En prison pour un jus d'orange
qui offense
le ramadan !
Lundi
13 Juillet 2015 à 5:00
Cinq jeunes Marocains sont embastillés à
Marrakech pour avoir bu un jus d’orange le 6 juillet, place Djemaa el Fna.
Accusés d’avoir violé le ramadan, ils passent en procès demain, mardi 14
juillet. Sacrée ambiance dans le royaume...
Il faisait 48°C vers 15 heures, sous le cagnard de la
place Djemaa el Fna. Les cinq copains avaient soif, ils ont bu.
C’est simple comme la vie, non ? Pas du tout : c’est un outrage car
nous sommes au mois de ramadan. Quelques délateurs — des marchands, des
passants — se ruent donc vers la police pour signaler le crime commis par
ces jeunes assoiffés, manifestement marocains. Les voilà coffrés à la prison de
Marrakech, la sinistre centrale Boulmharez, en application de l’article 222 du
code pénal qui interdit à tout musulman d’enfreindre le jeûne. Les défenseurs des droits de l’individu
demandent son abrogation depuis des années. Ces gens-là ont du mérite : ils prêchent l’humanisme le plus
élémentaire dans le vide sidéral d’un pays confit en dévotion irascible. Le
royaume, dont on nous vante avec entrain les ébouriffantes réformes, est un
enclos de soumission comportementale à des codes archaïques.
INJURIÉES ET
MOLESTÉES PARCE QU’ELLES FAISAIENT LEURS EMPLETTES EN JUPE, DES JEUNES FILLES D'INEZGANE ONT AUSSI EU UN PROCÈS. L’affaire
du jus d’orange de Marrakech succède ainsi à celle des jeunes filles
d’Inezgane, près d’Agadir, le 16 juin dernier : injuriées et molestées au souk
parce qu’elles faisaient leurs emplettes en jupe, elles aussi sont passées en
procès. Leur libération, voici quelques jours, n’est due qu’à une énorme
mobilisation des associations féministes dans tout le pays. Il y a eu ensuite
le lynchage
d’un jeune homosexuel, à Fès, le 29 juin : une foule agglutinée
auprès du malheureux sorti de son taxi qui lui avait volé argent et portable.
Le chauffeur criait « Travelo ! » pour ameuter la
populace. L’homosexualité, ici, est passible de trois ans de prison. En ces temps
de « salafisation » galopante, la criminalisation renforce le préjugé
et la haine. Mais devant la vidéo du tabassage qui tourne en boucle, la
justice recule et poursuit les agresseurs.
Pour
l’affaire de lèse-ramadan, c’est autre chose. « Alors que près
d’un millier d’avocats s’étaient portés candidats à la défense des jeunes
filles en jupe d’Inezgane, personne n’ose plaider la cause des jeunes au jus
d’orange en dehors de nos deux avocats et de celui trouvé par la famille »
constate Omar Arbib, responsable de l’Association marocaine des droits de
l’homme à Marrakech.Marianne avait déjà rencontré Omar Arbib lors
des affaires récurrentes de prostitution d'enfants, fillettes et garçons. Dans
le ventre sombre de la ville ocre grouillent la misère, la honte, le non-dit,
la corruption. Tout ce qui a forgé la victoire aux législatives de
novembre 2011 des islamistes du PJD, le Parti de la justice et du
développement. Les seuls islamistes au pouvoir dont, mystérieusement, personne
ne semble s’inquiéter dans l’opinion internationale et surtout française.
Pourquoi s’en faire puisque Sa Majesté les contrôle ? C’est devenu un
dogme médiatique, relayé par toutes les complaisances.
Pourtant,
sous la houlette d’Abdellilah Benkirane, le Premier ministre PJD, les
islamistes se sont octroyés notamment les portefeuilles de la Justice et de la
Communication. Mustapha Ramid, le ministre de la Justice, refuse
catégoriquement la dépénalisation de l’homosexualité. Il défend avec
acharnement le droit des imams à pondre des fatwas. Il attaque une chaîne de
télévision pour avoir retransmis un concert à Rabat de la belle Jennifer Lopez,
spectacle jugé « indécent ». Le dernier film de Nabil Ayouch,
présenté à Cannes, Much love, qui retrace avec sensibilité et
intelligence la tragédie des prostituées marocaines, est naturellement
interdit.
LES SERPENTS DES FORAINS SONT MOINS DANGEREUX QUE
CETTE PULSION REPTILIENNE QUI A ÉTÉ DÉCULPABILISÉE PAR L’OBSCURANTISME
RELIGIEUX
C’est
sur cette sinistre toile de fond que les cinq copains de Marrakech ont étanché
leur innocente soif. Tout le monde n’était pas beau et gentil sur la place
Djemaa el Fna. Les serpents des forains sont moins dangereux que cette pulsion
reptilienne qui, comme à Inezgan et à Fès, s’est donnée libre cours,
déculpabilisée par l’obscurantisme religieux. Les jeunes gens, venus de Rabat,
raccompagnaient l’un des leurs vers l’aéroport d’où il devait rejoindre son
père, journaliste marocain installé au Qatar. Pouvaient-ils seulement imaginer
qu’un verre de jus les conduirait au cachot ?
