Marion
Maréchal Le Pen révèle (enfin) le vrai visage du FN
« Ne composez jamais avec l’extrémisme,
le racisme, l’antisémitisme
ou le rejet de l’autre. »
Jacques Chirac
Sur France Info, Marion Maréchal-Le
Pen s'en est pris violemment à Manuel Valls et à l'UMP, avec un vocabulaire
digne des années 30. La preuve que Valls a raison de dénoncer le danger FN ?
Marion Maréchal Le Pen, le 5 mars 2015. AMAIN ROBERT/APERCU/SIPA
A elle seule, Marion Maréchal-Le Pen donne
raison à Manuel Valls. Le Front national est un danger qui s’apprête à "fracasser la France". Il
fallait écouter la députée du Vaucluse, ce mardi 10 mars, sur France Info. Marion Maréchal-Le Pen est née en 1989, mais
son vocabulaire est celui des ligues des années 30, tant ses éléments de
langage paraissent avoir été rédigés pour la momie de Maurras.
Interrogée
sur les dérapages de certains candidats FN, elle répond "crapules" UMP : "Dans le genre de florilège de
crapules qui se présentent pour l'UMP notamment dans l'Essonne où je suis ce
soir, on a Georges Tron et Serge Dassault".
Questionnée
sur l’enquête de l'Office européen de lutte anti-fraude qui va s’ouvrir à la
demande de Martin Schultz, concernant la situation pour le moins étrange d’une
vingtaine d’assistants parlementaires du FN payés par le Parlement européen et
suspects de ne pas vraiment travailler pour lui, elle répond complot monté par Manuel Valls : "Monsieur Schultz, qui est un
militant politique, a appliqué à la lettre les ordres de monsieur Valls
qui hier expliquait qu'il fallait que les élites se mobilisent contre le
Front national. C'est de l'acharnement politique, évidemment, en
période électorale".
Marion Maréchal-Le Pen parle comme son grand-père
Complotisme et victimisation sont les deux
mamelles de l’élément de langage du Front national. C’est l’éternel vieux
classique de l’extrême droite à la française, un pot-pourri constamment remis
au gout du jour par la famille Le Pen, de génération en génération.
Marion
Maréchal-Le Pen parle comme son grand-père, et avant lui, comme les plus belles
figures de l’extrême droite à la française. Le terme "crapules"
utilisé pour s’en prendre à Serge Dassault et Georges Tron, ça fleure bon le
Maurras des années 30, et le Poujade des années 50. "Sortez les sortants" et "Tous pourris" reprend en substance Marion Maréchal-Le
Pen… L’histoire témoigne de ce qui se cache derrière ce genre de slogans et de
postures...
Dans
la même veine, Marion Maréchal-Le Pen s’en est pris aussi à Manuel Valls. Après
avoir décrété qu’il adoptait un "comportement
de sous-responsable de section socialiste d'Evry", elle a
ajouté : "Il n'est décidément
pas digne de la fonction qui est la sienne, encore moins d'ailleurs de la
plus haute fonction de l'État" à laquelle "il envisage de se présenter, tout le monde le sait".
En
une seule intervention, Marion Maréchal-Le Pen donne raison aux inquiétudes du
chef du gouvernement. Le vocabulaire, indigne d’un député ; les dénonciations
intempestives, d’un autre temps ; la violence verbale, à peine contenue ; les
accusations lancées à l'emporte-pièce, sans preuves… L'ensemble est accablant.
Avec la petite-fille de Le Pen, on renoue
avec ce visage de l’extrême droite que Marine Le Pen et Florian Philippot peinent tant à effacer… Imaginer que cette
jeune femme, porteuse de l’impensé de deux siècles de tradition d’extrême
droite, soit un jour en situation d’exercer des fonctions exécutives, locales
ou nationales, glace le sang.
A
la fin des fins, on se demande si Manuel Valls n’a pas raison de se lancer à
l’assaut de ce Front national là bille en tête, la République en bandoulière,
n’en déplaise à tous ceux qui instruisent contre lui un procès en erreur
stratégique.
Car
c’est un bien étrange procès, en effet, que celui fait à Manuel Valls.
L’accusation est grave. Le Premier ministre socialiste serait coupable de
vouloir combattre le Front national. Parce qu’il a dit qu’il redoutait de voir
son pays se "fracasser contre le
FN", Valls aurait péché contre la raison. Inqualifiable.
Insupportable. Insoutenable. Mais quel est donc ce socialiste qui prétend
lutter en socialiste ?
Soupçon de manipulation
C’est curieux, cette manie qu’ont certains,
dans certains cercles, d’accuser d’abord et avant tout Manuel Valls de toutes
les turpitudes possibles plutôt que Marion Maréchal-Le Pen, comme s'il fallait
nourrir, à n'importe quel prix, leur réquisitoire permanent contre le Premier
ministre.
Ça
commence par l’analyse désabusée : "Il
n’a pas le choix, mais il va échouer". Ça se poursuit sur fond de
soupçon de manipulation : "Il
cherche à faire peur pour faire monter le Front national et refaire à l’UMP le
coup de Mitterrand au RPR et à l’UDF des années 80". Et ça se termine par la dénonciation d’une
communication inadaptée : "Ce
n’est pas en faisant la morale aux Français qu’il les empêchera de voter FN, ça
ne marche plus depuis dix ans".
Bref, si l’on en croit les professionnels
de la profession politique, Manuel Valls aurait tout faux. Faute de
communication. Faute politique. Faute morale. Valls nagerait en eaux troubles,
entre cynisme et amateurisme, jouant avec le Front national parce qu’incapable
de combattre ces vrais ennemis que sont le chômage et autres peurs françaises.
Une partie de la gauche française, qui se
veut parfois populaire, juge désormais qu’il est vain, voire contre-productif
de combattre le Front national sur le terrain des valeurs.
Valls refuse un Munich républicain
L’antienne
est bien connue : "ce n’est pas
en culpabilisant les électeurs tentés par le Front que vous le ferez reculer,
bien au contraire" psalmodient les moines-soldats de l’insécurité
culturelle, ceux qui pensent que la gauche ne doit plus batailler sur le
terrain républicain. Mais alors où la livrer ? Là-dessus, les procureurs de Manuel Valls sont muets,
sauf à sauter sur leur chaise, comme des cabris, en répétant "La
peur du déclassement des petits blancs ! La peur du déclassement des
petits blancs !"
On
ne peut qu’inciter les uns et les autres, qui font la fine bouche devant les
propos de Manuel Valls, à écouter et réécouter Marion Maréchal-Le Pen sur
France Info. A entendre la haine, le ressentiment et une certaine forme de
violence s’exprimer avec un naturel aussi déconcertant qu’effrayant. Et face à
ce danger, il conviendrait de ne rien dire, de peur d’encourager des électeurs
d’y succomber ? On pense à ceux qui disaient qu’il ne faut pas dénoncer
Dieudonné car c’est lui donner de l’importance. On a vu l'an passé le résultat
de ce renoncement, quand constat a été dressé de la progression du mal.
Pourquoi se censurer et ne pas avertir du
danger qu’incarne à elle seule l’influente Marion Maréchal-Le Pen ?
Pourquoi devrait-on renoncer à dire que voter FN, c’est mal voter ?
Pourquoi devrait-on s’interdire de nommer le mal qu’incarne ce parti ? Au
regard de l’histoire, du temps présent et de ce que dit Marion Maréchal-Le Pen, Manuel Valls a bien raison de refuser ce que lui
proposent les bien-pensants de tous bords : un Munich républicain.
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