un univers où appeler un chat un chat s'avérait une incongruité.
Emmanuel Macron a montré qu'il n'avait pas encore tout perdu de cette sincérité originelle même si la roublardise affleurait sous la délicatesse et la démagogie sous la conviction. Il n'empêche que sa personnalité n'a rien de comparable avec celle des socialistes brevetés.
Le reproche récurrent et absurde qui lui est fait d'avoir été banquier aurait justifié de sa part une réplique cinglante qui n'est pas venue. Seul Nicolas Sarkozy a eu droit à une pinte d'acidité bien méritée car l'ancien président était vraiment le plus mal placé pour s'aventurer, à charge, sur le terrain de l'argent. Emmanuel Macron portait, avec une sorte d'enthousiasme aimable et chaleureux, cette certitude que le pire était passé, dépassé, qu'on s'avançait vers un avenir bien plus serein et que la conduite gouvernementale était cohérente.
 son meilleur moment, et de loin, a été sa confrontation avec Florian Philippot. Emmanuel Macron l'a dominé au point que le premier a été contraint de mettre en cause, chez l'autre, un énervement qu'il éprouvait lui-même parce qu'il était battu dans cette courte compétition de quinze minutes.
Ce qui a été remarquable de la part du ministre tient au fait qu'il a spontanément et avec talent indiqué le mode d'emploi qui devrait être suivi face au FN. Courtoisie mais vigilance. Opposer, aux généralités de l'aigreur, des dénonciations opératoires. En dehors d'une pique finale inutile - "vous n'aimez pas la France mais le déclin de la France" -, Emmanuel Macron a vigoureusement et d'une manière infiniment convaincante et pédagogique mis en pièces la notion de protectionnisme intelligent développée par Florian Philippot. Il a exposé comme cette conception apparemment de bon sens serait en fait redoutable et comme la France y perdrait des marchés, des emplois et de l'influence. Il réduisait à néant ce simplisme confortable du "il n'y a qu'à" par un décisif "on ne peut pas parce que".
J'ai rarement été aussi séduit par la prestation d'un ministre, aussi bien technique qu'économique, et de surcroît dans une joute qui était porteuse de tous les dangers. Trop, on l'aurait accusé de sectarisme. Pas assez, de complaisance. Il a su trouver le fond et la forme justes.
                                                                                                                               Justice au Singulier



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