« En
réalité, l’affaire n’est pas surprenante, la pression du ramadan augmente
d’année en année, explique Siham Chitaoui, animatrice
avec Ibtissem Lachgar du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles
(MALI), C’est en 2009 que nous avions organisé notre premier
pique-nique public de déjeûneurs du ramadan pour affirmer le droit de manger en
public ce mois-là. A l’époque de mes parents, le problème ne se posait
absolument pas ! »
Ce grand bond en arrière
pour un pays qu’on nous dit poussé vers l’avant par son souverain se traduit
ainsi, au quotidien, par ces oukazes jaillis à la fois du code pénal, de
l’aveuglement religieux, de l’ignorance (une femme sur deux est analphabète) et
du conditionnement des esprits favorisé par le pouvoir islamiste. En profondeur, le salafisme chemine dans un pays déjà
éprouvé par les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 et celui du café Argana,
à Marrakech, le 28 avril 2011. Cette
semaine, le magazine américain Foreign Policy s’inquiète des
visées de Daech contre la stabilité du royaume. D’où la tentation de Mohammed
VI et du PJD d’en remettre dans l’observance outrancière. Alors, même s’il
existe une contre-société vigilante et moderne — on l’a vue dans la rue
pour défendre les jeunes filles en jupe — est-elle de taille contre ce
rabotage des cerveaux ? Va-t-elle se mobiliser le 14 juillet devant le
tribunal de Marrakech ?
En attendant, en ce pays
de vacances, étancher sa soif ces jours-ci est un crime.
Il y a d’autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés,
constellés, en bas
de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés
à une table de velours au coin d’une
cheminée de marbre, insistent doucement
pour le maintien et la
conservation du passé, du moyen-âge, du droit divin, du
fanatisme, de l’ignorance, de l’esclavage, de la peine de mort, de la guerre,
glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l’échafaud.
Quant à nous, si nous étions
forcés à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la
barbarie, nous choisirions les barbares.
Victor Hugo, Les
Misérables
NOUS LANÇONS CET APPEL, PARCE QUE L’ISLAMISME A RUINÉ LES PAYS
D’ORIGINE D’UN GRAND NOMBRE D’ENTRE NOUS
Semant le plus
souvent morts, larmes, tragédies et désolation. Souvent en raison – aussi
– de la gabegie ou de la complicité passive ou active des pouvoirs en place et
de certains gouvernements occidentaux qui choisissent la voie du laxisme ou
celle du cynisme, comme ce fut le cas durant la décennie noire en Algérie.
Il suffit de voir, par ailleurs, l’état de déliquescence
culturelle, sociale, politique, sécuritaire ou économique dans lequel se
retrouvent les pays qui ont donné une place à l’islam politique, pour s’en
convaincre. Nous poussons ce cri d’alerte parce que nous savons parfaitement –
et mieux que quiconque - que le salafisme et les Frères musulmans,
et plus largement tous les courants
islamistes, sunnites et chiites, qui instrumentalisent l’islam à des fins
politiques, sont un poison extrêmement nocif pour les sociétés et le vivre
ensemble. Nous lançons ce signal d’alarme parce que nous refusons, à tout
jamais, l’idée que la République puisse s’aventurer à prendre le risque de se
retrouver déstabilisée et ébranlée, par l’hydre islamiste, devenu
malheureusement un péril intérieur.
Aux intellectuels de ne pas céder au chantage à « l’islamophobie », véritable escroquerie intellectuelle qui vise à anesthésier et à atrophier le débat, à interdire la critique d’idéologies ou de groupes extrémistes, voire d’une religion ou d’un dogme, et d’instaurer une sorte de délit de blasphème déguisé. Tout en luttant — auprès des organisations antiracistes — contre le racisme et les discriminations qui visent souvent des personnes de confession ou de culture musulmane, il convient de demeurer vigilant quant à l’instrumentalisation des combats antiracistes par d’obscurs groupuscules qui visent à empêcher la liberté d’expression et le droit au blasphème et qui, sciemment, se refusent de condamner les crimes abjects et surtout de nommer leurs auteurs : l’islamisme, le salafisme et/ou le salafisme djihadiste. Il n’est pas excessif de rappeler que la culture de la violence est consubstantielle à tous les courants de l’islam politique. À ce titre, il serait erroné et naïf de croire qu’il existerait des « islamistes modérés ». Lorsque ces derniers le sont en apparence, c’est pour obéir à de petites tactiques politiques conjoncturelles ;
Oui l’islam spirituel, lorsqu’il accepte de se soumettre aux lois
et aux règles intangibles de la nation française, peut se fondre
harmonieusement et s’exprimer sereinement et dignement dans la République. Mais nous
affirmons très clairement que l’islamisme, ce totalitarisme, est un fléau qui
nous menace tous sans exception.
C’est pourquoi nous déclarons avec la plus grande gravité, qu’il
est vital pour nous citoyens, pour la République, pour la France, que nous soyons
lucides, responsables et vigilants à chaque instant !
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