« A quoi reconnaît-on les cons ? Au fait qu’ils
osent tout, » comme Michel Audiard le
faisait dire à Bertrand Blier, dans un dialogue culte des « Tontons flingueurs
». A quoi reconnaît-on les nouveaux tontons flingueurs sociaux-libéraux qui
dirigent la France ? A ce qu’ils osent tout. Et largement plus que leurs
prédécesseurs sarkozystes, qui se contentaient d’en rêver en se rasant.
A quoi reconnaît-on les nouveaux tontons flingueurs sociaux-libéraux qui
dirigent la France ? A ce qu’ils osent tout. Et largement plus que leurs
prédécesseurs sarkozystes, qui se contentaient d’en rêver en se rasant.
Après avoir gaspillé 40 milliards dans
le CICE et le pacte de responsabilité, sans contrepartie, nos socialistes de
marché font encore plus fort dans la transgression des tabous, avec la loi El
Khomri-Macron. Toujours plus loin dans cette fuite en avant, qui prend la forme
d’une sidérante régression vers les années d’avant les conquêtes sociales du
Front populaire. Toujours plus loin dans la rupture avec le droit minimum des
salariés : fin des 35 heures, droit
au licenciement libéralisé, droits syndicaux et des prud’hommes démantelés,
renforcement de l’ubérisation de la société.
« … Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la
Résistance. (…) Il est grand
temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives
des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de
patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées
diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la
Sécurité sociale, paritarisme…
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde
unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez
tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception.
Elle est là. Il
s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme
du Conseil national de la Résistance ! »
Denis Kessler , n°2 du MEDEF,
Directeur général d’Axa, banquier, président de
la fédération française des sociétés d’assurances
La philosophie de ce
texte est simple : faire travailler
plus ceux qui ont déjà un travail, au détriment de ceux qui n’en ont pas et
développer, comme en Angleterre ou aux Etats-Unis, les jobs sans
qualifications, corvéables à merci. L’ennemi n’est plus « la
finance » mais, le travailleur, les syndicats, les 35 heures et le Code du
travail. Même la CFDT qui, jusques là, avait avalé sans broncher nombre de
couleuvres indigestes, est vent debout. A l’instar de la CGT, de l’UNSA et de
la CFTC. Cette contre-réforme, écrite sous le contrôle de Pierre
Gattaz, permet aux entreprises d’en finir avec les protections les plus
élémentaires et renforce la précarisation des salariés.
Ce qui se profile
n’est rien moins qu’un changement de société où l’Etat laisse tout le pouvoir
aux entreprises tandis qu’il se concentre sur ses seules fonctions
régaliennes : le maintien de l’ordre, la sécurité et le contrôle
social ; Une société du soupçon et de la contrainte, où les pauvres n’ont
qu’un droit, celui de se taire. On en revient aux débuts de la révolution
industrielle, mais dans le cadre du nouvel ordre numérique.
Cette véritable bombe
contre le monde du travail ne favorisera pas la lutte contre le chômage, qui
dépend d’autres facteurs. Ceux qui
viendront au pouvoir après ce tsunami social, n’auront plus qu’à amplifier
cette arme de destruction sociale. Les socialistes auront déjà fait le sale
boulot.
Comme toujours, cette
contre-réforme, ce retour dans le passé, s’accomplit au nom de la
« modernisation » de notre modèle social. La mondialisation a créé
une économie dérégulée et une société globalisée ? Ceux qui veulent des
avancées sociales doivent s’adapter ! Etre « moderne » ne
serait-ce pas plutôt débattre d’un revenu de base universelle, qui garantisse
le droit à un revenu contre le chômage de masse structurel, que générera forcément
le développement des nouvelles technologies numériques ? Pourquoi ne pas
mettre en place un salaire maximum et le refus, une fois pour toutes, des
retraites chapeau ? Pourquoi ne pas refuser les délocalisations sauvages
et favoriser la relocalisation de l’économie, avec créations d’emplois
durables et écologiquement responsables ? Un nouveau pacte productif, à la
fois écologique et social, en faveur de l’environnement, du droit au logement,
de l’éducation, des hôpitaux, de la culture, permettrait d’orienter des
centaines de milliers de chômeurs vers des emplois de qualité. Les 40 milliards
du pacte de responsabilité devraient être redéployés vers cet objectif. Mais
pour y parvenir, il faut changer aussi les règles néolibérales européennes en
vigueur, en mettant en œuvre un vrai plan d’investissement, centré sur la
transition écologique.
Toutes ces
propositions sont étrangères à la culture politique du gouvernement
Valls-Macron-Hollande. Au contraire, ce trio veut pousser jusqu’à son terme son
orientation idéologique de destruction des droits collectifs, en donnant toute
liberté aux entrepreneurs de faire ce qu’ils veulent.
Jusqu’où iront-ils
dans cette folle et hallucinante course vers la rupture avec leur
électorat ? Ces gens n’ont plus de limites. Non content de se mettre à dos
la gauche morale et sociétale, ils affrontent bille en tête la gauche sociale
et, du coup, les réconcilient toutes les deux. Contre eux. Le néo-conservatisme
libéral et autoritaire est en marche, entrainant les derniers légitimistes dans
le mur d’une défaite et d’un nouveau 21 avril programmé.
Mais qu’espèrent-ils donc ces docteurs
Folamour qui nous gouvernent ? Que la
droite va voler à leur secours ? Mais les électeurs de ce camp-là n’ont que mépris pour eux. Ils
attendent leur revanche et s’apprêtent à se déchirer en novembre prochain sur
le choix de leur prétendant aux présidentielles. Ils comptent sans doute sur
leur marchandage permanent avec le Medef, sur la trahison de leurs
promesses, pour gagner en 2017, mais ils se retrouvent tout seuls au milieu du
gué. Les 160 000 signataires, en trois
jours, (soit plus de deux fois les signatures pour des primaires de toute la
gauche) de la pétition contre le projet de loi El Khomri, montrent
l’exaspération du peuple de gauche.
https://www.change.org/p/loi-travail-non-merci-myriamelkhomri-loitravailnonmerci
Ces « gens-là »
n'ont jamais renoncé.
Utilisant
désormais les leviers financiers,
Une
caste confisque les fruits des efforts de tous,
collectivisant
les pertes et privatisant les bénéfices,
Ils
ont simplement changé d'échelle. Elle
est désormais planétaire.
Et ils
se gavent.
Face à
cela, la gauche, qui n'a rien appris en
plus de cent ans.
Rien.
Ni sur
le fond, ni sur les méthodes,
encore
moins sur la nécessité de la morale dans l'action.
Danielle Mitterrand
Les vraies primaires
ne sont pas là où on le croit, mais dans notre capacité collective de mettre à
bas ce projet inégalitaire, comme celui sur la déchéance de nationalité et sur
l’Etat d’exception. Si l’on veut éviter le pire à notre pays, il faut gagner ces
batailles. Nous y sommes prêts.
Noël Mamère
Le 22/02/2016.
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