Emmanuel
Macron
est un ministre qui sort de l'ordinaire. Encore
aujourd'hui. J'espère qu'à force il ne va pas y rentrer. Emmanuel Macron
a montré une palette humaine, intellectuelle, pugnace et habile qui clairement
ne fait plus de lui un "bleu", à supposer qu'il l'ait jamais été.
Ce
ministre nommé de fraîche date n'était pas encore gangrené par le politiquement
correct ni la convention d'un monde où les codes comptaient plus que les élans.
Il affirmait tout haut ce qu'il pensait tout bas et tranchait dans un univers
où appeler un chat un chat s'avérait une incongruité.
Emmanuel
Macron a montré qu'il n'avait pas encore tout perdu de cette sincérité
originelle même si la roublardise affleurait sous la délicatesse et la
démagogie sous la conviction. Il n'empêche que sa personnalité n'a rien de
comparable avec celle des socialistes brevetés.
Le
reproche récurrent et absurde qui lui est fait d'avoir été banquier aurait
justifié de sa part une réplique cinglante qui n'est pas venue. Seul Nicolas
Sarkozy a eu droit à une pinte d'acidité bien méritée car l'ancien président
était vraiment le plus mal placé pour s'aventurer, à charge, sur le terrain de
l'argent. Emmanuel Macron portait, avec une sorte d'enthousiasme aimable
et chaleureux, cette certitude que le pire était passé, dépassé, qu'on
s'avançait vers un avenir bien plus serein et que la conduite gouvernementale
était cohérente.
son meilleur moment, et de loin, a été sa
confrontation avec Florian Philippot. Emmanuel
Macron l'a dominé au point que le premier a été contraint de mettre en cause,
chez l'autre, un énervement qu'il éprouvait lui-même parce qu'il était battu
dans cette courte compétition de quinze minutes.
Ce qui a
été remarquable de la part du ministre tient au fait qu'il a spontanément et
avec talent indiqué le mode d'emploi qui devrait être suivi face au FN.
Courtoisie mais vigilance. Opposer, aux généralités de l'aigreur, des
dénonciations opératoires. En dehors d'une pique finale inutile - "vous
n'aimez pas la France mais le déclin de la France" -, Emmanuel Macron a vigoureusement et d'une
manière infiniment convaincante et pédagogique mis en pièces la notion de
protectionnisme intelligent développée par Florian Philippot. Il a exposé
comme cette conception apparemment de
bon sens serait en fait redoutable et comme la France y perdrait des marchés,
des emplois et de l'influence. Il réduisait à néant ce simplisme
confortable du "il n'y a qu'à" par un décisif "on ne peut pas
parce que".
J'ai
rarement été aussi séduit par la prestation d'un ministre, aussi bien technique
qu'économique, et de surcroît dans une joute qui était porteuse de tous les
dangers. Trop, on l'aurait accusé de sectarisme. Pas assez, de complaisance. Il
a su trouver le fond et la forme justes.
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