lundi 27 février 2017

" L'excès du langage est un procédé coutumier à celui qui veut faire diversion. " F Mitterand

" L'excès du langage est un procédé coutumier à celui qui veut faire diversion. "
F Mitterand


On la connaissait impitoyable et dégoûtée quand un membre de ce qu’elle appelle l’UMPS était pris la main dans le pot de confiture, et voilà qu’elle trouve que ce n’est pas un problème. Elle citait la presse comme la bible et s’étonnait que la justice ne condamne pas assez fort ni assez vite, elle s’insurgeait en 2004 avec ces mots définitifs : 
« Tout le monde a piqué de l’argent dans la caisse, sauf le Front national. Les Français en ont marre. Mais les Français n’en ont pas marre d’entendre parler des affaires ! Ils en ont marre de voir des élus qui détournent de l’argent. C’est scandaleux. »
Et voilà qu’elle la trouve encombrante. À la veille de concourir pour le poste de président de la République, c’est-à-dire, si l’on en croit ses propres discours, pour le grand prix de Mme Propre, Marine 2017 est excédée par Marine 2004. Elle est lasse que la presse et la justice viennent perturber le sérieux de la campagne électorale avec des fariboles et des broutilles.                  
Elle tend même une main compatissante à l’un de ses grands adversaires. La phrase qui suit n’a pas été prononcée par un Bruno Retailleau en détresse ou un Luc Chatel en mission, mais par la patronne du Front national : 
« L’affaire Fillon a assez duré. Il est temps qu’on revienne aux problèmes qui intéressent les Français. »
Par enchantement, les discours de François Fillon et de Marine Le Pen se sont donc mis à converger. Ils ont suivi la même évolution.
François Fillon regrettait aussi à l’automne que la presse ne suive pas assez les affaires, pour la faire siffler en hiver. Et tous deux s’en prennent aux lois dont ils exigeaient l’application. Le premier estime, au nom de la séparation des pouvoirs, que la justice outrepasse ses droits ; la seconde refuse de se rendre à une convocation de police. Le premier espère que les lenteurs de la procédure lui permettront de ne pas être mis en examen pendant la campagne électorale ; la seconde exige que les magistrats observent une « trêve judiciaire » jusqu’à l’élection du prochain président.
Tous deux parlaient d’épurer la société. Épuration économique pour l’ancien premier ministre, mais épuration morale aussi. Sûr de lui et de sa probité, il a contribué par ce discours tranquille à enfoncer Nicolas Sarkozy et a distancer Alain Juppé. Quant à Marine Le Pen, sa promesse intégrale était d’en finir avec toutes les formes de laxisme : laxisme des élites qui magouillent sur le dos des petites gens, laxisme de la politique migratoire, laxisme de la justice.
Et soudain, la surprise !
Les grands épurateurs dénoncent en chœur les stations d’épuration de la démocratie :
« Je n’irai pas au commissariat, je dénonce la justice et je m’en prends aux médias qui feraient mieux de se taire. »
« Je veux dire aux fonctionnaires, à qui un personnel politique aux abois demande d’utiliser les pouvoirs d’Etat pour surveiller les opposants, organiser à leur encontre des persécutions, des coups tordus, ou des cabales d’Etat, de se garder de participer à de telles dérives »
« Dans quelques semaines, ce pouvoir politique aura été balayé par l’élection. Mais ses fonctionnaires, eux, devront assumer le poids de ces méthodes illégales. Ils mettent en jeu leur propre responsabilité. L’Etat que nous voulons sera patriote. »
Le pouvoir n'est pas un moyen, il est une fin.
On n'établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution.
On fait une révolution pour établir une dictature.
La persécution a pour objet la persécution.
La torture a pour objet la torture.
Le pouvoir a pour objet le pouvoir.
George Orwell

François Hollande a vertement réagi, aux déclarations de Marine Le Pen à l’endroit des fonctionnaires.                                                                                

« Je n’accepterai jamais qu’on puisse mettre en cause les fonctionnaires dans notre République au prétexte qu’ils appliquent la loi et qu’ils font en sorte que la justice puisse travailler »  « Lorsque l’on remet en cause la neutralité de l’Etat, c’est qu’on est prêt à remettre en cause aussi les principes de laïcité, d’indépendance et d’impartialité »

A déclaré le président de la République lors d’un discours au siège du Grand Orient de France à Paris.


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